Kobe World Memorial Hall me voilà ! Une scène en plein milieu du stade, mes fans vont pouvoir me voir à 360 degrés et ça c’est génial en un sens. Toujours la galère d’être à un endroit de la salle car ceux du fond ne peuvent pas me voir, ou alors il faut mettre des écrans pour cela. Le Memorial Hall de Kobe, c’est un peu l’endroit que je préfère quand il s’agit de donner un concert. Mais bref, aujourd’hui encore, je vais me surpasser parce que j’aime chanter et que c’est mon truc de me surpasser après tout. Il était également convenu avec les autres membres de mon groupe qu’il y avait une chanson où je jouerais du violon et que l’un des gars allait chanter. Bien sûr, mon manager Shizuo n’a pas été très content mais quand il a vu le résultat, il n’y avait plus à en rediscuter. De ce fait, assez tôt, nous arrivâmes sur place pour commencer à tout mettre en place quand mon manager vint nous voir pour nous apprendre que nous allions avoir un nouvel ingénieur son pour ce concert car celui avec qui on travaille habituellement est malade. Super, la journée commence bien… J’espère pour lui qu’il connait bien son travail et qu’il ne va pas nous faire une connerie. Autant au milieu des répétitions, okay mais clairement pas pendant le concert sinon je vais lui apprendre qui commande ici. Shizuo nous expliqua qu’il arrivera plus tard et que pour l’instant, on peut se concentrer sur la répétition sans système son.

Enfin, pour sûr qu’il va falloir que j’aille me présenter à un moment donné, ne serait-ce pour savoir avec qui je travaille déjà, voir si sa gueule me revient ou pas. Rah dommage que Magoichi ne soit pas là tiens. Bref, là n’est pas le plus important après tout, il faut que je me prépare pour la répétition. Je ne dois rien laisser me distraire de mon objectif qui est de prendre plaisir à chanter. En plus, le planning va encore être chargé avant ce soir. Se mettre en place, à nouveau observer les lieux pour savoir comment se placer, séance photo, interview avec un magazine puis répétitions générales avec son et lumière puis le vrai concert. Encore une interview à la noix… Enfin, on va dire que c’est déjà un peu mieux que de me taper les séances avec les fans. Je sais très bien que c’est grâce à eux que je peux manger tous les jours à ma faim, avoir un joli appartement etc. mais franchement, ils me gavent tous à me regarder avec leurs yeux pervers et in-love, comme si j’étais leur reine.

Les répétitions hors système son s’enchainent, on revoit rapidement le placement, les transitions et surtout la transition où je vais ensuite jouer du violon. Je vais pouvoir tester mon tout nouveau violon électro-acoustique huhu. Bon, ça ne vaut clairement pas le prix d’un vrai Stradivarius mais la qualité est au rendez-vous et c’est tout ce qui compte à vrai dire. Une fois les répétitions préliminaires terminées, j’ai enchainé avec le reste des choses à faire, le stress se montrant une fois de plus. Après tout, concert en approche, la journée est passée tellement vite que je ne l’ai pas vue. Je sais juste que l’ingénieur son est arrivé pendant l’interview et qu’il avait apparemment déjà commencé à effectuer son travail avec les musiciens. Pas de très bonne humeur après l’interview car cette saleté d’animatrice a décidé de poser des questions un peu trop personnelles, c’est l’air un peu bougonnant que je me dirigeais vers la loge des techniciens pour aller à la rencontre de l’ingénieur son du jour.

Tous les techniciens lumière et autres qui sont autour, comme toujours lors d’un concert, sont sur les chapeaux de roues, ce qui n’arrange pas beaucoup mon humeur. Hé les gars, vous ne m’aidez pas du tout à me détendre là hein ! En entrant dans la pièce comme si de rien n’était, mon regard fut tout de suite intrigué par l’énergumène qui pianotait sur la table de mixage. M’approchant sans rien dire, en l’apercevant de face, c’est avec effroi que je me rendis compte que j’étais peut-être tombé sur un criminel. L’allure du type quoi… Est-ce qu’on peut vraiment lui faire confiance ? Non parce que rien qu’à la première impression, je ne le sens pas. Rah pourquoi Mago n’est pas là quand j’ai besoin de lui ? Son sens inné pour repérer les types dangereux, les cuisiner à petit feu et les envoyer balader, voire clamser quelque part. Bon, je ne suis pas une experte en la matière mais on va garder cette façon hautaine de parler avec le masque et tout et tout, et on va voir ce que ça va donner.

« Je… suppose que c’est vous l’ingénieur son pour le concert de ce soir ? »

J’ai appris à me battre avec plus fort que moi et je côtoie un type qui trempe dans des affaires louches dont il ne veut pas me parler, alors ce n’est pas maintenant que je vais me mettre à flipper.

« Aliyah Klein. Chanteuse du groupe Spyair. Votre nom ? »

Klein… il n’y a pas à dire, je déteste toujours ce nom de famille. Enfin, je l’aimais bien à un moment mais à cause de la célébrité, les paparazzis et animateurs en tout genre ont réussi à remonter jusqu’à mon lien avec l’ambassadeur de Norvège ici au Japon… enfin l’ancien ambassadeur puisqu’il est mort en mars 2011. Il était aimé de tous par son travail extraordinaire et encore aujourd’hui, certains me posent des questions du genre « C’est comment la Norvège ? Comment était votre père quand vous étiez jeune ? » Comment il était hein ? Il essayait bien de prendre ma défense contre l’autre tarée censée avoir été ma mère mais finalement, il n’était qu’un homme soumis à sa femme qui portait la culotte dans le couple. Enfin, je doute que cet homme connaisse ce nom et c’est tant mieux. Par contre, s’il ne sait pas qui je suis, on va avoir un problème parce que je suis grave connue maintenant dans tout le Japon.

« Autant jouer franc-jeu, ce concert est très attendu par mes chers fans et je compte bien leur en mettre plein la vue donc je compte sur vous pour faire votre travail correctement, et je m’en fiche que vous soyez un criminel, un repris de justice ou que sais-je. Du moment que vous savez faire votre boulot, c’est tout ce qui m’importe. Autre chose, mais peut-être vous avez dû le voir avec mes musiciens. Il y a un violon à ajouter. »

Je pense que je me suis fait assez clairement comprendre. Voilà qui est Aliyah Klein en surface. L’égocentrisme du dragon incarné dans toute sa splendeur avec son jean noir, ses talons aiguilles rouges ainsi que sa chemise victorienne blanche et ses longs cheveux flamboyants.

Après m’être présentée et lui avoir demandé son nom, il répéta mon nom comme s’il ne savait pas à qui il avait affaire. Un peu étrange. Mon regard s’assombrit légèrement alors qu’il vient me tendre sa main pour que je puisse la serrer. Laurent Renard donc. Un nom très étranger ça, je me demande de quelle nationalité. Il n’est clairement pas asiatique, ça je peux l’assurer. Peut-être un type qui vient d’un pays de l’ouest. Ouiii le violon, en effet, c’est très important. Putain, tu me prends pour une demeurée ou quoi ? Ah non, wait, c’est toi le demeuré à parler comme ça en fait. Comme si je n’avais que ça à faire que de perdre mon temps pour aller taper la discute avec quelqu’un. Ah si seulement mon autre ingénieur son n’était pas malade. Lui, il sait d’emblée ce qu’il faut faire. Je commence à perdre patience et cela se ressent dans ma posture. Les bras croisés, les talons qui claquent de temps à autre contre le sol de la pièce. Si tout est réglé, je peux peut-être prendre congé et retourner faire ce que j’ai à faire non ? Ah… Bon, il semblerait que je me sois trompée sur son compte. Enfin, je ne sais même pas qui sont ces Sexy Sushi mais ce ne doit clairement pas être un groupe japonais. Faut être débile et pleins de préjugés pour s’appeler comme ça ici.

« Hum ? Et que voulez-vous savoir ? »

Il veut savoir une chose, okay mais pourquoi ? En quoi cela lui apporterait ? Ah non remarque, le travail entre l’ingénieur son et la célébrité doit s’établir sur une relation de confiance pour que tout fonctionne. Ça parait ainsi logique qu’il veuille me demander deux trois petites choses. Par contre, recule tout de suite sinon je te défonce à coup de matraque. Ce con m’a surpris à se rapprocher dangereusement de moi et à complètement empiéter ma zone privée. Tellement que j’ai dû faire un mouvement de recul avec mon bassin, étant à deux doigts de tomber avant de reculer un de mes pieds pour prendre appui dessus et retrouver un semblant de zone de confort. Oh l’espace privé c’est important gars !

Ah, j’avoue que je ne m’attendais pas à ces questions. En quoi aujourd’hui est plus important que les autres soirs ? Est-ce parce que je sors mon violon alors que d’ordinaire, je ne le sors pas ? Ceci ou est-ce que je donne toujours la même importance à tous mes concerts. L’homme s’excuse bien vite de ces questions, se cachant derrière l’excuse du « je ne suis qu’un ingénieur son après tout ». Intéressant, ça fait bien longtemps que personne ne m’avait posé ces questions.

« Vous avez du cran pour me poser ces questions mais j’aime bien. Ça faisait longtemps que l’on ne me les avait pas posées. C’est un peu plus important, spécial disons car oui, on rajoute un violon et surtout, je ne fais pas que chanter ce soir. C’est aussi le dernier concert de cette tournée 2018. Et oui, j’accorde toujours la même valeur à chacun de mes concerts… »

Parce que je suis une putain de perfectionniste et que même si je chante en partie que pour moi, je dois bien avouer que ça fait plaisir quand les gens ont des étoiles dans les yeux et qu’ils apprécient ma musique.

« Serais-je toujours aussi professionnelle si je n’accordais de valeur qu’à la moitié de mes concerts ? On croit que tout est acquis dans ce monde mais ce n’est pas vrai. La réussite d’un concert un soir ne veut pas dire qu’il aura le même succès le lendemain. Les gens changent tellement vite d’opinion. »

Bien que je n’aie pas trop de soucis à me faire, je sais également que ce monde est impitoyable. Surtout, le monde du show-business.

« Nous ne sommes qu’un produit à consommer après tout. »

Je soupire légèrement en haussant les épaules avant de faire volte-face. C’est la vérité, il n’y a rien de pire qu’à l’énoncer mais que pouvons-nous faire. Il faut sans cesse se renouveler dans ce métier. Je ne compte plus les nuits blanches. Ah j’espère d’ailleurs que mon teint légèrement trop blafard ne s’est pas vu… C’est le dernier concert en plus d’une longue tournée nationale.

« Bref, je compte vraiment sur vous Laurent pour ce concert. Je suis plutôt bonne en boxe donc ne me décevez pas. »

Un avertissement ? Mais non voyons. Le compte à rebours a commencé et nous n’avons plus beaucoup de temps pour répéter et nous préparer. Je repartis un peu comme un coup de vent pour laisser les gars travailler et retourner à mon poste. Un essai au violon pour voir qu’il est bien accordé et que le son est bien, plusieurs signes pour réglages du son et je pense que l’on est bon. Je vais lui montrer qui est Aliyah ce soir. Cette passion enflammée qui s’est révélée il y a quelques années plus tôt.


Tout est en place, les spots laissent place à un spectacle de lumière douce rappelant qu’on commence soft puis qu’ensuite on entre dans le dur comme qui dirait. Ma voix, claire et un peu roque à la fois, à cause de la cigarette, vient se poser sur les notes de musique et commencent à danser ensemble. Ce n’est pas la jeune femme hautaine et pleine de préjugés d’il y a quelques heures qui est sur scène, c’est une jeune femme qui aime chanter, qui transmet tout ce qu’elle peut transmettre : sa joie, sa tristesse. Mais comme toujours, elle se donne à fond. Puis vient un moment où tout s’éteint. La transition vers cette surprise. Bien sûr, tout le monde est surpris que j’aie changé de place, que j’ai un violon en main alors que je me mets à jouer. Les notes défilent sur une mélodie rock alors que j’entre dans une vraie transe. Ma passion, ma joie de jouer du violon a carrément fait de l’ombre à ma passion pour le chant. C’est aussi pour cela que je ne le sors pas souvent en concert. Y mettant trop d’énergie, j’ai tendance à m’user le poignet très rapidement. Mais la transe se finit soudainement alors que je n’entends plus un son sortir. Que se passe-t-il putain ? Reste calme, ne montre pas à tes fans que t’es entrain de virer à la colère, ce ne serait pas bon.

Ces secondes me paraissent bien trop longues pour n’être que des secondes d’ailleurs ! Je vais le tuer. Tandis que la colère grogne dans mon esprit, le son finalement revient après cela et je me remets à jouer mais mon perfectionnisme à tout épreuve en a pris un tel coup que j’ai du mal à me concentrer à nouveau sur le concert. Raaah le concert qu’il ne fallait absolument pas foirer ! Calme-toi, reprends tes esprits et continue de jouer. Les gens ont toujours aussi l’air survoltés, ils chantent c’est bon signe. Ce genre d’accident peut arriver, on n’est jamais à l’abri d’un couac technique alors tout va bien. Je ne dois rien laisser paraître et je dois finir ce concert comme je l’ai commencé.

Une bonne réponse pour une interview hein ? Et pourtant… peut-être parce que je suis perfectionniste, j’ai toujours pensé comme ça. Je chante uniquement pour moi mais j’aime quand même quand le son et l’image soient de bonne qualité. Je n’ai jamais regardé un de mes concerts en replay par contre, me refusant toujours à cet exercice. Pourquoi ? Parce que je trouve qu’en réécoutant, la voix n’est plus la même qu’en direct. J’avoue ne pas avoir compris si c’était une blague ou pas. Pourquoi il me dirait ça ? Plutôt grand pour votre pays… Et moi que devrais-je dire ? Je sais que je suis métisse mais pour une demi-japonaise, je suis un brin trop grande. C’était ça qu’il voulait dire ou était-ce autre chose ? Je n’ai rien dit sur le coup puisque je n’avais pas compris sa remarque et étais partie à mes affaires.


Le concert avait donc commencé et l’incident était survenu en plein milieu. J’ai essayé tant bien que mal de rester concentrée mais il n’y a pas à dire, cela m’a fortement déconcentré. Ici en plus, on n’est pas dans un concert d’idole mais bien un concert de rock avec de vrais instruments joués par de vraies personnes. Ça n’a clairement pas le même effet. Une idole, même si le son est coupé pendant quelques secondes, elle peut encore faire une pirouette, montrer son « amour » au public beeurk mais nous les vrais musiciens… On dépend du son pour pouvoir faire notre show alors forcément. Ce ne fut que quelques secondes mais de très longues secondes où il a fallu improviser malgré tout. Mon angoisse commença à prendre le dessus alors que je regardais de nouveau la salle. Le fait que le son s’est subitement éteint a commencé à faire refroidir l’audience. Arf… pas bon ça. Alors quand tout est revenu, après un regard avec les autres, on s’est explosé comme on ne l’avait jamais fait avant. Je sais que ce genre d’incident peut arriver mais c’est aussi pour cela que l’on vérifie des dizaines de fois le matériel pour parer au 30% d’imprévu. J’aimerais donc bien savoir ce qu’il s’est passé pour que ce cher Laurent bousille 30 secondes de concert.

Ce n’est normalement pas ce que retiendront les fans ici présents mais malheureusement, moi je vais le retenir et ça va me rester en travers de la gorge pendant un certain moment. C’est notre tout dernier concert de cette tournée interminable et il ne devait absolument pas être raté. Après cette chanson où je m’étais donnée à fond sur mon violon – d’ailleurs mon poignet va s’en souvenir pendant longtemps lui aussi… voilà que je me suis fait mal en me donnant un peu trop à fond… Il ne nous reste plus que deux chansons avant de finir ce concert, et ce même si j’ai mal et que je ne peux plus trop le bouger, il va falloir que je donne encore de moi-même pour rattraper ces fichues 30 secondes. Je pose mon violon, manquant presque de lui faire un vol plané, ne voulant pas trop appuyer sur mon poignet gauche bien entiché. La plus secrète possible, ne rien laisser paraître, je fais une courbette au public avant de reprendre ma place de chanteuse. Mon manager dans les coulisses me lance un signe pour me demander si tout va bien, auquel je réponds discrètement par un signe, que tout baigne. Même si cela n’est pas vrai et je retourne dans le concert.

Les deux dernières chansons sont plutôt douces par rapport aux précédentes, je ne devrais donc pas avoir à trop forcer sur ma voix. Mine de rien, quand on ne s’y connait pas, on voit juste une chanteuse qui est à fond, qui veut faire découvrir son univers, qui veut transmettre sa passion aux autres mais quand on est dans l’envers du décor… On voit une chanteuse épuisée qui tire encore un peu plus sur la corde, sur sa voix pour offrir un spectacle dont on se souviendra, à ses fans qui même si elle ne les aime pas, lui permettent de vivre une vie plutôt confortable. Les deux chansons passent sans autres incidents majeurs et je suis la dernière comme toujours à rester un instant sur la scène, pour remercier nos fans d’être venus.

« Bonsoir à tous ! Merci d’être venus si nombreux ce soir encore. J’espère que ce concert vous aura plu. A présent s’achève notre dernière tournée nationale de l’année. Et ce soir est aussi un soir spécial car j’ai décidé de bientôt arrêter ma carrière de chanteuse après avoir pu chanter au Tokyo Dôme. »

Allez un bon petit revirement de situation pour finir cette soirée en beauté. Si mes musiciens savaient que je voulais progressivement m’arrêter, mon manager lui n’était pas au courant. Mais avant ça, il me reste un dernier rêve à réaliser : chanter au Tokyo Dôme. Ce sera le point d’orgue de ma carrière en tant que chanteuse. Je suis épuisée, je veux passer à autre chose et je sais que ce n’est pas mon très cher et tendre qui va dire le contraire. Sous les acclamations et la surprise générale, je finis par rejoindre mon manager et les autres dans les coulisses.

« Mais… Aliyah, t’es sérieuse ? Pourquoi tu ne m’as rien dit ? Et tu es sûre que ça va ? Montre-moi ton poignet. »

« Désolée Shizuo-san… Je veux passer à autre chose… Je n’arrivais pas à trouver le bon moment pour te le dire. »

A vrai dire, je n’avais pas forcément envie de faire cette annonce comme ça mais… ma blessure au poignet après avoir trop forcé sur le violon – une blessure qui était déjà là mais que j’avais négligé et qui s’est aggravée, a terminé de décider à ma place la décision de mettre fin à ma carrière. Mais tout d’abord, avant de me soigner, j’ai quelqu’un à aller engueuler. Sans un mot, je me dirigeais vers la cabine où était ce cher Laurent. Les talons résonnant sur le sol alors que j’entrais sans même frapper à la porte. Effet de surprise, c’est plus parlant. Le regard empli de colère, je le fixais du regard.

« JE croyais que tout était bon pour vous et vous avez fait capoter 30 secondes de concert ! Vous êtes sérieux là ?! Si on vérifie 30 fois ce n’est pas pour rien bordel ! J’espère que vous avez une très bonne explication ! »

Subitement, un truc bizarre me piqua un peu le nez mais sans arriver à mettre de nom dessus. J’étais bien trop en colère pour arriver à me calmer, il avait donc plutôt intérêt à avoir une excellente explication.

J’attendis son explication avec une très grande impatience qui me caractérise quand je suis en colère notamment et il fit écho à ce que je venais de lui dire. Je savais pourtant bien que s’il y a des imprévus, comme son nom l’indique c’est qu’on ne peut pas le prévoir ! Je le sais pourtant bien mais quelque chose au fond ne voulait pas l’entendre. Et comme toujours mes préjugés sont allés sur la personne plutôt que le matériel… Calme toi Aliyah, tu n’y connais rien en système son alors laisse faire les pros au lieu de le cingler. Je ne peux qu’hocher la tête quand il affirma que les fans étaient contents et que tout s’était bien passé hormis ce détail. Rah… il m’a complètement coupé le souffle là. J’étais à deux doigts de lui en foutre une. Est-ce que si tout se déroulait toujours aussi bien sans accroc, ce ne serait pas chiant ? Hum… je ne sais pas, je n’aime pas l’imprévu alors c’est difficile de répondre à cette question.

« Je ne sais pas… Pour moi l’imprévu est quelque chose de difficile à encaisser. Je m’excuse de m’être emportée. »

Je peux au moins reconnaitre mon erreur sur ce coup-là. Je sais tout de même être un peu arrangeante quand il le faut. Enfin, Laurent s’excusa aussi du contre-temps et ma colère finit par s’apaiser. La pression retombant, voilà que la fatigue revint de plus belle. Je finis par m’asseoir en hochant doucement la tête.

« Vous auriez une cigarette ? Mes affaires sont dans ma loge… »

Et j’ai juste la flemme d’y aller là maintenant. Je sais que je dois aussi me changer mais ça, ça peut attendre. J’en profitais pour regarder d’un peu plus près mon poignet gauche et vis qu’il était gonflé. Soupirant de plus belle, je ne vais plus pouvoir en jouer avant un certain moment et bien sûr, je risque de me faire engueuler par le médecin pour avoir trop forcé. Enfin, comme d’habitude de toute manière, ça ne va pas changer grand-chose.

« Ah ouais tant que j’y pense, il est censé y avoir une fête après pour fêter cette fin de tournée… Vous avez le choix, vous pouvez y aller ou vous enfuir avec moi quelque part. »

Dis comme ça, je lui proposerais limite de sortir avec moi alors que ce n’est pas le cas. Je n’ai qu’un seul homme dans ma vie : Magoichi. Juste, je n’aime pas ces fêtes. En soit, bon, c’est cool on remercie tout le staff pour tout l’excellent travail qu’ils ont fait depuis le début de la tournée mais vu la fatigue accumulée, je crois que je préférerais être ailleurs et au calme. Il semblerait aussi que je sois un aimant à hommes à problèmes alors bon. Ah ouais, faudrait aussi que j’aille faire soigner ce poignet…

« Sans ambiguïté ma question hein… »