mode sombre
Hakumei
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : ...
Voir le deal

Invité
Invité
Citation :
Anonymous

Mes informations

Nos yeux qui se cachent sous les ecchymosesft. Min-Jun Jeong

Tu n'avais même pas encore ouvert les yeux, mais pourtant ton corps n'était que souffrance, Mellan. Vu ta bouche pâteuse, ton horrible mal de crâne et ton incapacité à te souvenir de la soirée de la veille, tu émettais l'hypothèse d'avoir bu hier soir. Beaucoup bu. Beaucoup trop bu. Tu avais l'impression qu'un troupeau d'éléphant dansait la samba dans ton esprit et tu n'étais que douleur. Tu hésitais clairement à ouvrir les yeux, déjà par peur que la lumière du jour agresse tes pauvres rétines délicates, mais surtout car ouvrir les yeux signifiait se réveiller et se lever. Et tu n'avais clairement pas envie de mettre un pied hors du lit pour l'instant. En même temps, la couette était si moelleuse, qui aurait voulu s'extirper de ce cocon de chaleur ? Puis la bouillotte humaine blottit contre ton dos te serrait contre elle, le bras posé sur ta taille…

Attends, il y avait quelqu'un dans ton lit, Mellan ? Et cette personne était aussi nue que toi ? Cela aurait peut-être dû t'inquiéter un peu, mais à vrai dire tu étais encore trop ensommeillé pour vraiment y prêter attention. Puis les draps avaient une odeur habituelle, celle de ta lessive… Tu en déduis donc rapidement que c'était Min-Jun contre toi, ce qui n'était pas inhabituel non plus. Tu dormais déjà avec lui la plupart du temps, quand il ne ramenait pas de conquête… Ou quand c'était toi la conquête. Ça vous arrivait parfois, quand vous en aviez tous les deux besoins. Cela faisait des années que vous étiez meilleurs amis avec bénéfice, depuis presque aussi longtemps que tu avais quitté ta famille pour vivre avec lui.

Finalement, tu te décidas à ouvrir les yeux. Tu avais faim, en plus d'avoir de plus en plus mal de partout, au fur et à mesure que ton corps éliminait les dernières gouttes d'alcool de ton sang. Il fallait que tu examines les dégâts et que tu te soignes avant de préparer le petit déjeuner. Si Min-Jun n'avait pas son café dès son réveil, il allait être de mauvaise humeur toute la journée et tu ne voulais franchement pas subir son sale caractère en plus de ton mal de tête. Après avoir survécu à l'agression de la lumière du jour, tu cherchas autour de toi ton téléphone pour savoir l'heure qu'il était. Tu avais la mauvaise habitude de le ranger sous ton oreiller avant de te coucher, pour toujours l'avoir à portée de main. Mais là, quand tu essayas de chercher sous le coussin pour voir s'il était là, tu ne le trouvas pas. Pas du tout même, tu avais dû le laisser dans la poche de ta veste. Par contre, ce que tu découvris en essayant de trouver ton téléphone, c'est une horrible blessure au poignet qui te fit grogner de douleur. Bordel, qu'est-ce que vous aviez encore foutu avec Min-Jun hier soir ? Vous vous étiez encore battus ? Ensemble ou l'un contre l'autre ?

Dans tous les cas, en découvrant l'état de ton poignet, tu te mis un coup de pied au cul pour sortir du lit. Il fallait vraiment que tu examines le reste de ton corps pour voir l'étendue des dégâts, et essayer de soigner un peu tout ça. Si vous avez vraiment participé à une bagarre, tu ne devais pas avoir qu'une seule blessure, et Min-Jun ne devait pas être indemne non plus. Tu te levas donc pour aller te regarder dans le miroir de la chambre, sans faire attention au bruit que tu faisais pour une fois, esquivant de justesse la capote usagée traînant sur le parquet… Tu savais d'où venait ta douleur dans le bas du dos, au moins.

Enfin bref, une fois devant la glace, ton regard ambré se posa sur ton reflet, ton visage affichant une grimace en voyant l'étendue des dégâts. Des ecchymoses marbraient ta peau pâle, accompagné de divers griffures et traces de morsures… Enfin, tu attribuais plus ces dernières marques à Min-Jun qu'à la bagarre. Après un examen rapide, tu te dis que la plupart de tes blessures allaient vite guérir, ce n'était pas la première fois que tu te prenais quelques coups. Par contre, ton poignet… Il t'inquiétait bien plus, lui. Tu pouvais voir qu'il était un peu gonflé, tu avais du mal à le bouger et un bleu était présent sur la zone douloureuse. Tu juras dans ta langue natale, t'en fichant bien de réveiller Min-Jun sur le moment.

Invité
Invité
Citation :
Anonymous

Mes informations


 

Nos yeux qui se cachent sous les ecchymoses

Nos voix qui s'écharpent dans ce qui les opposent

Feat Min-Jun Jeong & Mellan Galway

  Les yeux encore fermés, la respiration encore profonde, il émergeait tout doucement. Sa main glissa un instant sur le corps chaud de celui qu’il tenait entre ses bras. Il savait que c’était Mellan avec lui, peau contre peau. Il reconnaissait son odeur, quelques cicatrices qu’il avait pris l’habitude de tracer du bout des doigts, les boucles rousses qui chatouillaient son visage. Le mal de tête mit du temps à venir cogner sous ses tempes, lui rappelant qu’il avait un peu trop bu la nuit précédente. Ca et le fait que lorsqu’il essayait de se rappeler de la soirée, c’était : le trou noir.
Il se souvenait être allé en boîte de nuit avec le rouquin, avoir dansé avec lui et avoir bu quelques boissons… et puis plus rien. Il ne se souvenait même pas s’être couché avec Mellan, ni rien de plus. Cependant, ça ne le surprenait pas. Il ne se souvenait même pas de comment ça avait commencé. Sûrement un verre de trop et une envie d’expérience. Il savait bien que l’irlandais avait encore parfois du mal à accepter sa sexualité, contrairement à lui, donc… sûrement une expérience. Qui s’était répétée plusieurs fois depuis.

Il voulut passer sa main dans les mèches frisées, mais Mellan quitta les bras de Min-Jun avant qu’il n’y parvienne, le corps alourdi par la gueule de bois, ses pensées toujours brumeuses. Il n’eut même pas la force de grogner son mécontentement - il n’avait pas les câlins, et il perdait une source de chaleur. Il s’enroula dans la couverture, qu’il avait pour lui tout seul maintenant, en espérant avoir moins froid. Il ne comptait pas se lever tout de suite - il attendait que l’odeur du café le tire de son lit. Mais ce ne fut pas ce qui le réveilla une bonne fois pour toute, plutôt un juron - quelque chose d’assez inhabituel pour qu’il se décide à ouvrir les yeux et regarder son colocataire.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Tu t’es fait mal ?

Il avait la bouche pâteuse et la voix encore rauque. Il se redressa difficilement, tentant de garder la couverture sur lui. Il s’étira, et sentit la moitié de ses os craquer - ils avaient dû se battre la veille. C’était déjà ça de rattrapé sur leur nuit. Il posa le regard sur ses bras, marqués de bleus ici et là, et lorsqu’il fronça les sourcils, il sentit une pointe douloureuse. Il porta une main à son arcade sourcilière et grimaça. Pourquoi fallait-il toujours que ce soit son visage qu’on frappe ? Il finit par se lever, baillant - ses propres blessures ne l’inquiétaient que peu, il avait vu pire, mais il se souciait davantage de Mellan, surtout au vu de la grossièreté qui avait quitté ses lèvres. Il vint passer ses bras autour de la taille du rouquin, embrassant les morsures qu’il avait laissées comme trace de son passage.

Puis son regard tomba sur le poignet du rouquin et il pâlit d’un coup.

- On va aller te faire un bandage, d’accord ? Ça va aller. On a encore de la pommade, hein ?

Il le tira à sa suite par le poignet qui n’était pas blessé vers leur minuscule salle de bain. Il fit s’asseoir Mellan sur le bord de la baignoire, tandis qu’il fouillait dans la trousse de secours. Ce qu’il y avait de bien quand on était du genre à se battre mais qu’on était aussi organisé, c’est qu’on avait tout le nécessaire pour soigner ce qui devait l’être. Il sortit une crème à l’arnica avant de prendre la main du rouquin.

- Je vais faire attention, mais ça risque de faire un peu mal.

Il fit sortir la pommade du tube et l’appliqua, aussi délicatement que possible, sur l’hématome impressionnant. Il en avait vu, des bleus, mais comme celui-là… ça ne lui indiquait rien de bon. Il n’y avait qu’à espérer que ça irait. Il déposa un baiser sur le côté intérieur de son poignet lorsqu’il eut terminé d’étaler la crème, et attrapa les bandes pour terminer les soins.

- J’aimerais pouvoir te soigner d’un coup de baguette magique… Je n’aime pas savoir que tu as mal.

A nouveau, ce fut avec une étonnante douceur qu’il enroula les bandes autour du poignet de Mellan, cherchant à faire quelque chose d’assez solide pour éviter que son poignet ne bouge trop.

- Si ça ne s’améliore pas, je te donnerai l’adresse du médecin. Tu veux que je prépare ton petit-déjeuner ?

Il profita d’avoir la trousse à pharmacie ouverte pour attraper le tube d’aspirine. Ils allaient en avoir besoin, de toute façon. 
Sanda, Sanbu, appartement, un matin.
Invité
Invité
Citation :
Anonymous

Mes informations

Nos yeux qui se cachent sous les ecchymosesft. Min-Jun Jeong

Tu fus surpris Mellan, quand la voix de ton colocataire te sortit de l'inspection de ton corps. Tu étais trop focalisé sur tes bleus et sur l'évaluation de la gravité des dégâts pour avoir remarqué son réveil. Il est vrai que tu avais poussé un juron mais… Tu ne pensais pas que cela allait le sortir de ses songes. En même temps, il avait déjà bougé quand tu étais sorti du lit, tu l'avais entendu remuer. Puis Min-Jun avait toujours eu le sommeil léger, presque aussi léger que celui de la princesse au petit pois. C'est pour cela que tu faisais extrêmement attention à ne pas faire de bruit d'habitude, et c'est peut-être cela qui lui mit la puce à l'oreille, lui indiquant que tout ne tournait pas rond ce matin.

- Je… Je crois que je me suis fait mal, hier soir.

Enfin, tu en étais sûr, surtout vu la gueule de ton poignet. Tu l'entendis se lever, mais tu ne t'attendais pas à ce qu'il vienne t'enlacer. Ce genre de câlins n'était pas rare, surtout les lendemains de nuits mouvementées ensemble, mais ils te surprenaient toujours, te gênant même un peu. Il était plus compliqué d'accepter ses marques d'affection en plein jour et sobre, tu ne pouvais pas nier l'évidence en plein journée. Tu préférais clairement le déni que t'offrait la nuit et les nombreux verres d'alcool. Malgré cela, tu ne repoussas pas le coréen, même quand il embrassa les marques de son passage. Si tu n'étais pas trop occupé à t'inquiéter de l'état de tes blessures, ces stigmates d'une nuit chaudement agitée t'auraient clairement fait rougir jusqu'aux oreilles. Le brun avait toujours aimé montrer qu'il était passé par là, et tu ne savais pas vraiment comment tu devais prendre ces marques sur ton corps. Alors habituellement tu essayais de faire comme si elles n'existaient pas et de les cacher le temps qu'elles disparaissent. Pas besoin de nommer les choses qui n'existent pas ou qu'on refuse de voir. Il ne fallait pas mettre des mots sur les sentiments ou les ressentis qui auraient des conséquences trop gênantes.

Enfin bref, tu répondis aux questions suivantes de ton colocataire par des hochements de tête, avant de te laisser entraîner dans la salle de bain. Tu aurais aimé protester en disant que vous étiez nus comme des verres, et que ta blessure pouvait attendre que vous mettiez un caleçon, mais tu te retrouvas le cul sur le rebord froid de la baignoire avant même de pouvoir dire un mot. Tu regardas donc en silence Min-Jun sortir votre nécessaire de premier soin. Tu connaissais aussi bien que lui tous les médicaments se trouvant dans cette trousse. Il n'était pas rare que tu te soignes seul, ou que tu le soignes. Enfin, tu étais toujours celui qui prenait le plus cher en combat, et donc toujours celui qu'il fallait le plus soigner. On aurait pu se dire qu'avec le temps, tu aurais appris de tes erreurs et que tu aurais arrêté de te battre, ou même que tu te serais amélioré en combat, mais non. Tu continuais quand même sur cette voie vouée à l'échec, t'habituant même à la défaite.

- Je sais, ça fait toujours un peu mal de se faire soigner… Mais merci quand même, de faire attention.

Tu laissais le brun te soigner sans broncher, te laissant totalement faire. Tu le regardais juste prendre ton poignet et y étaler délicatement la crème. C'était une scène habituelle pour toi, une petite routine que tu avais appris à apprécier, même si les blessures étaient un peu plus grave cette fois-ci que les fois précédentes. Tu aimais bien quand Min-Jun s'occupait de toi comme cela, quand tu étais le centre de son monde pendant une poignée de secondes. Il était concentré sur toi. Et toi, tu essayais de te concentrer sur lui pour oublier la douleur, pour ne pas la laisser gagner et gâcher cet instant en tête-à-tête avec le coréen. Mais la douleur gagna, elle te fit grimacer, encore un échec pour toi. Mais cette expression de souffrance quitta tes traits pendant quelques secondes, quand les lèvres de ton colocataire se posèrent au creux de ton poignet, elle laissa place à de jolies teintes rouges, prenant possession de tes joues. Tu ne pus pourtant pas détourner le regard de cette scène, ne disant juste plus un mot et laissant le brun bander ton poignet. Et même si tu ne répondis rien aux paroles de ton meilleur ami, elles te firent chaud au coeur. Il aimait que tu ailles bien. Il n'aimait pas te voir souffrir. Tu hochas de nouveau la tête quand il parla de médecin. Ça allait aller de toute façon, non ?

- Je… Je peux toujours nous préparer le petit déjeuner, tu sais… Tu n'es pas obligé de le faire pour moi.

Tu n'étais clairement pas sûr de ce que tu disais Mellan. Ton poignet te faisait souffrir à chaque mouvement, et c'était en plus la main de laquelle tu étais le plus habile qui était immobilisée. Mais tu ne voulais pas être un poids pour Min-Jun, tu voulais pouvoir lui servir autant qu'avant. Il fallait être irremplaçable et non pas être un boulet, si tu ne voulais pas que ton petit monde et tes habitudes changent. Enfin bref, tu finis par te lever dans le but d'aller préparer le repas, laissant ton ami ranger la trousse de soin. Tu fis quand même un détour par l'armoire, pour enfiler quelque chose avant de te mettre à la cuisine. Et c'est là que l'enfer commença. On se servait vraiment de son poignet pour tout. Mettre un caleçon fut assez laborieux, mais enfiler un t-shirt le fut encore bien plus. Tu faillis laisser tomber mais… L'idée de te balader torse nu ne te plaisait guère. Les gambettes à l'air, ça allait, mais hors de question de déambuler dans l'appartement en exhibant tes épaules et ton cou couverts de morsures et de suçons, c'était clairement indécent. Tu ne te forças donc pas à mettre un jogging, préférant plutôt garder ton énergie pour le combat contre la machine à café.

Tu réussis par miracle à la gérer d'une main, préparant donc une tasse pour toi, avec un peu de lait, et une pour Min-Jun, avec plus de sucre que de café. Il fallait être fou pour mettre trois sucres dans sa tasse, ou avoir des goûts de gamin, tu penchais d'ailleurs plus pour la deuxième option Mellan. Toi au moins, tu assumais de ne pas aimer le café trop fort, au lieu de l'ensevelir de sucre. Quand les tasses furent prêtes, tu t'attaquas au jus de fruit, essayant de ne pas en mettre de partout… Avec ton colocataire, vous aviez toujours mélangé petit-déjeuner anglais et coréen, créant une habitude qui n'appartenait qu'à vous deux. Et tu aimais cette idée, de savoir que vous étiez les seuls à faire ça. Enfin, tu espérais aussi que vous étiez les seuls à faire cela, car mélanger du riz aux œufs avec du bacon, des saucisses et des tomates, c'était un peu spéciale comme recette… Par contre, si préparer les boissons du petit-déjeuner fut assez simple, tu fis face à un grand moment de solitude Mellan, quand tu essayas de casser des œufs. Tu n'allais peut-être vraiment pas pouvoir tout gérer tout seul sans ta main, finalement.

Invité
Invité
Citation :
Anonymous

Mes informations


 

Nos yeux qui se cachent sous les ecchymoses

Nos voix qui s'écharpent dans ce qui les opposent

Feat Min-Jun Jeong & Mellan Galway

 Il aimait s’occuper de Mellan. Il ne le montrait sans doute pas assez, mais cela lui donnait l’impression d’être important à ses yeux, d’avoir une utilité. Etait-ce pour lui rendre la pareille, ou parce qu’il y avait quelque chose de plus profond dessous - il préférait l’ignorer. Les sentiments, ce n’était vraiment pas sa tasse de thé, et il était déjà bien trop attaché au rouquin pour en rajouter. Il lui sourit cependant lorsqu’il déclara qu’il pouvait faire le petit-déjeuner. S’il avait été gentil, il ne l’aurait pas laissé faire. Mais Min-Jun n’était pas le plus sympathique, et il préférait que les autres apprennent de leurs erreurs. Il le laissa donc partir, prenant soin de faire un brin de toilette et de soigner ses propres blessures, avant de ranger ce qui avait été utilisé. Une fois ceci fait, il se rendit dans la chambre pour passer un caleçon et un jogging, histoire d’être un peu plus présentable.

Il entendait Mellan tout préparer, se débrouiller. A vrai dire, il était plutôt impressionné par ce dévouement. Un peu touché et surpris, également, même s’il ne l’aurait pas admis. Il resta dans l’embrasure de la porte, observant son colocataire qui semblait avoir du mal à tout faire. Il entra dans la cuisine comme en terrain conquis, regardant les tasses et les verres. Il fut assez admiratif en remarquant que pas une goutte ne s’était échouée à côté. Il posa ensuite son coude sur le plan de travail, posant sa tête sur sa main, et regarda Mellan qui tenait un œuf en main. Il hésita un instant, mais repartit sur une lancée taquine.

- Je me demande bien ce qui t’empêche de faire le petit-déjeuner ? Une idée ?

Il sourit, puis prit l’œuf lui-même.

- Laisse-moi faire, je te dis. Ça ne va pas me tuer de faire le petit-déjeuner, pour une fois. Je te dois bien ça.

Il regarda Mellan, attendant qu’il aille s’asseoir avant de commencer à cuisiner. Ça faisait longtemps qu’il n’avait plus vraiment eu à toucher à tout ça, et il peina pendant un moment (généralement, quand Mellan n’était pas là pour cuisiner, il commandait). Il fit relever le rouquin pour qu’il lui explique le fonctionnement de ces plaques de cuisson, un peu trop modernes comparées à ce dont il avait l’habitude, et le renvoya s’asseoir. Il eut tout de même bien moins de mal qu’il ne l’aurait cru au premier abord - comme quoi, la cuisine, c’était un peu comme le vélo, ça revenait vite. Il fit un peu de riz sauté, mélangea avec l’œuf, rapidement brouillé, puis regarda Mellan à nouveau, les sourcils légèrement levés.

- On a des légumes, hein ?

Sans attendre la réponse, il chercha dans le frigidaire, qui devait bien avoir un bac à légumes. Il étouffa un petit son stupéfait : le frigo était… sans doute rangé selon l’irlandais. Il réfréna une pulsion de rangement et se contenta de sortir quelques légumes, qu’il se mit à couper tout en faisant attention à son riz aux œufs. Il ne comptait pas vraiment sortir les légumes, à la base - ils ne mangeaient pas ça, d’habitude. Mais d’habitude, ce n’était pas lui qui cuisinait non plus, et les petits-déjeuners à la coréenne lui manquaient un peu. Bien sûr, il allait quand même ajouter les saucisses et le bacon, mais ce n’était pas sa priorité sur l’instant. Il fouina dans le présentoir à épices, cherchant celles qui lui rappelaient le plus l’odeur des repas chez ses parents. Il se demanda un instant comment il avait réussi à survivre avant que Mellan ne vienne habiter chez lui, quand ils étaient encore en Corée.

Les légumes furent rapidement prêts et il installa tout dans leurs assiettes, avant de se souvenir des saucisses et du bacon. Il les fit cuire rapidement et les rajouta au petit-déjeuner. Ce fut avec un grand sourire triomphant qu’il se dirigea vers la table, portant les assiettes et les couverts (deux grandes cuillères et des baguettes) sur un plateau en plastique, dont le fond représentait une œuvre qu’il aimait beaucoup, La mer orageuse de Courbet (l’une des rares œuvres qu’il n’avait jamais demandé à Mellan de reproduire, d’ailleurs). Il posa le plateau sur la table, et prit une allure un peu trop fière, pour appuyer ses prochaines paroles.

- Je suis vraiment doué en cuisine, quand je veux. Regarde ça ! J’ai hâte de manger.

Il s’installa donc à côté de Mellan, posant l’assiette devant lui, prêt à observer chacune de ses réactions pour savoir si c’était au goût de son colocataire. Prêt aussi à observer s’il n’allait pas avoir trop de mal à manger avec une seule main valide.

J’ai tout coupé en petits morceaux pour que tu n’aies pas besoin de couper quoi que ce soit, mais si tu as du mal, n’hésites pas. Je t’aiderai.

Quitte à lui donner la becquée. 
Sanda, Sanbu, appartement, un matin.
Invité
Invité
Citation :
Anonymous

Mes informations

Nos yeux qui se cachent sous les ecchymosesft. Min-Jun Jeong

Alors que tu t'affairais à préparer le petit-déjeuner malgré ta blessure, tu pouvais sentir le regard de Min-Jun sur toi. Est-ce que cela te mettait encore plus la pression pour réussir ? Oui, totalement. Tu avais dit à ton colocataire que tu pouvais y arriver, alors il fallait que tu y arrives. Il fallait que tu lui prouves que même blessé tu étais utile, que tu n'étais pas un poids. Tu hésitas quelques secondes à reposer ton oeuf pour préparer un petit-déjeuner plus simple, genre juste des toasts grillés. Tu pouvais y arriver ça, non ? Même d'une main ? Mais ton hésitation te fut fatale, Min-Jun se rapprocha de toi, t'observant de tellement près qu'il était dans ton champ de vision, accoudé au plan de travail. Tu vis son regard pétillant de malice et son grand sourire taquin, à cet instant là tu sus que tu avais perdu. Game over. Tu ne répondis rien à sa petite pique, car tu savais juste qu'il n'y avait rien à répondre. Mentir et dire que tu étais toujours capable de faire le petit-déjeuner ? Rester dans le déni sur ce plan-là ne menait à rien, sauf peut-être à encore plus de moquerie Mellan, et tu en étais totalement conscient.

- Je te laisse faire, alors. Mais… Ne nous intoxique pas, hein ?

Tu laissas donc à Min-Jun ton poste devant les fourneaux, tu n'avais pas bien le choix de toute façon. Mais cela ne t'empêcha pas de le surveiller, depuis ta place, tu observais tous ses faits et gestes. Oui, ta place. Vous aviez chacun votre place à table, et cela depuis votre arrivée dans cet appartement. Jamais tu ne t'asseyais sur sa chaise, même pour juste prendre un café. Tu avais besoin de ton petit monde bien cadré et rythmé par une multitude d'habitude, alors jamais tu ne les bousculerais toi-même en changeant quelque chose dans cette routine. Enfin bref, le brun te fit relever car il avait besoin d'aide avec les plaques. Cela te fit plaisir pendant quelques secondes, de lui montrer comment s'en servir, de lui être indispensable. Cela prouvait bien que sans toi, il ne mangeait pas. Qu'en un an que vous étiez dans cet appartement, il avait toujours compté sur toi pour le nourrir. Sur toi ou sur le livreur de nourriture.

- Pourquoi tu me demandes, pour les légumes, si… Si tu fais tes recherches toi-même avant d'attendre ma réponse ?

Tu vis parfaitement bien ton ami rester quelques secondes debout devant le frigidaire, après son ouverture… Et tu le connaissais tellement bien que tu savais ce qu'il se passait dans sa tête. Il se passait la même chose que quand il rentrait dans ton atelier. Il voulait tout ranger, à sa manière, alors que tout était déjà rangé selon toi. Tu lui avais déjà à contrecoeur laissé ranger l'armoire, la chambre et le coin salon, alors il n'avait pas intérêt à foutre le bordel dans ton organisation. La cuisine, c'était ton royaume. Lui, il n'était là que pour manger, alors il n'avait pas à toucher à agencement. Mais bon, tu connaissais Min-Jun comme si tu l'avais fait, il fallait dire que vous vous côtoyez depuis plus de quinze ans… Alors tu savais que le coréen allait finir par mettre le bazar dans ton frigo, un soir quand il n'arriverait pas à dormir et que ton rangement du réfrigérateur allait lui revenir à l'esprit. Tu savais qu'il allait faire cela, alors tu allais surveiller l'appareil électroménager dans les prochains jours, juste pour tout remettre à sa place après son passage.

Enfin pour l'instant, le brun laissa le frigidaire tranquille, prenant juste des légumes et retournant à sa popote. C'était rare de le voir cuisiner, Mellan. Cela faisait des années que dans votre colocation, tu avais pris ce rôle. Tu ne savais pas si c'était la rareté de cet acte ou si c'était le fait d'être contraint d'observer qui déclenchait cela mais… Tu trouvais la scène se peignant devant tes yeux magnifiques. En même temps, Min-Jun trichait, il était beau de base. Beau et torse nu, actuellement. Mais c'était surtout sur sa gestuelle que ton regard se posa. Tu le fixais, détaillant chaque mouvement de ses mains, aussi bien quand il découpait les légumes que quand il s'occupait du riz aux oeufs. Tu contemplais juste, fasciné, chacun de ses faits et gestes. Tu eus envie de le dessiner. Encore. De le coucher sur papier pour essayer de capturer la beauté de l'instant. Tu avais des carnets de dessin remplis de croquis de Min-Jun, tu ne sais pas s'il le savait, mais il était ton plus grand modèle. En même temps, tu avais une fascination pour les petites scènes du quotidien, tu cherchais la beauté dans chaque instant. Tu n'avais l'impression de n'être qu'un simple recopieur, Mellan, de n'être bon qu'à cela mais… Mais tu aurais pu être tellement plus, avec un peu de confiance. Depuis combien d'années n'avais-tu pas montré à Min-Jun l'une de tes vraies oeuvres, au lieu des nombreuses copies que tu réalisais ?

- Je… Je vois cela, que monsieur est capable de se débrouiller tout seul s'il se bouge les fesses. Moi qui avais peur que… Que tu meurs de faim sans moi pour te faire le petit-déjeuner.

La voix de Min-Jun t'avait sorti de tes réflexions et de ta contemplation. Tu lui répondis avec une petite boutade, pour essayer de ne pas perdre la face, pour ne pas perdre votre duel de taquineries. Un combat constant qui n'en finissait jamais, une lutte pour savoir qui aurait le dernier mot, qui aurait le dessus sur ces joutes verbales. Tu détaillas ensuite du regard le petit-déjeuner qu'il avait préparé, souriant en voyant qu'il s'approchait plus de la cuisine coréenne que de l'irlandaise. Il y avait quand même deux ou trois aliments qui te rappelaient ton pays natal mais… C'était plus proche de la Corée, de chez lui, tout en restant un mélange de vos deux cultures. Ça vous ressemblait.

- Merci mais… Tu n'étais pas obligé de tout couper comme cela. J'ai juste un peu mal au poignet, je ne suis pas totalement handicapé. Et… Je ne vois pas ce que tu pouvais faire de plus, pour m'aider.

Ah si, ce que Min-Jun pouvait faire de plus pour toi, Mellan, c'était d'arrêter de te fixer du regard. Comment voulait-il que tu manges, s'il ne te lâchait pas des yeux ? Son regard ambré te mettait la pression, en plus. Il fallait que tu réussisses à manger du premier coup, sans erreur, sinon il allait encore te taquiner. Tu voulus prendre tes baguettes de ta main blessée, pour manger mais… Mauvaise idée, cela te fit mal. Alors tu essayas de les tenir de ta main faible, celle que tu n'avais pas l'habitude d'utiliser pour manger. Et cela fut un deuxième échec cuisant. Mais hors de question de laisser ton colocataire voir que tu n'y arrivais pas, tu pris la cuillère à soupe de ta main en bon état, portant la première bouchée de ton petit-déjeuner à tes lèvres. En même temps, il était plus simple de porter la nourriture à sa bouche avec une cuillère plutôt qu'avec des baguettes… Enfin bref, tu dégustas donc ton petit-déjeuner, qui était plutôt bon, il fallait le dire, Min-Jun était doué. Les saveurs te rappelaient tes années en Corée du Sud, cela changeait un peu, tout en étant réconfortant. Bon par contre, tu mangeais sans respect à la cuillère ce qui devait être mangé à la baguette.

- Je… C'est bon. Tu ne t'es vraiment pas si mal débrouillé. Je devrais peut-être te laisser cuisiner plus souvent... D'ailleurs, ça n'a rien à voir mais… Tu te souviens d'hier soir ?

Invité
Invité
Citation :
Anonymous

Mes informations


 

Nos yeux qui se cachent sous les ecchymoses

Nos voix qui s'écharpent dans ce qui les opposent

Feat Min-Jun Jeong & Mellan Galway

 Son air triomphant fut remplacé par une expression presque blessée. C’était comme ça qu’il le félicitait alors qu’il faisait le petit-déjeuner ? Ses lèvres formèrent une petite moue quand Mellan lui dit qu’il était content de voir qu’il pourrait manger s’il n’était pas là. Bien sûr qu’il pouvait se débrouiller tout seul, qu’est-ce qu’il croyait ? Mais il vit au sourire du rouquin qu’il ne s’agissait que d’une taquinerie - il aurait dû le savoir, mais Min-Jun, susceptible comme il était, avait toujours tendance à partir au quart de tour et à réfléchir après avoir attaqué (que ce soit métaphorique ou non). Cette fois, cependant, il sourit à son tour - il n’arrivait jamais à s’en empêcher quand il voyait Mellan le faire. Il s’installa à sa place, à côté de son ami, et expliqua qu’il avait pris soin de tout préparer pour qu’il n’ait pas trop de mal à manger.

- Je sais que tu n’es pas handicapé, mais je peux quand même essayer de te rendre la vie plus facile, non ?

Il ne comptait pas du tout se moquer, même s’il l’observait attentivement. Il voulait simplement s’assurer que tout allait bien… Comme il le lui avait dit, il n’aimait pas savoir qu’il souffrait, mais il savait aussi que Mellan avait tendance à cacher ce genre de chose. Quant à savoir s’il n’était pas totalement handicapé… seul le temps le dirait. Bien sûr qu’il finirait par retrouver l’usage de son poignet, mais en attendant, c’était quand même une mauvaise passe d’une durée encore indéterminée. Il finit par détourner son regard pour le porter sur sa propre assiette, mais remarqua tout de même le changement de couvert chez le rouquin. Bon… au moins il se débrouillait - il n’aurait pas fait autrement à sa place.
La nourriture calma un peu le mal de crâne qui grondait encore dans sa tête, et il se souvint de la tablette de cachets qu’il avait rangé dans sa poche avant d’aller dans la chambre. Il la sortit, et posa un cachet à côté du verre de Mellan et en prit un pour lui. Il remplit les deux verres d’eau et avala le médicament, espérant qu’il agirait rapidement. Il rougit légèrement au compliment - il n’avait pas vraiment l’habitude d’entendre ce genre de chose. On lui avait déjà dit qu’il était beau, voire sexy, et quand ce n’était pas des gens qu’il connaissait bien, ça ne lui faisait pas grand-chose. Que ce soit Mellan, qu’il le félicite pour la nourriture, ça avait quelque chose de terriblement insignifiant et pourtant, ça le chamboulait un peu. Heureusement, avant qu’il n’ait pu y penser davantage ou juste répliquer quelque chose, le rouquin changea de sujet.

Il dut réfléchir un instant avant de répondre.

- Hier soir, tu veux dire, avant ou après mon cinquième verre ?

Il ferma les yeux pour se remémorer les événements, sourcils froncés, baguettes toujours en main.

- J’avais une vente hier. Elle s’est bien passée, donc j’ai décidé de t’inviter en boîte pour fêter ça. En fait, je voulais t’inviter au restaurant, à la base, mais…

Il laissa une seconde de suspens dans sa phrase. Il avait voulu réserver en passant devant un restaurant à Kobe, mais lorsqu’il avait regardé à travers la vitrine, il n’y avait vu que des couples et des familles. Il avait hésité et avait finalement choisi un contexte moins intime, peut-être (ou peut-être pas - il se souvenait bien de leurs danses, toujours l’un un peu trop proche de l’autre). Ce n’était pas comme s’il cherchait à avoir plus avec Mellan, et il ne fallait pas que l'autre se fasse d’idées non plus.

- Mais je me suis dit qu’on préférait danser, non ? Bref. On y est allés, et là on a commencé à danser, puis à boire. Beaucoup. Je crois qu’à un moment on est allés fumer aussi. Enfin. Je suis allé fumer et tu m’as piqué ma clope, comme d’habitude. Après on est retournés à l’intérieur, on a re-dansé et re-bu. Je me souviens pas du tout de comment on est rentrés. Mais vu ton état, et le mien, on a dû se battre sur le chemin du retour. Ou une fois rentrés, ça ne serait pas surprenant venant de nous. Puis on a… Tu sais.

Un petit sourire taquin vint étirer ses lèvres, tandis qu’il tournait la tête vers Mellan, la malice pétillant dans ses yeux. Cette fois, il attendait effectivement une réaction intéressante. C’était tellement drôle de le voir paniquer, de le voir devenir rouge comme une tomate ! Mais c’était aussi terriblement adorable, une vision dont le coréen se délectait toujours. Et puis, même si le rouquin s’énervait, il trouverait un moyen de le calmer et de se faire pardonner. Ce ne serait pas inhabituel. 
Sanda, Sanbu, appartement, un matin.
Invité
Invité
Citation :
Anonymous

Mes informations

Nos yeux qui se cachent sous les ecchymosesft. Min-Jun Jeong

- Oui. Oui, tu peux me rendre la vie plus facile mais… Mais tu n'es pas obligé, tu as sûrement d'autres choses à faire que de t'occuper de moi…

Tu étais idiot, Mellan, idiot mais surtout plein d'insécurités. Pour toi, si Min-Jun devait s'occuper de toi, ça allait juste l'embêter, le ralentir… Tu avais du mal à accepter le fait que dépendre de lui sans lui être utile en retour. Comment les gens pourraient vouloir de toi, si tu ne leur apportais pas quelque chose en échange ? Tu ne te voyais que comme un poids, un boulet qui ralentissait les autres, et encore plus maintenant que tu n'étais même pas capable de cuisiner pour le coréen. Cette blessure au poignet, tu espérais vraiment qu'elle parte vite. Tu ne savais même pas comment tu t'étais fait mal exactement ou de quoi tu souffrais exactement, mais tu la haïssais de tout ton être. Tu savais qu'aujourd'hui tu ne pourrais rien faire, ni peindre et ni aider ton colocataire à la maison, cela te rendait fou. Enfin ce n'est pas comme si vous faisiez grand-chose de mal les lendemains de cuite, vu les gueules de bois que vous vous tapiez à chaque fois. Mais ça n'allait pas durer qu'une journée, hein ? Tu espérais le contraire mais malheureusement tu étais conscient qu'une douleur comme cela n'allait pas guérir en un jour. Cela venait rajouter une couche sur ton esprit agité, tu angoissais à la simple idée d'être inutile pendant trop longtemps.

Heureusement, le cachet que posa Min-Jun à côté de ton verre te changea les idées. Voilà l'arrivée de la sacro-sainte aspirine, et tu espérais qu'elle allait apporter avec elle la fin de ton horrible mal de crâne. Dès que ton verre d'eau fut rempli, tu avalas le cachet, galèrant un peu avec ta main forte immobilisée. Plus vite il se trouvait dans ton corps, et plus vite il ferait effet. Tu continuais ensuite ton petit déjeuner, sachant très bien qu'il fallait donner à ton corps de quoi se remettre, après l'avoir autant malmené hier soir. Tu vis Min-Jun rougir, quand tu approuvas le repas qu'il avait préparé, mais tu ne fis pas le lien entre cette réaction et tes paroles. Ces rougeurs sur ses joues t'intriguaient donc mais tu ne posas aucune question, sachant très bien qu'il allait te tacler sur le fait que toi, tu rougissais tout le temps, si jamais tu ouvrais la bouche. Alors autant garder le silence, manger et contempler son visage rendu encore plus adorable par ces rosissements sur ses joues.

- Après ton cinquième verre, je… Je me souviens jusqu'au sixième, moi.

Tu souris légèrement, malgré ton mal de tête, amusé par ses paroles. Ta voix essayait d'être aussi taquine que la sienne, comme si le fait de se souvenir était un concours et que tu avais réussi à le battre. Tu le laissas donc énumérer des faits que tu savais déjà, hocha juste la tête pour montrer que tu suivais et confirmer ses dires de temps à autre. Au moins, vous aviez la même version du début de soirée, c'était déjà pas mal. Tu laissas apparaître sur ton visage de la surprise, quand il parla de son idée de t'inviter au restaurant. Ça te semblait étrange, un rendez-vous en tête-à-tête au restaurant avec le coréen, mais pourtant… L'idée ne te déplaisait pas ? Tu balayas cette réflexion aussi vite que tu te l'étais faite. L'idée devait te déplaire, point. Il fallait qu'elle te déplaise, un restaurant seul avec Min-Jun… Ça voulait dire trop de choses. Des choses que tu voulais éviter, des choses auxquelles il ne fallait pas penser, qu'il ne fallait même pas imaginer. Vous étiez bien comme ça, dans le flou, sans mot pour vous définir, sans obligation et sans sentiments. Il fallait que rien ne change, que vos habitudes ne soient jamais bousculées.

- Oui, danser et boire c'est… C'est mieux que de simplement rester assis autour d'une table à manger. Tu as eu raison de choisir la boîte de nuit. Et je ne te piquerais pas tes clopes si tu arrêtais de fumer…

Tu écoutas la suite de son récit et de ses déductions, tu avais eu les mêmes pour l'instant. Par contre, quand il parla de ce que vous aviez fait une fois rentré, tu rougis jusqu'aux oreilles, ton visage entier étant écarlate. Tu avais quelques flashs flous de ce moment-là dans ton esprit, à moins que ce soit ton cerveau qui essayait de reconstituer des souvenirs en se servant des fois précédentes où vos soirées avaient fini de cette manière. Et tu aurais vraiment préféré tout oublier que te rappeler seulement de cela.

- Stop ! Pas un mot de plus ! Je… Je ne veux rien savoir de plus ! Tu… Je sais déjà ce qu'il s'est passé à ce moment-là ! Enfin dans les grandes lignes mais… Ce n'est pas le sujet ! Et tu as du ménage à faire dans la chambre. Tu as encore laissé traîner par terre la… Le truc !

Pourquoi vous parliez de cela après coup ? Min-Jun savait que tu détestais cela. Tout ce qui passait dans la chambre restait dans la chambre. Enfin, ce n'était pas toujours dans la chambre mais l'idée était là. Vous faisiez et vous n'en reparliez jamais. C'était ta conception de la chose mais le brun n'avait pas vraiment l'air de la partager… Ou alors c'est qu'il adorait t'embêter. Oui, c'était sûrement ça, il passait sa vie à te taquiner sur tous les sujets possibles, et cela marchait à chaque fois. Tu ne pouvais pourtant pas t'empêcher de tomber dans le panneau, c'était risible.

Invité
Invité
Citation :
Anonymous

Mes informations


 

Nos yeux qui se cachent sous les ecchymoses

Nos voix qui s'écharpent dans ce qui les opposent

Feat Min-Jun Jeong & Mellan Galway

  Quand Mellan déclara que Min-Jun avait sans doute des choses plus importantes à faire que de s’occuper de lui, il ne répondit pas, mais son expression fut marquée par une tristesse soudaine l’espace d’une seconde. Était-ce vraiment ce qu’il pensait ? Était-ce vraiment l’image que le Coréen renvoyait à l’Irlandais ? L’image d’une personne qui avait mieux à faire que s’occuper de la personne avec qui il vivait depuis des années ? Il voulut lui dire tout ce qui lui passait par la tête à cet instant : que s’occuper de lui était normal puisque lui le faisait aussi, qu’il voulait l’aider, qu’il abandonnerait tout dans l’instant pour lui… ça allait trop loin pour lui - les mots avaient été pensées, mais aussi ressentis, et ça, il n’avait pas le droit de l’accepter. Pour éviter de trop y penser, pour passer à autre chose, il tira la plaquette de cachets de sa poche pour en prendre deux, un pour lui, un pour Mellan. Puis la question fatidique fut posée : qu’avaient-ils donc bien pu faire la veille ?

Min-Jun demanda s’il devait se souvenir de ce qui s’était passé avant ou après le cinquième verre, et le fait que Mellan renchérisse en disant que lui se souvenait de tout jusqu’au sixième verre le fit sourire. Il n’y avait pas souvent de compétition entre eux, mais lorsqu’il s’agissait d’alcool, ça arrivait un peu plus fréquemment. Chacun se targuait de tenir très bien l’alcool, et c’était bien vrai - néanmoins, ils restaient humains et passé une certaine quantité, ils ne pouvaient plus vraiment faire les malins. Les trous dans la soirée, ce n’était jamais très amusant. Les sourcils froncés, son geste suspendu, il fit le compte-rendu de ses souvenirs jusqu’à ce que le trou noir arrive. Après ça, il avait bien évidemment des réminiscences, mais rien de bien précis.

- Oui oui, je sais, fumer c’est mauvais pour la santé et en piquant mes clopes tu me sauves un peu, bla, bla, bla...

A choisir, Min-Jun aurait préféré que Mellan se sauve lui-même et le laisse se gérer tout seul, mais ça semblait être trop demander. Mais il ne pouvait pas vraiment le blâmer - Min-Jun le grondait toujours quand il faisait quelque chose d’irresponsable ou de dangereux. Même si ça n’arrivait pas souvent. Il continua après cette courte interruption, pour finir par les dernières choses dont il se souvenait - ou du moins, des choses dont son corps se souvenait. Comme il l’avait deviné, le rouquin devint soudainement rouge pivoine, et l’interrompit très vite, tandis qu’il se mettait à rire, beaucoup trop amusé par la situation. Il ne comprenait pas comment Mellan pouvait être aussi prude après avoir vécu tant d’années en sa compagnie.

- Comment ça, j’ai laissé traîner la capote ? Je n’étais pas seul à l’utiliser, je pense.

Il se rapprocha un peu du rouquin, à la fois taquin et séducteur. Une main se glissa dans les boucles rousses, et l’autre alla se lover à sa taille. Il n’hésita qu’une seconde avant de déposer des baisers papillons tout le long de son visage, évitant ses lèvres - il voulait l’embêter un peu, pas le rendre furieux.

- Tu sais, tu as le droit de dire “capote”. Ou “préservatif”, si tu préfères. Je vais finir par croire que tu as honte de coucher avec moi. … c’est le cas ?

La question qu’il posait, ce n’était pas de savoir s’il avait honte de coucher avec un homme - ça, il était presque sûr que la réponse était positive. Non, ce qu’il voulait savoir, c’est si lui, en particulier, le gênait. Comme s’il était un genre de prix de consolation. Comme si on le prenait parce qu’on n’avait pas mieux sous la main. Car lui, en tout cas, n’aurait jamais eu honte de Mellan - il l’appréciait beaucoup trop pour ça. Il aurait plutôt honte de tous les hommes qu’il ramenait à la maison juste pour se faire du bien une soirée. Il finit par se décrocher du rouquin, après un dernier baiser sur la joue, pour le laisser respirer. Dans tous les cas, il savait que c’était lui qui allait devoir se charger du ménage, quand bien même il ne s’agissait que de jeter un préservatif à la poubelle.

- Est-ce que tu te rappelles de quelque chose d’autre ? J’espère qu’on a bien payé nos consommations, au moins, sinon je vais devoir raquer la prochaine fois.

Il parlait en habitué - parce qu’il l’était. 
Sanda, Sanbu, appartement, un matin.
Invité
Invité
Citation :
Anonymous

Mes informations

Nos yeux qui se cachent sous les ecchymosesft. Min-Jun Jeong

Tu ne t’attendais clairement pas, Mellan, à ce que ton colocataire ne te taquine pas que verbalement, sur ce qui s’était passé la veille. Enfin, ce n’était pas la première fois qu’il faisait cela, qu’il se montrait trop tendre hors d’un cadre purement sexuel, mais cela te perturbait beaucoup. Son rire quand il t’embêtait sur ce sujet, tu y étais habitué, ses sourires espiègles aussi et il en était de même pour son regard pétillant de malice. Mais ça… Les marques de tendresse… C’était trop pour toi, trop proche de ce que ferait un couple. Et vous n’étiez pas un couple. Aucun de vous deux ne le voulait et personne ne devait le vouloir. Vous étiez bien trop importants l’un pour l’autre, vous ne pouviez pas détruire cela avec des sentiments amoureux. Si vous sautiez le pas et que vous n’arriviez pas à faire tenir votre couple, tout ton monde s’écroulerait, Mellan. Car oui, ton amitié avec Min-Jun était le centre de ton univers, le ciment de ta vie. Tu t’effrondrerais si le plus petit t’abandonnait. Alors vous deviez vous contenter de ce que vous aviez, de ce que la vie vous offrait sans franchir la limite. Et depuis que, dans votre jeunesse, vous aviez pris la décision de sauter le pas ensemble, vous jouiez aux funambules sur cette limite. Le moindre écart pouvait vous faire basculer.

Ce fut donc aussi rouge qu’une écrevisse bien cuite, Mellan, que tu viens cacher ton visage contre l’épaule de Min-Jun. Tu étais incapable de repousser ton ami, de toute façon. Il était à la fois ta plus grande force et ta plus grande faiblesse. Tu savais que c’était mal, d’être incapable de lui refuser quelque chose, d’être aussi dépendant de lui… Mais il t’était impossible de vivre sans lui, tu n’avais même jamais imaginé cette possibilité.

- Je… Je m’en fiche que tu n’aies pas été le seul ! C’est ton job, tu le sais très bien !

C’était toujours Min-Jun, qui s’occupait de cela. Faire disparaître les traces vos ébats, effacer les preuves de vos moments d'égarements… Et il s’occupait aussi de l’approvisionnement. Tu ne voulais rien à voir à gérer en rapport avec les protections, elles étaient l’évidence que tu pêchais, tout autant que celle que tu jouais avec le feu. Tu n’avais plus tes parents sur le dos, tu savais que tu avais le droit de faire ce que tu veux maintenant, que tu étais libre. C’était juste entre toi et Dieu, maintenant, il fallait juste que tu arrives à dealer avec ta confiance pour accepter cela, pour accepter qui tu étais. Mais les mauvaises habitudes avaient la vie dure, tu ne savais pas si un jour, tu arriveras à être épanoui sur ce plan-là.

- Je… Arrête. Tu sais… Tu sais bien que ce n’est pas de toi que j’ai honte.

C’était de toi, que tu avais honte, Mellan. Min-Jun était parfait, pourquoi tu aurais honte de lui ? Enfin parfait, c’était un bien grand mot. Il avait bien quelques défauts qui t’agaçaient souvent, pour être tout à fait honnête. Mais toutes ses petites imperfections qui t’énervaient régulièrement faisaient de Min-Jun… Bah Min-Jun. Ton meilleur ami ne serait pas ce qu’il était sans cela, il ne serait pas aussi attachant, amusant. Il était imparfaitement parfait, il te convenait comme il était. Tu fus quand même grandement soulagé, Mellan, quand ton colocataire te relâcha. Soulagé, mais aussi un peu triste et déçu. Tes envies étaient contradictoires, tu voulais autant t’éloigner de lui que te nicher dans ses bras pour ne plus jamais en partir. Sa chaleur était rassurante, et c’était ça le problème. Tu étais trop bien, contre lui. Alors un peu d’espace entre vous, ce n’était qu’un mal pour un bien. Pour ne pas succomber et reprendre une couleur normale.

- Je… Je ne sais plus vraiment. Tout est flou après le sixième verre… Mais dans le doute, tu devrais éviter cette boîte jusqu’à notre prochaine vente.

Cela serait bête que vos économies passent toutes dans le remboursement de vos dettes de boisson, surtout vu l’état de ton poignet, Mellan. Parce que tu sentais que ça allait durer un moment, ce bordel.

- Je… Tu veux que je fasse les comptes, au pire ? Je… En fonction de combien tu as vendu l'œuvre, on peut peut-être calculer combien on a dépensé…

Invité
Invité
Citation :
Anonymous

Mes informations


 

Nos yeux qui se cachent sous les ecchymoses

Nos voix qui s'écharpent dans ce qui les opposent

Feat Min-Jun Jeong & Mellan Galway

  Il aimait taquiner Mellan. Plus que ça : il aimait le tenir dans ses bras. Lui confesser un amour interdit à travers ses gestes plutôt qu’à travers des mots. Il gardait, ainsi, une sorte de barrière entre eux : la tendresse tactile était sa technique préférée, à bien des égards. Il prenait soin de lui comme un meilleur ami, passait des nuits avec comme un amant, mais dans la journée, quand ils étaient seuls, il aimait le traiter comme un amoureux - sans que jamais ce stade ne soit vraiment atteint. Il y avait les étreintes, les baisers aux coins des lèvres ; et quelques secondes plus tard, il n’y avait plus rien, et c’était comme s’ils avaient rêvés. Ça se passait - et ils n’en parlaient plus, cachaient ça sous le tapis qui commençait à ne plus rien cacher du tout. C’était plutôt l’éléphant au milieu de la salle, qu’ils ignoraient sciemment. Et Mellan posait sa tête contre l’épaule de Min-Jun, tentant de dissimuler des sentiments que ni l’un ni l’autre n’ignorait mais qu’ils ne pouvaient pas laisser apparaître. Ça faisait des années qu’ils jouaient à ce petit jeu. Et le Coréen savait que ça pouvait durer encore longtemps ainsi.

Et le rouquin reprit la parole, se moquant bien que Min-Jun n’ait pas été seul dans ses ébats nocturnes. Parce que c’était son rôle - ça l’avait toujours été. La première fois qu’ils s’étaient laissés aller dans les bras l’un de l’autre, c’était lui qui s’était occupé de tout. Et les fois qui avaient suivi aussi. Et puis - c’était devenu une habitude. Il amenait et il récupérait, ne laissant pas de trace. Il ne savait pas si c’était une déformation professionnelle ou une déformation personnelle, de tout cacher, de faire en sorte qu’on ne puisse jamais le pister. Mais… dans le fond, il avait toujours un peu peur. Peur que Mellan ne le voit vraiment que comme un coup d’un soir, comme quelqu’un avec qui il passait du bon temps mais qu’il ne garderait pas éternellement à ses côtés. Il n’aurait jamais admis cette angoisse, bien sûr, mais elle existait, malgré lui. Quand il lui dit qu’il n’avait pas honte, cela ne le rassura qu’à moitié, lui laissant davantage un sentiment doux-amer qu’un réconfort réel. Il n’avait pas honte de Min-Jun - mais il avait honte de lui-même, et cela, il était impossible de ne pas le voir. Il passa une main dans les cheveux roux, puis relâcha finalement Mellan pour revenir à la conversation initiale.

- Éviter cette boîte ? C’est dommage, c’est la meilleure du coin. Je suppose qu’on retournera à Kobe pendant un temps, alors.

Il récupéra ses baguettes pour manger distraitement son petit-déjeuner. Il avait encore du mal à se faire aux baguettes japonaises. Il allait vraiment falloir qu’il trouve un petit magasin coréen, ça n’allait pas être possible. Ses baguettes plates en métal lui manquaient, même si elles finissaient systématiquement par le brûler quand il mangeait quelque chose de chaud. Il hocha la tête quand Mellan parla de faire les comptes.

- Ce serait bien. Je te sortirai mon carnet. Je n’ai rien dépensé de plus que ce que j’ai récolté de la vente, déjà, ça c’est sûr et certain.

C’était aussi pour ça qu’il préférait être payé en espèces - il n’utilisait pas sa carte bleue, et tout le monde était content. Lui s’y retrouvait dans son budget, et ce qui restait après ces folles nuits où ils fêtaient les ventes finissait alors sur son compte bancaire, et servait à acheter de la nourriture et toutes les choses dont ils avaient besoin au quotidien. Tout était réglé comme du papier à musique, tout était noté, et c’était ce pourquoi les oublis étaient si importants. Il but une gorgée de son café et se redressa, sans lâcher sa tasse qu’il emmena avec lui dans l’entrée de leur petit appartement. Il libéra l’une de ses mains pour fouiller dans la poche de sa veste en cuir et en sortit son portefeuille, encore plein de billets. Il n’était pas encore habitué à ça non plus ; pas parce que les valeurs des yens et des wons étaient très différentes, mais parce qu’il avait appris à mieux vendre au fil des années et à gagner bien plus.

- Soit j’ai très peu payé nos consommations, soit j’ai gagné bien plus que ce dont je me rappelle, annonça-t-il depuis l’entrée.

Il posa son portefeuille sur la table, puis chercha son carnet dans la poche intérieure de sa veste en cuir. Il le déposa sous le portefeuille pour prendre les deux en même temps et revint s’installer à table, à sa place, poussant tout vers Mellan. Il grimaça un peu en s’installant, sentant son dos craquer.

- Voilà. Normalement, tout est là. Je ne pense pas qu’on se soit juste amusé hier soir. On a dû se battre.

Maintenant, entre eux ou contre d’autres personnes, ça restait à voir.
Sanda, Sanbu, appartement, un matin.
Invité
Invité
Citation :
Anonymous

Mes informations

Nos yeux qui se cachent sous les ecchymosesft. Min-Jun Jeong

Tu levas les yeux au ciel, Mellan, quand ton conseil d’éviter cette boîte fit râler ton colocataire. Tu aimais ce lieu toi aussi, tu y avais tes petites habitudes, les musiques te plaisaient, les cocktails étaient bons… Mais parfois, il fallait apprendre à se contenter de moins, le temps que les choses se tassent. La stabilité de votre foyer passait avant les nuits de folie, pour toi. Alors s’il fallait éviter une boîte de nuit, le temps que vous ayez assez de côté pour éponger vos dettes de boisson, tu le ferais sans hésiter. Remarque, en fonction de votre consommation, peut-être que c’était le quartier entier qu’il fallait éviter. Devoir de l’argent dans une ville où les mafias protègent les petits commerçants, ce n’est clairement pas bon signe.

- Je… En fonction de nos comptes et de l’état de mon poignet demain, je… Je pense qu’il faudra peut-être faire un crochet à la boîte de nuit, pour payer nos verres. Si on peut se permettre d’éviter la visite de quelqu’un envoyé pour récupérer ce… Ce qu’on leur doit…

Après, tu te faisais peut-être des films, Mellan, tant que les comptes n’étaient pas faits, tu ne pouvais pas savoir si vous aviez payé vos consommations ou non. Puis, avec vos jolis minois, on vous avait peut-être offert quelques cocktails. Bon, il est vrai que quand tu allais en boîte en tête-à-tête avec Min-Jun, peu de gens essayaient d’attirer votre attention avec de l’alcool gratuit, ils devaient sûrement penser que vous étiez déjà pris… Mais peut-être qu’hier soir, c’était l’exception qui confirme la règle. Enfin, pour l’instant tu allais simplement finir ton petit déjeuner, tranquillement, en essayant de ne pas trop t’en faire pour cela. S’inquiéter pour un possible problème, c’est stresser deux fois. Puis si ça se trouve, vous aviez été des honnêtes clients qui payent leur ardoise. Et au moins, vous n’aviez pas dépensé plus que ce que vous aviez, c’est déjà ça.

Les mots de Min-Jun, que tu entendais depuis l’entrée, ne te rassuraient pas vraiment. Vous aviez vraiment un don pour vous mettre dans la merde, tous les deux. Tu dirais même qu’il avait le don de vous mettre dans la merde. Pourquoi tu lui laissais gérer l’argent lors de vos sorties, déjà ?

- Je… Bordel, j’espère vraiment que tu as gagné plus. File-moi ça.

Tu ne vis pas la grimace de ton ami, trop obnubilé par le carnet et le portefeuille. Tu essayas pendant quelques secondes d’oublier ton mal de tête pour compter les billets que tu venais de sortir sur la table, et tu réussis très bien à relayer au second plan le marteau piqueur qui martelait ton crâne quand tu fis faire un mouvement trop brusque à ton poignet blessé. Le con qui disait que pour oublier une douleur, il fallait se faire plus mal à un autre endroit avait raison, mais ça ne t’aidait pas du tout à faire tes comptes actuellement. Tu te mordis la lèvre pour étouffer un gémissement de douleur, avant de te remettre à compter les billets depuis le début, la souffrance t’ayant fait perdre le fil. Et… Min-Jun se remit à te parler, ce qui ne t’aidait vraiment pas là maintenant tout de suite.

- Bravo Sherlock, je… Bien sûr qu’on a dû se battre, on ne serait pas amochés comme… Comme ça, sinon. Et… Je pense que vu nos tronches, on a perdu… Ou alors le combat était serré… Maintenant tais-toi, j’essaye de compter, là.

Après plusieurs grandes inspirations pour calmer ta douleur au poignet, ton stress, ton mal de tête et t’éviter de réfléchir à des scénarios catastrophes, tu finis enfin par te remettre au comptage des billets, et sans raté cette fois. Tu fis ensuite un petit tour dans le carnet de ton ami, pour comparer la somme qu’il vous restait avec ce qu’il avait gagné la veille et… Tu poussas finalement un immense soupir de soulagement. La différence entre les deux sommes était à peu près équivalente à une petite vingtaine de verres… Et vu votre consommation à deux, cela ne te paraissait pas déconnant.

- Je… On a payé. Enfin je crois.

Invité
Invité
Citation :
Anonymous

Mes informations


 

Nos yeux qui se cachent sous les ecchymoses

Nos voix qui s'écharpent dans ce qui les opposent

Feat Min-Jun Jeong & Mellan Galway

  C’est vrai qu’il n’avait pas pensé à cette possibilité. L’idée qu’on puisse leur envoyer quelqu’un le fit encore plus grimacer que son mal de dos. Mais enfin, si c’était le cas, ils ne pourraient rien y faire, à part se battre, peut-être, et finir en encore plus mauvais état. Après tout, à Sanda, on ne faisait pas dans la dentelle, il le savait bien. C’était souvent ici qu’ils se battaient, d’ailleurs, lorsqu’ils rentraient de Kobe, ou même à la sortie des boîtes et des bars de Sanbu. Min-Jun finit par venir se rasseoir auprès de son colocataire, qui rouspétait déjà, et reprit son petit-déjeuner. Il voulait bavarder un peu, mais Mellan le rabroua. Il n’avait pas l’habitude de ça. Même les lendemains de cuite, il restait cet ange mignon qui ne faisait pas de mal à une mouche. C’était peut-être à cause de son poignet - la douleur devait le rendre irascible. Mais cela l’attrista quand même. Alors il termina son repas en silence, la tête basse.

Puis finalement, au bout de longues minutes, Mellan soupira de soulagement. Depuis le temps, il avait appris à reconnaître chacun de ses soupirs, et ceux-là étaient ses deuxièmes préférés - il aimait encore davantage ceux qu’il pouvait entendre à la nuit tombée, sous le couvert de leurs draps. Il leva la tête vers lui un instant, puis se contenta de récupérer l’argent sans rien ajouter. Il rangea l’argent dans son portefeuille, ferma son carnet et alla tout remettre à sa place. Puis il revient vers la table, commençant à débarrasser ce qui devait l’être.

- Je vais faire la vaisselle, dis-moi quand tu auras fini de manger, je viendrai récupérer tes couverts.

Il aurait fait la vaisselle dans tous les cas, vu l’état de Mellan, mais il s’en voulait et essayait de faire passer ainsi un peu de sa culpabilité. C’était de sa faute, s’il s’était fait mal au poignet. Parce que c’était de sa faute s’il était là au Japon avec lui aujourd’hui. Il aurait dû plier bagage et partir sans rien dire. En fait… il aurait dû suivre la voie que ses parents lui avaient imposée. Ils auraient eu leur petite vie tranquille en Corée du Sud, auraient continué à se fréquenter comme ils le faisaient avant, et tout se serait bien passé. Il se demanda si Mellan aurait accepté de le voir autrement que comme son meilleur ami, autrement que comme un coup d’un soir. Cela semblait difficile, et sur ce plan-là, ils étaient tout de même mieux lotis au Japon. Il secoua la tête et reprit son éponge, frottant avec énergie les plats qu’il avait utilisé pour cuisiner.

- Eh, Mellan ? La prochaine fois, tu veux pas qu’on aille au restaurant plutôt qu’en boîte ? Ce sera peut-être plus sûr, et au moins on se battra pas. Et si tu veux vraiment, on pourra danser ici…

Il imaginait déjà la scène. Il s’imaginait déjà lancer la musique sur son vieil ordinateur et prendre le rouquin dans ses bras. Ils pourraient être plus proches qu’ils n’osaient l’être d’habitude. Et s’il le fallait, il ouvrirait bien l’une de ses bouteilles, qu’il achetait parfois avec l’intention de les ouvrir “pour de grandes occasions” et qui restaient finalement enfermées dans un placard de la cuisine. Il vint récupérer les couverts de Mellan pour les laver, mais il s’arrêta un instant devant lui. Il lui vola un rapide baiser et repartit faire la vaisselle comme si de rien n’était, sourire aux lèvres.
Sanda, Sanbu, appartement, un matin.
Contenu sponsorisé
Citation :

Mes informations

Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum