Il faut croire qu’on n’est jamais trop prudents avec ses affaires ; et encore plus quand il s’agit de sa boutique. Ce soir-là, j’eus un peu de mal à trouver le sommeil pour différentes raisons, dont mon fils qui ne semblait pas avoir envie de dormir et donc me laisser tranquille pour la fin de la soirée. Je n’ai jamais réellement arrêté la cigarette finalement et ce fut ce dernier moment qui m’aida à aller dormir. Je ne sais plus trop quelle heure il était quand mon téléphone a sonné. Je n’ai pas de contact avec l’imbécile de Shintaro donc ça ne peut pas être lui ; ni mes frères. Une seule possibilité : l’alarme de la boutique. Vu les tissus et accessoires de grandes qualité ainsi que les machines qu’il y a, il valait mieux que j’installe un système de vidéosurveillance. Dans le brouillard, je répondis mollement.

« Madame Fuma ? C’est la société de vidéosurveillance… Une personne s’est introduite dans votre boutique. Nous avons envoyé la police. »

« … Vous avez les vidéos je suppose ? … La police… Je peux m’en charger moi-même. »

« Oui, nous pouvons vous les envoyer s’il vous le voulez. Ah Madame Fuma… la police est là pour justement éviter que vous ne fassiez vous-même justice… »

« S’il-vous-plait. La police est là quand c’est quelque chose de suffisamment grave. Elle ne va pas se déplacer pour un simple vol. »

Il était quatre heures du matin. Se faire réveiller parce que quelqu’un est entré dans son gagne-pain, c’est la pire des angoisses, je peux l’assurer. Je n’ai jamais réussi à me rendormir et je ne pouvais pas me permettre d’y aller tout de suite. S’il n’y avait pas le petit, c’est clair que j’aurais déjà pris mes cliques et claques pour me rendre à la boutique et voir les dégâts potentiels. Je ne sais pas ce qui a été volé. Non parce qu’on ne s’introduit pas comme ça dans un commerce sans voler quelque chose. Ou alors, la personne voleuse présumée est juste un amateur. Enfin bref, je ne vais pas réveiller mon enfant juste pour faire taire mes angoisses. Il dort bien pour une fois, autant qu’il continue de dormir.

Ne pouvant donc finalement pas me rendormir, je me levais pour aller me prélasser dans un long bain avec une cigarette à la bouche. J’espère que ce ne sont pas les tenues auxquelles je pense… Je les ai bien cachés sous un drap pour qu’elles ne se voient pas trop de la vitrine mais ça peut aussi faire suspect et les voleurs sont assez friands de tout ce qui est suspect, il faut bien le dire. Deux robes d’une valeur de 150 000 Yens environ chacune (environ 1 100 euros) à cause du tissu ultra rare que j’ai réussi à dénicher pour ces personnes, de la broderie en or et des accessoires qui vont avec. Si ce sont ces deux robes qui ont été volées, je vais être très dégoûtée car ce sont des semaines de travail pour enfin arriver à satisfaire les deux actrices pour lesquelles j’ai confectionné et crée ce modèle.

Le petit a mis fin à ma rêverie et le bain froid dans lequel je poissais pendant des heures. 6 heures du matin. J’envoyais un message à mes employés pour les prévenir de l’intrusion cette nuit, de la boutique et que j’allais m’y rendre. Je leur donnais congé pour aujourd’hui. Je me doute qu’au moins une vitre ou que sais-je a été cassée. Ce fut ensuite à la police de m’appeler pour me prévenir qu’une vitre avait été brisée et qu’ils avaient condamné l’accès, le temps de leur enquête. Qu’ils enquêtent donc, une fois que j’aurais les vidéos, je vais retrouver moi-même le coupable. Mais déjà, je dois aller recenser l’inventaire de ce qui a été volé. Une fois le petit et moi-même préparés, bien qu’il soit encore tôt, je sortis de la maison pour me rendre à la boutique. Peu de monde du fait que l’on ne soit qu’aux premières lueurs du jour, tant mieux. Ça devrait éviter les paparazzis et autres fans un peu survoltés. Surtout que je n’ai pas mis de déguisement aujourd’hui. La fatigue m’a fait oublier.

Quelle galère putain… A peine arrivée, les banderoles de crime jaunes de la police en travers de la boutique avec un périmètre de sécurité… Les premiers badauds déjà là… ça me fume de voir ça ; allez combien on pari que dans quelques jours, je vais recevoir un tas d’appel pour une interview ? Ho gosh on s’est introduit dans la boutique d’Aliyah la célèbre chanteuse devenue styliste ! Comment va-t-elle, comment prend-elle le fait qu’on ait pillé son commerce ? Je vois bien des questions de ce genre. Je commence à bien les connaitre ces parasites. Je n’avais clairement pas besoin de ça en plus. En entrant, je n’ai pas besoin de faire le tour pour voir le bordel. Les deux mannequins portant ces deux robes spéciales ont été mis à terre et les tenues n’y sont plus… Calme Ali. Je fis un rapide tour pour voir si d’autres choses avaient été volées mais non. Juste ces deux tenues qui m’ont couté du temps et de l’argent en tissu. Je sens que quand je vais prévenir les deux actrices, ça ne va pas du tout bien se passer. Il ne manquait plus que ça tient. Je prévenais le policier de ce qui manquait avant de m’assoir un instant dans le canapé gris pour réfléchir. J’attends les vidéos à présent mais qui que ce soit, ma colère va lui retomber dessus et pas qu’un peu.

Et qui je ne vois pas débarquer une demi-heure plus tard ? Mes employés venus voir et constater le désastre. Heureusement que les machines ne sont pas facilement transportables mais ça me fait vraiment chier pour les deux tenues là.

« Ho Aliyah ! Aaaah non ce sont les deux tenues c’est ça ? Qui ont été volées ? »

« Oui… Je vais tuer le coupable si je le retrouve. »

« Tu préférerais qu’un de nous se charge d’appeler les deux actrices ? »

« Non, c’est bon, je vais le faire… C’est à moi de m’occuper de ce genre de problème. Je vais me faire tuer mais ce n’est pas grave. Rien que de devoir les appeler, ça me met la chair de poule. »

Des clientes difficiles, j’en ai quelques-unes mais elles ? Elles gagnent le podium dans toutes les catégories. Déjà, le contrat a failli être brisé parce que je ne trouvais pas le tissu qu’elles voulaient. Je l’ai trouvé in extremis et je l’ai payé une blinde. Pire qu’exigeantes donc on comprendra bien que je n’ai pas très envie de les appeler pour les prévenir du désastre en devenir. Je pense que je vais d’abord essayer de retrouver le coupable avant de les prévenir.

« Erika, rappelle-moi juste quand est-ce qu’elles étaient censées venir pour récupérer leurs tenues s’il te plait ? »

« Hum… malheureusement Aliyah, elles étaient censées venir demain. »

« Attends quoi sérieusement ?! Et merde ! On est carrément dans la merde si je ne retrouve pas bien vite ces deux tenues. »

« Écoute, je vais m’occuper d’appeler les deux femmes. Concentre-toi sur la recherche. Ce sera peut-être plus simple si nous faisons comme ça. »

Plus simple, j’espère juste pour elle et les autres qu’elle ne va pas se faire pourrir au téléphone mais bon. Je reçus enfin les vidéos par mail, ce à quoi je m’empressais de regarder alors que je rentrais chez moi. La colère m’envahit au fur et à mesure que je regardais la vidéo. Fumier, tu vas me le payer ! Maintenant, il ne me reste plus qu’à te retrouver. Je finis par appeler Tom, mon très cher ami détective véreux pour qu’il me retrouve fissa l’homme que je recherche. Cela ne lui pris finalement que deux heures pour arriver à retrouver la personne. Je demandais que mon frère Ryo ou sa femme puisse me garder Atsuo pendant que j’allais régler mes comptes avec ce type. Je finis par le retrouver dans une rue du quartier de Koyane grâce à la géolocalisation et les talents de Tom à retrouver n’importe qui.

« HÉ ! TOI LÀ DUCON ! RETOURNE-TOI ! Ça t’amuse de voler les honnêtes gens qui essaient de travailler et gagner leur vie ? »

Je suis dans une telle fureur que mes yeux voient rouges. Il ne va pas s’en tirer comme ça.

Ce que j’aime dans la technologie c’est qu’elle est ultra avancée et comment dire que sur ce coup-là, ça a bien aidé à retrouver le coupable. Utilisation d’une perruque certes mais il semblerait qu’il n’ait pas bien fait attention à tous ses cheveux. C’est vu et logique : avec une chevelure aussi longue, même en s’attachant les cheveux en chignon, de sorte à ne pas laisser de cheveux visibles, il est impossible d’ajuster parfaitement la perruque. Et grâce à la reconnaissance faciale, l’homme en question est sorti du fichier. Ah la technologie et les méthodes de recherche m’étonneront toujours. Et surtout, quand on a de l’argent, on peut se vanter d’avoir un système ultra perfectionné. Enfin, pleine de fureur, j’interpellais l’homme en question et je ne fus absolument pas ravie de sa réponse.

Provocation. Il ne me connait donc pas ? Je n’ai pourtant pas cherché à me déguiser aujourd’hui pour passer inaperçue. Il ne sait donc pas qu’il vient de dérober la grande Aliyah, chanteuse et styliste, connue et aimée du grand public japonais ? Il y a donc encore des ignares dans ce monde. Même en n’écoutant pas mes chansons, on peut savoir qui je suis, rien qu’en regardant certains panneaux publicitaires géants et en jetant un œil dans les magazines de mode. Enfin, après tout, pourquoi est-ce que je m’étonne ? C’est un homme. Les hommes ont tendance à ne pas regarder les magazines de mode, cela ne les intéresse pas. Qu’est-ce qu’il me prend à lui parler comme ça ? Il veut vraiment savoir ce qu’il me prend. Petit con va !

Comme si j’allais bouger tiens et essaie seulement de venir me frapper, tu vas avoir un revers au centuple. Ce n’est pas pour rien que je pratique la boxe depuis que je suis jeune. Hautain, je lui rendis son regard avec beaucoup de dédain.

« Ho je vois que l’on vole n’importe qui sans un minimum de renseignements. Eh bien dis donc, il semblerait que les voleurs soient de moins en moins fûtés… Si tu t’étais un minimum renseigné, tu saurais tout de suite qui je suis et combien je peux te faire payer cher pour cela. Très cher. »

Il veut peut-être une preuve fiable de ce que j’avance pour le désigner comme coupable direct. Ou je devrais lui donner quelques leçons sur les perruques et comment déjouer des caméras ultra perfectionnées s’il veut refaire un casse un jour. Ce serait une très mauvaise idée en soit, mais quelque part, je ne peux m’empêcher de vouloir lui faire la leçon à la manière d’Aliyah ; c’est-à-dire avec style.

« Ah oui, c’est bête hein mais figure toi que j’ai un système de télésurveillance ultra perfectionné. D’ailleurs, lorsque les types de la vidéosurveillance m’ont appelé, ils ont fait une reconnaissance faciale sur l’enregistrement et c’est ton visage qui est sorti. »

Je sais bien que tout ne peut pas se passer comme dans un film ou une série mais les installeurs de caméras vidéosurveillance le disent bien. Les voleurs dans la majorité des cas font du repérage avant de venir faire un casse. Après manque de pot pour lui, il ne pouvait pas savoir que j’avais ce genre de système assez performant. Depuis les lois anti-yakuzas, les technologies de surveillance et de détection de personnes se sont accentuées dans les rues et un peu partout. Quoi donc de plus normal que j’ai un système efficace pour protéger tout mon travail.

« Tu vas donc me rendre gentiment les robes que tu as volées hein et je devrais te trainer avec moi par la peau du cul pour aller présenter tes excuses aux deux actrices qui se voient privées de leurs tenues. »

Soi-disant en passant tenues qui ont été créées spécialement pour le Tokyo International Japanese Festival. Je garde mon air dédain tout du long, les bras croisés, perchées sur mes talons et je n’ai pas peur de le regarder droit dans les yeux. Un air menaçant planant dans mon regard.

Je le tue maintenant ou bien ? Ma patience a des limites et il est en train de les mettre clairement à l’épreuve là. Faire un test ADN ? Pour quoi faire, étant donné que la reconnaissance faciale l’a déjà identifié ? Je secouais la tête négativement, soupirant fortement devant cette forte tête qui ne voulait pas reconnaitre son crime une bonne fois pour toute. J’aimerais éviter de perdre mon temps ici, j’ai un enfant à présent et à cause de cet incident, je vais avoir de la paperasse à faire pour l’assurance et autre.

« Écoute, je n’ai pas mon temps à perdre. La reconnaissance faciale suffit à prouver l’innocence ou le coupable d’un crime. Pas besoin de preuve ADN. Tom ! Tu peux sortir, je sais que tu es dans le coin. »

Je me doutais bien que mon très cher ami voudrait venir voir les choses d’un peu plus près. Un jeune homme d’une trentaine d’années, cheveux noirs avec une petite barbe de trois jours, habillé… Oh tiens, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu habillé comme ça ! Jean noir troué avec bottines de rocker, t-shirt blanc asymétrique avec deux chaines autour du cou. Son style de rocker de notre temps quand nous étions jeunes.

« Eh bien dis donc… Ça faisait longtemps que je ne t’avais pas vu habillé comme ça. C’en est presque nostalgique. Enfin, peux-tu s’il te plait expliquer à notre très cher ami avant que je ne le bute pour de bon, comment tu l’as retrouvé et comment j’ai pu savoir qu’il était le coupable. »

M’aider à retrouver le coupable ? Inutile, je l’ai devant moi. Et il pouvait seulement essayer de se faire valoir avec ses quelques bracelets en argent, je n’en ai rien à foutre. Un vol reste un vol, un point c’est tout. D’habitude, je m’occupe seule de régler mes problèmes mais j’avoue que cette fois-ci, avoir un soutien n’est pas de trop. Peut-être qu’il va comprendre que je ne suis pas quelqu’un que l’on manipule comme ça.

« Tomas Sakiyama, police. »

Ah oui, j’avais oublié qu’il se faisait passer en public pour un policier, pour ne pas éveiller les soupçons sur son vrai travail. Même le changement de nom de famille pour tromper son nom j’adore. Il m’étonnera toujours ce type avec ses multiples facettes de détective véreux. Je sais très bien qu’il lui suffirait d’appeler ses copains d’Izanami et ils viendraient régler son compte au petit délinquant aux longs cheveux rouges en face de moi. Mais je sais très bien qu’il ne le fera pas car je suis dans le coin. Pour prouver sa « bonne foi », il s’approcha du jeune homme pour lui montrer une carte de policier.

« On peut parler maintenant. Quand mon amie ici présente a reçu l’appel qu’un vol avait été commis dans sa boutique, les types de la télésurveillance nous ont fait parvenir à mes collègues et moi les vidéos. Vous savez, la police a des outils ultra perfectionnés en cette période du XXIème siècle. Si nous vous avons retrouvé plutôt rapidement, c’est que vous aviez déjà dû affaire à la police à un moment donné de votre vie ? Ou bien dirais-je que j’ai eu de la chance de vous retrouver puisque votre téléphone a borné une fois près de la boutique et par la suite, dans cette rue. Rendez donc les robes à mon amie et partez sans faire d’histoires, ce sera plus simple pour tout le monde. Je vous conseille de coopérer rapidement… Cette meuf est capable de vous envoyer à l’hôpital dans un état plus que grave… »

Merci Tom, on dirait comme ça que je suis un monstre vu comment tu me dépeins mais en même temps, c’est en partie la vérité. Je regardais de nouveau le jeune homme pour voir s’il allait encore se la jouer plus malin que moi. J’ai beaucoup de contacts et ça aide beaucoup.

« Alors ? Tu me rends les robes ou bien faut que je te frappe jusqu’à ce que tu n’aies plus qu’une main pour manger ? Et tu vas venir t’excuser auprès des deux actrices aussi. Elles sont beaucoup plus terrifiantes que moi, je peux te le garantir. Tu croyais sincèrement que j’allais gentiment accepter un café et des piperades pour que tu essaies de gagner du temps ? »

Ne jamais contrarier une jeune maman très en colère qui n’a pas beaucoup dormi. La migraine commence en plus de ça à arriver et en attendant sa réponse, je tente de ne pas défaillir alors que le malaise est en train de se poindre. Ce n’est clairement pas le moment !

La seule chose que j’entendis avant de m’évanouir fut qu’il se rendait. Et bah voilà, ce n’était tout de même pas trop demandé ! Dire que j’ai perdu mon temps pour cela… Enfin, toujours est-il que Tom eut juste le temps de me rattraper pour que je ne me fasse pas mal avant d’atterrir dans les bras de ce jeune homme. Mon ami n’aima pas trop le ton que le délinquant employait avec lui, surtout quand il lui aboya dessus pour qu’il aille acheter des trucs sucrés. Tom secoua la tête avant de filer d’un pas presque nonchalant en direction du premier Konbini qu’il croiserait sur sa route. Il savait exactement ce qu’il me fallait en cas de malaise. Il prit des pains à la crème de melon et trouva des dangos (boulettes de riz gluant en brochettes) avec de la pâte d’haricot rouge puis un jus de fruit. Il revint ensuite vers le jeune homme et moi qui commençait tout doucement à émerger. A ce propos… Quand je commençais à émerger et que je vis de longs cheveux rouges pendre devant mon nez… Je poussais presque un cri avant de frapper l’homme au visage.

« NAN MAIS C’EST QUOI TON PROBLEME ?! »

Un homme que j’ai identifié comme coupable de vol, qui est là à prendre soin de moi ! Et Tom il est où ?! Je jette un coup d’œil sur ma gauche avant de le voir, s’accroupissant ensuite pour être à ma hauteur.

« Tiens… Mange. Ça fait combien de temps que tu ne te sens pas bien ? Et il a appelé ses copains ; ils vont ramener les robes. »

« Depuis ce matin… En même temps logique quand on se fait réveiller hyper tôt et qu’on doit en plus s’occuper de son enfant non ? »

« Ali, Ali, Ali… Il faut que tu prennes soin de toi aussi hein… »

Ouais, ouais cause toujours. Je n’ai pas le temps de prendre soin de ma santé. J’ai un bébé à charge, une boutique à faire tourner. Je récupérais ce qu’il avait acheté pour m’y enfiler comme une grosse goinfre. On dirait que ça fait deux jours que je n’ai pas mangé alors que cela ne fait que depuis hier soir mais bon. Et ce n’est pas le café que j’ai pris ce matin tôt qui m’a vraiment aidé. Tom se tourna vers le jeune homme.

« Bon, je me casse. J’ai fait mon job et tu as l’air d’un type qui prend soin des gens malgré le vol que t’as commis. Aliyah, va quand même faire un tour à l’hosto. T’as besoin de repos… »

Pff il m’énerve à voir mon état juste en un clin d’œil comme ça. Ce n’est pas un détective pour rien… et ce n’est pas mon meilleur ami non plus pour rien. Il me connaitrait presque plus que moi-même. Je m’assis en tailleur pour terminer de manger, la mine presque hautaine et finis par croiser les bras alors qu’il s’éloigna. Je tournais le regard vers le garçon aux cheveux rouges.

« Et donc du coup, c’est bon ? Tes complices, ils vont ramener les robes à la boutique ? »

J’envoyais un message rapide à Erika pour lui dire que les robes avaient été retrouvées. J’espère juste qu’elles sont en état et que ces types n’ont pas eu le temps de les mettre en lambeaux pour récupérer l’or. Déjà, ils n’ont clairement pas eu le temps de les revendre sur le marché, heureusement pour moi. Je voulus me relever mais la migraine m’en dissuada assez rapidement ; okay restons assise à terre pour le moment. Trop de stress en ce moment avec ces deux tenues très importantes ; je joue ma réputation à chaque fois que je crée une tenue pour une grande personnalité et puis à cause du petit, je ne passe de très bonnes nuits. Ah puis, il y a ce fantôme crétin de Shintaro Fuma qui revient chaque fois que je regarde une photo de mon époux... Tout m'épuise.

« T’as pas mieux à faire que de voler les gens ? Enfin… merci d’avoir reconnu ton crime et de me rendre les robes. »

Quand je vis les robes arriver, je poussais un grand soupir de soulagement avant de me mettre à pleurer comme une conne devant un inconnu. C’est bon, on ne va pas se faire pourrir par les deux actrices, heureusement. Je pris les deux robes d’un coup de main, me décalant du jeune homme avant de me mettre à les regarder soigneusement. Pas de dommages en vue, mon cœur se remet à battre d’une façon normale et ma tension reprend du poil de la bête. Mon métier peut être très stressant, surtout quand je dois livrer les tenues. Il y a toujours un petit pourcentage de mécontentement, d’imprévus, même si j’ai tout fait avant avec les retouches, les rendez-vous etc, pour pouvoir diminuer ce pourcentage de mécontentement.

Tandis que je plie soigneusement les tenues, le jeune homme me fait part d’une confidence sur sa vie. Une vie pas facile ou normale ? Oui et alors ? Moi aussi, je n’ai jamais eu une vie facile ou normale et pourtant, je ne suis pas tombée dans la délinquance. Pour moi, c’est une excuse. Avec un peu de volonté, on peut arriver à en faire des choses. Je fronce légèrement les sourcils en le regardant.

« La vie n’a jamais été facile pour personne. Pourtant, certains ont choisi de ne pas sombrer et au contraire tout faire pour s’en sortir. C’est nous qui choisissons ce qui est normal ou non. »

Je ne vais pas me transformer en psy pour la journée, c’est bon, je n’ai pas que ça à faire. Et je ne suis pas mère Theresa non plus ; pas moi qui vais lui trouver un boulot normal et légal. J’ai déjà l’impression de perdre mon temps et je n’en ai pas à perdre, vu que l’heure tourne et que les deux actrices, sans doute folles de rage doivent être sur le chemin de la boutique pour demander des comptes. Enfin, je ne doute tout de même pas qu’Erika les ait prévenues mais quand même. Ça ne va pas passer crème… Mal en point ? Aller à l’hôpital ? Comme si j’avais sérieusement le temps ! Je finis par me relever doucement tout en portant les deux robes pour ne pas les froisser et les salir. Je regardais à nouveau le jeune homme avant de lui tourner le dos.

« Merci mais non merci, je vais très bien. Il me fallait juste retrouver mon travail. »

C’est toute ma vie malgré tout, alors oui je peux me mettre dans des états pas possibles pour cela. Oui, j’ai un petit garçon de 22 mois, ce n’est pas facile tous les jours alors bien sûr que ça ne peut pas tout le temps aller ! Personne ne peut comprendre.

« Je n’ai malheureusement plus de temps à t’accorder, je dois retourner rapidement à la boutique. Mes clientes doivent déjà être arrivées. Un dernier conseil : tu devrais te trouver un vrai boulot. »

Me mettant en marche et appelant mon chauffeur pour qu’il vienne me récupérer. Je n’aime pas du tout trainer dans ce quartier. Vaut mieux que j’en parte rapidement.