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✚ Kaori est née à Tokyo, et a grandi avec un père remarqué par ses absences et une mère qui s’efforçait de l’éduquer dans leur petit appartement de trente-cinq mètres carré. Un espace exiguë où l’enfant se sentait étouffée, acculée par les attentions de sa mère et ses ordres stricts, qui la gavait de bonnes manières et s’appliquait à la façonner comme la parfaite petite fille qu’elle était censée être.
✚ Mais Kaori n’était pas comme ça. Elle ne voulait pas être pareille à ces poupées de porcelaine qu’on lorgnait pour leur beauté. Elle ne voulait pas être populaire ou être bonne à marier. Kaori a toujours été une marginale dans son propre pays, allant à l’encontre des mœurs et de ce patriarcat oppressant. Elle n’était pas une très bonne élève à l’école ; cela ne l’intéressait pas. Car elle aimait les travaux manuels, le sport, et toutes ces choses qu’on attribuait habituellement au genre masculin. Kaori n’avait pas le droit d’aimer le soccer ou les arts martiaux, sa mère ne la laissait pas bricoler ou construire ses propres jouets. Et ça, ça l'enrageait.
✚ A l’adolescence, Kaori faisait l’école buissonnière, traînait dans des garages clandestins pour réparer des voitures et roulait sans permis de conduire. Elle fumait, simplement parce que ça ne plaisait pas à ses parents, avait commencé la pratique d’arts martiaux avec sa bande de potes et fanfaronnait dans Kabukichō quand les néons grésillaient et que le soleil n’était plus là. Et puis quand elle eut la majorité, sa valise l’attendait sobrement devant la porte de l’appartement ; sa mère avait changé les serrures.
✚ Le je-m’en-foutisme légendaire de Kaori lui permit de surmonter cette épreuve sans aucune difficulté. Elle quitta Tokyo pour Kobe, où elle obtint un travail dans un garage à Inazami. Et maintenant, elle roulait légalement. Son train de vie était routinier et ses dépenses restaient rudimentaires, mais l’opulence ne lui avait jamais fait envie. Par la force des choses et après quelques années à fréquenter le milieu de la mafia, elle devint une figure populaire dans le quartier, et les malfrats commencèrent à solliciter ses services. D’abord pour réparer leurs voitures, ensuite pour faire disparaître les corps qu’ils entassaient dans les coffres. C’est comme ça que ça a commencé.
Kaori et Logan se connaissent depuis trois ans. Elle lui a balancé sa paire de chaussures à la figure avec la fougue d’une demoiselle éméchée, et lui, il s’est marré pendant dix minutes. Il a raccompagné ce petit bout de femme chez elle, après cette soirée arrosée dans ce bar miteux et ils sont restés amis. Collègues, surtout. Logan, il se débarrasse des gens ; mais ce métier laisse des taches et donner des indices du carnage, ce n’est pas bon pour ses affaires. Alors il appelle Kaori pour qu’elle se charge des corps avec la discrétion absolue qu’il lui connaît. Il travaille en solo, d’ordinaire, mais Kaori est dotée de ce professionnalisme et de ce sang-froid à toute épreuve, qui en fait une acolyte de confiance. Parfois, ils boivent un verre ensemble et laissent parler leur misanthropie, en déblatérant des invectives cyniques à ce monde trop lisse. C’est une amitié solide qui les unit, même si ces deux-là ne sont pas démonstratifs et font rarement preuve de délicatesse à l’égard de l’autre. Mais la vérité, c’est que si Kaori venait à être en danger, Logan irait buter ceux qui lui veulent du mal sans la moindre hésitation.