Un ami à retrouver

Ce n’était pas facile de vivre avec un homme aux multiples personnalités. Si certaines étaient relativement faciles à gérer, ou pour être exact, Kimiko arrivait à leur faire entendre raison, il y en avait quand-même une de particulièrement incontrôlable. Il n’était gérable que dans la mesure où elle n’essayait pas de le cadrer, ce qui pouvait être relativement éprouvant, même si la plupart du temps, cela la faisait plutôt sourire. Sauf quand il s’agissait d’aller le récupérer à l’autre bout de la ville, ou de l’autre ville d’ailleurs. Car elle le retrouvait quelquefois au casino, surtout quand il y avait des soirées là-bas.

Elle n’aimait pas ce quartier. Elle le trouvait insécure et effrayant. Les gens y étaient intimidants et le regard qu’ils portaient sur elle la dérangeait. Mais elle ne pouvait pas le laisser seul dans ce quartier. S’il prenait une personnalité vulnérable, il se retrouverait seul et effrayé et personne ne comprendrait pourquoi. Kimiko avait envie de le protéger et elle ne pouvait le laisser jouer à ce petit jeu trop longtemps, au cas où. Et puis, elle avait envie de protéger même les personnalités les plus imprévisibles. Si elle devait être honnête, elle n’y allait pas seulement pour Yuma, mais pour tout ceux qu’il était.

Mais voilà, elle ne trouvait pas le casino et elle se retrouvait à macher dans la rue. Elle voyait plusieurs hommes sourire en la regardant et elle avait l’impression qu’ils parlaient d’elle entre eux. Elle pouvait imaginer ce qu’ils se disaient. Il était possible que ce ne soit rien de ce qu’elle imaginait, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser au pire, même quand un jeune homme lui demanda son chemin. Elle eut un mouvement de recul quand l’inconnu lui parla et se mit à regarder autour d’elle comme si elle espérait trouver de l’aide contre l’individu, qui ne lui avait rien fait, du moins, pour l’instant.

Codage par Libella sur Graphiorum

Je marchais dans les rues du quartier. Depuis combien de temps n'avais-je pas mis les pieds ici ? Dans ce quartier ? Pas assez longtemps pour l'avoir oublié. Je revoyais encore chaque rue, chaque angle. Là, prés de ce lampadaire, j'avais embrassé une fille que j'avais jarté le soir après qu'elle m'ait invité dans son lit. Comment s'appelait-elle encore ? Mia ? Sakura ? Kimina ? Ah non, celle-là était d'ailleurs. Bref, les souvenirs me guettaient en ces lieux. Les bars à hôtesses m'avaient régulièrement vu passé.

Cela faisait quelques jours que je cauchemardais de ces lieux. Ce prêtre fou m'avait conseillé de venir en ces lieux où j'avais vécu une partie de mon enfance, me disant que cela me calmerait peut-être. Je ne savais pas s'il avait raison, toujours est-il que je lui faisais confiance et j'étais donc venu voir, me balader en ce lieu qui avait vu nombre de mes coups d'un soir.

Arrivant à la rue "marchande", si l'on pouvait la nommer ainsi, je me rappelai qu'une ancienne connaissance y habitait... Ou y avait habité. Depuis le temps, qui me disait qu'il y vivait encore. Il avait peut-être déménagé ailleurs. Avançant dans la rue, je repérai une tâche dans ce quartier. Enfin, quand j'entendais tâche, je voulais dire quelqu'un qui n'était pas à sa place ici. Je ne savais pas ce qu'elle faisait ici, mais elle n'est pas la plus futée. Tout le monde la voyait. Même la personne qui sorti d'une ruelle et marcha dans la même direction que moi, me dépassant un peu. Il semblait pressé et rapidement, je remarquai qu'il semblait également nerveux. Pas dangereux, mais agité. Arrivant avant moi auprès de la tâche, qui se révélait être une demoiselle un peu plus jeune que moi, il ne trouva pas mieux que se tourner vers elle. S'approchant, je l'entendis demander :

- Hey m'zel, s'avez pas où est [...]

En face d'elle, la demoiselle reculait et j'accélérais le pas sans entendre la fin de sa phrase. Avant que la personne ne rouvre sa bouche, je lâchai un sonore :

- Ah sœurette, Sakura, tu es ici. Je te cherchais partout !

L'attrapant sans aucun scrupule par l'épaule, je me tournai vers l'individu qui avait parlé à ma "sœur" :

- Tournez à gauche puis troisième ruelle !

L'homme parti, sans être sûr que je savais où il voulait aller, ce qui n'était pas le cas. J'avais pas entendu sa direction mais cela m'importait peu tant qu'il dégageait. Chuchotant à la demoiselle, je lui intimai :

- Silence et baisse la tête, on va aller hors de cette rue. Et donc, tu m'as vraiment suivi, dis je en augmentant la voix. Décidément, tu es vraiment têtue.

Grassement, j'éclatais de rire et tournais au premier croisement avant de lâcher la demoiselle :

- Première fois que tu viens ici et déjà, tu tombes sur la rue des bar à hôtesse. Je suppose que ce n'est pas pour du boulot vu ta tenue. Tu cherches quoi ?

 

Un ami à retrouver

On ne pouvait pas dire que Kimiko avait eu une idée brillante en venant ici à la recherche de Yuma, ou de la personnalité qu'il était actuellement, plus exactement. car elle n'aurait clairement pas vu l'écrivain venir de lui-même dans ce genre d'endroit. Dans tous les cas, ce type lui avait fait un peu peur et elle espérait quelque chose comme une intervention divine ou, en tout cas, qu'on fasse ce qu'il faut pour qu'il la laisse tranquille. Elle n'était pas vraiment rassurée dans cet endroit et la simple pensée de quelqu'un qui avait des intentions qu'elle ne pût pas deviner à son égard la perturbait.

Elle ne savait plus exactement où elle en était quand s'approcha d'eux un homme qui l’appela sœurette. Des deux seuls frères qu'elle avait réellement, l'un n'était plus en vie et l'autre devait bien se moquer de se porter à son secours. En tout cas, aucun des deux n'était cet homme-là. De plus, elle ne s'appelait absolument pas Sakura. L'idée qu'il veuille l’entraîner à sa suite n'avait rien de très rassurant, et pendant un instant, elle hésita sur la conduite à tenir. Mais, quand il lui intima le silence, et lui dit qu'il allait la faire sortir de cette rue, elle se contenta d'obtempérer sans rien dire.

Kimiko ne manquait pas forcément de caractère mais elle était, pour l'instant, trop terrifiée pour en faire preuve. Elle se contenta donc de suivre hors de la rue son sauveur improvisé dont il n'y avait plus qu’à espérer qu'il ne soit pas pourvu de mauvaises intentions à son égard également. Cela dit, elle n'avait aucune preuve que l'autre individu puisse avoir de mauvaises intentions. En réalité, personne ne s'était mal comporté avec elle, du moins, jusqu'à présent. Son sauveur improvisé lui demanda ce qu'elle était venue faire par ici et Kimiko baissa les yeux comme si elle était en faute d'être venu dans le coin.

« Je cherche mon maître… » murmura-t-elle d'une voix si timide qu'elle était presque inaudible.

Codage par Libella sur Graphiorum