Il en faudrait plus, bien plus pour démonter son sourire; Kōta le sait, et pour être tout à fait honnête, n’est même pas certain de vouloir savoir ce qui se passerait si il y arrivait.

Ça ne valait pas la peine de renoncer à ces repas pour une seconde de satisfaction.

La migraine commence à le guetter, effets secondaires de l’imprévisibilité d’Ashton, pas aidé par ses intrusions subites dans son espace vital. Celle-ci manque de faire glisser la part de ses mains, lui tire un minuscule grognement étouffé par la pâte entre ses dents. Mais le pire, c’est que les idioties qui sortent de sa bouche continuent de se frayer un chemin à travers ses pensées, d’ouvrir des réflexions qu’il sait complètement futiles. Alors voilà le fin mot de l’histoire, l’amour n’est qu’une transaction parmi tant d'autres ? Alors tant mieux pour lui de ne s'y jamais être pris; il n’aimait pas dépendre des autres pour ce dont il avait besoin, comme le souligne si habilement le livreur en étalant la vérité à nu devant eux.
“J’comprend toujours pas ce que t’y gagnes.”
Heureusement, elle ne lui fait pas peur. Il la préfère ainsi, les pieds bien à terre, sincère et réaliste, sans toutes les fioritures qui gangrènent la moindre interaction dans cette société contrefaite. Alors il veut bien participer à cet exercice d’honnêteté, son pouce étant venu essuyer la sauce au coin de sa bouche restant entre ses dents même après fini de faire ses comptes. “Tout le temps. A peu près.” La réponse semble hyperbolique, mais ses yeux sombres ne rient pas. Ash l’irritait d’une façon toute particulière, tirait sur son impuissance, l’aidait à se relever avec la même main qui le pousserait, trouvait toujours un moyen de s’insinuer dans sa tête et de le forcer à rester dans ses filets, se foutait sans cesse de sa gueule avec son sourire narquois et après venait lui embrouiller la tête avec des questions comme celle-là. C’était épuisant.

“J’te déteste. J’crois.”
Ce doit être la nuit, la moiteur, la fatigue, la pizza, la compagnie, ce cocktail doux-amer d’irritation et de contentement qui le fait parler. Ou peut-être qu’il ne répugne paradoxalement plus autant à la compagnie du livreur. Ce ne serait pas la première fois qu'il n'arriverait pas à mettre le doigt sur la nature de ses sentiments.



HRP: Vous avez commandé de l'honnêteté ?