Accueil
Calendrier
Dernières images
FAQ
Rechercher
Membres
Groupes
S'enregistrer
Connexion
Mes informations
Une semaine au total s’est passée je crois. J’ai été sage même si plus d’une fois, j’avais envie de m’enfuir de l’hôpital pour aller ailleurs. Mais comme j’avais promis à Kimiko d’être sage car elle viendrait me chercher pour aller m’installer un moment chez elle… Bah forcément, j’ai dû me tenir à carreau, au moins pour ne pas la décevoir. Une fois convenue du lieu de rendez-vous avec Kimiko, à savoir à l’entrée de l’hôpital, j’ai juste envoyé un message à mes frères pour leur dire que j’allais loger chez une amie pendant un temps avant de couper mon téléphone. J’ai préféré sciemment me couper du monde entier. Erika pourra bien me chercher là où elle voudra, elle ne me trouvera pas. Les paparazzis pourront me chercher où ils voudront, je doute qu’ils viennent fouiner du côté de chez la jeune femme. Comment disparaitre pendant un temps aux yeux du monde entier ? En éteignant son téléphone portable et jouant à la morte. Finalement, c’est plus facile que de disparaitre réellement n’est-ce pas ? Ha cette ironie pure et simple.
J’avais un sac contenant des affaires avec moi, rien de superflu, juste des trucs confortables puisque j’ai bien l’intention de ne pas trop sortir et me montrer. Je suis encore plate mais je suis en deuil et je ne veux pas que l’on me voie. Je vois déjà tous les titres dans la presse : Mais où est donc passée la grande styliste Aliyah Fuma ? / A-t-elle déserté le pays après la mort de son époux ? – Je vois tellement ces titres à des kilomètres à la ronde, parce que j’ai l’habitude de ces titres à la noix… J'espère que la cohabitation se passera bien avec elle et Yuma...
Le quartier de Fujin… Tss, j’espérais ne pas avoir à y remettre les pieds un jour je dois dire. C’est là-bas qu’il s’est passé des choses pas drôles pour moi il y a quelques temps – style un kidnapping as well. Enfin, je tente de chasser ces idées noires alors que nous arrivons devant sa demeure. Est-ce que j’étais déjà venue chez elle auparavant ? Je ne me souviens pas, j’aime bien avoir mes lieux de rendez-vous et passer outre les propositions des uns et des autres de m’inviter chez eux. A part quand il s’agit de Tom, Seijuro ou mon ancien manager. Eux, ça va mais sinon non. Enfin, avec mon petit sac d’affaires, mon air juste fatigué et pas trop bien, trainant un peu les pieds en la suivant.
« T’es vraiment sûre que je ne dérange pas hein ? De toute manière, tu ne m’entendras pas, je me ferais toute petite… »
En tant que bonne parano je crains aussi que Yuma, s’il sait qui je suis, n’appelle les journalistes ou je ne sais pas qui pour ensuite me dénoncer. Je ne peux me fier à personne… Je me contente de suivre Kimiko en tâtonnant un peu, regardant mes alentours pour voir s’il ne va pas y avoir de paparazzis ou que sais-je encore…
Mes informations
Elle avait préparé la chambre d'invité avec un enthousiasme débordant qui avait fait sourire son maître, apparemment heureux de la voir s'amuser comme une petite folle. Rien que pour ça, il ne regretterait pas de lui avoir donné sa permission. D’un autre côté, il n'en fallait pas beaucoup pour égayer Kimiko. C’était une des choses qu'il appréciait chez elle. Cette simplicité et cet amusement naturel étaient attendrissants. Il avait donc laissé la jeune fille n'en faire qu’à sa tête et elle ne s'était pas privée de faire tous les aménagements nécessaires. Elle avait choisi les meuble, les draps, la décoration. Elle avait même ajouté des fleurs.
Il restait maintenant à savoir si cela allait plaire à la future locataire. Façon de parler, car elle n'allait pas payer de loyer, mais Kimiko n'en payait pas non plus. Elle était tellement heureuse en la ramenant qu'elle gambadait presque devant son amie. Celle-ci n'avait pas l'air d'être aussi enthousiaste et elle semblait même se demander si elle n'allait pas changer d'avis au dernier moment. Mais Kimiko n'avait pas l'intention de lui laisser changer d'avis. Elles arrivèrent donc tranquillement à la maison, quand elle lui il lui demanda si ça ne gênait vraiment pas qu'elle se trouve ici. Elle craignait encore de déranger.
« Ne t'inquiète pas, mon maître me l'aurait dit si ça le dérangeait. Tu fais comme chez toi ici. Il faut juste faire attention aux changements d'humeur de Yuma, mais je te promets que tout ira bien. Ici tu pourras te reposer tranquillement et préparer la venue de ton bébé. »
Kimiko l'entraîna à l'intérieur. Dans le fond de la pièce, l'auteur était en train de prendre des notes sur quelque chose et se contenta d'un salut discret à chacune des deux jeunes filles au moment où elles franchirent la porte. Sans s'en soucier, Kimiko avança à l'intérieur avec Aliyah. Elle savait que lorsque Yuma était dans son processus de création, il ne valait mieux pas le déranger. Elles avaient déjà eu de la chance qu'il daigne leur dire bonjour. La jeune fille était habituée à le laisser tranquille lorsqu'il travaillait et entraîna donc son amie sans se soucier de lui. Elle ne le dérangerait que pour lui apporter à manger.
« Viens Ali, je vais te montrer ta chambre. »
Avec enthousiasme, elle la dirigea vers la pièce qu'elle avait elle-même décorée pour qu'elle soit le plus chaleureux possible. Elle espérait que l’ambiance qu'elle avait essayé de donner à la pièce correspondrait à ce qui pouvait faire plaisir à son amie. Elle ne connaissait pas vraiment ses goûts en termes de décoration, mais elle avait fait de son mieux pour lui proposer un espace où elle se sentirait bien. Ce qu'elle ne savait pas, c'était si elle était tombée juste. Cela dit, si tel n'était pas le cas, elle n’hésiterait pas à faire quelques ajustements si c'était nécessaire.
Mes informations
Je suis la jeune femme qui me rassure sur le fait que je ne dérange absolument pas. Je dois juste faire attention aux changements d’humeur du propriétaire des lieux ? Qu’est-ce que cela veut dire ? De toute manière, s’il commence à monter sur ses grands chevaux, il peut être certain que je vais vite fait lui rabaisser son caquet. Je sais manier la répartie comme il le faut et soi-disant en passant, énerver une jeune femme déjà égocentrique de base et enceinte de surcroit, n’est jamais très bon. Me reposer tranquillement, préparer la venue de ce kiwi… Mouais. Même si j’ai quelques médicaments qui m’ont été prescrits, je doute arriver à réellement me reposer.
Je la suis, observant les lieux et son principal locataire qui nous salue de façon discrète. Il semble très concentré sur son travail, on va éviter de l’ennuyer. De toute manière, ce n’est pas comme si j’étais réellement bavarde et que j’aimais parler. En arrivant ici, j’ai simplement éteint mon portable et je l’ai mis au fond de mon sac. Quand on est déterminé comme moi à vouloir disparaitre pendant un temps, de la surface de la terre, je peux assurer que le téléphone ne sortira pas du sac et restera bien là où il est. La boutique peut s’écrouler, le monde entier peut bien arrêter de tourner que je m’en fiche royalement.
Kimiko était trop enthousiaste pour moi, je dois dire. Elle m’entraina à sa suite jusqu’à une chambre qui serait donc la mienne pendant quelques temps. Je ne compte pas rester ici indéfiniment ; une semaine, voire deux, grand maximum.
« Je te suis… »
Une fois la porte ouverte, je rentrais dans une atmosphère plutôt sobre mais chaleureuse et des fleurs en prime. Quelque chose qui se rapproche un peu de ce que j’aime bien en termes de décoration. Malgré le fait que je sois un peu excentrique sur les bords, du fait de mon style vestimentaire notamment, je n’en aime pas moins la décoration d’une pièce sobre. Inutile d’avoir des choses superflues ; elles sont superficielles pour moi. Même ma maison est décorée de manière sobre… Les seules fantaisies qu’il y avait, c’était le flingue dans la cuvette des toilettes et le coffre-fort dans la penderie.
« C’est joli, merci… »
Je posais mon sac dans un coin de la pièce avant d’aller tester le lit directement. C’est un de mes petits rituels quand je ne dors pas chez moi. Tester le matelas pour être certaine qu’il est bien ferme et confortable comme j’aime. Celui-ci ne déroge pas à la règle et après multiples vérifications, je peux dire que ça va le faire.
« Bien, le matelas est opérationnel. Ça m’aidera à me reposer comme ça. On se voit plus tard ? »
Mais sans attendre sa réponse, je la mit presque à la porte pour ensuite la fermer à clé derrière moi. Les apparences, toujours les apparences. Je ne sortis que les choses me rappelant Mago, du sac. Le reste n’est pas important. Je n’aime pas faire comme si je m’installais réellement chez quelqu’un. Il n’y a qu’avec Tom que je le fais, parce qu’il est mon deuxième amour comme je le dis parfois. Une photo de lui et moi lors de nos dernières vacances que je posais sur la table de nuit, et une de ses chemises, son odeur encore imprégnée que je déposais sur le lit. Je sortis une cigarette de son paquet presque vide, m’asseyant à même le sol contre le lit, la clope dans une main, le briquet dans l’autre. J’en ai envie. J’en ai besoin. J’avais complètement arrêté mais… elle me tente dès à présent. Ce n’est pas bon pour moi, encore moins pour le bébé mais qu’est-ce que ça change de toute manière ? La gynéco m’a prévenu que ce bébé naitrait certainement de façon prématurée au vu de mes problèmes psychologiques.
Je sais bien que la seule manière de faire attention à moi est d’éviter tout stress, tout traumatisme mais là c’est complètement raté. Je finis par allumer cette cigarette ; j’ouvrirais la fenêtre plus tard pour faire dégager l’odeur. Ce ne serait pas très sympa pour Kimiko et Yuma de laisser cette odeur envahir la pièce. L’odeur n’est pas très plaisante à mes narines non plus et les premières bouffées sont amères, sauf que, plus ça va, plus j’ai envie de retomber dedans. Cette cancéreuse a malheureusement un pouvoir calmant assez fort sur moi. Les larmes coulent le long de mes joues, silencieusement alors que je m’intoxique et j’intoxique mon futur enfant. Je ne vois pas comment m’en sortir sans toi, chéri. Je ne vois pas comment élever cet enfant sans toi. La cigarette consumée partit dans le petit cendrier portable que j’ai toujours sur moi, et je finis par rapprocher mes genoux pour poser ma tête dessus, au creux de mes bras. Je profite de n’avoir pas encore un ventre trop arrondi pour pouvoir le faire. Il sera plus difficile après. Les larmes continuent de couler silencieusement, quelques reniflements par-ci par-là.
Je n’ai pas compté les heures que j’ai passé dans cette position inconfortable, à pleurer tout mon soul. C’est une voix qui finit par me sortir de cet état second. En tournant la tête vers la fenêtre, le soleil a déjà disparu. Nous devons être en début de soirée, certainement. Je finis par me lever, essuyer mes larmes dans mon pull et aller ouvrir la fenêtre avant d’ouvrir la porte.
« Oui ? Je suppose que c’est l’heure de manger, c’est ça ? »
Se nourrir, est-on vraiment obligé de se nourrir ? Mon cerveau, mes pensées et mon cœur disent à l’unisson non mais mon estomac lui crie famine à ce moment-là. Espèce de traitre. Je dois avoir les yeux un peu trop rouges et j’espère quelque part que Yuma ne partage pas le repas avec nous. Je ne veux pas qu’il me voit comme ça. Je n’aime pas être prise en pitié, que ce soit de la part d’un ami, ou d’un proche mais c’est encore pire avec un inconnu.
Mes informations
Elle était déjà contente de savoir que la chambre lui convenait comme elle était. Elle avait pris du temps pour essayer de la préparer correctement afin qu'elle s'y sente bien. Mais il n'était jamais facile d'être sûre de faire exactement ce qu'il fallait. Ayant pu constater que la jeune fille était satisfaite de sa chambre et qu'elle ne demandait qu’à se reposer, la jeune femme se laissa pousser hors de la chambre sans trop résister afin de la laisser dormir. Si cela pouvait la soulager un peu, elle ne demandait pas mieux. Et ce n'était pas comme si elle n'avait pas de quoi s'occuper de son côté.
Une fois son amie endormie, du moins le pensait elle, Kimiko déclara à Yuma qu'elle allait faire quelques courses pour le repas du soir. Il lui répondit par un marmonnement approbateur. C'était un état plutôt rassurant pour la jeune fille car, s'il était concentré sur ce qu'il faisait, c'était qu'il était lui-même pour le moment. Elle se rendit donc au centre ville où elle acheta un bon morceau de bœuf ainsi que des légumes. Le plat qu'elle allait préparer serait plutôt pour le lendemain. Mais elle avait l'intention de faire un bon bouillon de viande et de légumes, accompagné de pain beurré pour le soir. Elle était certaine que ce menu conviendrait aux deux concernés.
En rentrant, elle se mit immédiatement aux fourneaux, épluchant les légumes et découpant la viande. Elle la fit revenir avec des épices et compléta le tout de telle manière que cela sente bon. Elle goûta le bouillon et le trouva manquant de sel, alors elle en ajouta un peu. Lorsque le fumet la satisfit, la jeune fille pose sur la table une corbeille de pain ainsi que des grands bols et une motte de beurre. Elle prévint son protecteur que le repas était prêt et le temps qu'il s'installe, elle alla frapper à la porte de Aliyah. La jeune fille vint ouvrir et à ses yeux, Kimiko douta qu'elle ait vraiment dormi, mais elle ne voulut pas l'accabler encore plus en insistant sur son état.
« Oui. J’ai supposé que tu n'aurais pas beaucoup d'appétit ce soir, alors j'ai fait juste un bouillon de viande et de légumes, auquel on pourra associer un peu de pain et de beurre. Le plat sera pour demain midi. Si tu n'as pas trop faim, tu pourrais peut-être essayer de manger juste un peu de bouillon, qu'en dis-tu ? »
Kimiko n'était pas sotte. Elle savait bien que l'état dans lequel son amie était ne lui permettrait pas d'apprécier les plaisirs de la vie de la même façon qu'elle, mais elle espérait qu'elle pourrait au moins avaler un peu de bouillon chaud. C’était quelque chose qui faisait du bien, en général, et qui ne demandait pas un gros appétit. Après le repas, elle prévoyait de lui faire couler un bain chaud
Mes informations
Je tentais tant bien que mal de tout comprendre, d’être attentive à ce que Kimiko me disait car bien évidemment, une seule chose finalement m’obsédait : celle que l’on me laisse tranquille pour le reste de ma vie. C’est gentil d’avoir pensé au fait que je n’aurais pas très faim, au fait que je voudrais un plat léger. C’est de toute manière, comme si j’avais perdu le goût aux simples plaisirs même de la vie. J’hoche la tête simplement.
« Oui ça ira merci… »
Je voudrais pouvoir m’enfuir, courir ou marcher plutôt loin, loin d’ici. Puis retrouver ces fumiers qui ont osé faire ça à mon époux. Les tuer ; m’amuser avec leur sang et leurs entrailles en les faisant bien souffrir. Oups, stop Ali… Tu es réellement entrain de dérailler là. Si quiconque ici savait ce que j’avais dans la tête, on m’internerait sans doute dans la minute qui suit. On va se calmer et je demanderais plutôt à quelques connaissances hautes placées de faire une enquête pour retrouver les assassins. Ils ont conclu à un banal accident, mais ce n’est pas vrai !
Mon époux a toujours conduit prudemment, tranquillement et en faisant attention. Je sais très bien qu’il n’aurait pas pu avoir d’accident ! Et surtout, ce jour-là, aux caméras de vidéosurveillance, il n’y avait pas danger frontal. Alors oui soi-disant, une roue qui se serait subitement défaite, la voiture a accéléré au lieu de ralentir mais justement, ça révèle plutôt du bousillage que d’un simple accident.
Enfin, je vais me calmer, je ne suis pas la police mais bien sûr que ça m’a dégoûté qu’ils se prononcent sur un banal accident et que l’affaire ne fut pas plus suivie en détail. Tandis que je ressasse toutes ces choses intérieurement, ce sont mes sourcils qui se contractent et qui me donne un air renfrogné. En même temps, j’aurais l’air de quoi non ?! Je voudrais appeler Tom ou Seijuro, ou mon ancien manager mais je me suis promis de disparaître du monde pendant quelques temps. De faire en sorte que personne ne me reconnaisse, ne me voie. Sans doute, ce sera plus dur à faire qu’à dire. Je ne suis pas chez moi où je peux me permettre de m’enfermer à clé dans le noir et de faire la morte.
Afin de reprendre un peu de ma contenance, je passais une main sur mon visage pour reprendre un masque. J’ai des idées plus que sordides, des idées qui ne peuvent pas être dites comme ça. Je suis Kimiko dans la cuisine, elle a déjà tout préparé… Comme si j’étais au restaurant ou à l’hôtel. Ça fait de nouveau bizarre tout ça.
« Tu travailles comment les jours à venir Kimiko ? »
Tout en m’asseyant à table, je lui pose cette question sans doute un peu surprenante pour n’importe qui. Je me dois de me renseigner pour savoir auxquelles heures, je peux éventuellement faire ce dont j’ai envie sans que l’on ne m’empêche. Qu’on me laisse aller au cimetière tranquille si j’ai envie d’y aller, qu’on me laisse noyer mon chagrin comme je le peux aussi. Je ne demande pas à mon amie d’être une maman, j’en ai déjà eu une, c’est bien suffisant comme ça. Je lui demande juste d’être une amie. Je sais que je peux compter sur elle, mais je ne veux pas non plus l’impliquer dans toutes mes histoires.
« Rassure-moi juste sur un point, on est d’accord que Yuma ne sait pas qui je suis hein. Il ne va pas, pour de l’argent, aller vendre l’info que je suis chez lui hein ? »
Parano sur les bords ? Mais pas du tout voyons ! Okay, si un peu. En même temps, ce serait un stress supplémentaire pour moi s’il sait que je suis célèbre, et que par amour de l’argent, il pourrait aller me vendre aux médias. Je sais très bien qu’ils sont là à m’épier quelque part, à vouloir savoir où je suis passée pour donner une interview sur ce qu’il s’est passé pour mon époux. Je finis par prendre mon bouillon, en ayant un peu ce stress de la réponse et étonnement, oui, cela fait du bien. Quelque chose de chaud, quelque chose qui ne soit pas la nourriture d’hôpital.
« Tu n’aurais pas un nécessaire de couture à tout hasard ? Sinon est-ce que je peux… te demander dans la semaine d’aller récupérer le mien chez moi ? Fin… si ça ne t’ennuie pas. Mais si tu vois des gens louches, n’y va pas. »
Pourquoi je lui demande mon nécessaire à couture ? Est-ce que j’ai réellement que ça à penser pour vouloir faire de la couture ? Je déraille complet et puis des aiguilles, ciseaux tout ça n’est sans doute pas très indiqué pour une femme enceinte qui sombre dans le désespoir le plus total. Je crois que j’ai besoin de m’occuper l’esprit malgré tout. Je dois te laisser partir Mago hein ?
Mes informations
Elle interrogea la jeune fille sur ses horaires de travail, et Kimiko ne put faire autrement que de laisser s'échapper un petit sourire un peu malicieux. Elle n'avait aucun horaire de travail et sa journée dépendait des besoins de la maison et de Yuma. Si tout était fait, elle pouvait librement aller se promener où lire un bon bouquin dans sa chambre. Ce qui était sûr, c'est qu'il fallait éviter de déranger l'écrivain quand il était occupé à son travail, mais pour le reste, il n'y avait aucune obligation sur ce qu'il se passait dans cette maison.
« Je n'ai pas vraiment d'horaire, tu sais. Je dépends de ce qu'il y a à faire dans la maison et de si Yuma a besoin de moi. Sinon, je fais ce que je veux. Mais tu n'as pas à t'en faire. J’ai l'habitude de m'occuper seule dans mon coin. Tu ne seras pas obligée de passer du temps avec moi si tu as envie d'être tranquille. »
En réalité, la jeune fille n'avait aucune idée de si l'écrivain se souvenait ou pas de la personne qui logeait chez lui. Elle jeta un œil à l'individu auquel elle allait devoir rappeler deux ou trois fois de venir manger et adressa un sourire teinté de malice à son ami. Elle n'était pas certaine que son protecteur se souvenait de son propre nom de famille, alors celui d'une personne qu’il n'avait jamais vu de sa vie, il y avait peu de chances. Les seuls noms qu'il connaissait par cœur étaient ceux qui figuraient dans son livre. Mais elle aimait bien ce côté détaché qu'il avait.
« Tu sais, lui, à part les personnes de son livre, il ne se souvient pas de grand-chose. Ce sera déjà beau s'il remarque que tu es là alors te vendre, c'est totalement impossible. »
Elle lui servit un bol peu rempli parce qu'elle ne voulait pas qu'elle se force à trop manger au point d'en être malade si elle n'avait pas trop faim. Si la quantité qu'elle lui avait donné ne suffisait pas, elle pourrait toujours se resservir et ça vaudrait mieux plutôt que Kimiko la force à manger plus que ce qu'elle était capable d’avaler. Elle servit également son protecteur qui ne marmonna que quelques mots avant de se replonger dans un monologue avec lui-même au sujet de son intrigue. Secouant la tête, Kimiko s'installe avec Aliyah qui lui demanda si elle avait de quoi coudre.
« J'ai tout ce qu'il faut oui, mais si tu préfères avoir ton matériel, j'irai te le chercher. En attendant, tu pourras travailler avec le mien si tu veux. »
Mes informations
Quelque part, c’est rassurant de savoir que l’homme qui est à proximité de nous, plongé dans son écrit, ne va pas me balancer. Mais comme toujours, je reste bien évidemment sur mes gardes. On ne sait jamais. Enfin, c’est aussi surprenant de savoir que mon amie se laisse se soustraire à un homme et lui serve de gouvernante. Est-ce qu’elle gagne bien sa vie ? Du moins, est-ce qu’il la paie en contrepartie ? J’avoue que j’aimerais bien savoir quel genre de relation exactement ils ont tous les deux.
Enfin, voilà maintenant que malgré mon état émotionnel, je me mets à m’inquiéter, à penser à une amie. A cette amie qui me loge. C’est que ce ne doit pas aller si mal que ça en fin de compte. En fait, si ça va toujours mal mais quelque part, ça aide un peu à se préoccuper des autres aussi. Hum… l’habitude de s’occuper toute seule ? C’est un peu triste tout de même. Enfin, je dis ça mais chaque fois que je le pouvais, je voulais me retrouver seule pour être tranquille, pour m’occuper toute seule. Et autant dire, autant que je me souvienne, je n’ai jamais eu vraiment de temps comme ça pour moi.
« C’est pas un peu triste de toujours tout faire toute seule ? »
Je dois être sans doute aussi affamée que ça car je vais même me resservir. C’est juste chaud et ça fait un peu de bien. C’est facile à ingérer et ça ne pèse pas trop lourd sur l’estomac. Kimiko me parle ensuite un peu de Yuma. Qui il est, le fait qu’à part les prénoms de ses personnages, il ne se rappelle pas de grand-chose. C’est atypique et en même temps, pas très étonnant. On dit bien que les écrivains ont tendance à vivre dans leur monde non ?
Bon, déjà, la jeune femme a un peu de matos, c’est déjà bien. Il faudra juste que je récupère du tissu d’une manière ou d’une autre. Une tenue, ça ne peut pas se faire sans tissu bien évidemment.
« C’est surtout que je n’ai pas de tissu… Forcément, je ne me balade pas avec du tissu sur moi tous les jours. »
Bien qu’en réalité, vu mon imagination débordante, je pourrais tout à fait me promener avec du tissu et un petit nécessaire à coudre. Mais non, bien entendu. J’ai un atelier exprès pour ça. Si on me voit avec du tissu, c’est uniquement parce que je suis allée l’acheter et que je dois le ramener jusqu’à la boutique ou chez moi. Je m’approchais un peu plus de Kimiko, en la regardant droit dans les yeux, chuchotant ne voulant pas que Yuma nous entende.
« C’est quoi ta relation exactement avec Yuma ? Nan parce que c’est un peu bizarre d’être sa gouvernante juste comme ça non ? »
Je me rends compte que je ne connais pas Kimiko tant bien que ça. En même temps, je n’ai jamais réellement cherché à en savoir plus. Je ne suis pas du genre curieuse habituellement mais je ne sais pas, là, ça me titille. Je n’ai jamais d’ailleurs voulu imposer à mes proches qu’ils me racontent leur vie. Pas que je m’en fous, c’est juste que j’ai une étrange façon de lier des amitiés. On ne peut pas dire que je sois une amie exemplaire, oubliant bien souvent les anniversaires de telle ou telle personne, ou les recontactant après un certain temps de silence. Hormis Seijuro, Tom ou mon ancien manager… et bien entendu mon époux.
« Tu n’as jamais voulu ou essayé de chercher un travail qui pourrait réellement te correspondre ? »
J’avoue que la vie de recluse ne me sied pas trop, même si en ce moment, elle me va parfaitement. Je crois que je suis trop habituée au fait de voir toujours du monde, même ceux qui m’horripilent, et jusqu’à ce que je puisse m’émanciper, je n’ai jamais réellement fait ce que je voulais faire. Alors je crois que de voir qu’elle semble enfermée dans cette situation, me renvoie à mon ancienne moi. Après, je peux me tromper bien entendu ! Je ne suis pas devin non plus. Enfin, me voilà en plus à faire du social. Oui bah bien sûr Aliyah, qu’est-ce qu’il m’arrive sérieux ? Elle est passée où celle qui s’en fiche de tout, de tout le monde, celle qui a l’habitude de se prendre des remarques du genre « Ouais bah vive l’amie que j’ai, pas la moindre empathie pour ce que je te dis. » ou encore « Tu m’écoutes ou tu fais semblant ? » Qu’est-ce qui me prend à vouloir discuter ? Je ne suis pas comme ça réellement. Est-ce que je tente juste de fuir l’inévitable ? Ces questions tournent en boucle en attendant les réponses de la jeune femme. Un bain ne me ferait pas de mal non plus, histoire de remettre de l'ordre dans mes pensées.
Mes informations
« Yuma m'a accueillie alors que je n'avais nulle part où aller. Il veille sur moi et s'assure que je ne manque de rien, et il me traite davantage comme un membre de sa famille que comme la servante que je suis censée être. Alors même s'il n'est pas toujours concentré sur moi et que je m'occupe de mon côté, la majeure partie de la journée, je me dis que j'ai de la chance quand même d'être tombée sur lui et pas sur quelqu'un qui aurait profité de mon état de détresse pour abuser de la situation. »
Et cela aurait pu se produire. Depuis qu'elle était ici, elle avait bougé dans beaucoup de coins de la ville et elle commençait à avoir conscience du type de personne sur qui elle aurait pu tomber. Pour la plupart, personne ne voudrait avoir affaire à ces gens-là quand il s'agissait de se retrouver dans une situation où l'on était le dos au mur et on n'avait pas d'autre choix que de suivre la personne qui était devant nous. Ils étaient nombreux ceux qui en auraient profité pour l'avilir complètement, mais pas Yuma. Il la traitait avec bienveillance à et lui donnait même un certain niveau d'affection.
D'ailleurs, il mangea rapidement son repas et retourna à son travail. Ce n'était pas qu'il ne veuille pas tenir compagnie à ses invitées, mais il avait un roman sur le feu. Kimiko ne s'en formalisa pas et regarda avec un sourire son ami se resservir plusieurs fois du bouillon qu'elle avait préparé. Elle avait eu du nez en préparant quelque chose de léger afin de lui ouvrir l'appétit en douceur et de lui remonter un peu le moral. Un bon plat faisait toujours cet effet là. Elle ne se demanda pas pour quelles raisons la jeune femme avait envie de coudre. Dans l'esprit de Kimiko, cela faisait tout simplement partie d'elle-même et elle ne pouvait pas changer qui elle était, même en se mettant au vert.
« J'irai te chercher tout ce dont tu auras besoin. Tu as juste à me dire où ça se trouve et je m'en occuperai. Ne t'inquiète pas, ça ne me dérangera pas. »
La jeune femme était curieuse. Et c'est ainsi que Kimiko se rendit compte qu'elle n'avait jamais vraiment parlé avec ses amis de la relation qu’elle avait avec l'écrivain qui l’engageait. Ce n'était pas qu'elle en fasse tout un mystère, mais parler de Yuma, c'était parler de son histoire familiale, et il fallait être sûr que personne n'en profiterait pour la trahir et la vendre. Plus il y avait de gens au courant, plus la jeune fille serait en danger. Mais Aliyah lui avait confié une grande partie de ses secrets et elle se disait qu'elle pouvait lui faire confiance pour tenir sa langue et ne pas la trahir.
« Pour tout te dire, je ne t'en ai encore jamais parlé, mais Yuma m'a trouvée alors que je venais de fuir ma famille et que je faisais tout ce que je pouvais pour qu'ils ne me retrouvent jamais. Il m'a offert un abri, et une place, surtout pour que personne ne se pose de questions sur ma présence chez lui ou ne porte atteinte à mon honneur alors qu'il n'y avait pas lieu. Il m'a beaucoup aidée. Sans lui… »
Sans lui, elle serait probablement enfermée dans sa chambre, ou alors fiancée à un homme qu'elle n'aurait pas choisi pour servir les intérêts de la famille. Elle ne pensait pas qu’on l'obligerait à tuer, mais on ne savait jamais ce qui pourrait advenir. Le plus important, c'était qu'elle reste discrète et c'était également la raison pour laquelle elle n'avait pas à chercher à faire un autre travail. Et puis, elle avait un tendre attachement pour Yuma qui impliquait forcément qu’elle ait envie de rester auprès de lui et de prendre soin de lui. Ce n'était pas quelque chose de facile à avouer, elle ne savait pas exactement si son cœur était amoureux ou reconnaissant, mais elle avait un attachement tout particulier pour Yuma.
« Je ne sais pas si je pourrais m'en sortir aussi facilement et dissimuler aussi simplement à mon identité dans un autre emploi. Au moins, je suis sûre que Yuma ne me trahira pas. Et c'est pour ça que je suis sûre aussi qu'il ne te trahira pas toi. J’ai confiance en cet homme. »
Mes informations
Je ne sais pas si j’ai eu bien fais de demander en fait. Kimiko commence à me dire que Yuma l’a recueilli car elle n’avait nulle part où aller. Les hormones ou mon état mental me font avoir les larmes aux yeux. Je ne peux m’empêcher de renifler un peu et de sortir un mouchoir de mon pantalon. C’est trop triste quand même ce qu’elle est en train de me dire.
« Je vois, je vois… »
C’est vrai que je n’ai jamais eu affaire à ce genre de problème. Ma génitrice aurait sans doute voulu que je disparaisse pour de bon. Enfin, quoique, la poule aux œufs d’or qu’elle était en train de formater ne lui aurait pas permis de gagner plus d’argent après. Puis, au pire, même si je m’étais enfuie, ce n’était pas gênant en soit. Ce que j’ai fait quand j’étais plus jeune, ma tentative de suicide, c’était juste pour ne plus me retrouver sous sa coupe. Ça aura au moins fait réagir mon père et ce n’était pas une mauvaise chose après tout. Enfin, j’en ai des frissons rien que de repenser à tout ça. Un œil distrait s’arrêta sur l’hôte de ces lieux qui retourna à son roman.
Il semblerait que quand on a de l’inspiration, peu importe qui dit quoi, les perturbations, les vagues, rien ne peut nous arrêter ou nous perturber. C’est assez fascinant. Est-ce que je suis comme ça quand je couds ? Je me le demande tiens. Je ne me laisse pas facilement distraire quand je suis concentrée sur un truc, et malgré tout, mes oreilles trainent à l’affût du moindre bruit inhabituel.
« Oui merci… Je te ferais un plan de la maison. On avait bougé quelques trucs… »
Je ne me souviens pas lui avoir montré où se trouvait mon atelier quand elle est venue chez moi la dernière fois. Je ne le montre pas facilement car c’est mon antre secrète si je puis dire. Seul Mago avait parfois le droit d’y entrer. Pas souvent, je ne voulais pas qu’il voie quand je confectionnais pour lui. Enfin, nous avions fait quelques ajustements et déplacé l’atelier qui était à la base dans la chambre d’ami pour le mettre au garage. J’ai besoin d’un grand espace et nous n’avons que deux chambres. Comme je suis tombée enceinte, forcément, l’autre chambre a été réquisitionnée pour accueillir notre futur enfant… Dire que l’on était censé prendre notre temps pour choisir les meubles, la peinture, la décoration tout ça quoi. Je soupire légèrement en pensant à ça ; reniflant de temps à autre parce que les larmes reviennent.
Quand Kimiko m’expliqua un peu plus la situation dans laquelle elle se trouvait, je secouais la tête en chassant mes idées noires. Hum, c’est une mauvaise idée que je l’envoie chercher mes affaires en fait. Elle se fait la plus discrète possible ici en vivant sous ce toit avec un homme qui a accepté de la prendre sous son aile sans retour, sans profit. Du coup, je comprends mieux pourquoi elle reste ici. Elle a confiance en cet homme et il ne fait rien pour la démolir. Je ne peux décidément pas lui demander de prendre un tel risque. Si des photographes sont devant chez moi… Si elle se retrouve avec eux nez à nez, c’est certain ils vont vouloir en savoir davantage sur elle et de fil en aiguille, sa famille va être au courant. Ils sauront où elle se trouve et voudront la récupérer. Je me mordis la lèvre presque jusqu’au sang en pensant que je ne peux pas mettre mon amie en danger juste pour que moi j’essaie de me changer les idées. Il vaut mieux que j’y aille moi-même en fait. Bon, en fait, c’est un peu rassurant du coup que Yuma soit ce genre de type discret qui ne demande rien à personne, qui s’en fiche de la vie des autres. Grâce à ça, on ne va pas venir fouiller par ici.
« Hum ouais alors en fait c’est une mauvaise idée que tu y ailles. S’il y a des paparazzis, qu’ils te prennent en photo, ils vont enquêter sur toi et ta famille sera au courant. Ils vont te retrouver. Je ne peux pas te faire courir ce risque. J’irais moi, ce n’est pas grave… Après tu sais que ça existe de changer complètement d’identité hein. Tu y as déjà réfléchi ? »
Je ne sais pas si cela se fait beaucoup au Japon mais j’ai entendu dire que dans certains pays, des personnes changeaient de nom pour éviter d’être retrouvé. Qui dit changement d’identité dit que Kimiko pourrait sortir plus librement et pourrait même éventuellement trouver un autre boulot. Un truc qui lui plait vraiment.
« Admettons, tu changes d’identité, tu changes un peu de style et de coiffure, personne ne saurait que tu es Kimiko Hanaukyo, tu vois le genre ? Et comme ça hop, tu vivrais ta vie en tant que femme libre de faire ce dont elle a envie, de pouvoir aller se balader où elle a envie sans risquer qu’on la retrouve. »
Ça parait peut-être utopiste de dire ça mais en même temps, je trouve ça triste de vivre sa vie cachée. Elle a entre guillemets de la chance de pouvoir choisir ! Son nom n’est pas connu dans tous les magazines comme le mien. Je ne pourrais pas changer de nom, de style, de coiffure qu’on me reconnaitrait quand même. Il faudrait que je fasse des opérations de chirurgie esthétique en nombre pour ne plus être Aliyah Fuma. Bien que je déteste la célébrité qui va avec, j’aime qui je suis et où j’en suis arrivée. Je ne dis pas que Kimiko ne doit pas s’aimer mais elle, elle a l’opportunité de pouvoir changer de façon presque incognito. Je ne peux pas me balader sans me déguiser un minimum pour pouvoir être tranquille, comme je veux. Elle, si. Enfin, ça m’attriste juste de voir que je ne peux pas espérer à une vie à peu près normale alors qu’en face de moi, il y a une personne qui le peut. Je l’envie un peu, je l’avoue.
« Enfin, déjà je donnerais tout pour pouvoir vivre comme toi. C’est-à-dire à peu près normalement, sans craindre qu’un fan vienne t’interrompre pendant que tu te balades tranquillement dans la rue. Juste une vie normale, sans la célébrité. »
Mes informations
Elle n'était pas à plaindre. Elle avait réussi à échapper à ce qui lui faisait horreur et elle se trouvait maintenant dans une situation de famille où elle vivait les choses comme elle le voulait et sans se faire de souci. C’était pour cette raison quelle était contente d'être tombée sur Yuma, cela et également le fait qu'elle avait certains sentiments pour lui. Kimiko n'attendait rien de la part de celui qui avait accepté de l'accueillir, mais elle savait pertinemment que s’il lui faisait des avances, elle n'hésiterait pas une seconde et se laisserait certainement séduire. C’était l'emprise qu'il avait sur son cœur.
Elle hocha la tête, quand son amie lui dit qu'elle allait lui faire un plan de la maison pour qu'elle puisse s'y retrouver. Elle était parfaitement d'accord pour aller chercher tout son matériel et le lui rapporter. Kimiko était serviable et si elle avait un côté un peu trop gentil, rien n'était trop beau et peu de services pouvaient être refusés aux personnes qui comptaient vraiment pour elle. Aliyah était tout en haut de cette liste et quoi qu'il advienne, elle ne manquerait pas d'avoir l'appui de la jeune gouvernante à tout moment. C’était comme ça qu'elle fonctionnait.
« Je me débrouillerai, ne t'en fais pas. »
Mais lorsqu'elle apprit quelques détails supplémentaires sur la vie de Kimiko, et notamment le fait qu'il ne fallait surtout pas que sa famille la retrouve, Aliyah fut soudain certaine que ce n'était pas une bonne idée que la jeune fille aille lui chercher ses affaires. D’après ce qu'elle disait, la maison serait entourée de journalistes qui ne manqueraient sûrement pas de la prendre en photo et de la questionner pour savoir où elle se trouvait. Si son visage passait dans les journaux, il était possible que des hommes de main de ses parents la retrouvent. Elle avait conscience de ce danger et c'était la raison pour laquelle elle évitait de participer à des événements trop publics ou alors, elle se cachait. On remarquait difficilement un visage au milieu de la foule.
« Merci, je n'y avais pas pensé » eut-elle juste le temps de reconnaître, avant que son amie ne lui parle de la possibilité de changer complètement d'identité.
Si Kimiko n'avait jamais envisagé cette option, c'était tout d'abord parce que l'accueil de Yuma lui avait suffi à cette période où elle était totalement innocente de la vie et où elle ne savait rien de ce qui se faisait ou ne se faisait pas lorsqu'on essayait de fuir quelqu'un. Il n'y avait aucun doute sur le fait que si elle était tombée sur quelqu'un de moins bien intentionné, ou si elle avait erré trop longtemps dans les rues, sa famille n'aurait pas mis longtemps à savoir où elle se trouvait. Le danger était relativement écarté désormais, mais seulement dans une certaine mesure.
Elle ne pourrait plus l'envisager, parce que changer d'identité, ce serait se couper de tous ceux avec qui elle avait noué un lien depuis qu'elle avait atterri ici. Et il y en avait beaucoup. Et puis, elle tenait à celle qu'elle était et elle aurait l'impression d'être quelqu'un d'autre et de ne plus pouvoir s'appuyer sur elle-même si elle prenait cette direction. Bien entendu, ce n'était pas forcément un choix facile à faire, mais elle considérait que le meilleur choix était de profiter de ce qu'elle avait et de se faire discrète comme elle avait toujours su le faire. Elle avait connu quelques déboires, principalement lorsque son maître décidait subitement d'aller passer la nuit en ville et ne rentrait pas au point de l'inquiéter et qu'elle sorte le chercher. Mais elle n'avait jamais couru le risque d'être ramenée à ses parents.
« J'étais beaucoup trop innocente pour l'envisager au moment où je suis arrivé ici. Et maintenant, ça ne vaudrait plus le coup. Tu sais, quand je suis arrivée ici, je ne savais pas trop comment j'allais faire pour régler la situation. Tout ce que je savais, c'était que je ne supportais plus tout ce qui se passait dans ma famille, j'aurais fait n'importe quoi pour ne plus y retourner. Aujourd’hui, je me dis que j'ai de la chance que personne ne me force à me prostituer ou quelque chose comme ça. »
Son amie semblait envier sa situation et notamment le fait d'être bien tranquille à l'abri de la célébrité et du pouvoir être dans son coin et vivre sa vie sans que personne ne vous embête. Cela avait ses avantages et ses inconvénients. La demoiselle le vivait plutôt comme des avantages, parce que ça ne le dérangeait pas de prendre soin de quelqu'un d'autre et de la maison, mais elle savait que tout le monde n'avait pas ce détachement. Et elle devait renoncer à une partie d'elle-même et de sa vie, parce qu'il était difficile de commencer une relation avec quelqu'un en sachant qu'on devrait lui mentir pendant longtemps avant de pouvoir avoir totalement confiance en cette personne.
« Vivre cachée n'est pas facile pour se faire des amis et surtout pour des relations plus poussées. Regarde-nous, ce que je viens de te raconter, je te le cache depuis que nous nous connaissons. C’est généreux à toi de ne pas m'en vouloir, mais il faut reconnaître que ce n'est pas le meilleur moyen de débuter quelque chose de plus sérieux qu'une amitié. Je suis obligée de faire attention à tout ce que je dis et à qui je le dis. Si tu es recherché par un certain nombre de gens, tu dois être sur le qui-vive tout le temps. Mais c'est mieux cela que de se retrouver mariée à un baron du crime et devoir accepter que tout notre entourage baigne dans un climat plein de cruauté et dénué de tout respect humain. »
Mes informations
Je lui fais pars de mon ressenti par rapport à ce qu’elle vient de me dire, une manière subtile aurait été de changer d’identité, comme un bon nombre ont pu le faire en s’aidant d’entreprises pas toujours très légales mais bon. Des fois, je me dis que si ça se trouve c’est ce que mon mari a fait. Mais… impossible n’est-ce pas ? J’ai vu son corps à la morgue, je l’ai touché, froid et toutes ces lésions. Non, malheureusement, il n’y a pas de retour en arrière possible. Ah en plus je pense à un truc. Dans le coffre-fort de la penderie à la maison, il y avait quelques passeports avec de faux noms. Je suis sûre que ce doit être en fait facile de « disparaître » en tant que telle personne pour revenir avec une nouvelle identité. Enfin, je peux comprendre que mon amie n’ait pas très envie d’en changer. Innocente comme elle est, elle n’y a même pas pensé.
Ah Kimiko… Si tu savais ce que je te cache encore… Tu connais une partie de ma vie mais tu ne sais pas tout non plus. Je me garde bien de dire certaines choses tu sais. Ce n’est pas moi qui vais te jeter la première pierre crois-moi. Je me contente d’hausser les épaules.
« Kimiko, on a tous son jardin secret tu sais. Et comme tu as pu le constater, je suis le genre de femme qui n’en a quasiment rien à faire des histoires des autres. Ce n’est pas moi qui vais aller répéter quoi que ce soit à qui que ce soit. J’ai l’habitude de faire dans la discrétion et de garder les secrets outre-tombe. Oui bien sûr, c’est toujours mieux que de se retrouver mariée de force, je te l’accorde. »
Je veux être certaine que Kimiko comprenne bien que je suis sa deuxième alliée dans l’histoire, et qu’elle peut me faire confiance. Jamais, je n’irais répéter quoi que ce soit à qui veut l’entendre. Je tente déjà de garder ma vie privée la plus secrète possible aux yeux des paparazzis et journalistes, ce n’est pas pour aller balancer mon amie quoi.
« Dis-toi que je fuis déjà les journalistes et autre comme la peste, que je suis toujours en train de faire en sorte qu’ils ne découvrent rien du tout sur moi ou sur ma famille. Ce n’est pas maintenant que ta couverture sera brisée avec moi. J’espère juste que tu sauras trouver ton bonheur sans devoir vivre cachée pour toujours. Après si tu veux quelques conseils déguisements pour passer vraiment inaperçue et te risquer à rencontrer de nouvelles personnes, tu sais où me trouver. Je vais me doucher et me coucher. Bonne nuit. »
Je ne suis pas très bonne pour les discours non plus alors je préfère mettre fin à la discussion rapidement. Il est un peu tard en plus de ça et même si cette discussion m’a un peu remis les idées en place, je n’en oublie pas qu’il y a quelqu’un tapi dans mon cœur, dans mes pensées qui ne me quitte pas. La douche puis le bain… Des paroles tristes s’élevant dans la fumée du bain chaud avant de retourner m’enfermer dans la chambre.