Charlie Shimizu

Mon rendez-vous avec le procureur Shimizu – Daiki de son prénom – est programmé à vingt heures précises. Je déteste les retardataires, je suis donc toujours ponctuel. C'est tard pour une convocation me diriez-vous, mais pas pour les carriéristes comme nous. C'est inutile de me déplacer pour signer quelques papiers lorsque mon temps doit être maximisé, alors on a conclu qu'un jeudi soir est préférable. Le trafic est moins pire, de toute façon il est rare que je sors de mon bureau quand la noirceur n'est pas tombée. Je ne l'ai jamais rencontré en personne et son adresse ne me dit rien, je sais seulement que c'est dans le quartier Uzume. On entend que du bien de lui, j'espère que ce sera vite réglé car mon problème n'est basé que sur un mensonge. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive et c'est toujours signé avec une grande somme d'argent. Tout le monde a un prix, même les menteuses. Je l'ai renvoyée parce qu'elle était incompétente dans la compagnie, et non car je lui ai supposément fait des avances. Ces gens qui profitent d'un faux pouvoir pour gagner plus d'argent devraient au moins être honnêtes envers eux-même.

Lorsque je regarde ma montre, il est temps de partir. J'enfile mon veston bleu marin et dis bonsoir à ma secrétaire, attendant l'ascenseur pour descendre du trentième étage. J'envoie la main au portier et entre dans ma voiture, satisfait de mon nouveau choix parce que l'autre, disons qu'elle a été volée même si j'étais là au mauvais moment. Le moteur ronronne comme je l'aime et fonce vers Uzume. Stationnant ma GT-R Nismo noire devant le bloc appartements, je ne pensais pas me rendre dans sa demeure. Vingt heures piles, je pèse sur le sixième étage. C'est ce qui est écrit dans mon téléphone et aussi ''Shimizu'' sur la sonnette. J'opte pour l'ascenseur, sinon je serais en retard. En montant, je prends le temps de placer mes cheveux parfaitement vers l'arrière, ajuster ma chemise et mes boutons de manchettes dorés. Mes lacets sont aussi bien attachés, tout est accordé sur mon complet hors de prix. Je cogne donc trois coups sur la porte, attendant à voir Monsieur Shimizu.

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Charlie Shimizu

Manifestement, ce n'est pas Daiki Shimizu. Qui serait trop stupide pour laisser une jeune fille en sous-vêtements ouvrir la porte à un inconnu? Ce qui se passe dans le lit d'un procureur ne m'intéresse pas, et c'est encore plus malpoli de me sauter à la gorge comme un chat sauvage. J'ai cru recevoir la mauvaise adresse, voire le mauvais numéro de porte mais ce que je me demande surtout, c'est pourquoi il habiterait dans ce genre d'immeuble. Peut-être qu'il l'a acheté, encore là faut-il avoir une bonne raison. Le démolir? Ça coûterait trop cher et tous les logements sont loués. Une personne qui a largement les moyens de s'offrir un plus grand appartement vivrait dans le quartier Koyane, proche de son travail. Malgré le fait que je ne connais pas grand-chose sur sa vie personnelle, cette demoiselle a sensiblement le même accent cassé en parlant japonais. On m'a souvent mentionné que les Françaises s'emportent assez rapidement, touché.

On se toise de haut en bas, pour comprendre qui est l'un et l'autre. Cette manie de vouloir tout gérer dans l'ordre m'embête lorsque je ne suis pas informé sur la personne devant moi. D'ailleurs, il faudrait bien que l'un de nous deux brise le silence, sinon on entendra une mouche voler. Le bruit? Ce n'est que de la musique, sans doute populaire aux oreilles de tout le monde. Mes tympans, en conséquence, veulent se refermer contre eux-mêmes. Il n'y a pas à dire que c'est une façon franche de juger quelqu'un sans le connaître, quelle casse-pieds intéressante. Évidemment, qui n'aurait pas remarqué sa tenue, si on peut l'affirmer ainsi. Encore le visage de marbre, je regarde ma montre. Quelques minutes sont déjà passées, il ne devrait pas tarder à arriver. Faisant fi de ses paroles françaises – dont j'ai très bien comprises -, je formule mes quelques phrases en espérant ne pas me vexer davantage. Beau-gosse merci, toutefois coincé, ce n'est pas un mensonge non plus. Un sourire peu sincère se dessine sur mon visage, je ne voudrais pas sembler hypocrite pour autant.

-Vous parlez probablement de la musique? J'en ai rien à faire, je suis ici pour rencontrer le procureur Shimizu. C'est une affaire qui ne vous concerne pas, ce sont que des papiers magistraux à signer. Si vous voulez bien porter des vêtements raisonnables, ce serait plus approprié. Je ne voudrais pas créer un malentendu entre qui que ce soit.

Le corps derrière le portique, je fais attention de ne pas l'effleurer. C'est un peu plus grand que je ne l'aurais imaginé. J'ose souhaiter que je ne me suis pas trompé sur la personne, le malaise serait accablant. Restant debout dos à elle, j'attends qu'elle cache au moins le plus de peau. À cause de la question qui me brûle les lèvres, je tourne légèrement la tête pour qu'elle puisse m'entendre. Je ne peux m'empêcher de sortir un petit rire, avec un sourire honnête cette fois.

-Je ne savais pas que Monsieur Shimizu a une petite sœur. Puis-je savoir votre prénom?

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Charlie Shimizu

Au moins on est sur la même longueur d'ondes, personne ne voudrait un malentendu entre nous trois. Charlie. C'est joli comme nom, mais difficile à prononcer pour un Japonais. J'imagine que c'est un prénom français mais toutefois étrange, puisque son frère plus vieux est japonais. De toute façon, c'est pas mes affaires. Pour les deux frères, j'étais déjà au courant. Peut-être qu'ils veulent cacher leur petite sœur adorée, comme je sauve toujours la mienne. D'ailleurs, Charlie me fait penser à elle. Sans cesse mal habillée, à gauche ou à droite, toujours en train de la chercher pour venir manger ou juste aller dans son lit. Je zyeute son appartement, c'est évidemment pas comme chez moi. La grandeur de tout son logement est pareille à ma chambre – il ne faudrait pas lui dire. J'espère qu'elle est bien comme ça, et je me demande si son frère possède la même joie. Si je me suis trompé de porte, il habite certainement dans le même immeuble. Pendant que je me pose toutes ces questions, elle m’incite à me retourner. Ça faisait combien de temps que j'attendais? Me raclant la gorge, je me retourne, à peine gêné.

-Enchanté alors, Charlie. Je m'appelle Takeda, Yasuo.

C'est là que je vois son habillement. Enfin, je ne sais pas si on pourrait le dire ainsi. Si j'étais son fiancé, ça aurait été suffisant mais en tant que visiteur, c'est quasi inapproprié. Bon, je vois bien que Charlie est plutôt française que japonaise, alors je ferais attention de ne pas la critiquer; on se fâcherait tous les deux. Disparue sur son sofa, je n'ai pas d'autres choix qu'attendre. Solitaire devant son appartement ou avec elle, je préfère la deuxième option, même si je passe mon temps seul presque toutes mes journées.

-Ça va, pour trente minutes je pourrai survivre à ce chaos. Du thé ça ira. On est juste jeudi, je vais attendre pour le saké. Je peux aller le préparer si tu veux.

Même s'il y a des vêtements partout et des figurines, je peux reconnaître une cuisine. J'avoue que je n'ai pas l'habitude de préparer quoi que ce soit en nourriture, mais il y a un début à tout. Je ne m'attendais pas à cette question là. Cependant, avec tout le bordel qu'il y a ici, je vois bien que la musique fait parti de sa vie et aussi une console. Charlie ne doit pas sortir d'ici souvent, en plus de jouer aux jeux vidéo. Je ne sais plus comment les jeunes d'aujourd'hui appellent ça. Gamer? Je me suis déjà demandé si ça aurait été pratique de mettre des publicités dans leur jeu, peut-être qu'elle pourra me le dire. Jamais mon père m'avait laissé jouer, même qu'on en n'avait pas chez nous. Ça ne m'intéressait pas plus que ça il faut dire, je devais me concentrer sur autre chose. Elle rira de moi quand je parlerai de ma musique. Et alors? Depuis quand les gens me troublent, tss.

-C'est juste que je n'aime pas être avec quelqu'un dont je ne connais pas. Du classique. Chopin, Bach, Mozart, etc. Ça m'apaise, même si tu vois le contraire. J'imagine que ce n'est pas ton cas, ni celui de beaucoup de gens. Tu dois écouter de la pop, ou des chansons en français? Je travaille dans le pharmaceutique, alors je n'ai pas le temps de m'informer sur la musique. Tu joues beaucoup avec la console?

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Charlie Shimizu

Je ne voulais pas la vexer, loin de là, mais je suis trop implanté dans mes coutumes japonaises. Après, je ne vais pas m'excuser pour un non-dit aussi absurde. Je crois qu'elle a compris en cherchant un pantalon, assez proche et l'enfile sans se retourner. N'aillant même pas le temps de me bloquer les yeux, je les ferme rapidement pour ne pas la déranger. Cependant, je crois que c'est moi le fautif ici, à empiéter dans son mini appartement tout en l'obligeant inconsciemment de porter une tenue potable. À chaque jour je range ma chambre, s'il y a des choses qui ne sont pas à sa place évidemment. Mon défaut majeur est le perfectionnement, alors si un objet est manquant, je le sais tout de suite. Les servantes savent que dès qu'elles entres dans ma chambre, il est méticuleux de manipuler chaque livre et de bien plier la draperie. Je n'arriverais jamais à vivre ici, avec tout ce vacarme et les vêtements par-ci par-là. C'est à se demander si elle vit seule où si une autre personne endure cette folie.

Je vérifie autour de moi une certaine place où m'asseoir puisqu'elle m'y a obligé, et je trouve seulement le canapé. J'y dépose mon blazer mais je garde tout de même ma veste sans manche, m'assurant que chaque bouton soit attaché. Je m'y installe après ma dernière question, un peu trop amolli mais douillet, on pourrait s'endormir dessus suite à quelques heures. C'est vrai, c'est plutôt apaisant quand on écoute les instruments comme il faut. Elle est pleine de surprises, je commence à aimer cette soirée plus que je ne devrais. Rencontre insoupçonnée, puis apprendre de ne pas être le seul à apprécier la musique des années d'une autre époque. Je soupire, m'affaissant légèrement dans le sofa; aussi parce que c'est impossible de rester droit. Debussy avait un talent inné pour la musique malgré son entêtement à vouloir tout changer. J'écoute encore ses morceaux parfois, j'adore le piano et la volonté qui ne l'a jamais empêché d'aller plus loin. Mademoiselle Charlie nous émerge du silence avec sa réponse. Son job? Puis je crache mon thé en essayant de viser la tasse. Merde, je m'attendais vraiment pas à ça. J'avais bien lu ce qui était se verre, comme quoi je crois le contraire mais bon, c'était qu'une blague. En la déposant sur la table, je porte ma main vers mon menton, cherchant mon mouchoir caché dans mon veston. Chose faite, je la fixe, perplexe, après avoir rangé le tissu de soie dans ma veste.

-Je, euh, pardon. C'est la première fois qu'on m'appelle de la sorte, j'ai été pris au dépourvu. Je suis plutôt habitué à Monsieur Takeda maintenant, Yasuo à la limite. Tu disais que c'est ton boulot, tu fais quoi comme travail si je peux me permettre?

Je hoche la tête, voulant tester la console. Je n'ai pas entendu sa dernière phrase, j'imagine que ça fait partie du jeu mais puisque je n'y connais rien, ça ne devait pas être pertinent. C'est étrange comment elle parle, comme si on était les meilleurs amis du monde. C'est vrai que je ne lui ai pas posé la question, toutefois si je ne l'ai jamais vue, c'est qu'elle ne travaille pas dans le même domaine que moi. La manette entre les mains, je fixe le nouvel objet comme si je n'en avais jamais eu – ce qui est le cas. Il est retourné de tous les côtés, les boutons semblent seulement sur le dessus. Les yeux ronds tel un enfant qui reçoit un cadeau à noël, ils sont maintenant plissés dû à la clarté de l'écran devant nous. Je n'ose pas demander d'explications, même si j'ai l'air complètement paumé avec ce truc.

-Je peux concevoir que c'est évident que je n'y ai jamais joué. Ma famille est très traditionnelle, les valeurs et tout le reste que tu ne sembles pas connaître. Les consoles n'ont jamais fait partie de ma vie. J'ai tout de même l'esprit plus ouvert que père. Enfin, mon père. Je veux bien essayer, malgré que la défaite est lourde à accepter. Tu me montres les touches?

Un petit sourire se dessine sur mon visage. C'est tout un numéro cette jeune femme, elle n'arrêtera pas de me surprendre pendant ces trente minutes.

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Charlie Shimizu

C'est quoi déjà un lama? L'espèce de bestiole qui ne fait que cracher et qui ne sert à rien? En plissant des yeux, je regarde mademoiselle Charlie en réfléchissant. Elle n'est pas gênée de m'interpeller de la sorte, ça me fait tout de même changer les idées. De penser à perdre de l'argent pour une simple connerie à expulser son thé pour la première fois de ma vie, c'est assez extravaguant. Autant me nommer Yas', ça fait plus de sens. Je soupire, personne ne m'avait fait cette blague avant. Sans doute par la peur des conséquences, ou seulement parce qu'il n'y avait jamais pensé. Sa répartie est si rapide qu'il me faut quelques secondes pour peser mes mots. J'imagine qu'elle ne pense pas avant de parler, ce n'est pas de la manière dont on m'a élevé. Je n'arriverais jamais à m'énoncer de la sorte. En levant un sourcil, j'accepte sa demande.

-Les lamas sont inutiles. Ce sera Yas, mais juste pour ce soir, ok?

J'écoute ce que Charlie mentionne en virant la manette de chaque côté. Je ne savais pas que ceux qui se filment peuvent gagner de l'argent, c'est pour ça que je ne dis rien pour l'instant. Comment ça fonctionne? Avec des bitcoins peut-être. Sur le moment je ne vois pas d'autres moyens, ou être sponsorisée. Non, c'est presque impossible, elle devrait gagner plus d'argent si c'était le cas et c'est difficile en chercher. Je suis plutôt de l'avis de son frère, c'est pas vraiment un boulot mais après tout, c'est internet qui va gagner les prochaines décennies. C'est assez subjectif comme décision, par chance je n'ai pas à la prendre. Ça aurait tout de même fait son sens si j'étais là pour un entretient. Comme quoi je voudrais une nouvelle secrétaire? Elle n'aurait probablement pas les compétences, encore moins pour trouver des solutions dans le domaine du marketing. Pour le reste des secteurs, ce n'est pas moi qui décide qui sera engagé ou pas. La décision se termine aux ressources humaines.

-Comment ça fonctionne pour gagner de l'argent en tant que youtoubeuse?

Je ne bronche pas lorsque Charlie s'approche de moi, même que je ne bouge pas d'un poil. Normalement je lui aurais ordonné de dégager; le contact m'énerve. Ça me déconcentre, toutefois j'arrive à suivre la position des boutons. J'ai peine à respirer, elle doit faire ce phénomène à tous les hommes de toute façon. Quand elle se décolle, je retrouve enfin un souffle normal. Pendant qu'elle active le jeu, je me pratique en même temps qu'elle s'amuse.

-À moins que tu sois bonne pour être secrétaire, je n'ai pas grand-chose à faire ici, mais comme je t'ai dit plus tôt, c'est pour affaire que je suis ici. Si tu veux vraiment le savoir, c'est parce que je dois signer des papiers et faire un chèque de cinq millions de yens. C'est une ancienne collègue de travail à qui j'aurais fait des avances sexuelles. Évidemment je n'ai rien fait, c'est à peine si je touche ma propre famille. Elle était juste incompétente, alors je l'ai renvoyée mais elle a utilisé cette excuse pour recevoir de l'argent. C'est pas la première fois que ça m'arrive, cinq millions c'est rien mais bon, je dois le faire.

Je ne peux pas m'empêcher de rire à sa dernière phrase. Elle croit vraiment que...? Non, invraisemblable. J'arrête de jouer quelques instants et la fixe. Il ne faut jamais parier avec moi, la majorité du temps je gagne. Sauf que là, la chance n'est pas de mon côté. Après tout, qu'est-ce qu'il peut m'arriver? Le sourire narquois, je réfléchis quelques minutes.

-Tu ne devrais pas parier avec quelqu'un comme moi. Lève-toi et regarde la voiture devant la fenêtre du salon, c'est la mienne. Chaque partie que tu gagnes, c'est cinq minutes derrière le volant. Si je gagne au moins une partie, j'ai le droit de t'inviter quand je veux pour disons, deux heures. Partante?

À l'évidence, j'ai dit ''partante'' en français, pour qu'elle sache que j'ai tout compris lorsqu'elle a ouvert la porte.

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Charlie Shimizu

Rien ne me fait réagir lorsqu’elle crie. Puis j’écoute son monologue sur les lamas, en me disant peut-être ils sont utiles pour certains, mais pas pour moi. J'ai toujours l’image du mouton qui crache et c’est franchement immonde. En plus ils ne sont pas jolis avec leur son museau et leur petite queue. Pourquoi les gens leur trouvent de bonnes excuses? Qu’ils meurent, personne de pleurera leur mort. Après pourquoi les utiliser quand un cheval est bien plus avantageux? On dirait que Charlie croit beaucoup plus aux animaux qu’aux humains, je trouve ça mignon. Mais jamais je ne pourrais changer d’idée, cet animal ne sert à rien point barre sauf à faire rigoler les jeunes filles.

Je me sens presque vexé lorsqu’elle m’explique son boulot de youtoubeuse. Enfin, vexé n’est pas le mot juste, c’est plutôt ma culture qui n’apporte pas d’efforts pour les nouvelles générations. On leur met des bâtons dans les roues à force de croire aux idéologies du passé. Il y a cinquante ans, comment les gens auraient pu deviner qu’internet changerait le monde entier? Tous les gadgets électroniques, même nos téléphones cellulaires rendent l’accès aux opportunités beaucoup plus facile. Les personnes âgées refusent encore de les utiliser en pensant qu’il n’y arriverait pas – ou sont obstinées dans leurs croyances. Une blogueuse, influenceuse, ce sont des métiers qui étaient moins connus ou sous d’autres formes que sur les réseaux sociaux. Peut-être qu’ils ont peur de découvrir de nouvelles choses, mais j’ai compris assez jeune qu’il ne faudrait pas laisser tout ça de côté. Père m’obligeait à lire des bouquins de guerre, d’économie et multiples autres sujets qui pousse une personne à en savoir plus. Certes, les temps changent et on doit s’adapter. Charlie est la copie parfaite du futur, née avec un ordinateur entre les mains. Si elle était un peu plus mature, mère l’aurait peut-être aimée. Je prendrai en considération ce qui m’a éclairé pour la compagnie. Donner un certain montant d’argent pour passer une publicité de médicaments concernant les maux de tête, ce serait avantageux pour nous deux.

-Tu décris très bien ton métier. Si tu me donnes le temps de réfléchir à tous les enjeux pour convaincre le conseil, je pourrais t’offrir un partenariat avec Pharma Takeda. Tu accepterais de passer une publicité?

Charlie réagit encore avec impulsion, c’est ce que j’aime chez ces personnes; différentes de moi. Celles qui ne cachent pas leurs réactions, leurs sentiments quelconques. Je suis toujours sérieux, la plupart du temps aussi froid qu’une pierre. Je n’arrive pas m’ouvrir aux autres, faire confiance n’est pas une de mes qualités mais pas un problème majoritaire pour autant. J'ai tant à faire que j’y réfléchis rarement. Ce que je relève d’étrange, c’est que Charlie est dans un autre monde que son frère, procureur est un travail de prestige. Quant à youtoubeuse, c’est totalement le contraire. Malgré sa réaction, je souris en coin.

-C’est vrai que l’argent sépare nos deux mondes, mais il ne faut pas prendre pour acquis les cultures différentes. Puis, même si j’avais tout l’argent, j’aurais quoi au final? Bref, j’espère que tu as ton permis de conduire et que tu conduis mieux que ce jeu dans les vraies rues. Qui plus est, à l’aise avec les voitures manuelles parce que pour l’instant, les jeux vidéo ne sont pas ma tasse de thé.

Je n’ose même pas répéter ce prénom dans ma tête tellement c’était horrible. Et un date? Non non, certainement pas. On est trop disparates, ça finirait par m’énerver. Non mais je vous jure, j’ai beau avoir compris les boutons mais ce jeu est impossible. La seule fois où ma chance a tourné c’est dans un virage lorsque j’ai poussé Charlie dans le vide. Après ses deux victoires, on a entendu trois coups à la porte. Juste avant qu’elle aille ouvrir, je précise deux détails.

-Ce n’est pas un rencart, compris? Tu entreras ton numéro dans mon téléphone quand je vais parler avec ton frère.

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