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Hakumei
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Shintaro Fuma
Yakuza
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"Alors que l’éclat devient lumière,
La chute de l’Homme est encore longue."


Le 1er novembre 2022.
Quelque part dans le District Inazami.

Des coups de pied sont catapultés contre mon ventre. Le souffle coupé, je me réveille dans la violence de ce moment en me recroquevillant sur moi-même, la mâchoire fortement crispée. Les mains recouvrant la tête, la souffrance m’étrangle alors que je tente de faire taire les gémissements que je recrache contre mon gré. Une botte boueuse vient heurter mes omoplates. Une autre écrase mes phalanges d’un coup de talon. Et les rires de quelques étudiants délinquants commencent à résonner dans l’air, leur sexe devenant aussi solide que le roc. Au-travers des siècles, la domination d’un homme a toujours été un sport fantasmagorique agréable à exécuter. Car mon corps est un modeste présent pour eux, une justification d’alimenter la faim dévorante de leur égo.

Après une minute entière, je les entends partir en écoutant leurs rires lointains. Essoufflé, je cligne plusieurs fois des yeux avant de retrouver la vue, attaqué par la pluie battante et la vie active des rues de Kobe. Couché à même le sol dans les ordures du district Inazami, je tente de réveiller mes muscles engourdis par le froid de cette nuit détestable alors que les passants circulent sans même me voir. Un clochard s’approche avec méfiance en me souriant de ses dents jaunes et asymétriques.

“Hey … Hey, machin … T’es défoncé ou t’attends qu’une pute vienne te sucer comme un aspirateur ?”

Qu’est-ce qu’il raconte ? Derrière lui, certains passants commencent à s’arrêter un instant pour me jeter un regard écœuré, d’autres amusés, car je suis pour eux le symbole de l’homme paresseux et dépravé. Je ne comprends rien. Soudain, une douleur cinglante m’empêche de respirer correctement. Elle me déchire de l’intérieur en brûlant mes poumons. En plus de cela, une sensation de brûlure terrible envahit toute ma peau. Je manque de m’évanouir à nouveau. Il faut que je bouge, putain. Tout en contractant à nouveau la mâchoire en réunissant le peu d’efforts qu’il me reste, je me redresse enfin en me tenant à un muret en pierre. Qu’est-ce qu’il se passe ?

Qu'est-ce que je fous ici ?

Sous l’oeil amusé du SDF, je suis entièrement nu au milieu des cartons, le corps sanguinolent et assailli d’ecchymoses noires. Ma tempe saigne également. On m’a fracassé la gueule ? Les cheveux ruisselants d’eau, je lève les mains à la hauteur de mon nez afin de voir des marques rouges tout autour de mes poignets. J’ai été attaché, maintenant ?

Puis vient le déluge.

Des images nébuleuses me reviennent en tête comme un mauvais mirage. Je me souviens du visage de Kenji Yumeda me hurlant dessus. Les mains liées au-dessus de ma tête par une chaîne. Les coups d’une matraque électrique. Puis, une odeur de viande brûlée, de formol et de vessies dépassées. Partout autour, les échos des bruissements métalliques, des gémissements étouffés, dont ceux de Kenji…

“Yu ... Yumeda... ?”

Aussitôt, ma main redescend en s’écrasant sur mon ventre endolori comme si je voulais me protéger de ces souvenirs. Quatre types en capuchon nous ont encadré, et l’un d’eux m’a enfoncé son poing muni d’une seringue suspecte quelque part entre la rate et le foie. Aussitôt, j'ai sombré en grognant dans une mare de sommeil, étroite et creuse, totalement dépourvue d'idées et de rêves. Je ne veux pas m’en souvenir si vite, en fin de compte … Mais ce qui est bien pire que toutes les souffrances que subit mon corps est cette cuisante vérité :

On a recherché à me baiser. Définitivement.

Mon cœur commence à s’emballer. Mes jambes fléchissent avant de supporter mon corps une nouvelle fois. L'adrénaline se met à pulser dans mes veines, propulsée à grandes gouttes par la peur et la rage afin de dissiper le profond malaise chimique qui m'engourdit des pieds à la tête. L’appel d’une croisade génocidaire se construit dans ma tête. Je veux causer un tsunami de sang et de cendres jusqu'à noyer l'empire nippon.

“K… KENJI … !”

Mes yeux essayent de le chercher aux alentours. Mais je ne le vois pas. J’espère que cet amateur a pu se démerder par lui-même. Tous deux blessés, à bout de souffle et entièrement nus. Il en a bavé lui aussi. Je pensais qu’il était mort. Mais il a dû détaler comme un lapin dans une autre direction que la mienne. Les poings serrés, je me retrouve en la compagnie d’une vieille amie qui est parvenue à polluer toute ma jeunesse : l’incertitude.

Oppressé, je déambule dans les ruelles comme un insecte rampant à l’intérieur d’une fiole en verre. Je ne sais pas où aller. Je perçois la vie dans ces rues étroites où la drogue et le sexe transpirent leur puanteur. En jouant des coudes, je dépasse à la hâte d’autres jeunes étudiants qui s’empressent de me pousser en raillant comme des cons, un dealers de drogues profanant des insultes de sa voix grasse et de quelques addictes allongés qui m’observent comme une ombre flottante sans même me voir. L’hostilité se cache dans chaque recoin de cette ruelle. La fièvre commence à me tenailler durement alors que je recherche activement un lieu calme. Un endroit où je pourrais peut-être me séparer de mes angoisses grandissantes. Je me sens congelé sous la pluie et les assauts du vent. Fiévreux et déshydraté. Éreinté par les coups et les brûlures sur tout le corps.

Mais la rage qui m’anime m’empêche de crever comme un parasite.

Sans m’en rendre compte, mes pas m’entraînent sur la route principale alors que je reste désorienté. Une voiture pille les freins derrière moi et manque de me percuter. Le klaxon chante, mais je ne remarque rien. Au loin, les phares d’une autre voiture avancent à pleine vitesse. Le klaxon chante à nouveau. J’entends à peine les hurlements provenant des trottoirs sans en comprendre un seul putain de mot.

La mort n’a jamais été si proche.


Ma floraison est faite de paille et de feu.


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Aliyah Fuma
Chanteuse & Styliste & Maman
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Citation : Je peux être qui tu voudras sans jamais être moi-même
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Les ailes de cire

ft. Shintaro

Une journée de pluie à Kobe, en ce début de novembre. C’est l’automne quoi qu’on en dise. La saison des pluies est pourtant terminée depuis fin septembre mais le réchauffement climatique a eu également son petit effet sur notre cher pays. Je n’avais pas encore repris le travail même si en même temps, je rendais quelques services à certaines personnes au sein du quartier d’Izanami. Eh oui, depuis peu, il semblerait que ma nouvelle clientèle soit celle des mafieux. J’aimerais bien savoir comment on a pu en arriver là mais bon. Je n’aime pas spécialement trainer dans ce quartier, mais j’aime tout autant éviter qu’ils sachent où j’habite. On dit bien qu’ils sont censés ne pas s’en prendre aux civils ; on voit encore combien les derniers événements ont montré le contraire.

Il semblerait aussi que ma notoriété m’est dépassée, personne dans ce quartier n’ose venir me déranger et encore moins me parler, pour le peu que je traine. Ce qui est en soit très intéressant et me procure une certaine tranquillité là où personne n’a envie de mettre les pieds. J’aime passer du temps à m’occuper de mon fils mais je dois avouer que j’aime aussi la tranquillité et le calme de temps en temps. Enfin, on ne peut pas dire que se balader dans le quartier soit une vraie partie de plaisir mais bon. La première fois que j’ai réellement mis les pieds dans Izanami, pas plus tard qu’il y a deux semaines, j’ai dû montrer à une petite frappe que je ne jouais pas et que je n’étais pas une femme facile comme beaucoup semble le croire. Et je me balade toujours bien que ce soit interdit, avec un couteau dans mon sac. Ce quartier a de toute manière été abandonné de la police depuis bien longtemps. Ce n’est pas ici que je risque de me faire arrêter et mettre en prison pour une quinzaine de jours, uniquement parce que j’avais un couteau sur moi. Enfin, je fais toujours attention à ça.

Puis règle numéro deux, toujours indiquer à son chauffeur où l’on va pour éviter de se faire prendre à parti inutilement. C’est calculé entre nous deux : il me dépose dans la rue principale, là où il y a le plus de visibilité possible, il me suit pour voir où je vais et être sûr que je sois en sécurité, je vais faire mon affaire parce que ce n’est pas très loin là où j’ai habituellement rendez-vous et je retourne à l’endroit où il m’a déposé. Personne ne pose de questions ici, c’est le jeu. Chacun fait son affaire sans demander son reste ; il faut juste éviter de se jeter dans la gueule du loup directement. Même si les pires délinquants se trouvent ici, même parmi les jeunes, il semblerait qu’ils aient encore une once d’humanité ou alors mon regard suffit à leur dire de foutre le camp assez rapidement.

On peut dire que ce quartier me transforme en quelque chose que je n’aime pas. Ici, le moindre regard de travers peut vous tuer. J’ai commencé à adopter les mêmes gestes que Seijuro. C’est à cause de cet imbécile finalement si je viens de temps en temps ici… Au début, il venait à la boutique et puis au fur et à mesure, quand il a su que j’étais en congé parental, il a commencé à m’appeler pour que je lui fasse des retouches sur ses costumes, ne voulant pas s’exposer inutilement. Et de fil en aiguille, je ne sais pas comment on en est arrivé là mais quelques-uns de ses « amis » m’appellent à présent pour des retouches également… Je suis clairement maudite… L’autre con de Shintaro Fuma n’avait peut-être pas tort finalement… Ah non, voilà que je pense à lui et du coup tous les souvenirs de notre première rencontre remontent à la surface.

J’espère ne plus le recroiser de ma vie, cette sale vipère. Ah non mais sérieux quoi ! Frénétiquement, je maudis intérieurement l’homme alors que je suis en train de finir une couture sur le costume d’un type. Je ne parle pas, je ne le regarde pas, je me contente d’effectuer mon travail et d’empocher l’argent par la suite. Ça ne prend jamais plus d’une heure de faire ça, mais j’aimerais bien qu’ils arrêtent de m’appeler, surtout comme ça en pleine journée alors que je pourrais faire autre chose. Ça s’est bien goupillé qu’Hayato soit venu à la maison pour récupérer ses dernières affaires ; j’en ai profité pour lui laisser le petit. Je savais que je n’en aurais pas pour longtemps. Ces types sont parfois à l’affût des belles femmes comme moi alors pour couper net, je dis que j’ai une famille. Ils le remarquent de toute manière quand ils voient l’alliance que je porte à l’annulaire gauche. Ça les calme tout de suite, même si bien entendu, techniquement, je ne suis plus mariée mais veuve. C’est une certaine protection que de la porter ici, même si chaque fois, cela blesse mon cœur au plus profond.

« Bon, je compte sur vous Y-san pour garder votre costume intact le plus longtemps possible. Passez la prochaine fois à la boutique s’il-vous-plait au lieu de m’appeler directement. »

Tout le monde sait que je suis une Fuma ici… Même si officiellement, je donne mon nom de jeune fille, il n’est malheureusement pas très difficile de trouver que j’ai changé de nom. Il suffit d’aller checker sur internet le nom de ma boutique, vous tombez sur pleins d’informations et surtout sur le nom de la propriétaire. J’avais mis Fuma car c’était mon nom de famille, certes parce que je me suis mariée mais c’est devenu mon nom de famille et je ne voulais pas spécialement le renier. Même si à priori, il n’apporte que du malheur sur son passage. J’aurais peut-être vraiment dû garder mon nom de jeune fille. Enfin après tout, le nom Fuma est plutôt commun dans cette partie du pays. Il faut vraiment effectuer des recherches approfondies pour tomber sur Magoichi et sur ce crétin de Shintaro. Je ne me suis jamais donc inquiétée en soit des possibles répercussions à porter ce nom.

Je sortis assez rapidement de chez ce gars, sans demander mon reste, après avoir eu mon dû. Mes talons claquaient le bitume alors que je retrouvais la pluie abondante et le ciel gris. Sous mon parapluie, j’avançais assez rapidement pour pouvoir rejoindre mon chauffeur qui devait m’attendre pas très loin. Je sortis mon téléphone pour appeler Hayato dans un premier temps, juste pour lui dire que je rentrais bientôt quand j’entendis des voitures klaxonner. Plus je m’avançais… LUI ! WAIT ?! A POIL !

« Euh Hayato, je coupe court, j’ai une urgence mais je ne serais normalement pas très longue. Je crois c’est l’heure du goûter, il y a des compotes et yaourts qui trainent. A tout à l’heure. »

Je coupais court la communication pour machinalement me mettre à courir vers l’homme. Putain c’est quoi ce bazar ? Il est à poil, il saigne et il est quasiment au milieu de la route. Non sans risque, je traversais pour pouvoir aller le récupérer. Il va certainement y avoir quelques rumeurs dans les journaux dans quelques jours… Pas possible autrement. Je ne suis pas la bonne samaritaine wesh ! Et surtout avec ce type. Pourtant, il fait de la peine comme ça… Il me rappelle vaguement son frère… Je repris rapidement mon téléphone pour pouvoir appeler mon chauffeur.

« Mika, viens me récupérer assez rapidement. Un type que je connais est blessé. On est au niveau du troisième feu sur la rue principale. Merci. »

Je tirais tant bien que mal l’homme pour que nous soyons hors de danger sur le trottoir. Faire vite, les voitures arrivent vite. Mec, tu pèses une tonne putain ; heureusement que les voitures se sont arrêtées mais c’était moins une quand même. Je prends un temps pour reprendre ma respiration et surtout calmer mon cœur qui a fait des bonds, tant j’ai cru qu’on allait nous percuter jusqu’au dernier moment. Le sang coule de sa tempe, je peux y avoir des marques sur son corps, des coups y ont été portés. Deux marques rouges en particulier attirent mon attention : sur ses poignets. Il a été attaché ? Dans quel pétrin ce gars s’est-il fourré pour se retrouver nu et surtout avec un tas d’ecchymoses sur le corps ? En attendant mon chauffeur, le soutenant au mieux en lui intimant de se tenir à moi, même s’il n’a pas l’air du tout dans un état que je qualifierais d’à peu près normal, j’enlevais mon foulard pour le mettre autour de sa taille comme je pus. Please, je déteste l’impudeur en public. Et puis merde, les regards se posent sur nous, ça ne me plait pas vraiment. Dégoûtée, je vais devoir faire un traitement spécial pour mon pull afin d’enlever le sang et la crasse qu’il est en train de me mettre dessus.

« Moi qui espérais ne jamais te revoir, c’est bien ma veine ! Tu foutais quoi dans ce quartier pour te retrouver dans cet état sérieux ? Aaaah je suis vraiment maudite. Je vais te ramener à la maison. »

Je vais espérer très fort qu’Hayato ne pose pas de question, qu’il parte et qu’il ne dise pas à Ryo que j’ai ramené un gars à moitié mort chez moi. Enfin, bien sûr, il n’est pas encore mort cela va de soi mais sait-on jamais la folie pourrait me prendre. J’aperçois enfin mon chauffeur qui s’arrête et viens m’aider à mettre l’homme dans la voiture. Tu vas me le payer Aliyah pour le sang séché qu’il va y avoir sur mes sièges. Gloups, désolée Mika, promis je laverais l’intérieur de ta voiture de fond en comble. Je suis aussi trempée que ce type à présent, le parapluie est passé aux oubliettes pour pouvoir le soutenir et le tirer du milieu de la route. Bon, nous sommes à l’abri à présent pour un peu de trajet. Je décidais de faire un premier état des lieux si je puis dire. Blessures apparentes avec ecchymoses sur le corps, les deux marques que j’avais vu. Il semble avoir été particulièrement touché au niveau du ventre… Je me risquais à toucher son front… Watcha il est brûlant !

« Hé ho… tu m’entends le roi des imbéciles ? Je n’ai rien pour te couvrir, je suppose que tu dois avoir froid ; Fujin est un peu loin désolée. Je ne te remercie pas ; à cause de toi, je suis certaine que je vais repasser dans les journaux d’ici quelques jours à cause de mon acte héroïque. »

Enfin loin… A 15 minutes de voiture environ. Je n’ai rien pris avec moi, pas de médicaments, rien du tout. En même temps, est-ce que je pouvais me douter un seul instant, que j’allais le croiser et dans une disposition pas tout à fait des plus regardables ? Absolument pas ! Pourquoi ma vie qui était plus ou moins tranquille jusqu’à maintenant a-t-elle encore pris une tournure des plus désespérantes ? Il va vraiment falloir que j’arrête de tomber sur des gens avec le nom de famille Fuma.

La route m’a semblé longue, vraiment très longue alors que je vérifiais de temps à autre si l’homme était toujours vivant. Son souffle me paraissait bien court, il a dû subir plusieurs coups au niveau du plexus solaire. Une fois arrivés, Mika m’aida à le soutenir jusqu’à la maison. Forcément, mon petit frère fut surpris et je lui demandais juste de ne pas parler, ne rien dire. Avec l’aide des deux hommes, j’installais Shintaro dans le canapé avant de congédier ce petit monde. Je mis Atsuo dans son parc afin d’avoir un œil sur lui avant d’aller dans la salle de bain chercher de quoi le soigner, plus des cachets pour la fièvre. Ah oui, avant ça… Je n’aime pas ce que je vais faire, j’ai gardé uniquement deux tenues appartenant à Magoichi mais il n’a rien à se mettre et j’aimerais éviter qu’il reste nu chez moi. Je pris dans notre penderie l’une des dernières choses qui me restaient de lui avant de redescendre pour les poser sur le canapé à côté. Je pris le plaid du canapé pour le poser sur lui, le jetant presque sur lui pour être tout à fait exacte. De quoi soigner sur la table, je finis par aller chercher un verre d’eau avant de revenir vers lui.

« De retour parmi nous ou pas ? T’as pas intérêt à bouger pendant que je soigne tes blessures. »

Lui qui ne voulait pas commettre la même erreur que son frère, à savoir venir dans cette maison. Ironie, c’est la maison que l’on a achetée avec Magoichi, après notre mariage.


Shintaro Fuma
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"Alors que l’éclat devient lumière,
La chute de l’Homme est encore longue."

Chaque jour, je regarde les hommes tomber.

Je contemple les fondations de leur vie rongée par la flamme de leur désir intérieur. Ils veulent être riches. Puissants. Reconnus et respectés. Mais, dans ma noble profession, la réalité est toute autre. Nous mourrons tous jeunes. Ils suivent les vestiges de leur folie, pas de leurs ambitions. En misant sur la fougue de leur jeunesse, je les regarde construire leur tour de Babel en nourrissant leurs espoirs d’atteindre rapidement les cieux.

Je les observe en train de façonner leur grandeur à l’aide de paille et de feu.

Puis, leurs pieds se retrouvent au bord d’un précipice. La gravité apparaît. Et le poids de leur corps accompagne cette danse. Ils sont ainsi propulsés dans le vide, accompagnant les cris déchirants de leurs proches. L’espoir se meurt alors que le vide abyssal s’agrandit. Je les retrouve avec une balle dans la tête. Des poids autour des pieds au milieu du lac de Tsukuhara. Des boyaux mis à nus avec un corps à moitié découpé à la hache.

La pluie me fouette le visage. La lumière des phares se met à tournoyer comme un phare au milieu d’une tempête.

Aujourd’hui, c’est à mon tour de tomber.
Et personne ne répond présent pour pleurer ma chute.


Soudain, une force adverse me tire en arrière en rendant ma démarche confuse. Je tente d’y résister sans comprendre d’où cela peut venir. Mais plus je tente d’avancer droit devant moi, plus cette énergie contredit chacun de mes pas en me tirant dans la direction opposée.

“Ken… Kenji … ?!”

Le regard complètement hébété, je parviens tout juste à regarder par-dessus mon épaule. Une infirmière d’une beauté surprenante s’avance sensuellement avant de se pencher vers moi en dévoilant un décolleté très peu subtile. Je peux entendre une voix chaleureuse m’envelopper dans la séduction. Elle m’annonce que je suis perdue. Que mes parents sont morts. Et que je suis abandonné dans la solitude. Encore une fois. Gardant péniblement mes yeux sur elle, j’acquiesce en silence, un sourire paisible enveloppant mon faciès. Elle me comprend. Elle représente la paix que je recherche depuis des années.

Je la reconnais. L’infirmière de l’hôpital à Okinawa.

D’un seul coup, la réalité m’envoie un nouvel uppercut en me poussant en avant. Allongé en ayant le nez coincé, je peux sentir une odeur forte de cuir et le réconfort d’un siège sous mes fesses. Le bruit d’une porte se referme derrière moi. Le vrombissement d’un moteur commence à rugir. Je tente de bouger, mais mon corps me paralyse sur le confort de ce sol matelassé. “Hé ho… tu m’entends le roi des imbéciles ?”. Cette voix … D’où vient-elle ? Je perçois péniblement le visage d’une femme et ses cheveux aussi rouge que le feu. Je ne comprends rien hormis cette intonation agressive qui me réveille légèrement de ma douloureuse somnolence. Sans y résister, mes yeux cernés se referment à nouveau. Mes pensées naviguent entre elles sur une mer tourmentée avant de chavirer dans un sommeil dénué de réconfort.

La pénombre tord le réel, se dévore et s'enfante elle-même. Les reliefs ont fondu. Je ne vois plus les rues, ni les maisons, ni les voitures arrêtées. Je me retrouve au centre d’un champ de fleurs noires, entouré d’une clairière de bois où s'étendent les miroirs d’un lac pétrifié fait d’encre et de jais. Les feuilles, dans les frondaisons torves, luisent comme des poignards dentelés taillés dans l'onyx le plus pur. Depuis les plus bas rameaux, des grappes rappelant du lierre ou du jasmin ouvrent leurs pétales d'obsidienne. Tout rayonne d'une splendeur bizarre, tout suinte un miracle subtil. Mais tout est mort, aussi. L'eau ne murmure pas, les étoiles ne brillent plus, les roses sont de pierre.

Et l’urne de Magoichi se dresse devant moi comme un rempart infranchissable.

Très calmement, avec la douceur de la pointe d’une plume étalant son encre sur le papier, mes lèvres bougent et un nouveau visage me répond à la place. Un visage chargé de menaces et de ressentiments. « De retour parmi nous ou pas ? T’as pas intérêt à bouger pendant que je soigne tes blessures. » En clignant des yeux à plusieurs reprises, je la vois enfin. Et je n’accepte pas cette évidence.

“V… Vous …!”

Aliyah Fuma. J’ai quitté une guerre pour en trouver une autre. C'est tout le génie de la descente aux enfers : peu importe le temps que tu passes à escalader cette putain de montagne aussi haute qu’un monolithe, tu peux retomber dans le gouffre à chaque instant. Il y a de cela quelques mois, nous nous sommes rencontrés avec hostilité avant de repartir en mauvais terme. Cette nouvelle rencontre sera peut-être la conclusion de ce vicieux cauchemar dans lequel je me suis pleinement engagé avec Kenji.

Mais la hargne qui se lit dans ses yeux prouve que le fond de cette voltige risque encore d’être brutal.

En inspirant longuement, la colère frappe à nouveau dans mon esprit. Je réunis l’ensemble de mes forces pour me relever dans le seul but de foutre le camp d’ici. Je devrais me sentir en sécurité. Mais je lui ai déjà répété cette remarque par le passé : elle est de mauvaise augure. Il n’est donc pas si indigne que de penser à fuir cet oiseau de malheur. Je me prépare à lui répondre avec la voix puissante de Shintaro Fuma, mais tout ce qui découle n’est qu’un flot de balbutiements aussi tonitruant qu’un soufflet dysfonctionnel …

“Pas q… question … Je … me sens très bi…ARRR…”

Encore raté. La douleur est intense. Les joues devenues rosées, le poids de mon corps m'intime fermement à retomber comme une masse sur le canapé, laissant le plaide se glisser en exposant encore mes attributs. D’une main tremblante, je parviens à l’attraper de justesse avant de remonter la couverture jusqu’à moi. En n’ayant manqué la mort de peu, je ne parviens pas à réaliser que ma nudité pose un réel problème. Ici, je ne suis plus en position de force malgré toute mon exaspération de la retrouver. Il semblerait que je me retrouve dans son domicile. Un salon propre. Des meubles bien rangés ainsi que des photos traînent ça-et-là. Mais le plus risible, c’est la prise de conscience de sa chaleureuse bienveillance ; elle a apporté des premiers soins et un verre d’eau. Tout le nécessaire pour gâter n’importe quel petit patient en difficulté. Même pour un être aussi détestable que moi. C’est alarmant. Ce constat me bouscule. Si elle me déteste, elle devrait m’achever. C’est ainsi que nous opérons, nous les Grandes Familles. Néanmoins, je peux décider de résister et d'attaquer dans le vent ou me laisser bercer par le courant qu'Aliyah m'offre avec une patience solide. Bien que la méfiance reste de mise, les traits de mon visage se font plus doux. Tout comme un prédateur blessé qui surveille en attendant de lécher ses plaies. Après un long soupir, j'abandonne. Un simple échange de regard me permet de lui avouer qu’elle a gagné à ce petit jeu.

“Ok, Fuma-san …”

Les poumons en feu, une quinte de toux s’empare de moi. Je plaque instinctivement le revers de ma main contre la bouche. Je me sens frigorifié et ridicule.

“... mais vous devriez quand même me coller une balle. Ca résoudrait beaucoup de choses.”

Mes vulnérabilités ne me permettent pas d’endosser le rôle de l’animal primitif que je suis naturellement. Tout en prenant goût à l’air que je respire, je l’observe d’un œil attentif en suivant le moindre de ses gestes. Aliyah Fuma, la pieuse, sauvant son beau-frère, un démon à abattre qu’elle déteste. On dirait le début d’une mauvaise blague. Tout en conservant le peu de dignité, je range les griffes en gardant les crocs dans ma gueule. De bon commandement, j’avale ce qu’elle me donne. Je me tiens immobile quand elle me l’ordonne. Je reste silencieux lorsque ses mains chaudes scrutent ma peau à la recherche de contusions, palpant mon dos orné d’un large tatouage d’un Koï écarlate encore menaçant.

Ses gestes sont sûrs. Méticuleux et à la limite de la douceur. Un sentiment éphémère et maternel.
Sans me l’avouer, je retrouve une habitude de l’enfance aux mains d’une infirmière du passé.


Malheureusement, le souvenir des coups de matraque électrique me font vibrer la tête et me rendent encore nerveux. Dans un grognement bref, il m’arrive de me contracter abruptement quand ses doigts effectuent une pression sur mes ecchymoses, bien que j’essaye de rester aussi immuable qu’une statue de pierre. J’essaye pourtant de ressasser le fil rouge de mon aventure récente avec cet abruti de Kenji Yumeda. Pendant qu’un bandage se noue autour de ma tête en enserrant ma tempe, je me permets de prendre la parole en la questionnant :

“Vous n’auriez pas vu … un autre homme … ? Jeune, beau gosse, narcissique comme pas deux … et probablement dans le même état que moi.”

Yumeda est une tête brûlée qui mérite un coup de coude dans les dents aussi. Mais je manque volontairement de partager cette remarque puérile. Son tempérament de feu va probablement le sauver. Je l’ai vu, lui et son visage rouge de colère, le menton relevé en vociférant à pleins poumons. Il faut bien plus que deux heures de torture pour abattre un homme de sa trempe. C’est ce qui le rend intéressant. C’est ce qui me pousse à conserver sa petite gueule dans un coin de ma tête ; tout comme moi, Kenji Yumeda est un lion en devenir.

“J’aimerai passer un coup de fil …”

Les dents serrées, je tente de me redresser de mon canapé en tirant la couverture vers moi. Plus le temps passe, plus les ressentiments que je garde envers elle changent sensiblement de partie. Je ne me sens absolument pas à l'aise ici.

“... s’il vous plaît.”


Ma floraison est faite de paille et de feu.


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ft. Shintaro

Il donne un nom, crie un nom je n’en sais rien mais toujours est-il que c’est le nom d’un homme il semblerait. Est-ce qu’il avait un collègue ou que sais-je avec qui il s’est retrouvé dans cette situation ? Le fait de me voir n’a pas l’air du tout de le ravir, ce que je peux comprendre en soit puisque moi non plus, je ne pensais pas le revoir un jour. Surtout après ce qu’il s’est passé lors de notre première rencontre. Je lève les yeux un instant quand il croit pouvoir se barrer comme ça et penser qu’il va bien, qu’il n’a pas besoin de mon aide. Et mon cul, c’est du pudding peut-être ? Je roule des yeux en secouant légèrement la tête. Cause toujours, tu n’es absolument pas en état d’aller où que ce soit…

Après un long échange de regards, finalement, il baisse la garde et me signifie que je peux enfin lui donner les premiers secours. Des têtus dans cette famille, incroyable. Enfin… Je lui offre un léger sourire doux avant de commencer mon œuvre. Je pourrais me montrer brutale, lui faire payer la rage que j’ai contre lui mais non. Je ne suis pas comme ça. Je peux être un dragon tout comme je peux être aussi douce qu’un agneau. Après tout, pour pouvoir coudre et confectionner, il faut savoir faire preuve de douceur quand on manie l’aiguille.

« Pourriez-vous arrêter de vouloir mourir à tout bout de champs s’il vous plait ? Est-ce un sport de vouloir mourir à tout prix ou bien ? »

Je dis cela mais malheureusement, je fais partie de cette famille et mon background familial fait aussi que j’ai quelques idées suicidaires qui me viennent de temps à autre comme ça. Les Fuma me collent à la peau bien plus que je ne veux le croire. Le vouvoiement est à nouveau de rigueur il semblerait, qu’il en soit ainsi.

« Très sincèrement, ça ne résoudrait rien de vous coller une balle entre les deux yeux. Absolument rien et surtout c’est une marque de faiblesse. Vous fuyez les problèmes en disant cela. »

Tout le monde le sait, on me l’a assez dit. Ça ne résout rien de vouloir se donner la mort ou de vouloir que quelqu’un vous la donne. Parce que même si on meurt, cela ne résout pas les problèmes que l’on a pu engorger. Quelqu’un d’autre ramassera les problèmes à notre place. Autant essayer de les résoudre soi-même non ? Je le vois trembler, je me doute qu’il est frigorifié et je dois avant tout panser ses blessures, ensuite il pourra aller prendre une douche s’il le veut. Moi-même, je commence à avoir froid étant trempée par la pluie mais je ne fis pas cas. Je ne dois juste pas tomber malade, c’est tout. Je lui tends ensuite le verre et le médicament pour la fièvre avant de prendre de quoi désinfecter ses plaies.

J’ai l’impression d’avoir fait cette chose des centaines de fois. Sûre de moi, mes gestes sont doux et méticuleux. Je tâte et presse certains points pour voir où il y a de potentielles contusions sur les ecchymoses, si elles sont profondes et m’appliquent à soigner ce que je peux soigner. M’arrêtant chaque fois que son corps se contracte subitement. Je me doute que ça doit le faire souffrir ; je pense que pour sa santé, il devrait rester au lit quelques temps. Juste pour que ses blessures puissent avoir le temps de guérir complètement. Je viens ensuite désinfecter sa tempe puis commençais à bander sa tête quand il me demanda si j’ai vu un autre type avec lui. Sa description me laisse perplexe et surtout, je n’ai vu que lui. Mais cela confirme tout autant qu’il était avec quelqu’un ; donc pas seul.

« Je suis désolée, je n’ai vu personne avec vous. Vous étiez en train de marcher au milieu de la route tout nu quand je vous ai aperçue, et une voiture a failli vous percuter. J’espère que le gars en question s’en est tiré… »

Les yakuzas ne sont pas des rigolos, que ce soit entre eux ou avec les types de Sanda. Beaucoup de rumeurs circulent en ce moment. Je reprends ma tête de concentrée pour terminer cette sale besogne que de donner les premiers secours à quelqu’un. Je n’ai pas eu à faire de points, ce qui en soit est un miracle. La carpe Koï que j’ai vu sur son dos… je ne connais pas assez bien le milieu mafia pour savoir à quelle famille il appartient mais j’aimerais bien savoir du coup. Sait-on jamais si je peux arriver à négocier ma protection par ce type. Je pourrais toujours leur dire que je connais quelques gars de ce milieu et que ponctuellement je leur fais des retouches costumes. Peut-être qu’ils ne seraient pas contre de me laisse vivre tranquille tout en m’assurant une certaine protection si l’on venait à vouloir s’en prendre à ma famille ? Je pense avoir terminé, me relevant ainsi avant de mettre dans un sac plastique ce que j’ai utilisé pour le soigner. Hum, passer un coup de fil ? Oui d’accord… Je me demande bien à qui. Cela me fait penser que je devrais appeler mon chef pour qu’il vienne cuisiner un truc. Je le ferais bien moi-même mais vu… mes pauvres talents qui ne se sont toujours pas améliorés, je vais cramer le truc et je ne veux pas l’empoisonner. Ce serait ultra con que je l’empoisonne alors que déjà, il voulait que je lui mette une balle entre les deux yeux non.

« Oui pas de problème, j’appelle juste mon chef pour qu’il vienne faire à manger et je vous passe mon téléphone. Si vous avez besoin de vous doucher et vous changer, vous pouvez utiliser la salle de bain. J’ai… mis à votre disposition des vêtements à côté de vous sur le canapé. Ils ne sont pas blancs comme ceux que vous portiez la première fois que l’on s’est rencontrés, j’espère cependant que ça ira. »

Il me semble que cet homme est légèrement plus grand que Magoichi mais peut-être je peux me tromper. J’ai l’impression depuis ce temps de commencer à oublier à quoi il ressemblait, sa taille et d’autres détails. Ses costumes étaient tous sombres comparés au blanc immaculé que Shintaro portait lors de notre première rencontre. Enfin, est-ce qu’il voudra les porter ? J’ai du mal à savoir ce qu’il pense réellement. Il a dit aimer son frère mais il semble avoir beaucoup de ressentiment en même temps. Je ne sais pas trop sur quel pied danser et je vois bien qu’il est très mal à l’aise. Moi-même, je ne suis pas spécialement à mon aise d’être dans la même pièce que lui mais bon. Je pris mon téléphone puis appelais mon chef, lui demandant s’il pouvait passer. Après tout, il va bientôt être l’heure du repas. Je ne sais pas ce que cet homme aime manger, je vais supposer qu’il a à peu près les mêmes goûts que son frère puisqu’il a l’air de se prendre pour lui dans sa façon de parler notamment. Une fois l’appel fini, je passais mon téléphone à Shintaro avant de venir prendre le petit dans mes bras.

« Sentez-vous libre de faire comme chez vous… Si vous me cherchez, je serais dans la chambre de mon fils, à l’étage. La salle de bain, c’est la première porte sur votre gauche quand vous montez les escaliers. »

Comble de l’ironie puisqu’effectivement, la salle de bain est à l’étage aussi. Je montais en premier avec Atsuo dans les bras qui semblait regarder l’homme avant de lui faire un coucou des mains. C’est dans la chambre de mon fils que j’ai mis mon panneau de « détective » comme ça je pouvais toujours avoir un œil sur lui. J’enlevais le rideau posé dessus avant de regarder à nouveau les informations trouvées. Je peux en ajouter une autre : Shintaro Fuma, yakuza. Je dois juste savoir de quelle famille il vient pour compléter ça. Si je veux pouvoir mettre ma vengeance à exécution, il me faut absolument la protection du clan de Shintaro. Quoi de plus exaltant une petite guerre de vengeance entre des Yakuzas dont le code d’honneur est la famille et leurs ennemis ? Je sais très bien que les triades chinoises n’aiment absolument pas les Yakuzas. Différents régimes, différents concepts. Je n’aurais pas besoin de me salir les mains, quelqu’un fera le sale boulot à ma place.

J’en oublie presque je suis moi aussi un peu trempée et que je ne peux pour l’instant pas aller dans la salle de bain pour me doucher et me changer. Il risque d’y avoir un mauvais timing s’il décide d’utiliser la salle de bain. Enfin, le temps que les médicaments fassent leur effet, je devrais peut-être avoir le temps et en même temps… Hum que faire ? Je suppose que je vais juste attendre de voir si j’entends du bruit. En soit, je n’ai en plus pas très envie de laisser mon enfant seul avec lui. Il n’avait pas l’air d’apprécier l’enfant la première fois que l’on s’est rencontrés…

Shintaro Fuma
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"Alors que l’éclat devient lumière,
La chute de l’Homme est encore longue."

Aliyah envahit mon espace de sa présence, laissant ses doigts se délier, toucher et caresser une carcasse humaine déjà vieille de deux cents ans. La douceur qu’elle exprime à chaque attention, grattant depuis le bout de ses ongles, s’exprime comme l’écoulement paisible d’un ruisseau. Tentant de ne pas grimacer sous la douleur, je la laisse soigner ce qui doit l’être sans daigner prononcer un seul mot. Je me contente de l’écouter, de m’instruire même, ses paroles venant d’un autre monde. Mais tout cela paraît si lointain que ses arguments sonnent irrémédiablement comme des mensonges. Pour combler le tout, mon frère semble avoir eu les mêmes propos lourdement dépressifs auprès d’Aliyah. Elle l’affirme et ne manque pas de souligner notre similarité. Encore.

Combien de fois, Aliyah…
Combien de fois en une seule vie ?
Magoichi est parti. Ressaisis-toi.


Avec une humeur massacrante, elle me demande si côtoyer la mort est un sport dans notre famille. Involontairement, un rictus amusé se dessine au bord de mes lèvres. Mais en plongeant mon regard dans ses prunelles marrons, mon premier sourire teinté de chaleur vient s’éteindre aussitôt par la réalité de la pensée.

Tandis que le monde s’étend dans la plus sinistre des cruautés, nous, les mafieux, sommes les amis de tout le monde. Nous sommes le confident de votre président pourtant si « infaillible » et du seigneur de guerre qui vient violer votre sœur avant de brûler votre empire. Nous venons briser l’équilibre de vos royaumes. Nous laissons les corps s’empiler sur les terres que vous estimez comme sacrées. Alors que nous nous pavanons comme des rois comme si notre sol était constellé de roses et d’améthystes. Car bien plus que votre paix, ce sont votre richesse que nous récoltons dans l’ombre. Le pouvoir que nous extirpons au-delà de votre sang et de votre boue. Votre avenir est dicté par notre lendemain : un jour, vous prenez votre déjeuner avant d’embrasser votre fils sur le front. Et quelques heures après, votre corps se retrouve enseveli dans un fossé goudronné au milieu d’un chantier. Vous n’êtes que des pions. Vous êtes tous dispensables. Vous êtes cette amante qui écarte ses cuisses afin que chacun d’entre nous puisse assouvir nos besoins primitifs en espérant atteindre notre grandeur. Et une fois que le mal a été opéré, les doutes sont semés dans notre tête comme des graines de la plus haute discorde. Nous ne sommes jamais satisfaits, ni heureux. Nous ne savons pas chérir ce que nous avons gagné. Nous nous sentons reclus, incompris à notre tour. Nous n’existons pas. Nous n’avons pas notre place ici. Abandonné et dépossédé, malgré le fait que nous demeurons riches et entourés.

Magoichi, si ta femme vivrait un jour notre profession …
Penses-tu qu’elle survivrait mieux que nous ?


“Tcht …”

Plissant légèrement des yeux, je voudrais lui dire toutes ces choses. Mais à quoi bon ? Mes mots se perdent déjà au fond de ma gorge, mourant dans une longue agonie. Elle devra ainsi se contenter de mon aussi beau qu’un pneu crevé. Une brève pause avant de crisser des dents lorsqu’elle ose éructer une nouvelle provocation en pointant mes faiblesses comme si je n’étais qu’un jeune prolétaire d’une espèce inférieure. “Je fuis les problèmes”, selon ses dires. A nouveau, je garde le silence en encaissant ses mots durs. Après tout, il est toujours mal avisé de contrarier la personne qui s’occupe de vos blessures. Même si la remarque en question m’empoisonne autant qu’une blessure gangrénée.

Mon mutisme s’étend toujours jusqu’à arriver à la survie de Kenji. Si elle n’a rien vu, il doit encore fuir quelque part, par exemple dans une poissonnerie en cachant son sexe avec une pièce de thon rouge. Cela signifie aussi que j’aurais encore la chance de recroiser sa gueule d’ange et de l’écouter se plaindre avec la même détonation tragique qu’une bombe dans un temple religieux. Alors que ma belle-soeur entretient ma tempe avec toute la patience du monde, je lui rétorque ceci d’une voix posée :

“Il s’en est tiré. Il parle tellement qu’aucune divinité ne voudrait l’accueillir dans leur Nirvana. Il est donc increvable.”

En répondant par l'affirmative, Aliyah se présente comme une hôtesse de choix en m’ouvrant les portes de son petit paradis. En jetant un œil sur le costume présenté, je devine instinctivement le défunt propriétaire de ce bout de tissu. Lentement, pendant que ma nouvelle belle-sœur récite un monologue de bienvenu qui défie toutes les lois de la politesse, ma main vient effleurer la surface de la veste en ressentant les mailles. Cela ressemble … Oui, j’en suis presque sûr. De la laine d’Oberon et de l’Argon comme polyester… Sérieusement ?

Tu es un amateur, Magoichi.
Je commence à avoir pitié envers tes ennemis qui ont accordé un dernier regard sur un aussi piètre costume avant de crever.


Un homme de si peu de goût. Et pourtant je ne bluffe pas. Du Sabbatini aurait mieux convenu, enfin ! Et là, juste un seul bouton doré alors que le niveau minimal pour un sex appeal bien assumé, c’est deux boutons ! Il aurait au moins pu se pencher sur du fleural pour développer une certaine audace professionnelle au lieu d’apparaître aux yeux du monde avec ce torchon si… noir, classique et dénué de classe. Le parfait petit uniforme d’un ange exterminateur. Pour la discrétion, autant s’habiller en lingerie dans une église. C’est désespérant. Magoichi, si tu m’entends, présente-toi devant ton Dieu avec de la soie, du velours et du panache. Et une bonne blanchisserie qui accepte de faire disparaître les tâches “difficiles”.

Et pourquoi je me raconte ça, moi ?

Etant manifestement incapable de suivre le fil de la discussion après m’être mangé plusieurs coups de matraque dans la poire, la femme aux cheveux auburn me tire encore de mes rêveries en tendant l’objet de ma convoitise la plus urgente. La main tendue, je réceptionne le téléphone avant de la suivre des yeux lorsqu’elle m’annonce prendre congé. Mon visage s’incline légèrement afin de la remercier de ce geste très apprécié. Avant de la voir disparaître par le recoin du couloir, son nom s’échappe de ma bouche :

“Fuma-san …”

Ma bouche reste entrouverte avant de se refermer comme un temple scellé pour l’éternité. Ma peau frissonne. Ma respiration reste suspendue. Et mon cœur n’est qu’une multitude de secousses perdues dans le silence. Je voudrais me lever à mon tour et la prendre dans mes bras. Caresser l'illusion d'avoir une vie aussi simple. “Merci de votre hospitalité. Du repas. Et aussi de m’avoir sauvé la peau” aurait suffit. Dans une autre vie, peut-être …

“J’admets que je suis beaucoup de choses. Un roi en devenir. Un dissident qui mérite de laver sa bouche. Un mal nécessaire embrassant son infamie à pleine bouche …”

Ma voix est chaude et affectueuse. Sereine et redoutable. L’œil perspicace, un sourire aussi carnassier qu’un requin affamé franchit mes lèvres.

“... mais je ne suis pas faible. ”

Il fallait bien que je crache ma rancune contre sa remarque impertinente. Magoichi Fuma n’aurait jamais accepté une réponse aussi indigne. Plus que tout, j’aspire à devenir un travailleur émérite qui souhaite récolter le fruit de son succès à la sueur de son front. Si les gens meurent autour de moi, est-ce donc réellement ma faute ? Absolument pas. D’un regard distrait, je continue de l’observer jusqu’à voir la silhouette de son jeune corps disparaître derrière le coin du mur. En poussant un nouveau soupir, mes yeux décident de scruter soigneusement les alentours en découvrant ce vaste salon pour la première fois. En entourant la couverture autour de la taille, je me relève avec une difficulté mesurée. Mes jambes fléchissent sur le côté avant de supporter mon corps à nouveau. Mon esprit se fige et reste suspendu dans le vide. Le sentiment de vertige s’amenuise. Et je reprends enfin pied dans la réalité.

Je suis toujours en vie.

Le téléphone à la main, je me déplace jusqu’à une baie vitrée où s’étend derrière un majestueux jardin nippon décoré de verdures et de plantes dont les noms latins semblent trop compliqués à retenir. En ouvrant la porte d’un geste bref, je me glisse à l’extérieur en subissant les morsures tempétueuses de la nuit. La température chute immédiatement, laissant le vent ébouriffer mes cheveux sales retenus par le bandage déjà tâché d’un point rouge translucide. La porte se referme derrière moi afin de m’assurer que ma prochaine conversation soit des plus intimes.

“Shintaro.”

Le téléphone près de l’oreille, mes yeux aussi intenses que des rubis s’ouvrent à nouveau.

“Oyabun.”

“Des problèmes ?”

Mon dos nu vient rencontrer la surface du mur avant de rétorquer mielleusement.

“Tout se passe à merveille ici. Kobe est une jolie ville prospère. Très accueillante.

Bien que les médicaments me tapent sur le système, la douleur agit comme un puissant stimulant, asséchant ma gorge. Je garde l’impression d’haleter de plaisir comme un adolescent pendant sa première fellation chaude et juteuse.

“Des nouvelles de nos "amis" du Sanda ?”

“Certains ont perdu la langue en voulant graver la mienne…”

Mes épaules retombent, mon corps se détend en un seul coup. Le diable est sorti de mon refuge. Ici, il n’y a plus d’hostilité. Seulement une alerte qui est sur le point d’être signalée.

“ Oyabun. Inazami n’est plus autant stable qu’autrefois. L’autorité du patriarche semble se dégrader à mesure que nos hommes meurent. La loyauté est distante. Une guerre ouverte se prépare ici.”

Quatre hommes en capuche m’ont débusqué après deux mois. J’ai pensé que cela pouvait être n’importe qui. Des membres du Sanda, par exemple. Mais avec du recul, ils n’ont pas recherché à me tuer, juste à me punir avec une violence inouïe. Possiblement une famille adverse…

“Je vois … J’espérais ne pas arriver à une situation comme celle-ci.”

… Mais si c’était réellement le cas, battre à mort l’Atisuto de Kyoto aurait été une opportunité en or. Finalement, les hypothèses planent comme des balles de Loto en gravité avant de tirer le numéro gagnant. Les cagoules. Ils n’ont pas voulu que je les reconnaisse. Ils doivent être dans un cercle très proche. Puis, l’évidence se matérialise comme un morceau de glace sous un soleil d’été. J’aurai dû voir venir le coup. Que se passe-t-il lorsqu’un lieutenant de l’étranger s’interpose dans un autre secteur en posant ses pompes sur la table ? Il se fait laminer par les siens. C’est une magnifique hypothèse à confirmer en arrachant quelques dents. Et Kenji, dans tout ça ? Pourquoi lui ?

“La famille compte beaucoup sur toi, Shintaro. Le temps nous est compté. Nous souhaitons garder la force et la prospérité de notre famille, ainsi que nos intérêts communs avec Kobe.”

Et voici un nouveau glaive qui se dresse au-dessus de ma tête, prêt à abattre son nouveau châtiment.

“Je comprends. L’ordre sera restauré. Que votre nuit soit douce.”

Le dos redressé et le visage paisible, je retire enfin le téléphone de mon oreille avant de l’éteindre. On me demande de purger une ville entière de sa malédiction. Je n’ai pas le temps de vivre, ni même de rêver ; je vais passer mon temps à regarder la stupidité des hommes à travers d’un viseur. Les parias du Sanda sont les prochains. Je dois avancer dans mon enquête et comprendre comment ces amateurs se multiplient entre eux comme des blattes trop grasses. Je compose un autre numéro afin d’atteindre Kenji. Trente secondes sonnent dans le vide. Le petit con ne répond pas… Tscht.

T’as vraiment intérêt à retomber sur tes pattes avant que je brise tes genoux …

Tout en regagnant le salon, je prends soin d’effacer l’historique du téléphone en un clic ou deux. En scrutant les environs, je commence à prendre mes aises dans le sanctuaire de la jeune veuve. Une grande télévision. Un jardin japonais derrière la large baie vitrée. Et le visage lisse des deux anciens amants sur la plupart des cadres. Je rencontre un Magoichi adulte, souriant comme si le monde lui appartenait, son bras entourant la taille de sa belle dulcinée aux cheveux de feu. Il ne ressemble pas au frère que je connais. Il paraît aussi sage qu’un gosse diabétique s’enfilant un bonbec caramélisé par le cul. Mais malgré tout cela, il y a bien une chose que je ne peux pas lui enlever …Sur chacune des photos, Magoichi et Aliyah sont profondément heureux. Leur regard. Leur sourire. Je devrais être serein. Applaudir face à la lumière de tout cet amour. Mais je n’y arrive pas.

Magoichi a volé mon rêve.
C’est à mon tour de lui voler le sien.
Et ma renommée sera supérieure à tout ce qu’il aurait espéré obtenir.


La salle de bain. Un havre de paix florissant dans la propreté et la méditation. Sans attendre, je laisse retomber la couverture à mes pieds avant de déposer le pantalon et la chemise de Magoichi sur un meuble boisé. Au contact de l’eau chaude, le temps se suspend à nouveau au bruit de l’eau. Mon esprit se tait. Mon visage semble se lisser. Et la voix de mon Sensei recommence à résonner comme le son d’un carillon dysfonctionnel.

“La famille compte beaucoup sur toi, Shintaro.”

Mon coeur se resserre. Mon estomac se tord douloureusement. Je repense à ma belle-sœur qui doit se trouver dans une chambre voisine. Je m’attarde sur ses formes féminines. Je veux goûter ses lèvres. Planter mes dents sur ses pommettes. Dévorer ses seins. Violer son cadavre. M’évader à ses côtés. Blasphémer. Jouir avec elle. Mais en fin de compte, c’est la peur qui me propulse dans une tornade chaotique où l’hérésie monstrueuse est considérée comme la seule norme éthique et vivable. On a voulu atteindre à ma vie. Ma belle-sœur se bat pour garder mon âme dans ma carcasse de chair. L’Oyabun me demande des comptes.

Malgré le torrent de violence qui déborde dans mon esprit, mes mains recommencent à trembler dans l’eau. Le visage dénué de toute émotion, je viens observer les croûtes ouvertes de mes jointures en formant un poing solide.

D’accord, vieux con. Tu as manifestement besoin d’un verre.
Et d’une sieste de 14 heures.



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ft. Shintaro

Shintaro me raconta finalement que l’autre type avait dû s’en tirer et qu’à priori il était du genre à parler beaucoup. Un style de casse-pieds donc en plus d’être increvable. Cela me fit légèrement pouffer de rire en essayant d’imaginer le genre de personne que peut-être ce Kenji. Mais je n’oublie pas que je côtoie des yakuzas et que je dois faire attention à comment je me comporte. Après ces soins de manière avisée, consciencieuse et douce, après lui avoir prêté mon téléphone, alors que je m’apprêtais à monter avec mon garçon dans les bras, il m’interpella. De notre nom de famille.

« Aliyah. Pas Fuma-san… »

Rétorquais-je assez rapidement, sa phrase restant en suspens ainsi pendant de longues secondes. La litanie reprend son droit, le laissant conter qu’il est beaucoup de choses dont un roi en devenir, un mal qui doit embrasser son infamie… Mais qu’il n’est pas faible. Ah je vois que ma remarque l’a piqué au vif. Je voulais une réaction, voilà la réaction mais pas celle que j’attendais réellement en fait. Un roi en devenir ? Pff. J’aimerais bien voir ça tient. S’il devient un roi, devrais-je devenir sa reine ? Ah je raconte n’importe quoi. Comme si de toute manière, je pouvais réellement renverser la tendance pour avoir le dessus et gagner la partie. Dois-je encore me battre pour que l’on me respecte et que l’on me montre un semblant d’intérêt sincère ?

« Si donc vous voulez devenir le roi, ferez-vous de moi votre reine ? »

Je ne suis pas un pion dans la balance ; je peux être aussi redoutable que n’importe quel yakuza parce que je joue déjà dans la cour des grands. Je ne remercie pas mon époux pour m’avoir entrainé dans ce jeu mortel et dangereux. Ne nous excitons pas pour l’instant ; il va me prendre pour une folle et il aurait tout à fait raison. Je finis par le laisser pour faire mes petites affaires. Voyons l’échiquier d’un peu plus près. Ah je sais qui pourrait me renseigner sur ce tatouage de carpe. Je vais attendre que Shintaro ait fini de passer son appel pour pouvoir récupérer mon téléphone et appeler ce très cher Tom. Je vais encore avoir besoin de ses services. Je doute que l’homme me donne la réponse si je lui pose directement la question. Il va certainement se douter de quelque chose ; enfin, si l’envie lui prenait de venir voir ce tableau, il comprendrait tout de suite ce que je suis en train de préparer. Mais peut-être une chance pour moi : il ne m’arrêtera sans doute pas. Je demanderais bien à Tom qui est ce Kenji car je pourrais toujours me servir de lui si ça ne marche pas avec Shintaro mais… il semblerait que ce prénom soit un peu trop commun aux Yakuzas donc je ne suis pas certaine qu’il puisse m’aider.

A moins qu’avec les informations que je vais bien pouvoir récolter, Tom puisse faire un lien mais ça reste à voir. Il y a trop de choses que j’ignore sur les mafias. Je n’ose pas non plus poser de questions à mes clients, ni à Seijuro, de peur de les voir arriver à ma porte et qu’ils veulent me tuer parce que j’en sais un peu trop sur eux. La discrétion à tout prix, ça je sais faire alors je vais éviter de griller toutes les cartouches que j’ai encore dans ma main. Shintaro ne se doute pas à quel point je peux être redoutable. Je le serais sans doute moins si je n’avais pas cette précieuse mine d’informations comme meilleur ami. Quand j’entends les pas dans les escaliers et la porte d’à côté se refermer, je sais que je peux aller chercher mon téléphone pour pouvoir appeler Tom. Espérons qu’il décroche assez rapidement. Je sais que je ne devrais pas faire ça mais je ne peux pas reculer ; je ne peux plus reculer. Je suis sans doute déjà allée trop loin.

Mon chef cuisinier arriva au moment où je descendais avec le petit pour prendre mon téléphone ; très bien. Je peux le lui confier un instant ; juste de visu le temps de passer mon coup de fil. Ce que je veux manger ? Ce qu’aime mon invité plutôt… Je n’en sais rien, on ne se connait pas donc je ne sais absolument pas ce qu’il aime manger. Cependant, j’ai cru remarquer lors de notre première rencontre qu’il aimait les choses raffinées. Son costume était créé à partir d’un tissu de qualité de ce que j’ai pu voir ; je suppose qu’il doit avoir des goûts de luxe. Je peux toujours demander au chef qu’il prépare un plat typique du genre Gyûdon et un plat un peu plus luxueux. J’ai assez de choses dans les placards et dans le frigo pour cuisiner quelque chose de sympa alors comme toujours, comme bon lui semble mais obligatoire le gyûdon. J’ai besoin de réconfort après cette journée de merde. Je sortis dans le petit jardin, m’allumant une cigarette avant d’appeler Tom. Il finit par répondre au bout de la quatrième sonnerie. Gars… me fais pas attendre s’il-te-plait, je n’ai pas que ça à faire.

« Aliyah… Tu sais que tu pourrais arrêter de m’appeler le soir ? Je bosse… »

« Désolé my tomodachi. J’ai besoin d’un renseignement. »

« C’est quand que tu me paies au fait ? On est ami et je suis ton informateur okay mais ça se paie quand même. J’attends toujours que tu me paies une place dans le chic restaurant Ça Sento ; et je veux le menu le plus cher, je te préviens. Et qu’on se fasse un yakiniku de bœuf de Kobe. »

« Raah je sais… J’ai juste besoin de savoir quelle famille de Yakuza a le signe de la carpe. On peut se faire ça la semaine prochaine ? »

« Pourquoi faire ? Arrête tes recherches, c’est vraiment dangereux là. Et j’ai un gros travail que je dois boucler donc pas dispo. »

« Je n’ai pas peur. Bon tu me dis c’est quelle famille s’il te plait ? Aussi, tu n’as qu’à te dégager de la disponibilité hein. »

« Ne me la fais pas à l’envers Aliyah, je sais très bien que tu flippes. Ça dépasse complètement tes connaissances sur le sujet et surtout ça va te retomber dessus à un moment donné. Arrête tes recherches s’il te plait. Mais puisque tu insistes tant, la carpe c’est la famille du Yamaguchi. Ils se font tatouer entre autres une carpe dans le dos. As-tu croisé un yakuza avec ce tatouage c’est ça ? Cause toujours le dragon qui travaille plus que de raison. »

« C’est une longue histoire, je ne peux pas t’en dire plus mais merci. »

« Aliyah… Ne me mens pas bordel. C’est au sujet des recherches que j’ai fait sur la famille de Magoichi, c’est ça ? C’est son frère, c’est ça ? Putain, dans quel pétrin tu es allée te fourrer ?! Ils ne rigolent pas les mecs du Yamaguchi, ne fais pas la conne Aliyah. Ça ne rime à rien tes recherches et tu le sais. Je t’en supplie abandonne la partie, ce n’est pas de ton ressort. »

« Ciao, je dois y aller, Atsuo pleure. »

« AL… »

Coupé net dans son élan. Comme si je pouvais réellement abandonner alors que je suis sans doute à deux doigts de pouvoir renverser cette fameuse partie et négocier en plus de ma protection par ce clan, ma vengeance personnelle. Ma cigarette enfin consumée, je finis par rentrer, éternuant au passage. Merde, il faut vraiment que je me change. J’ai cru devenir un glaçon dehors, le temps a drôlement changé et le froid a vite commencé à s’installer sur la durée. Shintaro n’est pas encore redescendu, bon tant pis, je vais me risquer à au moins aller chercher une serviette pour essuyer mes cheveux et trouver de quoi me changer dans ma chambre à défaut de pouvoir tout de suite prendre une douche. Je toquais rapidement à la porte avant d’entrer ; la porte n’était pas fermée à clé, une chance pour moi, même si je n’ai pas très envie de le déranger. Être mal à l’aise dans sa propre maison, le comble.

« JE… passe vite fait pour prendre une serviette… »

Ma voix se veut plus tremblante que je ne l’aurais souhaité pour une obscure raison. Est-ce parce que je sais à présent qu’il fait partie du Yamaguchi ? J’aurais peut-être dû ne pas appeler Tom… Je ne sais pas, je ne sais plus. Nerveuse, je parcourais rapidement la pièce pour récupérer une serviette dans un placard avant de retourner vers la porte.

« Le dîner sera servi dans une vingtaine de minutes environ. J’ai whisky, saké ou bière si jamais… »

Était-ce bien utile que je lui notifie que j’ai plusieurs types d’alcool alors qu’il l’aurait vu de lui-même, une fois revenu en bas ? Je divague complètement ! Je sortis et refermais la porte de la salle de bain avant d’aller me changer dans ma chambre. Des frissons parcoururent mon échine alors que je revois dans la glace les douloureuses stigmates de mon passé ainsi que les plus récentes qui ont été cachées par ce tatouage de roses entre mes deux omoplates. Mon cœur fait des bonds, il faut que je me calme. Tous les types du Yamaguchi ne sont pas tous des salauds pas vrai ? Shintaro est un membre de ma famille à présent, même si je ne le veux pas, il ne va rien faire pour me mettre en danger n’est-ce pas ? Je tente de me réconforter comme je peux et finis par me changer arborant un simple t-shirt avec un pantalon de jogging. Les cheveux attachés une fois plus ou moins séchés à l’aide de la serviette. Je n’ai rien à cacher, ici je suis chez moi malgré tout. Les marques sur mes bras ; les scarifications de l’enfance principalement et celles dont j’ai nié l’existence après que Magoichi soit décédé.

Comment faire pour ne plus penser à lui quand tout me rappelle justement lui, jusque dans son frère ici présent ? La pire et si douce des tortures, un délice à mon âme alors que mon cerveau et mon corps hurlent que je dois le laisser partir une bonne fois pour toutes et considérer Shintaro comme juste Shintaro Fuma, mon beau-frère. Un être à part entière qui ressemble à lui-même et pas une pâle copie de son défunt frère. Chassant ces idées au plus loin possibles, j’en profitais pour faire manger Atsuo en priant le dieu du sommeil de l’aider à s’endormir rapidement avant de voir arriver la silhouette de l’homme. Décidément, ce costume est un peu petit pour lui… Hum… et en même temps, je n’ai rien d’autre à lui refiler.

« Ha… Je me disais bien que vous étiez plus grand que lui. Navrée de ne pas avoir autre chose pour vous permettre de vous sentir plus à l’aise. »

C’est quoi ce changement soudain d’attitude ? Aliyah, ça ne te ressemble pas. Trop gentille, faire des manières, être respectueuse de la sorte. Tu lui aurais juste dis désolée, c’est tout ce que j’ai en affaires d’homme chez moi. Un truc du genre et tu aurais rigolé. Mais là non. Rigide, presque trop rigide. Il va sans doute comprendre que tu sais quelque chose, s’il n’a pas déjà découvert le tableau. Je ne tenais pas spécialement à le lui cacher mais finalement savoir de quelle famille il vient, change complètement la donne.

« Je ne savais pas vos goûts culinaires, donc j’ai demandé à mon chef qu’il cuisine un plat traditionnel japonais et un plat plus sophistiqué… Vous aimez les écrevisses ? »

Est-ce que ça fait pompeux de présenter ça comme ça ? Tu es ridicule Aliyah. Et je meurs d’envie de lui poser des questions mais je n’ose pas. Pourquoi ? Après tout, j’ai toujours été franche avec les gens, m’asseyant sur leur amitié quand ils n’en étaient pas dignes, pourquoi est-ce que ce serait différent ? Pourquoi est-ce que j’ai si peur ? Est-ce que j’ai eu la même réaction quand j’ai appris que Magoichi avait servi dans les triades chinoises ? Je ne m’en rappelle plus.

« Vous pouvez commencer sans moi, je n’en ai pas pour longtemps normalement. »

M’enfiler la bouteille de saké ce soir ne serait sans doute pas très sage et en même temps très réconfortant pour fuir les quelques problèmes que je viens d’engendrer toute seule. Je pris Atsuo dans mes bras, qui commençait déjà à chouiner parce que fatigué ; un coucou de sa petite main à son oncle et je partis le coucher. Ma voix s’éleva à l’étage dans un chant pour pouvoir endormir mon fils. Il semblerait qu’il aime déjà la musique, ce qui est plutôt chouette. Une mélancolie qui m’envahit comme presque toujours lorsque je chante. La voix s’éteignant quelques minutes plus tard pour laisser place au calme, redescendant à tâtons avec le babyphone. Je finis par m’installer en face de Shintaro après avoir pris de quoi boire. Premier verre cul sec, suivi d’un second avant de le regarder plus intensément.

« Vous n’allez pas me tuer parce que je sais de quelle famille vous venez ? Les types du Yamaguchi ne sont pas tous des cons n’est-ce pas ? Pouvez-vous m’apporter une certaine protection contre les types qui en voudrait à mon fils et moi, parce qu’à présent, je vous ai rencontré et que j’ai mis les pieds dans la sulfateuse ? »

Les questions sortent et fusent comme un torrent qu’on ne pourrait plus arrêter et qui cracherait tout son soul dans une rivière un peu trop calme. J’en oublierais presque mon cuisinier mais ça devrait aller ; il sait ce que c’est la discrétion depuis le temps qu’il me fait à manger. Je suspecte même qu’il ait un lien avec la mafia mais je ne peux pas vérifier mes dires.

Shintaro Fuma
Yakuza
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Shintaro Fuma

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"Alors que l’éclat devient lumière,
La chute de l’Homme est encore longue."

Le passé est un trou béant.

Tapis dans les ténèbres silencieuses, je cours à toutes jambes à l’intérieur de cet espace violé, la mâchoire de mes souvenirs claquant à l’arrière de mes pieds. Ils veulent que je tombe. Que je revienne parmi eux. La bouche béante s’étend en une vaste ouverture morcelée de dents, ses bords baillant si proches de mes talons. Elle frôle mon ombre sans jamais m’atteindre, ralentissant lorsque je perds mon souffle. Je fuis une chasse qui m’appartient, mais que je ne désire pas. Combien de fois ai-je essayé de recoller les morceaux ? Combien de temps un homme peut-il brûler avant qu’il ne se transforme en cendres ? De toutes mes années perdues, de toute la douleur qu’il a fallu pour m’amener à cet instant chez Aliyah Fuma : je ne sais même plus qui je suis.

La température brûlante de la douche me propulse dans un état méditatif. Ici, je devrais enfin pouvoir respirer. Me réveiller de mes lubies en faisant taire mes plaies ouvertes. Être loin de tout, tout en restant à l'affût de nouveaux problèmes à venir. D’un geste machinal, un savon parfumé à la lime se glisse sur ma peau en éveillant mes sens. Mon corps transpire sous l’eau avant d’être immédiatement lavé de toutes mes impuretés. Cela me fait du bien.

Mais la paix ne vient toujours pas.

Sans me retourner, le doux grincement de la porte s’éveille avec la voix tremblotante d’Aliyah, ses syllabes accompagnant le bruit monotone de la douche. Je lui expose mon dos sans me rendre compte immédiatement qu’elle est témoin de ma nudité. Elle semble rechercher quelque chose de précis. Une lueur de vie apparaît au fond de mes prunelles lorsqu’elle éveille un autre moyen de me détruire la santé : saké, bière ou whisky. Maladroitement, mes lèvres glissent et se précipitent avant la fin de ses explications.

“Whisky.”

Une réponse un peu trop expéditive. Mais elle est comme cette séraphine descendue du ciel pour m’apporter la robe ambrée d’un noble nectar. L'esprit malade et le cœur rempli d’espoir, je vois déjà les premières gouttes de ce précieux breuvage retomber dans un verre vide qui me serait destiné. Un remède pour faire taire mes pensées. C’est tout ce que je souhaite en ce moment, et Aliyah a visé juste. Mes neurones se connectent entre elles et m’invitent à la remercier. Ma bouche s’ouvre, mais aucun son n’en ressort. Il n’a fallu que d’une mesure silencieuse pour que l’évidence se matérialise sous les néons de la salle de bain. Je comprends mieux pourquoi je ne la supporte pas. Pourquoi je suis si en colère depuis mon réveil. L’appartement d’Aliyah me rend malade. Les pièces sont illuminées de sa chaleur. L’amour serpente le long des bordures de chaque mur. Je m’y sens bien. Trop bien. Avec tout mon encombrement et ma confusion, c'est un monument à ma faiblesse. Sa maison si propre et rangée alors que je transpire la mort est un portrait de mon indécision. Une épave de ce qui n'a jamais vraiment été. Je suis brisé. Creux. Une coquille vide ne peut pas vivre éternellement. Elle ne peut pas vivre du tout. Elle ne peut qu'être.

Et pourtant, dans un monde où les traîtres conspirent contre moi,
Aliyah est peut-être tout ce qu’il me reste de vrai.


"Un whisky, s’il vous p …"

Mais en jetant un œil par-dessus mon épaule, la maîtresse des lieux est déjà partie, ignorant ma correction et la bienveillance qui l’accompagne. En un simple coup de vent, son départ a été aussi précipité que sa venue. J’ai l’impression d’être une prostituée dans une église, ici. Un étranger sale dans une demeure trop accueillante. Soupirant de plus bel, il est temps de s’activer. En un seul geste, l’eau se coupe et cesse de m’envahir de son confort rassurant. En agrippant mes longs cheveux d’un noir ébène, je ne manque pas de les essorer avant de suivre le rythme paisible d’une préparation vestimentaire. Il n’a fallu que quelques minutes pour laisser ma peau se cacher à l’intérieur des vêtements de Magoichi. Le cliquetis de la ceinture en cuir résonne dans la pièce. La chemise étant collée sur moi comme une deuxième peau. La veste de costume recouvre délicieusement mes épaules. Bien que mon apparence soit délicieuse, je n’ose pas respirer à plein poumons. Un bouton risque de voler dans l'œil de quelqu’un. Et puisque je suis reconnu par ma chance, je serais encore capable de tuer quelqu’un avec ce mauvais coup du sort.

Changement de pièce, et une nouvelle rencontre avec la dame de la maison. A l’image d’un caméléon, Aliyah a également décidé de changer de couleur pour s’adapter à son environnement en jouant à la perfection son rôle maternel. Alors que mon regard se glisse sur elle, elle se montre dans une image plus décontractée en dévoilant ce qu’elle souhaite montrer. Lorsque son bras se tend pour amener la dernière cuillerée à son enfant, les blessures à l’avant de ses bras se dévoilent comme des anciens vestiges. Mais je ne rebondis pas là-dessus. Son histoire lui appartient après tout. Avec la finesse d’un invité royal, je tire une chaise en arrière avant de m’asseoir à table.

“Ce n’est rien. J’apprécie les plats sophistiqués.”

Mais aussitôt qu’elle me présente un menu enchanteur, je l’observe partir comme une fuite maladroite. Mon regard se croise avec celui de l’enfant. Mon neveu parvient à balbutier un langage manquant de clarté afin que je lui réponde avec un sourire. Et bien ce petit garnement a réussi son coup. Mes lèvres s’étirent avec douceur. Un léger clin d'œil lui est même partagé. Puis, je reviens à ma position initiale en croisant les mains au-dessus de la table, ne quittant pas des yeux le cuisinier des lieux. Après l’ombre d’un instant, Aliyah réapparaît dans mon champ de vision, les yeux à la fois inquiets et prêts à la confrontation. Elle s'assit sans ménagement avant d’engloutir son premier verre. Puis, un flot de paroles continue se déverse sans ménagement. Sans préliminaires aucunes. Détendu, je lui donne le droit d’extérioriser ses vives émotions. Après tout, elle vient de me ramasser dans la rue en me tirant des pattes de l’après-vie. Mais un détail me pousse dans une vigilance extrême … Elle a appris à une vitesse ahurissante dans quelle famille j’appartiens ? Même la police mettrait plusieurs jours à clarifier cette question. D’où peut-elle tirer cette conclusion le même jour ? Elle a un dossier sur moi ? Est-elle vraiment une civile innocente ?

Son boulet de canon me fait encore vibrer.
Elle vient tout juste de m’impressionner. En très mal.


Le manque de confiance est donc notre apéritif. Pour digérer au mieux ce premier plat, je laisse dix secondes s’écouler dans un mutisme profond. Puis, vingt secondes. Après une minute très intense où nos yeux brûlent avec la même incandescence d’un village en flammes, ma voix s’élève avec une douceur très inquiétante :

“Je suis un artiste. Un homme sensible à ses rêves. Rien d’autre.”

Une demi-vérité, quand même. Il est important de rester prudent en tout temps et de réfléchir à chacune de mes réponses. Je ne tiens pas à supprimer définitivement une veuve et son jeune garçon aujourd’hui. Dû moins, pas après une douche.

“Dans mon métier, j’ai appris que les rêves ont la mauvaise habitude de mal tourner quand vous ne les regardez pas.”

Elle s’affole et demande fermement une protection comme si elle était victime d’une conspiration secrète. De quoi a-t-elle peur ? Qu’est-ce qu’elle me chie encore ?

“N’abandonnez pas vos rêves en essayant d’enquêter à mon sujet. Je ne suis personne dans votre vie.”

“Je ne souhaite pas effrayer l’enfant. Lui aussi dort en caressant ses rêves paisibles. Mais je vois neuf objets que je peux utiliser contre vous. Et contre votre cuisinier s’il veut bien arrêter de trembler des mains une minute, il va ruiner notre premier repas familial s’il ne baisse pas le feu.”

Le bruit de la poêle contre son espace de travail trahit sa maladresse. Peut-on lui faire confiance, lui aussi ? Bordel, je ne veux pas être amené à intimider à tout bout de champ, je n’ai pas de vacances à l’inverse des salariés habituels.

“Avant de poursuivre sur votre demande insensée, je vous le demande une seule fois : qui est votre contact ? Pour qui travaillez-vous exactement ?”

Le dos droit, je l’observe comme l’aurait fait une divinité envers son peuple malade.

Je ne sais pas parler aux vivants, c’est vrai.
Mais je connais intimement l’appétit de mes fantômes et des veufs qui existent encore à Kobe : ils ont soif de vengeance.



Ma floraison est faite de paille et de feu.


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Aliyah Fuma
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ft. Shintaro

Whisky et plats sophistiqués, je prends bonne note de cela. Mon agitation montre bien que quelque chose ne va pas et que ce quelque chose, du moins ce quelqu’un, c’est celui qui est en face de moi. L’entrée arrive et je n’attends qu’une seule chose : ses réponses. Le silence est long, bien trop long alors que j’ai du mal à avaler le contenu de mon assiette. Je n’ai pas très faim. Je ne sais pas si je peux réellement lui faire confiance mais s’il est de la même personnalité que Magoichi, inutile de lui cacher mes intentions. Je lui donne également, par mon attitude et mes questions, libre accès au doute quant à qui je suis en réalité. Je ne suis pas une simple civile innocente et j’ai entre guillemets de la chance d’avoir un réseau de contact divers et variés grâce à ma célébrité. Ça aide beaucoup pour pouvoir se renseigner à droite à gauche. Enfin, bien entendu, rien n’aurait été possible sans Tom et les mois de recherche qu’il a pris pour me trouver toutes les informations que j’avais besoin.

Un artiste… ? Un homme sensible à ses rêves ? Qu’est-ce que tu me chies ? Vas-y dis le que tu fais partie de la mafia bordel. Ah oui non j’oubliais, mon cuisinier est toujours dans le coin. Ne pas abandonner mes rêves ? Une partie de mes rêves a déjà été exaucée. L’autre partie… elle ne pourra sans doute jamais s’exaucer. Surtout si je dois plonger moi-même dans le crime pour pouvoir réaliser ce rêve. La vengeance est trop accrochée à mon corps pour que je n’arrive à faire comme si de rien n’était, comme si tout ça ne pouvait justement n’être qu’un rêve très lointain. Je suis trop rancunière sur les injustices pour laisser passer ça. Neuf objets qu’il pourrait utiliser contre moi ? Outre les couteaux, les quelques objets contendants qu’il peut se trouver dans la pièce, autour de nous… Ah les bouteilles aussi. Enfin, va-t-il vraiment me tuer mon enfant et moi, juste parce que j’ai été fouiller dans sa vie ? Vive la famille putain. Je sentis bien la peur chez mon cuisinier, en voyant qu’il n’avait pas baissé le feu et qu’il avait la main un peu trop tremblante sur la poêle. Je soupirais un instant avant de regarder à nouveau Shintaro, de façon intense. Il veut savoir qui est mon contact et vu le ton employé et son avertissement, il ne me le demandera pas deux fois. Je n’ai pas très envie de mourir ce soir et ce repas familial est en train de devenir une catastrophe plutôt qu’un bon moment.

Je pris de nouveau la bouteille de saké avant de m’enfiler deux autres verres avant de regarder en direction de mon cuisinier premièrement. Il arrêta le feu et comprit immédiatement que je le congédiais pour ce soir. Je trouverais une solution pour terminer de préparer ce repas ; je peux toujours demander à l’homme néfaste que j’ai en face de moi de finir de cuisiner en m’éloignant le plus possible pour qu’il ne me poignarde pas sur place avant l’heure.

« Merci chef, vous pouvez partir. Je dois parler seule à seule avec cet homme On terminera de cuisiner. »

Oui, j’ai décrété que ce serait « on » et pas moi ou lui seulement. Comme j’aurais pu m’en douter, il ne demanda pas son reste et parti simplement. Nous voilà à présent rien que tous les deux ; je me mets volontairement en défaut vis-à-vis de Shintaro. C’est un acte dangereux et en même temps, je lui montre que je ne veux pas divulguer mes secrets à n’importe qui.

« Je ne travaille pas pour la mafia, vous pouvez être rassuré sur ce point-là. Du moins, je ne fais que de la réparation de costume pour eux, rien de plus. Mon contact s’appelle Tomas Akiyama, un détective qui bosse avec les Yakuzas. Nous sommes amis depuis le lycée. »

Je me ressers une nouvelle fois, je vais terminer dans un état lamentable à force mais il aura toutes les réponses qu’il veut ainsi. Et peut-être ainsi il comprendra pourquoi je ne peux pas exaucer ce rêve de mes propres mains, pourquoi je n’arrive pas à mener ma vengeance à terme.

« Au fait, désolée mais maintenant que j’ai renvoyé mon cuisinier pour qu’on soit seuls afin de discuter, je ne peux pas terminer de vous cuisiner le repas puisque j’ai un don pour empoisonner les gens quand je cuisine. Ce serait quand même dommage que je vous empoisonne alors que je vous demande une certaine protection et que malgré tout, vous faites partie de ma famille et de ma vie à présent. Donc, si vous pouviez… finir de cuisiner s’il-vous-plait ? »

Du chantage de complaisance ? Absolument pas. L’alcool me fait me sentir un peu plus à l’aise même si je reste sur mes gardes et je prends mon air d’hautaine encore une fois en lui demandant cela avant de prendre un air plus sombre pour lui exposer la suite. Les mains entrelacées entre elles alors que mon regard le croise sans une ombre de sympathie.

« Après le décès de Magoichi, l’affaire a été classée très rapidement sans suite, sans enquête car les policiers ont conclu à un banal accident. Seulement, je ne pouvais pas y croire une seconde. J’ai donc demandé à mon ami d’enquêter. Mon époux était recherché par les triades chinoises pour trahison et à cause d’une putain de photo dans la presse, ils ont retrouvé sa trace assez rapidement. Nous avons reçu des lettres de menace, j’ai dû adapter mes déplacements également. J’ai été kidnappée par eux aussi à un moment. Bref, je me doutais que les triades chinoises étaient dans le coup avec cet accident. J’ai demandé à Tom qu’il enquête là-dessus, c’est comme ça qu’il a été mené à trouver des informations sur vous. Quand j’ai vu votre tatouage de carpe dans la salle de bain, j’ai compris que vous étiez relié au Yamaguchi. De fil en aiguille, au fil des recherches, j’ai commencé à recevoir des menaces de mort par lettre. Il a aussi trouvé que les types qui avaient commandité l’assassinat de Magoichi étaient à priori liés à des décès mystérieux chez des Yakuzas. Je veux coincer ces types, je veux qu’ils aillent brûler en enfer mais je ne peux pas mettre à terme ma vengeance parce que j’ai un enfant. Je suis dans le rétroviseur des Triades Chinoises à présent et principalement. Et certainement des Yakuzas aussi… Peut-être pour ça que j’ai un peu trop d’appels en ce moment pour de la retouche… »

Avoir à l’œil son ennemi et voir ce qu’il va faire, n’est-ce pas là le crédo de toute bonne organisation mafieuse ? Je n’en sais rien, il est vrai que ça dépasse mes connaissances sur le sujet. Seulement, je suis allée trop loin pour revenir en arrière. Je n’ai pas été victime d’une attaque, un coup monté que sais-je cette dernière année heureusement, mais ça pourrait sans doute arriver si je continue de m’aventurer là où je ne devrais pas. Je ne veux pas repenser à cette sombre période, à ce moment où ils m’ont kidnappé pour faire sortir Magoichi et tenter de le tuer à ce moment-là. Je ne sais par quel miracle on a pu s’en sortir tous les deux mais la chance ne s’est pas représentée deux fois. En tout cas pour lui…

« Vous comprenez maintenant pourquoi je ne peux pas poursuivre ce rêve, même si tout hurle en moi pour venger sa mort ? Enfin, voilà, vous savez tout. Satisfait ? »

Ma voix s’éteint progressivement alors que je repousse mon assiette à peine entamée. J’ai l’appétit complètement coupé et je ne sais pas ce qu’il va dire, comment il va réagir. Je ne le connais absolument pas ce type.

Shintaro Fuma
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Elle a besoin d’une thérapie.
Et moi d’une balle dans le crâne.

Je n’aurai jamais pensé qu’exister auprès d’Aliyah Fuma serait un véritable ascenseur émotionnel qui pourrait me donner des nausées. La cerner est aussi cinglant que de percer un mot de passe à 48 caractères. C’est d’ailleurs la conséquence de garder des secrets si profondément ; on rigole, on sympathise comme le plus beau des orateurs en parlant de la pluie et du beau temps avant de ne plus savoir plus sur quel pied danser. Je pensais qu’elle n’était qu’une veuve émotive et une mère qui faisait preuve de courage que de naïveté. En plus d’être déterminée en étant une véritable épine dans le pied, elle démontre une audace et une intelligence à toute épreuve. Nous nous positionnons chacun sur notre échiquier comme s’il n’y avait plus qu’un seul pion à jouer. Nous dansons amoureusement l’un contre l’autre avant de nous envoyer un coup de coude dans les dents. Lorsque je la regarde, mes pensées s’enveniment aussitôt. Et les siennes doivent aussi être contaminées. Il ne suffirait que l’un de nous cache un couteau sous la nappe de la table, tandis que l’autre se mette à glisser du cyanure dans le dessert de son prochain.

Quelle douce poésie.
Notre attachement pour la famille est inspirante.


Le cuisinier prend congé en suivant le message libérateur de la maîtresse des lieux, laissant place à nos orages hostiles détonner une nouvelle fois. A table, nous nous toisons d’un regard rempli de défi. Les mains croisées proche des couverts, j’attends des explications en marquant un sourcil interrogateur. Je lui fais comprendre par mon mutisme que je n’hésiterais pas à la brusquer en suivant l’envol de ma créativité. Lorsque mon ego frappe, j’ai la réputation d’agir comme un chien enragé sous stimulant.

Tomas Akiyama. Je possède désormais un nom et une fonction professionnelle. Aliyah me délivre un flot d’informations en gardant une notion sincère de sa transparence. Si l’alcool permet de lier beaucoup de langue, ses consommations lui permettent également de relâcher les maux de son coeur et toutes ses tripes malades sur la table. Elle ne paraît pas juste sincère. Elle s’expose corps et âme à ses confessions, les réponses s’accouplant entre elles comme de doux amants. L’hostilitalité diminue au fur et à mesure des minutes qui passent. Aliyah est une femme intelligente ; bien sûr qu’elle sait dans quoi je trempe. Mais le code véhiculé par ma famille ne peut en aucun cas confirmer ses dires sous peine de trahison. Tout comme Magoichi l’a fait avant moi, il ne nous est pas permis d’informer à nos proches la nature de notre rôle professionnel. Elle devra se contenter de ses croyances ou des miettes que je suis prêt à lui donner. Son coude devenant plus lourd à chaque consommation, elle devient tellement cynique qu’elle arrive à me faire sourire. Mais ses mots ne sont pas teintés d’humour. Non, elle porte cette acidité amère qui reste accrochée au palet. La culpabilité. Le danger. Des lettres de menace. Un kidnapping. Tout semble se tisser en un seul fil rouge cohérent, même si les seules preuves que je récolte se résument à un seul témoignage oral. Mais elle dit vrai. La stabilité des Yakuza n’est plus la même depuis des dizaines d’années. Entre la pression des autorités judiciaires, les parias du Sando et des déclarations de guerre, des trahisons ou des scissions… Les Yama’ ne sont désormais plus aussi puissants qu’ils étaient autrefois. D’ailleurs, je suis présent à Kobe pour cette raison : écraser des mâchoires avant qu’elle ne me morde dessus.

Le visage observant le plafond, je médite un instant. Sa situation est très délicate, pour ne pas dire noyée dans une fange entièrement noire. Elle ne serait pas une cible seulement pour une mafia étrangère, mais bien pour une autre famille locale située à proximité de son domicile. Un double couteau sous la gorge, en somme. Et le pire dans tout cela …

Elle m’a demandé de la garder en vie.

Coinçant le haut de mon nez entre les doigts, je fronce les sourcils en laissant sortir un soupir d’exaspération. Avec autant de menaces qui pèsent sur ses épaules frêles, il serait plus judicieux de la voir morte. Une balle directement dans son système nerveux n’est qu’un remède aussi puissant que soixante milligrammes de morphine. Comme un vieux chien blessé que l’on souhaiterait euthanasier pour de bon, le cœur déjà meurtri par le regret. C’est ce que ferait n’importe quel homme dans ma situation. Au Japon, il n’y pas de héros ; c’est chacun pour sa peau. Mais bien sûr que non, elle refuse de partir tranquillement. Elle revendique son droit de vivre comme les autres en foutant un coup de pied sur l’ensemble des systèmes qui maintiennent notre société en place. Pourquoi ne veut-elle simplement pas accepter son sort et me laisser tranquille ? Ne comprends-t-elle pas que si je lui vient en aide, je serai également une cible pour beaucoup ? Elle m’offre une condamnation à mort sur le plateau. Et contrairement à elle, je tiens à ma putain de vie. A ma vie et …

... à elle.

Le regard agressif, je me comble dans mon mutisme en ayant l’estomac noué. Mon cœur commence à s’emballer. Les poings serrés, je me retrouve en la compagnie d’une vieille amie qui est parvenue à polluer toute ma jeunesse : l’incertitude. D’où me vient cette pensée ? Pourquoi suis-je si sensible à elle tout d’un coup ? Qui m’a implanté ce putain de crédo en tête ? Aliyah n’est rien d’autre qu’une fine poussière à évacuer de mon existence. Mais en prenant le temps de l’écouter, de sentir toute sa douleur, je remarque un élément essentiel. Une pièce cruciale d’un puzzle trop sophistiqué.

Finalement, je n’arrête pas de blâmer la mort de Magoichi à celle qui a tout perdu.

Quelque part, Magoichi me regarde. Je sens le poids de son regard derrière ma nuque, les poils s’hérisser. Je me sens comme Icare qui sent ses ailes de cire brûler au souffle cramoisi du soleil. Et je tombe. Je tombe de très haut. La langue asséchée, mon visage commence à légèrement s’assombrir en grimaçant de douleur. Je la vois enfin ce qu’elle est réellement. Une femme délicieuse. Une mère aimante. Mais une victime avant tout. J’ai essayé de la bousculer loin de moi. De l’effrayer pour qu’elle s’en aille. Mais c’est elle qui me tétanise sur place. Nous sommes tous les deux dans une souffrance incommensurable, perdue dans la vallée d’une mort certaine. J’ai cru que sa faiblesse d’esprit avait tué mon frère. Et elle ne cesse de croire que je suis un animal sauvage et solitaire comme un portrait évident. A l’opposé de Magoichi, elle ne s’imagine pas à quel point mon corps abrite un volcan d’émotions que je m’efforce d’étouffer dans le berceau de mon inconscience. A l’intérieur de mes costumes imbibés de sang et de violence se terre une âme perdue.

Les yeux vitreux, je la vois repousser son assiette. Ses confessions contiennent un poison encore amer en bouche capable de tourner son estomac. Avec du recul, je commence à comprendre qu’elle n’a jamais été la fautive de cette escalade de merde et de pisse qui lui tombe dessus. Magoichi a amené le danger à l’intérieur de sa maison, fracassant toute source de paix et de sérénité. Ici, chez elle. Son lieu de refuge. Avec un enfant dans ses bras. Si elle ne peut manger à son appétit ici, elle ne le fera nulle part. Mes yeux parcourent les siens, plus hésitants sous l’effet de l’alcool. Que dois-je faire ? En pivotant mon visage sur le côté, j’examine le plan de travail par-dessus son épaule. Il semble qu’il reste encore certains ingrédients frais que je peux utiliser pour compléter notre premier repas familial.

Un complément capable de redonner de l’appétit et de la couleur.

Je retrouve ma respiration langoureuse. L’air me caresse de ses nombreux aller et venues. Comme si elle me remerciait de la rendre plus saine à chaque instant. Avec un tact calculé, je quitte mon siège en me tenant debout de l’autre côté de la table. Mon costume vient quitter mes épaules avant d’être déposé soigneusement sur le dossier de ma chaise. Puis, j’avance, mon verre de whisky à la main. J’avance en direction d’Aliyah. Un sentiment de béatitude vient m’accompagner alors que je circule sur toute la longueur de la table, mes doigts effleurant le bois encore frais de cette surface.

“Je vous crois …”

Je la dépasse ensuite en étant à deux doigts de l’effleurer. Rien ne se produit. Mes lèvres se frottent mutuellement entre elles sans relâcher un seul mot alors que mes pensées se remplissent de cette félicité spirituelle. Je m’arrête enfin devant une commode en granit avant de retrousser une nouvelle fois mes manches d’un geste presque théâtrale. Je pense arriver à lui préparer un encas si puissant qui permettra d’enterrer notre rancune.

“... et je garderai un oeil attentif sur votre famille. A une seule condition.”

Les mains habiles, je commence à cuisiner. Dépecer les crevettes. Les cuire à moyenne température dans leur jus. Et embrocher leur ventre comme l’a déjà fait ce bon vieux Vlad. La cuisine doit être une des rares activités qui me permet de respirer un peu et de retrouver un semblant d’humanisme.

“Ne partez pas seule dans une quête de vengeance. Vous détruirez absolument tout ce qui reste de nous. Et quant à mon frère, si vous l’avez réellement aimé, vous respecterez son vœu le plus cher: prospérer comme il n’a jamais eu la chance de le faire aussi longtemps que nous.”

Nous ne pouvons pas le faire revenir. Nous n’avons pas eu la chance de lui dire adieu. Mais nous pouvons essayer de nous réunir, même de nous aimer, comme il l’a fait pour chacun d’entre nous. Le couteau continue de mener son rituel en incisant plusieurs légumes de saison. Tout comme un crime, on agite aussi quelques couteaux et on pique la viande là où ça fait mal. Mais il est plus agréable de goûter un plat juteux dans la chaleur de son foyer plutôt que d’enterrer un corps dans le vent et la boue.

“Vous pensez que je renie Magoichi. Que je n’ai pas de coeur. Je ne veux pas me souvenir de lui. La vie continue. Si je pense à sa mort …”

Le verre de whisky à mes lèvres interrompt la suite de ma réponse. Il n’y a pas besoin de faire un dessin. Je ne supporterai plus qu’un Fuma soit tué de mon vivant.

“A l’aube de son quatorzième anniversaire, je l’ai attendu sur notre plage majestueuse à Okinawa. En ce temps-ci, il n’y avait pas de lamentations. Il n’y avait pas de douleur. Il n’y avait pas de sang. Tout n’était que joie et innocence. Nous avons joué toute la journée sur ce terrain de rêve, jonglant entre les jeux de balle et nos luttes habituelles, le sable blanc envahissant nos cheveux. Lorsque le soleil s’est couché, nous étions éreintés. Nous avons quitté la plage en parcourant ce petit chemin de pierre en nous tenant par la main. Je n’aimais pas la nuit. Mais il me disait d’une voix moqueur : “Shintaro, arrête d’avoir peur. Le monde n’est pas si effrayant que ça. Sauf le monstre qui se trouve sous ton lit”. Tsch … C’était un sombre crétin. Mais il avait tellement de lumière en lui … que tout devenait léger. Lorsque nous sommes rentrés à la maison, notre mère nous préparait toujours le repas. Pour la première fois, notre assiette était pleine, malgré les faibles revenus de nos parents. Je me souviendrais toujours avec quel plaisir il a englouti son bol. Ses yeux pétillaient. Il avalait avec appétit ses crevettes aux légumes. Il savait que nos ventres n’allait pas grogner pendant cette nuit, et cela lui suffisait à être heureux. Tout ce qu’il me reste de lui, c’est ceci.”

Réunissant mes deux mains, je transporte le bol jusqu’à sa table comme si elle était devenue mon guide spirituel. Une alimentation simple à base de céréales et de légumes crus, légèrement épicée. Une main douce, emplie d’une curieuse compassion, se glisse sur son épaule, alors que la salade d’Okinawa aux crevettes se présente sous son nez.

“Je te souhaite un bon appétit, Aliyah.”

Le repas préféré d’un jeune enfant d’Okinawa à l’âge de 14 ans.
Le dernier vestige d’un mari, d’un père et d’un frère décédé,

Magoichi Fuma.

Un repas pour traverser notre deuil.
Un repas pour guérir tous nos maux.
Et nous lier ensemble dans la paix.



Ma floraison est faite de paille et de feu.


Les ailes de cire [PV : Aliyah Fuma] 1668524338-fotoram-io
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