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Sous les guirlandes lumineuses qui s’étirent au-dessus des rues, la foule est dense et joyeuse. Des couples marchent main dans la main, les yeux rendus brillants par l’atmosphère magique de cette fin d’année, des sourires mièvres sur le visage. D’autres passants sont plus pressés, que ce soit pour profiter des soldes ou parce qu’ils n’ont pas fini les préparatifs pour leur soirée en famille, trop pris qu’ils étaient par le grand ménage rituel en cette période. Les bars se remplissent, notamment avec des jeunes qui préfèrent passer le Réveillon entre amis – c’est toujours plus fun qu’avec ses rabat-joie de parents. Les plus prévoyants réfléchissent déjà à quelle heure ils devraient se mettre en route vers le temple pour ne pas avoir à faire la queue. Certains d’entre vous participent peut-être à cette agitation bonne enfant.
D’autres sont sans doute dans les autres quartiers. L’ambiance y est moins festive mais tout Kobe et même tout Sanda vibrent de la même excitation, chaque district selon ses caractéristiques propres. À Izanami ou Aono, je n’irais pas jusqu’à dire qu’il règne une sorte de trêve, mais le côté un peu cérémonieux du passage à la nouvelle année peut atteindre, à un certain point, même les plus remuants. Pas de grande tragédie ce soir, profitons-en ! Car on ne sait jamais combien de temps ça va durer.
Ce n’est pas un RP libre au sens où il n’y a pas besoin d’interagir avec les autres posteurs, c’est simplement un patchwork d’histoires. Mais rien ne vous empêche, bien sûr, d’ouvrir par ailleurs un RP classique se déroulant durant cette même soirée.
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Elle est attablée dans un bar d’Uzume, sirotant un verre d’un de ces cocktails qu’elle n’apprécie même pas, affairée à discuter avec d’autres de ces « semblables », ceux-là mêmes qui placardent à la vue des autres leurs costumes trois-pièces indécemment couteux et leurs bijoux dont les diamants reflètent la lumière comme des petites boules à facette coincées dans leurs alcôves.
Sofia se montre et en est fière. De cette nouvelle année qui s’apprête à débuter, elle n’en pense rien, et s’en fiche éperdument. Demain sera une éternelle copie du jour précédent : elle se réveillera dans son appartement mal isolé, ira travailler pour gagner une misère, sautera le déjeuner, et ira jouer à la justicière pour se convaincre qu’elle mène ainsi une vie qui a du sens. Lucide, pourtant, Sofia sait que, du sens, sa vie n’en a pas encore. L’esprit adouci par l’ivresse de ce cocktail infect, elle en vient à penser que ce serait là une belle résolution, que de donner un sens à son existence.
Tandis que la soirée avance, elle boit, rit, balbutie son japonais maladroit, et quand minuit sonnera, elle ne lèvera même pas les yeux vers le ciel, ni ne participera à la ferveur fébrile s’élevant à ses côtés. Alors qu’elle termine son énième cocktail, 2023 commence sans elle.
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Quelle est la mission vous demandez-vous ? Aller à la pèche de tous les tampons des temples et sanctuaires de Kobe parce que soi-disant ils sont hyper spéciaux et en édition limitée du Nouvel An. Genre, ça ne pouvait pas attendre demain hein ? Non, bah non voyons ! Le grand chef a décidé qu’il y voulait cette nuit à minuit pétante. La prochaine fois, je lui fais bouffer ses chaussettes. D’humeur un peu massacrante, j’ai donc dû laisser en plan ma famille pour me farcir tous les temples qui sont encore ouverts à cette heure-ci… Ma tâche fut bien évidemment plus ardue que jamais hein, on ne va pas se mentir, des temples qui sont ouverts avant minuit une veille de nouvel an, il n’y en a pas beaucoup. Je décidais à un moment donné de m’arrêter dans un bar, histoire de boire un coup et tenter de décompresser de cette mission plus que débile. Affublé de mon plus beau kimono d’hiver en soie, rouge avec des grues de couleur or, les cheveux attachés par une pique à cheveux traditionnelle, je commandais un saké tout en me disant que cette fois-ci encore, mon nouvel an avait été complètement gâché…
Quand mon père était à la tête du clan, j’avais déjà le droit à des missions toutes débiles les unes que les autres, comme si on devait absolument éviter que Kenji fasse la fête pour le passage à la nouvelle année mais là… avec mon oncle… Je ne pensais pas qu’il était aussi comme ça. Tin, ce n’est pas parce qu’il n’a plus de femme, ni d’enfant qu’il devrait pourrir la vie de sa famille un jour de fête ! C’est donc en solitaire, avec mon saké que je vais passer le nouvel an, son carnet à tampons pas tout à fait rempli…
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Elle se célèbre entre amis ou en famille. En solitaire pour certains. Il est différent pour chacun, ce grand saut dans l'année qui suit. C'est un moment qu'on peut craindre, pour tout ceux qui ont été très heureux. La suivante sera-t-elle aussi belle ? Elle peut aussi être annonciatrice d'un renouveau attendu. L'occasion de se dire que ce qu'il y a de mauvais reste derrière nous. Qu'on décide de ne pas l'emporte dans ce qui suit.
Quand minuit sonne, on enlace ou embrasse son prochain. On se souhaite le meilleur. La santé. Le bonheur.L'amitié. L'amour. La réussite. Tout ce qui peut faire vibrer un être humain. Tout ce qui fait battre son coeur avec passion.
Il y a aussi ces choses qu'on nomme « bonnes résolutions ». Tsuki n'a pas l'habitude d'en prendre. Elle préfère se dire qu'il faut toujours donner le meilleurs de soit-même. Pour soit. Et pour les autres. C'est ainsi qu'elle fonctionne et qu'elle a toujours fonctionner. Difficile de changer sa nature profonde. Elle aime les autres. Elle aime les aider. C'est ce qui la rend heureuse. Pourquoi changer, alors ?
Cette année, son nouvel an, elle le passe à l'hôpital. Auprès des patients. De tous ces gens dont elle prend soin chaque jour et qui n'ont pas la chance d'être avec leur proche en ce jour précieux. Elle prend le temps de discuter avec eux, de leur apporter un peu de cette chaleur qui doit cruellement leur manquer parfois.
Elle le passe aussi avec ses collègues. Aides soignant.e.s, infimièr.es, médecin.s. Toutes ces personnes exceptionnelles qui partage son quotidien. Ils affrontent les peines et les joies ensemble. Alors, elle est heureuse d'être là ce soir.
Et quand minuit sonnera, elle prendra dans ces bras qui le voudra. Et elle criera :
- Bonne année !![
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Et puis aussi qui dit nouvelle année, dit bonnes résolutions à ce qui parait. Comme toujours, je n’en ferais pas car elles ne sont jamais tenables. Ou la seule que je pourrais faire, ce serait de travailler moins pour passer plus de temps avec mon enfant. A vrai dire, j’avais pris un congé de maternité mais le travail me manquait alors ponctuellement, j’emmenais le petit avec moi au travail. D’une pierre deux coups mais finalement, ce n’était pas tenable pour tous les deux. Bref, tout ça pour dire que les bonnes résolutions termineront une année de plus aux oubliettes. La soirée débutera vers 20h, après que je me serais occupée du petit, que je l’aurais couché pour pouvoir être tranquille. Ryo se mettra aux fourneaux, sans doute aidé par Hayato, comme chaque repas que l’on partage ensemble. Ah oui, une autre résolution que je pourrais réellement prendre c’est d’apprendre à cuisiner. Mais bizarrement, avec un couteau entre les mains, au lieu d’être aussi précautionneuse et précise qu’avec mes aiguilles, un désastre finit toujours par arriver et je finis par toujours me couper.
Bref, on commencera à porter un toast par la suite, à parler de tout et de rien, de comment s’est déroulé l’année qui se finit, de nos réussites voire échecs et de ce que l’on envisage pour la nouvelle année. A peu près toujours les mêmes choses depuis deux ans. A un détail près c’est que j’ai retrouvé un autre membre de la famille Fuma. On mangera, boira et parce que j’aime être au centre de l’attention malgré tout, je leur ferais un mini concert avant que l’on ne se souhaite une « bonne année » quand il sonnera minuit pile.
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Vous avez fini de dîner depuis quelques temps. Les repas n’ont jamais duré jusqu’à la nouvelle année lorsque vous la fêtez à deux, se terminent bien avant que le compte à rebours ne tombe à zéro. Ça vous laisse le temps de parler, mais surtout de profiter de la présence silencieuse de l’autre. Un moment de calme dans les festivités bruyantes qui se déroulent dans les différents endroits de la ville animée.
Tu lui prends la main, comme lorsque tu n’étais qu’un enfant, comme ces premières années marquées par l’absence de ton père. Elle te serre la main en retour, une pression douce, une déclaration silencieuse.
Ça fait longtemps que tu n’étais pas rentré pour le Nouvel an, te trouvant des excuses une année, te faisant prendre de court par ton compte en banque à sec l’année suivante. Tu fermes les yeux, et la soirée repasse dans ton esprit.
Tu l’as aidée à préparer le dîner, et même si Noël est déjà passé, elle a mis en fond des musiques plus festives que tu n’aurais jamais écouté, et tu as juste souri, tu t’es gentiment moqué, et tu as continué de couper les carottes avec diligence.
Le repas a filé à une vitesse folle, elle fouillait dans ses souvenirs pour te trouver des anecdotes dont tu ne te rappelais pas, trop petit pour t’en souvenir. Et pendant qu’elle parlait, entre deux bouchées, tu te disais, un peu honteusement, un peu timidement, qu’elle t’avait manqué et que tu aimerais revenir plus souvent, pour la voir si pleine de vie.
Enfin, vous avez débarrassé la table, une sensation chaleureuse de contentement flottant autour de vous, et vous voilà, installés sur le canapé. Elle t’a mis un plaid sur les genoux, ne te laissant pas le choix, se couvrant elle-même d’une couverture. A la télévision, une émission banale, par-dessus laquelle vous discutez, à mi-voix, comme pour ne pas déranger. Sur la table basse, deux tasses vides, tachées de chocolat. Et dans la cheminée, le feu qui ne souhaite pas encore s’endormir.
Il ne reste plus que quelques minutes avant minuit. Quand vous passerez dans la nouvelle année, elle te prendra contre toi. Elle te serrera fort dans ses bras, toi, son garçon, son trésor. Quoi que tu puisses faire, elle t’aimera toujours. Parce que c’est ta mère. Parce que c’est un ange. Et tu souriras, si sincère, rempli d’une chaleur douloureuse. Bonne année, Ashton.
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Kate rit aux éclats, se laisse entraîner vers le comptoir sans rien comprendre à ce que son amie lui baragouine, parce que la musique est forte, parce que les conversations se superposent, alors elle se contente de rire et de sourire, parce que quitte à passer dans cette nouvelle année les larmes aux yeux, elle préfère que ça soit des larmes de joie.
Alors elle laissera éclater sa joie, ça fera des feux d’artifice, il y aura des étincelles. Elle rira à en avoir mal au ventre, sourira à en avoir mal aux joues. On lui a toujours dit qu’elle était un petit rayon de soleil, alors ce soir, elle prendra son rôle à cœur, ne déviera pas de ce chemin illuminé. Elle usera de ses bras pour en envelopper ceux qu’elle aime, elle usera de ses lèvres pour les déposer sur la joue des bienheureux, et sa joie de vivre flottera, jolies bulles de savon, tout autour d’eux.
Elle verra Logan et Aaron, ne se souviendra pas forcément si c’était dans le bar, ou dans les rues décorées de jolies petites lumières. Elle verra des amis de lycée, des amis de l’université, des amis d’amis.
Et quand tous lèveront leur verre à cette nouvelle année, elle criera aussi fort que tous les autres, n’oubliera pas de sortir son téléphone pour appeler ou envoyer un message à ses proches – d’abord, ceux au Japon. Jared sera l’un des premiers à recevoir ce message, Logan ne sera pas loin derrière, suivi de toutes les belles rencontres faites pendant l'année, toutes les amitiés qui ont fleuri, dans la joie ou l'adversité.
Et puis, elle enverra des messages à destination de ses parents, malgré le léger froid qui s’est installé lorsqu’elle leur a dit qu’elle ne rentrerait pas cette année. A Loveday, aussi, et à Lise et Nemo. Ils ne seront pas encore passés dans la nouvelle année, mais elle s’en fiche, truffera les messages de cœurs et de vœux, puis retournera faire la fête, le cœur plus léger que jamais. La nuit ne finira jamais. Bonne année, Caitriona !
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Ōmisoka
Event
Shizue aimerait que cette soirée soit normale. Elle a tout fait pour que ce soit le cas, suivi toutes les traditions culturelles et familiales pour retrouver cette atmosphère particulière de la fin d’année. Son intérieur est impeccable, une belle journée lui a permis d’aérer son futon, elle a envoyé ses cartes de vœux dans les temps, elle a même tenu à préparer elle-même ses kagami mochi, qu’elle a placés dans son tout nouveau kamidana. Ses parents n’avaient pas ce petit autel shinto, chez eux, pourtant elle a ressenti un besoin de protection et a tenu à en accrocher un à son mur. Elle n’a toujours pas l’habitude d’y faire des offrandes aussi régulièrement qu’elle devrait mais elle prend le pli, petit à petit. Et donc, avant ce nouvel an, elle y a placé cette petite pâtisserie, un peu irrégulière et bancale, pas tout à fait aussi brillante qu’elle devrait, mais dont le blanc éclatant contraste joliment avec l’orange de la mandarine à son sommet.
Et pourtant, elle n’arrive pas à se mettre dans l’ambiance. Chez ses parents, tandis qu’elle fixe son bol de soba, elle pense à leur signification : elle, elle est à jour de ses dettes. Son père peut-il en dire autant ? Et son frère ? Elle a un doute. Ses débiteurs ? N’en parlons pas. Alors elle mange mais la gorge serrée par un étrange sentiment d’hypocrisie, de vacuité. La traditionnelle émission musicale du 31 décembre amuse beaucoup son père et émeut sa mère aux larmes, la laissant elle de marbre. À peine la victoire de l’équipe blanche annoncée (elle n’a peut-être ni ri des blagues des animateurs ni chanté les paroles qui s’affichaient à l’écran, elle est tout de même restée curieuse de l’issue de l’émission), avant même que ne commencent les 108 coups de cloche ne résonnent dans les temples de la ville, elle est dehors.
Emmitouflée dans sa veste, Shizue est en chemin pour le sanctuaire d’Inari. Ses parents ont affirmé qu’ils se rendront dans un temple de Sanda un peu plus tard dans la nuit, tandis que son frère a joué le rebelle et refusé d’aller prier où que ce soit. Tant pis pour lui. Pour eux. Shizue a besoin de ce retour aux sources. Elle espère y croiser des connaissances, d’anciens voisins, peut-être même Tsuki… Ce ne sera pas le cas ; à peine apercevra-t-elle quelques visages vaguement connus, sans avoir l’occasion de discuter. Qu’à cela ne tienne. Elle tire un omikuji qui lui prédit une bonne année, riche en amours notamment. Elle en ricane, un peu amère, mais plie le petit papier pour le ranger précautionneusement dans son portefeuille. On ne sait jamais.
Cette prédiction a sans doute influencé le rêve qui occupe sa première nuit de l’année. Des visages défilent, comme un casting, et elle de se demander qui sera à ses côtés d’ici quelques mois. À son réveil, elle n’arrive pas à se souvenir de la personne sur qui elle a finalement jeté son dévolu, mais ensemble, ils ont été gravir le Mont Fuji – cette année ne sera peut-être pas aussi merdique qu’elle le croyait après tout. C’est ce qu’elle se répète en regardant le soleil se lever, depuis les hauteurs qui surplombent Kuji. Cette année sera la bonne… cette année sera la bonne…
Design de Joy
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Ne te vexe pas. Tu sais bien que, comme ton cousin Joey, il est surtout venu ici ce soir par curiosité – en plus du dîner et de la boisson gratuits. C’est compréhensible : pour les deux amis, l’un américain et l’autre issus d’un milieu certainement plus modeste, l’aristocratie britannique et ses rites doivent sembler issus d’un autre monde. Et tu peux d’autant moins leur en vouloir que c’est toi qui a proposé à ton cousin, venu étudier un an en Angleterre, de passer la soirée avec vous, quitte à emmener des amis avec lui. D’autant que si Alec te portait plus d’attention que ça, tu ne saurais où te mettre.
Je suis sur le point de me détourner pour aller présenter mes vœux à ma famille quand je perçois, du coin de l’œil, un mouvement d’Alec. Je me fige et regarde, hypnotisée, son beau visage se tourner vers moi. Mon air surpris lui tire un sourire.
- Bonne année, Love, susurre-t-il.
Mon cœur rate un battement. Je n’aime pas qu’on me surnomme ainsi, normalement, tant j’ai l’impression que l’amour m’est devenu un sentiment étranger. Mais sa façon de le dire… C’est comme une douce injonction : « Aime ! » Et moi de vouloir lui répondre : « Autant que tu veux. » Mon sourire, déjà radieux grâce au simple son de sa voix et à ce surnom, cache heureusement celui que m’aurait sinon tiré l’absurdité d’une telle réponse.
- Bonne année, Al.
Ce moment un peu hors du temps est brusquement brisé par l’intrusion de Joey. Il se jette presque entre nous, ses bras autour de nos épaules, nous rapprochant Alec et moi tout en nous séparant. C’est terriblement frustrant.
- Bonne année, vous deux ! s’exclame-t-il joyeusement.
Il pose un baiser sur ma joue et donne une grande tape dans le dos d’Alec.
- Mais, vous n’avez rien à boire ? Attendez…
Effectivement, lui, il a une coupe dans la main. Il la pose sur le guéridon à côté de nous, envoyant un regard à Alec signifiant clairement : « Pas touche ! », s’éloigne et la seconde suivante, revient avec deux verres. Je tends la main vers le plus proche de moi mais il s’empresse de me tendre plutôt l’autre.
- Tss, tss, tss. Jus de pomme pour toi, baby Daisy.
Je me sens virer à l’écarlate.
- On n’est pas aux States, grand dadais. J’ai dix-neuf ans et le droit de boire de l’alcool.
Il fait mine d’être surpris mais je suis sûre que c’est de la comédie.
- Dix-neuf ans, déjà ? Ce que le temps passe vite.
Mais il ne va pas pour autant me chercher autre chose. Alors pendant qu’il se tourne vers Alec pour lui donner la coupe qu’il lui a ramenée, je m’empresse d’attraper la sienne, toujours sur le guéridon, et d’en tirer une bruyante gorgée. Les deux garçons se tournent vers moi avec un air surpris.
- Hé ! s’indigne Joey.
Mais ce n’est pas lui que je regarde. Je fixe Alec dans les yeux par-dessus le bord de mon verre, incapable de retenir un sourire malicieux.
Ta propre effronterie te surprend. Mais tu ne va pas t’en inquiéter. Tu es bien, ce soir. Tu te rends compte que c’est peut-être comme ça que tu aurais dû passer les trois réveillons précédents, calmement, en famille, plutôt que de chercher à noyer ta peur de la nouvelle année dans le raffut de bars. À moins que ce ne soit le dur travail fait avec ton psy depuis un an et demi qui porte ses fruits. Quoiqu’il en soit, tu t’en fous. Tu passeras le reste de la soirée à échanger quelques banalités avec les invités, te chamailler gentiment avec Joey et dévorer Alec des yeux. Et le lendemain matin, tu te sentiras légère, prête à affronter le futur.
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Bref, Logan a bu, et il n’a pas l’air de vouloir s’arrêter, car tandis qu’il passe un bras autour des épaules d’Aaron en chantonnant avec d’autres fêtards la mélodie ringarde d’une chanson de pop-rock, il s’interrompt, pour boire une gorgée d’une bière tiède dans un gobelet en plastique. Mais il s’en fiche, que la musique soit nulle, que la bière soit tiède, que l’air soit moite ; il est avec Aaron et ça lui suffit étrangement pour que tout autour de lui devienne soudain digne d’intérêt. Digne d’être partagé.
Il a vu Kate, au loin, quelque part, il y a quelques minutes, et ça l’a rendu encore plus heureux. Il ne s’est jamais senti aussi à sa place qu’à cet instant : entouré des gens qu’il aime. S’il n’y avait pas la mafia, ou son statut de tueur à gages, on aurait pu se persuader que Logan menait une vie parfaite ; toujours est-il qu’à ses yeux, à cet instant précis, tout était vraiment parfait. « J’te piquerai ta veste ! J’la veux », affirme-t-il en jouant avec la doublure de la veste que porte Aaron, fasciné par sa texture, l’attention braquée sur elle, aidée par l’alcool. « Hé, je dors chez toi hein ? Hé. J’me disais : il faut que ton chat rencontre le mien. Comment ils appellent ça déjà ? Une famille précomposée… Nan, nan : une famille recomposée ! »
Logan semble soudain enthousiasmé par cette idée, et la célèbre en commandant une nouvelle bière. Il ne s’éloigne pas d’Aaron, jamais ; d’abord parce qu’il apprécie cette proximité, ensuite car il lui sert à présent de béquille bienfaitrice pour ne pas se vautrer sur le sol. Pour sûr qu’il se taperait le fou rire du siècle, amusé par sa propre chute, mais il n’est pas tout à fait certain que le ramasser à la petite cuillère amuse celui qui l’accompagne.
De toute façon, il ne risque plus de tomber. 2023 sonne, et Logan a pris Aaron dans ses bras. Il le serre fort, malgré le gobelet qui encombre une de ses mains, et lui souhaite une bonne année. « Bonne annééééeee. Te fais pas tirer dessus ! Promis ? Tu te fais pas tirer dessus hein ? », demande-t-il en pouffant de rire, avant qu’une illumination le saisisse de nouveau. Dans un nouvel éclat de rire, il chantonne finalement, ravi de sa trouvaille : « Oh ! Cette année, on se mariiiie ! ».
Visiblement, en 2023, cesser de mettre la charrue avant les bœufs ne fait pas partie de ses résolutions.
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Bonne année !
Si ça ne tenait qu’à moi, on aurait passé la soirée chez Logan. Ou chez moi, à la limite, même si c’est nettement moins confort. Mais il a fallu qu’il fasse ses yeux de chaton, qu’il me supplie de sortir, et je n’ai pas pu résister. Bon, au fond, j’en avais peut-être un peu envie, aussi. Maintenant, avec tous ces fêtards autour de moi, je le regrette presque. Ils ont tous l’air tellement débiles, tellement déconnectés de la réalité… Logan pourrait être n’importe lequel d’entre eux, déchiré comme il est, mais bon, c’est Logan. Il pourrait vomir sur mes chaussures… Enfin, non, quand même pas. Surtout pas sur ces boots, elles sont toutes neuves. En fait, Logan est aussi éméché qu’eux tous, mais il reste différent. Il y croit pas à cette fête, il ne se noie pas dans cette vacuité comme les autres.
Ce qui me fait dire ça ? Il ne me lâche pas d’une semelle, en tout cas jamais pour bien longtemps. Il a été parfois remplir son verre – parfois aussi le mien, quoique moins souvent – mais c’est à peu près tout. J’ai été un peu gêné, au début. On est en public, quoi ! Mais… je sais pas. À un moment, j’ai décidé de m’en foutre. J’ai eu un instant d’hésitation en apercevant, au loin, un visage qu’il me semblait connaître, puis… Ce sont peut-être mes bières qui me sont montées à la tête. Ouais, y’a sans doute de ça. Mais tant pis. Quand Logan garde son bras autour de mes épaules, il a peut-être l’impression – lui ou d’autres, d’ailleurs – qu’il marque sa possession, mais moi, je le vois plutôt dans le sens inverse. C’est lui qui s’accroche à moi ; c’est moi l’ancre, le point de repère. Je me sens plus important que jamais et que ce soit Logan qui me hisse à ce sommet, c’est grisant.
De temps en temps, d’autres que lui m’adressent la parole. Juste pour blablater, parce qu’ils sont trop saouls pour faire la différence entre leurs potes et moi, ou parce que ma gueule leur dit vaguement quelque chose, même si cette catégorie est de plus en plus rare au fil des ans. Il y a même une femme qui m’aborde, pendant un quart de seconde où Logan s’est éloigné. Elle s’accoude au bar près de moi, expose son décolleté, se met à jouer avec ses mèches en me bouffant des yeux… Mais mon partenaire revient presque immédiatement et se met à jouer avec le revers de ma veste sans même la remarquer. Je regarde la blonde décolorée en haussant les sourcils, en mode « Je vous fais pas un dessin. » Puis je m’en détourne définitivement. J’ai attrapé Logan par les hanches, tant pour le stabiliser que pour l’approcher encore un peu de moi.
- Recomposée, oui, confirmé-je. Ce serait drôle.
En vrai… C’est bizarre. Parler de « famille » à propos de nous… Et surtout avec deux chats… L’idée me paraît tout de suite saugrenue mais me laisse tristement songeur un instant. Quand je reprends mes esprits, le gobelet de Logan est de nouveau plein et le compte à rebours a commencé à résonner. Je m’y joins avec un enthousiasme surtout motivé par celui de Logan. Puis le point zéro, et la nouvelle année, et la supplique de Logan. Même s’il s’est tourné pour faire face à la salle au moment du décompte, un de mes bras est toujours posé dans le creux de son dos, j’accroche son t-shirt pour le rapprocher un peu de moi.
- Seulement si toi non plus, lui réponds-je, la voix serrée. Et pas de coups de couteau non plus.
Son exclamation suivante, elle, me laisse pantois. J’en bafouille plusieurs secondes :
- Att… Tu… Un mariage ?!
L’air bloqué dans ma gorge finit par en sortir sous la forme d’un petit rire incrédule. Le mot même me paraît absolument absurde. Et puis, la façon dont il le présente, comme si c’était quelque chose de… réciproque… Quand mon père faisait le canard devant ma mère, ou que Daisy joue la parfaite petite épouse soumise, où est la réciprocité, l’équilibre ? Je connais la théorie, bien sûr, l’idéal du « nous aimer et nous soutenir », « jusqu’à ce que la mort nous sépare », tout ça… Ce serait possible, avec Logan, franchement ? Entre deux têtes de mule comme nous ? C’est peut-être ce qu’il faut, en fait… Je pose mon front contre sa tempe, ma bouche près de son oreille.
- Si tu es sûr de pouvoir me supporter.
Mais il n'est pas sérieux, de toute façon, pas vrai ? Pas dans son état. Et moi ? Bonne question.
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L’adolescent le suit paresseusement à travers les pierres tombales, plus pour s’assurer qu’il ne se fasse pas mal en tombant que pour profiter de la générosité de ceux qui ne peuvent plus manger; on ne peut enlever que les associations caritatives se font plus généreuses à cette période de l’année et, même s’il n’a que siroté un verre d’eau tout au long de la journée pour profiter de la chaleur du café dans lequel il s’est réfugié, son estomac a traversé bien pire.
L’exclamation subite du vieillard réussit pourtant à l’intriguer, assez pour chasser la moindre once de nostalgie profitant du bruit des cloches pour se faufiler sous son indifférence. Il ne se souvient de toute manière pas être allé au temple plus d’une poignée de fois avec ses parents, étant trop petit pour en avoir des souvenirs transcendants avant que le départ de sa mère ne finisse d'achever toute célébration dans le foyer. Le rire de l’homme colore le cimetière morne alors qu’il remercie brièvement celui qui se tient sous leurs pieds pour la générosité de sa famille, partageant un peu de son précieux shoyu avant de se retourner vers lui pour prendre sa main et y déposer un mochi blanc comme la neige. Soudainement, l’aigreur face aux festivités déplacées semble s’être évanouie, ne laissant qu’un sourire jovial sous la barbe du vieillard. “Un marumochi pour Maru-chan !” Les éclats se transforment vite en toux sèche qui fait se cramponner le vieil homme à son bras le temps que l’inconfort ne passe.
Plié en deux comme ça, il a l’air si frêle, comme une feuille morte aux prémisses de sa chute.
2022 n’aura pas eu raison du vieux Toge, mais l'adolescent n’est pas certain de passer le prochain réveillon avec lui.
Alors, il lui dit doucement, avant d’entamer l’offrande. “Faites attention en mangeant.”
Même si ça lui fait mériter de se faire houspiller. Le vieux Toge le laissera quand même somnoler dans sa cabane, à condition qu’il le réveille pour regarder le lever du soleil.
Et si ça a de l’importance pour le vieil homme, alors il n’y manquera pas.
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Toute la semaine il avait préparé des petits cartons pour ne pas mentionner un mot de trop ou de travers. Son langage japonais est très bien maitrisé pourtant, c’est de parler devant un grand nombre de personnes qui va le fixer, l’observer qui lui renvoie une angoisse énorme. Lorsqu'il enfile son veston bourgogne par-dessus son chandail noir à manches longues, on lui donne le micro et il déniche tout son courage en un soupir de confiance. Debout sur la plateforme, le silence s’installe et il laisse ses papiers dans sa poche de pantalon, ce sera mieux improviser. Un sourire chaleureux, Bastian utilise un ton doux.
-Bonsoir tout le monde! J’espère que vous profitez bien de cette soirée en famille ou avec vos amis. Je voudrais souligner le partage du mois de décembre avec l’association Oles, avec qui on a pu aider plus de 200 familles en nourriture et vêtements en tout genre. Tous les dons monétaires iront à cette alliance pour épauler davantage de famille dans le besoin. D’ailleurs, je remercie tous les bénévoles qui ont participé à l’événement. Sans eux, cette journée n’aurait pas eu lieu alors on peut les applaudir grandement! Pour terminer, je vous souhaite une très bonne année 2023, de la santé et du bonheur!
Suite aux applaudissements, le décompte commençait déjà à partir de vingt secondes. Bastian prenait son téléphone, appelant Josh en Belgique.
-Bonne année 2023 plus tôt, chéri! Je t’envoie tout mon amour, transmets le bonjour à Camilia et tes parents!