C'est sûrement la raison pour laquelle jusqu'ici je n'ai rien dit. Le brun sans corne n'est pas chiant, ou, tout du moins, ne me gêne pas spécialement. D'où cette vue surréaliste de l'extérieur où deux tâches disgracieuses sifflent leur fumée en embaumant la pièce de cette odeur particulière. Dans un silence tout relatif vu que ma question finit par remonter au cerveau ramolli de mon comparse.

Je suis donc un générateur de secours.
... Je suis censé le prendre comment cette connerie ? ...

- Je vois.

Répondé-je sobrement en tirant une autre taffe dans un calme olympien.
Vu sous cet angle, un autre que moi l'aurait pris pour un parasite profiteur ou ce serait énervé j'imagine ? Peut être ? Qu'est-ce que j'en sais ? Me concernant, ça m'en touche une sans bouger l'autre. Qu'il ait été ici ou pas, télé comme lumière auraient été laissé ainsi toute la journée, allumées dans cette tanière sombre dont les volets sont quasiment fermés à jamais aux côtés du noir abyssal éternel, et attendant qu'un preux chevalier magicien Kenji éteigne le tout afin d'aérer la plupart du temps. Ou qu'il m'enjoigne à l'aider avec un agacement qui lui est propre (pas comme mon studio).
J'y fais peu gaffe, j'ai l'habitude.

Et en parlant d'habitude, le chasseur du dimanche finit par s'agiter, deuxième round pour provoquer l'extinction d'un insecte volant ? Non, grande est la déception de nos spectateurs puisqu'il mime plus un retard potentiel au travail. Ah ça, on aurait presque pu s'étonner qu'il en possède un de taf. J'indique d'un bras vitaf, la salle de bain et le voit partir tout aussi précipitamment après m'être réveillé mentalement à la vue de ma cigarette terminée. Celle-ci vient bien sûr s'écraser contre le cendrier, telle la mouche qu'a raté Zei et..

Silence radio.
Je remarque même que sa machine est toujours accrochée à mon écran tiens.

Hm... Je sors ma carcasse du canapé, un brin intrigué et vient passer mon pouce et mon index sur la surface lisse noire. Qu'est-ce que je vais foutre de ça ? ...
Boh, ce sera laissé là. Je suppose.
Du reste, ma main glissante continue un peu plus, encore un peu... et s'arrête subitement en se dirigeant plus haut : Clac ! Je débranche le câble au dos de l'engin et allume la télé pour laisser les news en fond avec le jingle qui passe. Pas que j'aimais pas la musique agaçante du menu pause de son jeu de weeb qui passe en boucle, mais, je préfère quand mon programme sonore est plus varié. Déso pas déso.

La suite ? Élémentaire cher présentateur du jt, jeter mon pantalon sur le sofa et me diriger vers la salle d'eau.








Plus de visites impromptues depuis. On passera globalement sur le non intéressant des jours précédents. D'une part car j'ai passé mes jours au salon, le cul collé à un siège. De l'autre car à part quelques croquis m'étant venus, des inspirations récurrentes récemment sans explication qui ont rempli un peu plus le calepin que j'emporte de temps en temps. Rien d'autre.

Jusqu'ici j'ai passé une semaine relativement tranquille. Blague douteuse ou humour mal placé mais on croirait presque que ma personne s'est mise au vert vu le peu de connaissances que j'ai croisé. La chance a-t-elle tournée ?
Est-ce que ça pue autant que les warnings qu'on me lance depuis un moment ? Annonciateur de quelque chose de plus problématique ?
Ça, ça reste à voir. Ma productivité créative peut avoir grimpé en flèche à cause de ça. Oui et non. Chercher un pourquoi aux pulsions, ya rien de plus prise de tête. De quoi finir avec une migraine.
On laisse la philo de côté pour la soirée, ça c'est sûr, car ces petites envies ont le vent en poupe après plusieurs jours soit d'insomnies merdique soit à cauchemarder comme un connard. De quoi faire naître des fantaisies. Celles du gars qui ne cherche qu'à assouvir un désir éphémère et primitif. Entre l'animal et l'homme, ya-t-il une si grande différence ? J'ai jamais prétendu le contraire de mon côté.

N'importe qui ferait l'affaire tellement j'en ai à rien à cirer. C'est donc avec l'idée bien en tête de me taper n'importe quel random après avoir pris suffisamment de verres que j'ai squatté mon bar habituel plusieurs heures durant. Ça avant de recevoir une vibration venant de la poche de mon manteau.
Ni une ni deux, ma main sort le téléphone sur lequel je tapote, apercevant une notification d'un sms providentiel.
Doigt appuyé, application qui se dévoile et c'est bien le message d'un salty livreur de pizza qui me balance un "t'es où" nonchalant qui me fait tirer un visage discrètement amusé par la coïncidence absurde.
Quelle était la probabilité que ça arrive ?

Je pourrais rire de ce karma décidément. Il va me tomber quoi sur la gueule bientôt ?
Mais une chose est sûre, j'aurais pas à me forcer à me mettre sévère ce soir puisque je me contente de lui répondre de me retrouver devant le studio.
Tel verrouillé et rangé. Ça c'est fait. J'attrape mon verre et le termine d'une traite en le reposant sur le comptoir tandis que je me tourne pour lever mon humble fessier.



Qui a besoin de saluer une connaissance quand tu peux juste la choper par le col et la tirer pour la galocher ? Les gens normaux ?
C'est à peu près ce qu'il s'est passé. Pas de mot. Pas de présentation, comment va, la famille, maman, tante Berthe. Rien de tout ça. Juste de l'action en arrivant devant la porte du studio. Elle s'ouvre tout aussi bestialement après le déverrouillage sommaire dans un BAM peu, voir pas du tout délicat (elle peut aller se faire voir chez les occidentaux cette fameuse délicatesse si vous voulez mon avis).

Canapé miteux en vue, mon partenaire tout aussi "patient" que moi se rapproche au fur et à mesure du meuble sur lequel je viens le pousser sans retenue suivi d'un deuxième grincement quand je m'installe sur ses genoux en continuant mon petit jeu de l'allumeur de service.
C'était sans compter sur le bruit de l'eau de la douche qui s'était arrêté et auquel j'ai pas fait attention, la télé bruyante en étant une raison plus plausible, mon divertissement du soir que je comptais bien commencer à désaper une autre.

Encore faudrait-il que cette préséance de débauche ne soit pas interrompue par un bruit de porte.
Non pas celui de l'entrée. J'ai dit quoi sur le karma déjà ? Ah oui, il peut aller se faire mettre celui-là aussi.