Soirée mondaine ft Takaya Hadjima

La soirée ne fait que commencer. Il fait frais. Mais il ne pleut pas. L'automne est bien là.

Elle avait repoussée l'échéance de sa réponse. Autant que possible. Mais elle savait que l'on ne dit pas "non" à des gens aussi importants. Surtout pas à ceux qui la paye tous les mois. Ceux qui permettent ses représentations. Elle avait beau s'être fait un nom, elle n'avait pas l'assurance nécessaire pour se lancer en solo et ignorer la compagnie qui l'emploi. Sora savait qu'elle leur rapportait gros. Une poule aux œufs d'or si j'ose dire. Mais elle en tirait tout autant avantage alors, le contrat lui semblait honorable.

Toujours est-il qu'il ne présentait pas que des avantages. Et que même si ce dernier lui permettait de danser sur les plus grandes scènes et de bien gagner sa vie, elle devait se plier à certaines règles. Comme celle, par exemple, d'apparaitre en publique qu'on on le lui demandait. En dehors de la scène bien sûr. Et quoi de mieux que l'organisation d'une soirée caritative pour cela?

Sora avait toujours eue en horreur ces soirées. Du moins, la plupart de ces soirées. Qui - pour la plupart - avaient tendance a n'être organisées que pour faire bonne figure. Et dont les recettes atterrissaient malheureusement bien trop souvent dans la poche des organisateurs plutôt que dans la cagnotte de soit disant œuvres charitables. La jeune femme soupira longuement. Elle n'avait pas à se plaindre. Vraiment pas. Aussi, si elle devait simplement être là et sourire, alors soit. Son employeur lui avait indiqué qu'une voiture passerait la chercher à 18h30. Elle n'avait pas intérêt à être en retard. Chose rendue angoissante par le fait que Sora n'est ordinairement jamais à l'heure.

C'est à 18h15 qu'elle enfila ses escarpins noirs. Elle était prête. Son regard se porta sur le miroir au fond de sa chambre. Elle avait opté pour une robe longue, noire, dont les pans étaient parés de motifs chatoyants rappelant les ailes d'un papillon. Un Machaon, plus précisément. C'était l'une de ses robes de scène. En principe, il s'agissait même d'une jupe. Mais pour ce soir, elle l'avait surmonté d'un haut bustier, noir également, pour couvrir son buste en quasi totalité. Laissait voir un pendentif en or représentant lui aussi un papillon. Difficile de se tromper: Sora les affectionne tout particulièrement. Elle avait soigneusement natté ses longs cheveux noirs. Ces derniers tombant encore jusqu'à ses genoux. Elle les laissa ainsi, ne daignant pas en faire un chignon.

18h20. Elle attrapa ses longs gants satinés, de couleur noire toujours, et les enfila à la hâte avant d'attraper ses clefs et un petit sac en cuir dont la bandoulière était une fine chaine en or. Elle le glissa à son épaule d'un geste désinvolte, fermant la porte derrière elle. Ses talons claquait dans le couloir alors qu'elle se dirigeait machinalement vers l'escalier. Elle se stoppa en haut, les mains sur les deux rampes. Mauvaise idées. Ce serait l'ascenseur pour ce soir. Rebroussant chemin, elle couru presque pour ne pas être en retard. Elle ne devait surtout pas.

18h24. Le hall de l'immeuble, puis le trottoir. Elle était dehors. Et à l'heure. En avance même. Mais la voiture l'attendait déjà. Elle adressa un signe de main au chauffeur, sorti pour lui ouvrir la porte arrière. Elle se glissa dans le véhicule. Direction le Casino de Sanda. Le lieu avait été privatisé pour l'occasion, et il était certain que du beaux monde serait là. Sora dégluti. Elle appréhendait réellement cette soirée. Il y aurait du monde. Trop de monde. Mais elle devrait faire avec. Elle était rodée après tout.

Elle en profita d'ailleurs pour lire la brochure de la dite soirée. "Mille Yens pour l'espoir". Elle haussa un sourcil. L'espoir de quoi? Elle s'en voulait de ne pas avoir pris le temps de se renseigner un peu plus. Mais elle ne pouvait s'empêcher de se dire que ce slogan semblait bien trop bidon pour être vrai. Elle soupira, dépliant le document. Il était à priori question d'un financement pour la mise à disposition de fauteuil roulant pour les handicapés les plus démunis. Son cœur se serra un peu à la lecture. Elle est danseuse. Quel pire cauchemar pour elle que de se retrouver en fauteuil? Elle espérait réellement que la soirée n'était pas encore une invention pour un coup de publicité. Ceci dit, ce n'était pas la première fois qu'elle espérait ça. Elle le pensait à chaque fois. Mais n'était pas dupe au point de croire aux projecteurs et aux paillettes.

C'est donc avec un sourire plus que forcé et des pensées un peu négative qu'elle sortie de la voiture devant le tapis rouge déployé pour l'occasion. Elle salua les gens qui s'étaient regroupés derrière des barrière placés là "par sécurité". Soirée privée oblige. Il n'y avait là que le gratin. Sora se débrouilla pour passer le plus inaperçue possible, ne s'attardant pas trop. Elle ne voulait pas croiser son agent. Chose extrêmement complexe puisqu'il lui avait affrétée la voiture. A l'entrée, on lui demanda son carton d'invitation. "Bonne soirée Mademoiselle Miyagi", prononça l'hôte à l'entrée. Elle le remercia d'un sourire - franc cette fois - et fila rapidement à l'intérieur, frôlant presque les murs pour ne pas se mêler aux convives. Elle n'avait pas envie d'entendre à quel point il était désolant de voir le prix du cachemire s'envoler à ce point. Ou encore comment surmonter cette extrême difficulté d'élever des enfants dans le luxe en les préservant de la vanité?

Elle ne pu y échapper longtemps. Se retrouvant emprisonnée dans bien des conversations jusqu'à ce qu'elle parvienne à s’éclipser vers les toilettes. Soupirant, profitant un peu du calme, elle sorti son téléphone pour consulter l'heure. 20h00. Gros soupir. Ça ne faisait que commencer. Bien décidé à surmonter ça, elle se redressa, pris une grande inspiration et ouvrit vivement la porte pour regagner la salle du casino. Mais elle percuta violemment quelqu'un qui se trouvait là...

Soirée mondaine ft Takaya Hadjima

La soirée ne fait que commencer. Il fait frais. Mais il ne pleut pas. L'automne est bien là.

C'était bien son genre ça. Bousculer les gens. Pourquoi se trouvait-elle toujours dans ce genre de situation. Alors qu'elle ouvrait la porte des toilettes d'un geste décidé, elle réprima un sursaut lorsqu'elle réalisa que quelqu'un se trouvait derrière. 3excusez moi ! Je n'ai pas fait attention !" Lança t-elle immédiatement alors qu'elle faisait un pas en arrière. Quelle sotte. Elle avait le don de passer pour une cruche. Quoi qu'en fait, c'était assez rare. Elle exagérait sûrement. D'autant plus que l'homme désormais en face d'elle ne semblait pas souffrir le martyr. "Oh non c'est moi qui m'excuse. Tout va bien ne vous en faite pas. Et vous? Rien de cassé?" Reprit-elle en tentant de retrouver un peu le sourire. Probablement que non, elle n'y avait pas été si fort tout de même. Mais elle se devait de s'en assurer.

S'extirpant finalement des toilettes, elle referma la porte derrière elle, s'en éloignant quelque peu histoire de ne pas revivre le scénario. Elle esquissa un sourire à l'adresse de l'inconnu qui se trouvait là. A l'entendre, il travaillait donc ici. "Oh vous servez ici? Je ne voudrais pas vous retarder." Reprit-elle alors. Elle ne savait pas trop si le patron de ce casino était quelqu'un de permissif ou pas. Toujours est il que si il venait à rabrouer son employer, elle lui ferait bien comprendre qu'elle était la seule responsable de son retard. Manquait plus qu'il soit sanctionné par sa faute. Elle lui tendit tout de même la main, se rendant soudain compte de son impolitesse. "Je m’appelle Sora. Je suis invitée à cette soirée, mais soyez assuré du fait que je suis très heureuse de vous rencontrer". Lança t-elle alors sans aucune gène. Avec même un certain enthousiasme. Elle était franche. La rencontre était somme toute très banale. Et aux yeux de beaucoup sans aucun intérêt. Mais elle lui permettait de sortir un peu des faux semblants de cette soirée bien trop mondaine. Et elle le voyait un peu comme une chance.

Son regard se tourna vers la salle de casino au bout du couloir. Elle était désormais bondée. Tous les invités avaient du arriver et le discours d'ouverture allait sûrement commencer. Elle se devait d'y participer. Elle lâcha un soupir. "Excusez moi, je dois y retourner. Mais peut-être pourrais-je vous recroiser dans la soirée?" Reprit-elle alors en tirant un peu sur sa jupe pour la remettre d'aplomb. Elle s’éclipsa alors pour rejoindre le tumulte de la soirée. Juste à temps pour le discours d'ouverture édifiant du dirigeant de la fondation, puis de tous les grands pontes qui participaient eux aussi à ce gala. Vint son tour. Elle qui avait horreur des discours. D'aucun pourraient croire qu'elle était habitué à la scène. Mais danser et discourir étaient deux choses bien différentes. Mais elle était en fait plutôt douée pour faire comme si c'était naturel pour elle. Le sourire qu'elle arbora alors qu'elle se présentait au pupitre était chaleureux. Elle avait ouvert les bras alors qu'elle amorçai son discour. "Bonsoir à toutes et à tous, je suis très heureuse de me trouver parmi vous ce soir." Lança t-elle d'une voix claire alors que son regard se promenait sur l'assemblée. Ses jambes tremblaient, mais impossible pour quiconque de s'en rendre compte sous sa longue robe noir.

Elle reprit. "En tant qu'artiste, il me tiens tout particulièrement à cœur de partager. Aussi bien en dansant pour vous lors de spectacle, qu'en essayant d'accompagner ceux qui n'ont pas l'occasion - ou pas l'envie - de s'y rendre". Des rires se firent entendra dans la salle. Elle les accompagna d'un sourire bienveillant. Allez savoir si c'était le terme "essayer" ou bien sa subtile blague sur le fait que certains n'ont peut-être pas envie de voir un spectacle de danse qui avait déclenché cette hilarité. Elle ne maitrisait pas bien l'humour de la haute société. Elle marqua une pause. "C'est donc au nom du partage, que j'ai décidé de participer à l’œuvre de l'association de Monsieur Takuya, en faisait don de deux millions de yens à la fondation "Mille Yens pour l'espoir". Dans l'espoir, justement, que les handicapés les plus défavorisé aient accès à la mobilité qu'ils méritent. Bonne soirée à tous." Clôtura t-elle simplement sous les applaudissement de ses pairs.

Elle quitta la scène alors qu'un autre s'y présentait. Le début de soirée fut constitué de la présentation de toutes les promesses de dons. La plupart se dirigeait au comptoir du casino qui recueillait justement les promesses ou les dons. Sora ne s'y rendit pas. Bien décidé à faire son don directement là où elle serait certaine qu'il serait utilisé à bon escient.

Attrapant un flute sur un plateau qui venait de lui être présenté, elle chercha du regard l'homme au chveux bleu qu'elle avait croié plus tôt, le trouvant du côté des tables de jeu, elle s'approcha. "Au risque de paraitre insistante, je me demandait si ça vous dérangerai de me montrer comment fonctionne ce jeu". Reprit-elle alors en lui adressant un sourire. Elle n'était pas du tout habituée aux jeux de casino.