Ça fait bientôt deux mois, dans douze jours exactement, que j'ai fait ma tentative de suicide qui a failli vraiment me coûter la vie. Et mes bras par la même occasion. Quand je repense au fait que je sois passé à un poil de ne plus pouvoir peindre j'en ai froid dans le dos, j'en ai des sueurs froides clairement. En repensant à ça je secoue la tête devant mon miroir. Il me dégoûte.. Alors quand je le vois avec mon cache œil c'est pire ! Pourtant mon autre œil n'a rien de bizarre, au contraire, il est en parfait état et.. Il est d'une couleur bien plus banal. Bleu.. Pourtant j'ai choisi de le cacher au profit de mon œil que j'appelle « malade ». Il est pourtant beaucoup plus beau que l'autre c'est donc sûrement pour ça que je le montre plutôt que le bleu. Une excentricité venant de ma part ? L'envie de montrer que.... Non.. Ça ne montre pas que je suis normal, encore moins... Mais bon, à présent je l'assume totalement comparé à mon handicap dont je n'arrive pas à passer au dessus. Trop dur pour moi d'een faire fie, je ne sais pas pourquoi. Peut être parce que... Ça me rappelle les mauvais traitements que j'ai reçu de la part de mes anciens « camarades » de classe ? Alors... Comment accepter cette particularité mentale si tout le monde le prend comme sujet de moquerie ? Je soupire devant mon miroir mural au dessus de mon évier et l'ouvre pour prendre un flacon de médicaments, deux anxiolytique que j'vale sans eau tellement j'en ai l'habitude.

Aujourd'hui je sors, mes parents veulent me déposer à des cours d'Ikebana. Il paraît que ça détend et, de leur point de vue ils pensent que faire autre chose que de la peinture me fera du bien. On verra, bien que je n'en sois pas grandement persuadé mais... Je suis peut être mauvaise langue ? Mes parents se trompent rarement. Ils m'ont assuré que cela me fera un bon entraînement pour la récupération de ma dextérité dans les bras et tout ce qui s'en suit. J'ose l'espérer, cela ne fait pas bien longtemps que j'ai recommencé à peindre. Ça m'a fait du bien mais il est vrai que faire une activité en plus m'épanouira peut être encore plus. Il faut bien avouer que dans ma vie je n'ai pas grand chose et je ne me sens pas particulièrement épanoui excepté dans mon métier. Je n'ai pas d'ami, à part Kenji, qui est d'ailleurs passé me voir en coup de vent à l'hôpital. C'est sûr ça fait plaisir mais voilà.. Si je le compte il est le seul ami que j'ai et comme petit ami ? Je n'ai plus personne. Je grogne et passe mon pouce sur ma cicatrice encore violacée. Je grimace en pensant à ce que j'ai failli perdre par sa faute. Je ne tiens pas particulièrement à la vie, je dois bien l'avouer mais... Si je dois mourir et que je me loupe... Non ça n'arrivera plus... Pas avec une lame de rasoir en tout cas. J'ai trop peur de me réveiller en ayant touché des tendons ce qui stopperait net ma carrière de peintre.

Je quitte la salle de bain. ENFIN ! Puis je vais dans ma chambre et m'habille comme d'habitude, chemise, cravate et pantalon impeccable. Je dois donner une bonne image de moi, il ne faut pas que je brise ma couverture de l'homme souriant que je suis. Non... Pas en public, les larmes et le désespoir sont à garder en privé, lorsque personne ne me voit. Là, je peux pleurer et laisser tomber mon masque et faire ce dont j'ai envie. Me scarifier entre autre... Mais pour l'instant ça va « bien ». Je ne me suis plus scarifié depuis ma dernière tentative de suicide. Je suis assez fier de moi je dois bien l'avouer. Je dois garder la tête hors de l'eau bien que je ne me sente pas particulièrement bien. Je dois garder la tête haute oui.. Pour ne pas recommencer ces tortures que je m'inflige...

L'interphone sonne et je sors de mes pensées, me retrouvant avec une tasse de café dans la main. Trop perdu je ne me suis même pas rendu compte que je m'étais fait ça. Bon ce n'est pas quelque chose de grave, au contraire cela a le don de me faire sourire. Posant ma tasse sur la table je vais ouvrir à mes parents. En un rien de temps ils arrivent et je leurs ouvre la porte avant de la refermer après eux. Les laissant s'installer sur le canapé je leurs propose un café qu'ils acceptent gentiment après tout nous avons le temps. Une petite demie heure. Ce dont j'ai peur c'est qu'ils me laissent seul à l'atelier d'Ikebana mais j'aurai mes anxiolytiques alors il faut que je me calme. Ça va me détendre, oui, c'est ça qu'il faut que je me dise ! Enfin que le café fini nous partons en voiture jusqu'à l'endroit où je vais pouvoir m'évader un peu. En espérant que ça marche cela dit. Une fois arrivé mes parents m'abandonnent devant l'endroit de l'atelier. Je pénètre à l'intérieur avec appréhension, nous ne sommes pas beaucoup, c'est une bonne chose. Puis en avançant je vois une personne de dos qui ne m'a pas l'air inconnu, je m'avance donc vers elle et prends la parole timidement.

Je suis gêné, vraiment gêné d'arriver dans cette salle où il n'y a que des femmes d'un certain âge d'ailleurs. Ne vais-je pas faire tâche dans le décor ? Vais-je m'en sortir pour ce cours d'Ikebana ? Mon tout premier cours, il faut que je réussisse mais... J'ai tellement peur, j'ai tellement peur qu'on se moque de toi mais.... Tout le monde n'est pas irrespectueux après tout, si ? Et puis les femmes plus âgées comme elles le sont ici sont, en général plus tolérante ? C'est ce que je n'arrête pas de me dire pour calmer ma crise d'angoisse. J'ai pris des anxiolytiques pourtant ! Il faut que j'en reprenne un ou deux peut être ? Oui c'est ce qu'il faut que je fasse, ce sera mieux ensuite ! Je fouille donc dans mon sac bandoulière ma boîte de médicaments et prends encore deux comprimés. Cette fois j'espère réellement qu'ils feront effet ! Je me sens réellement de trop. Non pas qu'être le seul homme me dérange, bien que cela m'impressionne d'être entouré d'autant de femmes. Je me frotte les mains sur mon pantalon signe évident de stress de ma part mais au moins j'ai l’air de passer inaperçu. C'est déjà ça ! Pourtant... Qu’est ce que j'ai envie de décamper d'ici ! Ça me fait tellement peur. Je n'ai pas vu autant de monde d'un coup depuis des mois ! Ça me fait peur... J'angoisse et les médicaments ne semblent pas faire effet. Pourtant je sais très bien au fond de moi que ça mets un peu de temps à faire quelque chose. Je ne suis qu'un peureux, peureux et idiot de plus. Bref... Je suis totalement perdu dans l'atelier et je sais que ça va bientôt commencer. Je ne me sens vraiment pas bien et, il ne manquerait plus que je fasse un malaise maintenant, ce serait une honte totale. Pourquoi je suis pas comme les autres ! Ce serait tellement bien, cette fois je sais que ce n'est pas que mon trouble autistique qui joue mais il y a aussi ma timidité. Je me hais ! Je veux être normal... je soupire en baissant la tête un instant pour regarder mes pieds. Fermant ensuite les paupières du plus fort que je le peux ainsi que mes poings, faisant blanchir mes jointures et s'enfoncer mes ongles dans mes paumes. J'inspire et expire profondément avant de détendre mes muscles et de redresser ma tête. Si quelqu'un m'a vu il a dû me prendre pour un fou... Je suis vraiment nulle décidément ! Enfin qu'à force de regarder autour de moi j'aperçois, de dos quelqu’un avec une coiffure qui ne m'est pas inconnu. Bien sûr il y en a des tas personne avec des cheveux mi-longs et attachés en queue de cheval mais là, la corpulence n'est clairement pas celle d'une femme et puis la veste et le jean ont une coupe faite pour les hommes et non les femmes. Je m'approche donc d'un pas silencieux et mal assuré pour ensuite prendre la parole d'un ton assez bas. Je constate donc que c'est bien la personne que je considère comme mon meilleur qui se retourne en sursautant. Qu'est ce que je fous là ? Si seulement je ne pouvais pas être là justement...



Après ma réponse je vois une jeune fille venir à notre rencontre et demander à Kenji qui je suis. Sa réponse me fait peur... Je sais très bien qu'il ne doit pas me considérer comme un ami... Qui le veut après tout ? Un bon samaritain ? Oui.. Il n'a pas vraiment tord, j'ai déjà rattrapé deux soirée grâce à lui. Mais je me sens en trop encore un peu plus du fait qu'il soit là... Et puis elle l'appelle P'pa ? Non, ça ne doit pas être son vrai père elle paraît un peu trop vieille pour être sa fille et lui... Un peu trop jeune du coup. Je lui fais un signe de la main après m'être gratter l'arrière de la tête. Mon Dieu qu'est ce que j'aimerais être chez moi pour peindre, fuir le monde comme je le fais toujours ! Je stresse à un point inimaginable, je veux disparaître, devenir tout petit mais il est trop tard le cours va commencer. J'ai pris quelques fleurs. À vrai dire je n'en ai choisi que deux, la fleur de prunier et l'immortelle. Deux de mes fleurs préférées avec le lis du japon Uchida et le lycoris rouge. J'aime aussi beaucoup les fleurs de cerisiers mais à mon goût il y a une certaine ressemblance avec les fleurs de pruniers. Enfin que je sors de mes pensées lorsque je l'entends me reparler. Il veut bien que je me mette avec eux ? Je ne vais pas les déranger ? Je cligne plusieurs fois des paupières.



Pas le temps d'en dire plus la femme, d'un certain âge mais très distinguée nous demande de nous mettre à nos places. Je m'assois près de Kenji, ayant un peu peur de m'asseoir près de la jeune fille et dépose mes fleurs devant moi. Bien parallèles au rebord de la table, je peux avoir des tocs très particulier lorsque j’ai peu, comparé à mes toc habituels. Je regarde devant moi et la femme devant moi alors qu'elle prends la parole.

« J'espère que vos compositions de fleurs seront aussi belles que vos tableaux... Monsieur Bartoli ! Enchanté de vous voir parmi nous. »

Je rougis et baisse les yeux, je veux être une fourmis, je ne veux pas qu'on me regarde pourtant je sens les regards tournés vers moi... Mon Dieu je vais m'évanouir ! J'inspire et expire sans faire de bruit puis je prends la voix sur un ton timide.

La remarque de Kenji me fait mal et, bien qu'elle soit vrai et non dite de façon accusatrice, je commence à me gratter le bras. Je  m'en veux, il a raison, je m'appuie trop sur me parents mais... J'ai déjà essayé, essayé de faire sans eux. Je n'y suis pas préparé, pas pour le moment en tout cas. Prendre ma vie en main, c'est beau de dire ça, j'aimerais la prendre en main mais... De l'autre se trouverait toujours une lame de rasoir, alors oui c'est triste mais je ne peux pas faire autrement. J'aimerais être différent.. Souvent ? Toujours ? Je n'en sais rien. Peut être que si je n'étais pas atteint de ce trouble je n'arriverais pas à peindre ? Non ! Je préfère largement être atteint de ce handicap et tout ce qu'il emporte avec lui plutôt que ne pas avoir d'imagination et ne pas faire quelque chose que j'aime autant. Mais... En y pensant j'ai aussi d'autres chose ? Les fleurs par exemple ? Il y en a des « déstructurée » dans mes tableaux souvent alors, c'est sûrement pour ça que mes parents m'ont amené dans cette école ?



Je me rends compte que dans main se trouve du lycoris rouge, aime-t-il lui aussi cette fleurs ? Sûrement, après tout, pourquoi faire une composition florale avec des fleurs que l'on n'aime pas ? Je souris avec timidité et lui demande si le choix que j'ai fait est  bon. Des fleurs de pruniers et des immortelles roses me paraissent dans le ton mais à vrai dire si l'Ikebana et là pour la zénitude et la spiritualité cela ne va pas donner grande chose... À l'image de mes peintures... Sombre... Mais ne pensons pas à ça. Je commence à suivre mon ami près du radiateur en me faisant tout petit à côté de lui. Après tout à la base il devait passer la journée avec ce que j'appellerais sa fille de cœur. Je suis juste arrivé comme un cheveux sur la soupe, voilà tout, une pièce rapportée sans faire exprès. Mais bizarrement je me sens bien entouré de fleurs, après... J'ai toujours vécu dans une grande maison avec un jardin. Ma mère est une excellente jardinière, j'adorais ses bouquets aux milles parfums.  Mais elle ne m'a cependant jamais parler d'Ikebana. Je me pose la question de : Pourquoi ? Ce n'était pas mes affaires mais peut être était-ce à cause de moi ? Parce que je n'arrivais pas à m'occuper de moi seul ? Je secoue la tête, il ne faut pas que je pleure.

Alors au début, lors du choix des vases j'en prends un ovale et bien lisse de couleur noir. Le toucher me semble parfait.  J'aime cette perfection du lissage et aussi sa simplicité qui ira parfaitement avec ma composition. Si j'arrive à en faire quelque chose évidemment. Écoutant avec attention la femme qui nous apprend cette art. En fin de compte, bien que j'ai peur du jugement des autres je me prends de plus en plus au jeu. Je sais qu'avec mon perfectionnisme et mes tocs je n'arriverai pas à faire ce que je veux mais bon... Je secoue la tête légèrement, il faut que je me  concentre sur ce que je fais et que j'arrête de laisser mon esprit vagabonder encore et encore un peu partout. Je commence donc à faire mes préparations. Couper au sécateur les tiges comme il le faut et, bizarrement mes coupes font que les tiges tiennent sur le Kenzan alors que Kenji me demande si tout se passe bien. Je pousse un peu mon Kenzan et le rapporte vers lui.



Dis-je en restant bloqué devant la beauté des fleurs qui sont devant nous. Et au final, bien que ce ne soit pas lui qui donne les cours, il a l'air plus habitué que moi, non ? Je reprends mon kenzan et reste un instant devant en soupirant. Qu'est ce que je pourrais faire d'autre ? Au temps avec la peinture je sais où je dois commencé et où je dois m'arrêter. Quelle couleur mettre ou ne pas mettre mais là... C'est totalement inconnu. Je n'aime pas sortir de ma routine, ça m'effraie.  À un point que personne ne peut l'imaginer sauf peut être... Peut être Bastian ? Mon ange gardien comme je l'appelle si bien ? Cependant il a un point d'avance il travaille dans le milieu médical, il sait les problèmes que rencontre les autistes dans leur vie de tous les jours et ça, ça échappe à beaucoup. Tout comme mon nouvel ami qui n'en a pas l'habitude, peut être un jour en aura-t-il conscience ? Peut être.... Si l'on se voit plus souvent mais là.. Ce n'est que des rencontre hasardeuse. Voilà que j'ai envie d'une cigarette pour me détendre ! Ce n'est pas du tout le moment et c'est surtout à ce moment que la femme passe entre Kenji et moi.

« Comme toujours votre travail est impeccable Monsieur Yumeda ! Quand à vous Monsieur Bartoli... »

Elle se tait un instant et je n'aime pas ça, que va-t-elle me dire ? Que c'est nul ?


«  Votre travail est bon je mettrais juste votre immortelle... Là... Comme ça ! »

Je rougis, de plus en la voyant faire je me dis qu'elle a raison, je me sens bête.

S'il aime les fleurs... Je suis tellement bête de lui demander ça ! S'il ne les aimait pas il ne serait pas venu ici, n'est ce pas ? Je me mords l'intérieur de la joue presque à sang, comme souvent lorsque je suis gêné, sacré toc lui aussi... Enfin, là n'est pas la question nous devons choisir les fleurs et les vases que nous voulons. Je n'ai aucune idée de quoi faire, j'ai peur de MAL faire.... Je suis totalement perdu, je commence à avoir envie de pleurer ça y est, non je dois rester fort. Il faut que j'arrête d'être comme ça... Bien que ce soit plus fort que moi, je ne suis qu'un débile ! Voilà ce que je suis ! Enfin bref, sortant de mes pensées à la vue des fleurs de pruniers et des immortelles je souris légèrement, presque imperceptiblement. Je choisis donc mes fleurs dans un long silence puis un vase. Au départ je voulais opter pour un vase ovale et creux mais je vis autre chose qui attira un peu plus mon regard. Un vase tout en longueur fait de bois foncé. Bien je prendrai ça dans ce cas !

Je vais ensuite m'installer près de Kenji et Ayako au niveau du radiateur puis nous commençons à faire notre travail tranquillement. L'atmosphère et zen, détendue, un peu comme quand je peins au final. Cela pourrait réellement devenir un passe temps à part entière selon ce que j'arrive à faire. Pourquoi pas après tout ? Seulement je trouve ça assez dur. Vouloir dire quelques choses grâce aux fleurs... Je veux bien mais... C'est dur ! Avec la peinture je ne me suis jamais posé la question, je la pratique depuis plus de vingt ans bien entamés. Alors faire autre chose qui demande de la créativité avec quelque chose de... Non je ne sais pas.. C'est plutôt dur surtout que mes avant bras sont toujours un peu raide malgré la bonne cicatrisation de ceux ci. Je demande à mon meilleur ami si ce que j'ai fait est bien, toujours en regardant sa bouche seulement. Peut être qu'avec un peu plus de temps j'arriverai à regarder plus haut ? Je l'espère en tout cas ! Enfin qu'il me dit que ce que je fais est pas mal mais que, de toute façon, la prof passe dans les rangs pour regarder. Soit... J'attendrai bien que je continue tout de même ma création avec cette envie de clope qui ne me quitte pas et en voyant la femme se rapprocher du coin de l’œil j'angoisse.Ça y est, pourvu que Kenji ait raison et que mon travail soit bien ! Et voilà qu'après deux petites minutes elle se tient entre mon ami et moi. Je retiens mon souffle quand elle s'adresse à  moi, bouge mon immortelle et me dit que c'est très bien. Cela dit mon air bête n'échappe pas au regard de Kenji qui semble-t-il avait les yeux poser sur moi. Je commence à me gratter le bras fortement, signe que j'ai l'impression d'être fautif de quelque chose. Mais pourtant, il avait raison : personne ne réussi quelque chose de parfait lors d'une première fois... Je baisse un peu les yeux. Ça me fait tellement bizarre de tomber devant une personne aussi direct que lui... Habituellement quand les gens voient que j'ai du mal ils se font ne serait-ce qu'un peu plus doux. Comme... Comme... Non pas lui ! Je me mords la langue cette fois



Je ne sais même pas si mon excuse ne va pas l'énerver un peu plus. Moi je m'excuse pour quelque chose mais lui, peut être ne comprend-t-il pas pourquoi je m'excuse et ça va le mettre en colère ? Je ne veux pas... Je ne sais pas quoi faire, une clope... Qu'est ce que j'aimerai fumer pour me détendre en cet instant ! Mais le cours n'est pas fini, enfin, il l'est presque. Maintenant que la professeure est passée partout nous allons devoir expliquer ce qu'on a voulu exprimer avec cette création. Nous... Nous allons devoir prendre la parole devant tout le monde ?! Impossible je... Je peux pas... Je veux partir ! Je veux pas dire pourquoi j'ai fait ça ! Toute façon c'est pas intéressant !

Ce sont d'abord les dames qui commencent puis vient le moment de Ayako, Kenji, qui est assez, comment dire... Assez imagé ? Dans sa façon de voir sa composition florale. Malheureusement c'est … À mon tour... Je prends une longue inspiration et me focalise sur ma création. J'entreprends ensuite de prendre la parole d'un ton décontracté, enfin, comme je le peux...



Je souffle silencieusement, Kenji va trouver ça débile à tous les coups

L'exemple:

Spoiler:

Prenant ma création, je repense à ce que les femmes et la prof ont dit. Je rougis de nouveau, c'est... Bizarre mais je n'ai pas le temps de penser plus. Mon attention est attiré par mon meilleur ami qui me demande si je dois faire quelque chose après ce cours. Dois-je lui dire que je dois rentrer pour peindre ? Non, il me l'a clairement dit, il faut que je me prenne en main... Je baisse les yeux lorsqu'il me dit qu'il a un peu de temps.... Pour rester avec moi ? J'écarquille un peu les yeux, il veut vraiment boire un verre avec moi ? Ça me fait plaisir parce que je le considère comme mon meilleur ami mais... Lui, qu'en pense-t-il ? Ne va-t-il pas être lassé de moi parce qu'il me côtoie ? Comment me voit-il d'un point de vue relationnel ? Je sais très bien que je ne suis rien, non je ne suis rien pour lui. Quelqu'un comme lui ne peut pas être attaché à moi, je sais qu'il y a quelque chose. Je pince mes lèvres pour de pas me mettre à pleurer suite à ce triste constat. Cependant, cette fois c'est la voix de la jeune fille qui l'accompagne que j'entends, elle veut partir et il accepte. Nous ne serons donc que deux, mais cela ne me dérange pas pour autant. Je ne connais pas Ayako après tout... enfin qu'une fois les fleurs prises et la « fille » ? De Kenji partie nous sortons et nous dirigeons vers un bar que, à mon plus grand étonnement, je connais. Oui il m'arrive de boire et c'était d'ailleurs comme ça que j'avais rencontré Kenji. Un frisson me parcourut, je ne préférais plus y penser, ça me faisait même peur encore aujourd'hui alors que ça faisait déjà quelques mois que cela s'étaient passés.

Nous arrivâmes quelques minutes plus tard dans le bar, il faisait chaud et ça faisait du bien, j'enlevais tout de même ma veste pour être plus à l'aise, posant ma composition florale sur le siège d'à côté. Le serveur arriva et nous commandâmes nos boissons, un thé pour mon meilleur ami et un thé aussi pour moi. Je n'aimais pas changer mes habitudes, ça me faisait énormément peur, comme beaucoup d'autistes il paraîtrait. Enfin bref Kenji me demanda si j'étais toujours amoureux de Naoki la réponse était sans contrefaçon : oui mais ça il le savait non ? La suite de ses mots me plantèrent des poignards dans le cœur. Il... Il s'en foutait ? J'avais encore plus envie de pleurer. Dans le fond je savais que c'était le cas mais pourtant, nous avions vécu des choses... Intenses ensemble ? Je lui avais même offert ma virginité, je... Les thés arrivèrent à cet instant et je hochais la tête.



Je lève un peu le regard lorsqu'il me dit d'adresser des prières aux Dieux, je.. Je n'y avais jamais penser mais je ne savais pas si ça changerait grand chose et je ne voulais pas lui poser la question. J'avais bien trop peur de l'embêter ou pire qu'il se moque de moi comme Naoki l'avait fait jadis. Le thé devant moi je soufflais dessus alors qu'il me demandait ce que je faisais en ce moment. D'autres toiles ? Oui... En revanche je ne savais pas si cela plairait mais... Comme je le pensais souvent après tout. Je pris donc la parole après, tout comme lui avoir pris une gorgée de thé.



Un petit sourire se dessina sur mon visage à la fois joyeux et stressé. Je ne savais pas ce qu'il allait me répondre et cela me nouait l'estomac le temps de sa réponse puis je m'autorisais à lui poser une question assez indiscrète au sujet d'Ayako.

Je pris une gorgée de ma boisson et reposai la tasse, regardant le liquide fumée encore un peu. Je remontais la tête jusqu'à son menton, décidément... C'est alors qu'il fit une chose à laquelle je ne m'attendais pas. Il se confiait à... Moi ? Je ne savais pas quoi dire, la bouche mi ouverte mais je la refermais bien vite et l'écoutais avec attention. Il me demanda suite à sa petite confidence si je pouvais lui pardonner ce qu'il m'avait fait, ce que Naoki m'avait fait. J'ouvrai la bouche une nouvelle fois pour parler mais me ravisai bien vite. À vrai dire je ne savais pas ce que je devais lui répondre. La réponse pour les autres serait bien évidemment « non » mais pour moi... Moi qui n'avait été qu'avec une personne. Une personne qui acceptait mon handicap ? Mais.. Avait-il réellement accepté mon handicap ? Je me grattais le bras et bégayais à voix basse et hésitante.



Mais suite à ça pour me tirer de ce sujet si sensible et triste à mes yeux je fis un sourire léger à mon meilleur ami, lui disant que s'il voulait je pouvais lui peindre quelque chose. J'arrêtais de suite de me gratter sous la réaction des plus joyeuses de la part de Kenji. Je ne m'y attendais pas du tout, vraiment pas. Aimait-il réellement mes toiles ?



Après avoir eu sa réponse je me risquais à lui poser une nouvelle question. J'étais de plus en plus curieux, je n'aimais pas ça mais c'était plus fort que moi. Kenji était, tout comme Bastian, une personne que je souhaitais connaître. Pour qui j'avais vraiment envie d'apprendre plus parce qu'ils étaient des personnes en qui j'avais confiance et que j'appréciais beaucoup. Je lui demandais donc qui était Ayako pour lui tout en frottant mes mains à mon pantalon, j’étais gêné. Il m'expliqua que c'était compliqué, qu'il était à la fois un père et un protecteur à ses yeux. Comment était-ce possible ? N'était-ce pas plus un grand frère qu'autre chose ? C'était compliqué à mes yeux en effet ! Il me demanda ce que je pensais de sa relation avec elle. Comment je la nommais? C'est dur à dire ça ! Il fallait vraiment que je me concentre et que je l'écoute encore plus assidûment pour lui dire ce que j'en pensais. J’écoutais donc avec attention ce qu'il me disait, sirotant mon thé parfois ou encore acquiesçant à ce qu'il disait. J'avais plus ou moins compris et c'était vrai.. Je pense ?  



Il me demanda ensuite comment m'était venue cette passion pour la peinture. Je mis alors mes mains de par et d'autre de ma tasse, regardant le liquide, pensif. Ça m'était venu si naturellement que je ne savais même pas comment l'expliquer... Je ne savais pas comment expliquer tout un tas de choses à ceux qui me parlaient... Quel handicap de nul ! Je me mordais la lèvre inférieure. Comment ça m'était venu au juste ?