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C'qu'on pourrait faire pour les autres, on l'fait même pas pour nous, on sait pas s'aimer.

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La soirée ne faisait que commencer, mais on sentait déjà dans l’âcre odeur de la fumée, les esprits s’échauffaient d’alcool et de rivalités. Le petit bar dont Teruo avait reçu la charge se remplissait petit à petit, le brouhaha ambiant s’épaississait jusqu’à recouvrir la douce musique aux airs de jazz qui tentait péniblement de donner un air respectable à ce trou à rats. Dans les box, on trouvait des pointures du Dahana, le gang qui possédait les pâtés de maison et qui employait Teruo comme barman. Il n’aimait pas vraiment cet endroit, les échauffourées qui éclataient parfois entre deux tables voisines ou les jeunes filles qui ne savait pas dans quel merdier elles avaient mis les pieds; mais depuis l’incident, il avait suivi son ami Hisao dans ses combines sans se poser de questions. Hisao avait commencé à fricoter avec le Dahana plusieurs mois avant la mort de Daisuke, faisant quelques petits boulots tranquilles pour le gang et s’assurant la protection de quelques caïds. C’était eux qui avaient organisé la vengeance pour le meurtre de son petit frère, même si Teruo avait refusé de s’impliquer dans le raid, il avait poussé un soupir de soulagement en entendant son ami revenir, ivre d’hilarité avec ses compagnons de méfait.

Il était assez rare que quelqu’un s’assoit face à lui sur le bar; le plus souvent Hisao occupait cette place vers la fin de son service pour lui tenir compagnie. Mais les gens d’ici n’aimaient pas la lumière des spot au-dessus du long bar en bois. Teruo fut un peu surpris de voir entrer une connaissance de fortune qu’il n’avait pas aperçu depuis des mois. Il le pensait peut-être même mort après tant de temps, et si loin de son périmètre.

Ξ

Il avait rencontré Logan par hasard au détour d’une ruelle. Il se dirigeait vers le bar pour préparer sa soirée mais il était vraisemblablement passé par la mauvaise route ce soir-là. Sous la plus rageante, il était tombé nez-à-nez avec l’armoire à glace, d’une tête plus haut que lui qui était pourtant déjà plutôt grand pour un Japonais; les mains de l’homme étaient couvertes de sang et derrière lui gisait un homme, assis dos au bâtiment, le visage qui pendait de côté, il semblait avoir perdu connaissance. Teruo releva la tête vers l’homme.

«Passe ton chemin, petit.» avait-il conseillé d’une voix douce.

Il planta son regard froid dans celui du mastodonte, il n’avait rien à faire de ses histoires; il avait reconnu derrière lui un membre odieux du gang, une espèce de merde qui s’en était pris à quelques filles qui travaillaient chez Kaoru. Il avait sûrement dû s’en prendre à une fille trop importante et subissait les conséquences de ses conneries. Bien fait pour sa gueule, se disait-il. Mais il restait intrigué par son agresseur qui ne semblait pas du coin; il avait averti Teruo au lieu de directement le fracasser comme l’autre type et ça montrait qu’il n’avait pas à faire à un petit caïd du coin.

«Je vais juste ouvrir mon bar, j’ai rien vu c’est bon.» avait-il murmuré à l’intention du colosse.

Ξ

Logan s’était assis face à Teruo, sur un tabouret en bois un peu branlant sous le poids de la montagne de muscles. D’un regard ils s’étaient mis d’accord et Teruo tira une bière dans un verre qu’il posa devant son compagnon d’infortune.

«Ça fait longtemps qu’on t’a pas vu ici, tu travailles ?»
Logan Rothschild
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Logan Rothschild

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Qu’est-ce qu’ils peuvent être kitsch, avec leur mauvais jazz grésillant dans des enceintes bon marché et leur lumière tamisée filtrée par des luminaires chancelants. J’ai jamais compris pourquoi les mauvais gars tenaient tant à coller à l’archétype du bourgeois qui a réussi sa vie, venant jusqu’à contrefaire leur environnement social, à se donner un genre, petit costard-cravate, singeant ceux qui sont du bon côté de la loi. Ça vous fait pas marrer, à vous ? De voir cette bande de ratés se targuer de posséder une rue pendant que les hauts placés nous crachent à la gueule ? Moi, j’aime cette ambiance. Alors quand je passe par Aono pour le boulot, je m’attarde ici. Pas pour la qualité de la bière ni pour la volubilité du barman, mais pour tous ces gens qui font semblant de jouer aux méchants.

Est-ce que je suis un « méchant », moi ? On pourrait en discuter. Je ne raisonne pas avec un tel manichéisme. Je jette un regard circulaire à l’endroit tandis que je m'assois sur la chaise de bar. Vu la manière dont ils s’échinent tous à vouloir paraître civilisés, happés qu’ils sont dans leurs conciliabules bruyants, je pense pas que ces arriérés soient méchants ; ce sont juste des marginaux en mal de reconnaissance.

Finalement, je me désintéresse du paysage et braque mon regard sur le barman. La bière est déjà sur le comptoir, et j’en descends une bonne moitié, simplement pour faire passer la journée harassante et finir de m’engourdir l’esprit. Vous savez pas à quel point c’est crevant, vous, les honnêtes gens, de passer à tabac une poignée de déchets de l’humanité.

« Ça fait longtemps qu’on t’a pas vu ici, tu travailles ? »

Il ne parle pas souvent, le bougre, alors je l’observe avec intérêt, surpris de le voir lancer la conversation. Au début, je pensais qu’il était juste flippé après m’avoir vu éclater un type, mais j’ai pu constater qu’il cultive ce tempérament taciturne avec tout le monde — ce qui n’est pas pour me déplaire. Peu enclin à entretenir cet air de « méchant » dont ces autres clowns s’affublent obstinément, je lui souris franchement, tandis que je me redresse sur le tabouret bancal, cherchant à étirer le bas de mon dos endolori.

« Ouais, je passe pas souvent ici. Je viens quand il faut faire un peu de ménage. »

Les types d’Aono m’engagent rarement. Ils ne s'embarrassent pas d’un tueur à gages pour régler leurs propres affaires. En revanche, du côté d’Inazami… ça m’envoie régulièrement m’occuper de quelques électrons libres d’Aono qui franchissent un peu trop la limite entre Sanda et Kobe. La mafia traditionnelle ne s’émeut pas de la situation à Aono, et estime que ces parias peuvent faire toutes les vagues qu’ils désirent, mais s’ils commencent à foutre la merde à Inazami…eh bien, généralement et pour éviter de bafouer leur précieux code d’honneur en se salissant les mains eux-mêmes, on m’envoie là-bas. On pourrait dire que je suis le clébard de la mafia traditionnelle. Ceci dit, j’ai déjà accepté des contrats de la part de types d’Aono, et la dernière fois, ça a créé un sacré bordel — alors on évite de me chercher des emmerdes. Je me considère comme neutre, dans toute cette histoire. Tant que je suis payé.

« Toi, par contre… invariablement cloué à ton comptoir », observais-je en le dévisageant avec un faux air compatissant, « à croire que tu fais partie des meubles ».

C’est dit sans la moindre once de jugement ; seulement une certaine incompréhension. Pour rester ici et côtoyer tous ces types, pour se farcir ce jazz redondant, pour supporter les effluves des cigares importés d’occident et ces éclats de voix semblables à des aboiements, il faut un certain self-control.

« Ça gagne bien, au moins ? »

Je finis ma bière et lève mon verre, pour qu’il m’en remette une autre. Ouais, un salaire mirobolant. Je vois que ça, comme contrepartie suffisante pour rester dans ce trou à rats.


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Son imposant compagnon avait esquissé un sourire à la question. Teruo n’engageait que rarement la conversation avec ses contemporains, le plus souvent par désintérêt ou par méfiance, il avait vite appris à se taire et à ne pas se faire remarquer dans ce monde de fous; mais Logan était un type plutôt premier degré, il ne s’embarrassait pas d’un masque de mauvais garçon pour impressionner les bedaux et sa bienveillance envers le jeune barman l’avait touché. Dans un monde où les guerres de gang constituaient le quotidien de son quartier, rencontrer un homme qui n’y prenait pas plaisir était une bouffée d’air frais dans l’atmosphère étouffante du bar.

«Ouais, je passe pas souvent ici. Je viens quand il faut faire un peu de ménage.» avait-il répondu.

Teruo déduit de ses étirements qu’il devait avoir terminé ses affaires en villes. Il fallait bien un mastodonte comme lui pour être sereinement accoudé dans un bar miteux après avoir sûrement tabassé un membre du gang local. Il espérait qu’il ne s’agissait pas d’un gars du Dahana qui tenait son bar, il pourrait y laisser la vie s’il servait un verre au type qui venait de fumer un des membres. Il balaya du regard la salle finalement peu remplie pour ce début de soirée, aucune bagarre n’avait encore éclaté et personne ne semblait attarder son regard sur son client. Il frottait frénétiquement le même verre depuis plusieurs secondes quand Logan reprit.

«Toi, par contre… invariablement cloué à ton comptoir, à croire que tu fais partie des meubles.»

Teruo aurait aimé esquisser un sourire, partager avec lui ces quelques secondes de complicité qui manquaient cruellement à ses soirées; mais il ne put qu'acquiescer d’un léger :

«Hm.»

Il fixait le verre qu’il essuyait, perdu dans ses pensées. Il avait été placé ici parce que son frère avait de bon contact avec le groupe qui s’en occupait avant son décès; ils avaient eut pitié du garçon qui avait le regard vide depuis ce jour, et ils voyaient sûrement en lui un type malléable qu’ils pourraient payer une misère pour ce travail.

«Ça gagne bien, au moins ?» questionna Logan, comme s’il avait pu suivre le cours de ses pensées.

Non, ça ne payait pas bien. Il vivait dans un studio pourri qu’il galérait à payer en temps et en heure, il ne mangeait que rarement deux repas par jour et la plupart du temps il se les faisait payer par son meilleur ami, Hisao. De toute façon, il n’avait plus faim, il ne ressentait plus le froid depuis qu’il avait perdu son frère. Comme s’il avait perdu une partie de lui-même. Comme s’il avait perdu sa capacité à jouir de la vie. Logan fit signe de lui resservir la même bière.

«Paye d’abord.» avait-il répondu sans animosité.

Plus farceur que sérieux, il avait déjà commencé à remplir un verre. Il glissa celui-ci sur le bar avant de répondre à sa question.

«Je gagnerai mieux en cherchant des pièces par terre toute la journée.»

On pourrait croire à une réplique humoristique, mais l’absence de sourire sur son visage confirmait qu’il y avait sûrement pensé au détour d’une soirée compliquée. Il ne restait dans ce trou à rat que parce qu’il n’avait pas d’autre option, il ne pouvait pas se permettre de se brouiller avec les gars qui vivent autour de lui. Et puis de toute façon il se fichait bien de tout ça. Il attrapa sous le bar un verre à demi plein qu’il vida d’une traite. Il esquissa un air de dégoût quelques secondes avant de reprendre son expression nonchalante habituelle. Il avait commencé à boire au travail depuis plusieurs mois, toujours un peu, pour faire passer le temps.
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Il a le visage baissé sur son ouvrage, les yeux rivés sur le verre qu’il essuie avec sa petite serviette en microfibres, la même que j’utilise au bar où je travaille, à Uzume. D’aucuns diraient qu’il se fait passablement chier ; à le regarder, je devine plutôt qu’il est perdu dans ses pensées, comme si ma question, aussi subsidiaire soit-elle, avait déclenché quelque chose, un raz de marée de réviviscences. À l’évidence, il ne reste pas ici par choix, et vu le cadre de l’endroit, il serait étonnant d’apprendre qu’il vit dignement de ce boulot. Il répond, mutin, à ma nouvelle commande, et je lui rétorque d’un sourire lumineux : « Je paie ensuite, et je suis même super généreux en pourboires ». La nouvelle bière exacerbe ma bonne humeur, et je me sens bien luné, tout de suite, alors que je m’enivre de quelques gorgées supplémentaires.

La réponse à ma question arrive, prévisible, et je m’interroge sur sa présence ici. Même travailler dans un konbini miteux lui permettrait de mieux gagner sa vie. Ce qui les pousse tous, ces gens, c’est l’argent, le respect, la sensation grisante d’avoir le pouvoir et d’en user ; lui, il a l’air d’éprouver un désintérêt marqué pour cette course vers le pouvoir ou le respect de ces autres petites gens. Je hausse un sourcil, le dévisageant longuement, dardant mon regard interrogateur sur lui sans la moindre gêne, à demi accoudé sur le comptoir. On le tient par les couilles ? Il doit de l’argent à quelqu’un ? Le mystère titille ma curiosité hypertrophiée par l’alcool, alors j’en demande davantage : « Pourquoi tu restes ici, si tu gagnes rien ? Y’a des boulots plus simples, qui demandent pas à côtoyer la lie de l’humanité. Barman, par exemple », fis-je d’un air ironique, « mais loin de ce taudis ».  

Il se saisit d’un verre qu’il vide cul sec, non sans afficher la grimace caractéristique de ceux qui boivent pour se mettre une race et oublier la réalité plutôt que pour apprécier le goût de l’alcool. Quand je savoure ma bière bien fraîche, il descend son verre aussi vite que possible, comme pour ne pas subir la brûlure dans son œsophage. Je le regarde faire en silence, peu enclin à lui faire des leçons de morale sur la consommation d’alcool, je suis pas son daron ni son pote. Cependant, le geste fait naître en moi une pointe de pitié, si ce n’est un soupçon de compassion ; je ne saurais pas définir exactement ce que c’est. Alors je détourne le regard, porte le verre à mes lèvres et bois quelques gorgées, sans hâte ni grimace.

« T’es obligé de rester ici, c’est ça ? Les types qui gèrent ce bar font pression sur toi ? »

Peut-être est-ce une question rhétorique ; j’attends néanmoins d’entendre ces mots de sa bouche — si tant est qu’il souhaite me répondre aussi franchement. J’ignore si ses employeurs traînent dans les parages, après tout.


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Logan était taquin comme à son habitude, il savait qu’il fallait payer ses verres tout de suite quand on n’était pas du coin, mais c’était l’esprit tranquille que Teruo lui octroyait ce privilège. Il ne parlait pas beaucoup aux clients mais Logan était un bon type, malgré les raisons de ses présences à Sanda, il s’était montré plutôt compatissant envers le jeune barman et il le savait sincère dans sa nonchalance bienveillante. Avec un immense sourire, il avait rétorqué qu’il comptait laisser un pourboire conséquent, une offre qu’il ne se voyait pas refuser.

Teruo était naïf, mais pas dupe, il savait que les questionnements de son compagnon de soirée n'étaient pas totalement innocents. Il ne gagnait pas bien sa croûte dans les parages, mais il vivait une vie tranquille; il avait un travail, il pouvait manger deux repas par jour, il avait reçu une petite télé, sûrement volée, qu’il avait installée dans son petit squat qu’il partageait avec ses amis. Il n’avait pas réellement d’ambition, d’envie de grandeur; la vie lui avait déjà fait comprendre qu’il n’en aurait rien. Cette situation qu’on lui avait offerte lui convenait finalement, il en était même à penser qu’il pouvait se sentir chanceux de ne plus avoir à se battre pour survivre dans ces quartiers.

«Pourquoi tu restes ici, si tu gagnes rien ? Y’a des boulots plus simples, qui demandent pas à côtoyer la lie de l’humanité. Barman, par exemple,» il fit une petite pause, un sourire joueur à ses lèvres, «mais loin de ce taudis.»

Ce taudis, avait-il nommé le bar dans lequel il se tenait. Il n’avait peut-être pas tort, mais ce taudis était tout ce qui rattachait Teruo à cette vie de débrouille. Il ne voyait pas réellement le mal dans cet endroit, malgré les enflures qui se retrouvaient ici, malgré le maigre salaire qu’il pouvait gagner et avec lequel il peinait à boucler les fins de mois, il se sentait toujours apaisé, derrière son bar, essuyant les verres dépareillés.

«T’es obligé de rester ici, c’est ça ? Les types qui gèrent ce bar font pression sur toi ?» s'inquiétait-il.

Il n’avait pas pu s’empêcher de jeter un œil discret vers une table en coin, la plus éloignée du bar mais avec une vision directe à la fois sur le jeune barman et sur la porte d’entrée. Là bas, ivres et peu attentifs à ce qu’il se passait en dehors de leurs cercles se pintaient un haut membre du gang et quelques amis à lui. Il n’était pas spécialement son patron ici, mais il avait tout de même l’autorité sur lui. Noboru était un jeune homme en début de trentaine, plutôt sec et rentre-dedans, mais pas un mauvais bougre. Tant qu’on était de son côté, évidemment. Mais Teruo n’avait jamais eu de soucis avec ce gars, il s’était même trouvé d’une compagnie agréable quelques soirs un peu calmes. Ce n’était pas le cas de tous les gens qui venaient surveiller le bar, mais le peu de bonhommes qui avaient haussé la voix sur Teruo s’étaient fait démonter par des gens plus haut placés.

Finalement, il ne s’était jamais senti enfermé dans ce bar, pas plus qu’il ne se sentait enfermé dans le quartier. Il ne s’y sentait pas à sa place non plus, il était juste là, comme un banc qui se trouverait ici dans un parc et pas là-bas; le banc ne se demanderait pas s’il se trouvait à l’endroit où il devrait être. Pas plus que Teruo ne se demandait s’il était là où il devait se trouver. Il leva un regard froid sur son interlocuteur.

«Je n’ai pas d’attrait pour le monde extérieur. J’ai de la chance d’avoir cet endroit et un salaire.»

Il n’avait aucune animosité dans la voix, mais il ne voulait surtout pas que Logan se sente investi d’une mission pour le sortir d’ici. Il attrapa un verre qu’il remplit d’une liqueur ocre et odorante. Il quitta le bar pour apporter le verre à une table proche qui lui avait fait signe.

À côté de Logan s’était installé son meilleur ami, Hisao; comme à son habitude en milieu de soirée, il venait squatter le bar avant de rentrer avec Teruo.

«Comme d’habitude, vieux.» avait-il lancé à l'attention du barman qui avait déjà en main la bouteille en main. Il s’était tourné vers Logan qui restait concentré sur sa pinte. «C’est rare de voir des gens s’asseoir sous les lampes du bar, on a rien à cacher ici hein.»

«Ferme ta gueule Hisao.» avait rétorqué Teruo dans la seconde.

Il savait son ami taquin, un peu trop même. Il ne voulait surtout pas créer d’animosité entre les deux, surtout que Logan pourrait sûrement soulever Hisao d’une seule main vu sa carrure.
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Le coup d’œil furtif auquel s’était risqué Teruo, inspectant discrètement un coin reculé de la salle chargée d’effluves d’alcool et d’éclats de voix, était pour le moins éloquent. Un type suffisamment serein sur sa condition ne réagirait assurément pas de cette façon. Peut-être le barman s’inquiète-t-il davantage pour moi et ma grande gueule plutôt que pour lui ; mais si ces gentils gars étaient réellement de ceux qui n’ont rien à se reprocher, quelque chose me dit que Teruo ne chercherait pas ainsi du regard ses patrons. J’extrapole sans doute. Cette hypertrophie dans mon interprétation découle de mon expérience, et celle-ci est loin d’être exhaustive en la matière. Je mets de côté cette futilité pour attraper la réponse du jeune homme au vol : il n’a pas d’attrait pour le monde extérieur. Circonspect par cette curieuse justification — comment peut-on ne pas avoir d’attrait pour le monde extérieur ? –, je ne réponds pas immédiatement.

Je sais pertinemment que ce milieu-là, c’est pas une vie. On y crève avec une balle dans la tête et nos proches finissent par tomber un par un. Je compte plus les gens que j’ai perdus, les collègues qui ont rendu leur ultime souffle dans une rue empestant l’odeur âcre du sang et de l’urine. Le « monde extérieur » représente la stabilité, la sécurité. Se sentir incapable de s’y intégrer, estimer que l’on y a pas sa place, empêtrés qu’on est dans la criminalité, je peux le comprendre. Mais n’avoir simplement aucun attrait pour un tel monde ? J’aurais voulu qu’il m’explique, mais il n’en dit pas plus, et je n’ai pas le cœur à lui tirer les vers du nez. Après tout : c’est pas mes affaires. Si je commençais à prendre en pitié toutes les âmes perdues, si j’essayais de tous les comprendre, de séparer les simples raclures des marginaux qui n’ont pas d’autre choix, j’arrêterais mon boulot. Je suis pas psy, après tout.

Teruo quitte le comptoir un instant, et lorsqu’il revient, il y a cet inconnu qui débarque, un habitué que je connais peut-être de vue, qui sait ; je fais rarement attention à tout ce beau monde grouillant autour de moi. Il m’adresse la parole, je crois. Je crois, parce qu’il n’émet qu’une simple constatation, aussitôt rabroué par le barman. Je ne sais pas trop pourquoi il s’incruste, ce gars, je me souviens pas l’avoir sonné, et je n’ai pas pour habitude de faire ami-ami avec les ivrognes fréquentant ce genre d’endroit. Alors je l’ignore royalement, pour commencer, mis de mauvaise humeur par sa propension à interrompre les conversations. Si je suis bien luné avec Teruo, c’est parce qu’il me paraît sympathique, que je le connais au moins de visu depuis quelque temps. Envers les autres, ma misanthropie latente prend aussitôt le dessus. Alors quand j’ai bu quelques gorgées de ma bière, je lui réponds mollement par un « Bonsoir », comme un daron désireux de rappeler aux gosses qu’il faut être poli avec les inconnus et qu’on n’a pas élevé les cochons ensemble.

Je lui jette un regard, découvrant alors l’ingénu, et finis par hausser les épaules. « C’est cool. J’en parlerai à mon chien en rentrant. »

Sans doute ne prendra-t-il pas de la meilleure des manières mon sarcasme et l’air dubitatif qui rythme mes syllabes, mais il s’attendait à quoi, au juste ? S’il y a bien une chose qui m’agace, ce sont les petites frappes qui viennent rouler des mécaniques. Je décide de ne plus prêter attention à ce Hisao, le considérant comme un simple interlude, et reprends tranquillement ma conversation avec le barman.

« Je t’envie, en un sens. On peut dire que je joue sur deux tableaux, car j’ai côtoyé des gens qui n’avaient pas idée de ce que je faisais réellement. Le bar où je bosse pour ma couverture, il est bourré de bourgeois. »

Formuler ces relatives confidences devant un inconnu ne me dérange pas vraiment. Vu la réponse froide de Teruo, avec cette histoire de n’avoir aucun attrait pour le monde extérieur, je sais que perdurer dans ce sujet de conversation ne servirait à rien ; par surcroît, ce serait malvenu de le mettre dans l’embarras devant Hisao, qu’il semble bien connaître. Voilà pourquoi je décide de centrer momentanément la discussion sur moi : ainsi, Teruo pourra faire semblant d’en avoir quelque chose à foutre, de ma vie, et il sera moins embarrassé à l’idée de parler de lui.

« L’avantage de bosser ici, c’est que tu t’épargnes au moins les discussions de ces fils à papa qui se foutent sur la gueule parce qu’ils sont pas d’accord sur la bagnole qu’ils s’offriront pour leur anniversaire. T’as pas un cocktail à me conseiller, d’ailleurs ? Vous avez bien une spécialité, ici, non ? Ou un truc qui se vend bien. Ça me dit de goûter autre chose que votre bière. »


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