Je n’ai pas envie de rentrer chez moi.
Cette pensée est lancinante alors que je me change dans les vestiaires de mon lieu de travail. Ma journée vient de se terminer et il faut maintenant que je me prépare à rentrer chez moi. Comme Nana doit passer la nuit chez le vétérinaire pour se remettre de sa petite opération, je n’ai aucune obligation m’empêchant de traîner à l’extérieur. Enfin, la seule qui pourrait me refroidir est celle concernant mes économies. Sans doute aurais-je pu refuser toutes les invitations à sortir si ma meilleure amie, Yukiko-san, ne m’avait pas proposé de payer la totalité de mes consommations pour la soirée. C’est donc très reconnaissante que j’ai accepté une sortie entre collègues et amis. Et notre destination n’est pas des plus communes puisqu’il s’agit du casino du district Sanbu. Ils veulent tous que j’essaie de me faire de l’argent facile en jouant. Pourquoi pas puisque la mise de base ne sera pas de ma poche mais de la leur ?

Je me prépare à affronter le froid de novembre.
Bien que nous soyons qu’en début de mois, le froid s’est déjà visiblement installé sur la ville de Sanda. Assez pour que je craigne de tomber malade, en tout cas. C’est pourquoi j’ai prévu des vêtements chauds ce matin avant de quitter la maison. Un jean moulant d’un bleu azur un peu usé, notamment au niveau de mon genoux gauche.. Il va falloir que je pense à mettre de l’argent de côté pour remplacer les vêtements qui risquent de ne pas tenir le coup ou acheter de quoi rafistoler tout ça.. Cela ne m’enchante pas, mais personne ne peut le faire à ma place de toute façon. A la place de la chemise blanche qui se trouve désormais sur un cintre dans mon casier, j’enfile un fin pull de coton crème. Ses manches sont assez longues pour couvrir partiellement mes mains et il m’est possible d’agrandir mon décolleté en détachant quelques boutons. Je l’aime bien car malgré sa finesse et le fameux décolleté, il est plutôt chaud en cette saison. Je devrais néanmoins le troquer contre quelque chose de plus chaud cet hiver. En attendant, je me contente de couvrir ça d’une veste noir avec une capuche qui me fait penser à un sweet ainsi qu’un coupe vent en cuir marron. A mes pieds, mes chaussettes chaudes à motifs de chats sont recouvertes de bottines en cuir à talon. Bien qu’elles aient des lacet, il me suffit de zipper la fermeture éclair pour terminer mon habillage. Cela fait, je m’empare de mon sac à dos que je jette sur une de mes épaules en rejoignant mes amis qui m’attendent impatiemment. J’essuie quelques remarques taquines d’un joli sourire alors que nous commençons à partir en saluant le gérant qui doit fermer la boutique.

Je remets mes cheveux en place.
Bien que je ne me décoiffe pas facilement, le vent a réussi à emmêler quelques-unes de mes mèches colorées et je tiens à entrer dans le casino en étant un minimum présentable. Et, cela fait, nous voilà au chaud, au cœur des machines à sous et des jeux divers faits pour faire perdre gagner de l’argent. D’après ce que je comprends des explications douteuses de mes amis, en plus des trois mille yens donnés par Yukiko pour me restaurer, j’ai entre les mains deux mille yens. à utiliser pour les paris. Je n’arrive pas à savoir s’ils sont radins ou extrêmement généreux. Dans le doute, je préfère ne rien dire et les laisser se diriger vers les pachinkos. Personnellement, je me sens d’humeur un peu plus joueuse et je me dirige vers une table de poker.

Je m’installe tranquillement à une place qui vient de se libérer.
Tranquillement, je regarde autour de moi, laissant mon regard traîner un instant sur le croupier. A côté de sa grande taille qui n’est qu’à moitié étonnante à mes yeux (je suis toute petite, alors n’importe qui peut être plus grand que moi, ce n’est pas bien difficile), je remarque grâce à ses sourcils qu’il se teint lui aussi les cheveux. La seule différence entre nous est la couleur que nous avons choisie, sans quoi j’aurais sans doute pu penser avec amusement que nous étions vraiment sur la même longueur d’onde. Il ne manquerait plus que la teinture date du même jour et les coïncidences commenceraient à me faire peur. Mis à part cela, je trouve qu’il est plutôt bel homme. Il me donne envie de prendre des vacances à la plage avec sa peau basanée. Je me demande si c’est ce qu’il a fait pour avoir un tel physique.
A part lui, il y a trois personnes dont une qui me paraît bien entourée. Je peux me tromper, mais vu les regards qu’ils se lancent fréquemment, j’en doute fort. Les autres sont plus solitaires, comme moi en un sens, et le plus proche de moi a dû boire une sacré quantité d’alcool pour sentir de cette manière. Malgré ça, il gère bien puisqu’il ne tangue pas et a l’air calme. Sur tous mes adversaires, il me semble que je pourrais essayer de deviner les jeux d’au moins deux personnes sur les trois. C’est déjà pas mal. J’aurais pu avoir plus de malchance que ça !

J’attends les instructions du croupier.
C’est la première fois que je viens dans un casino et que je parie de l’argent. Alors, même si je connais les bases du jeu pour y avoir joué pour le fun avec mes amis lors d’une soirée bien arrosée, je ne peux pas savoir s’il y a des règles qui diffèrent. De plus, à combien s’élève la mise de départ ? Je pense qu’il s’agit de ma principale préoccupation pour l’instant.