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Shintaro Fuma
Yakuza
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Citation : "Ma plus grande joie a été de comprendre que Dieu pouvait lui aussi saigner."
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Shintaro Fuma

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« Je me tiens à la porte et je frappe.
Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui.
Je mangerai avec lui, et lui avec moi. Mon estomac sera rassasié.
Mais le sien sera envahi par les vers et les mouches trop grasses, car ses os rongés se trouveront dans mon plat. »

Depuis la nuit des temps, depuis que nos ancêtres ont découvert le pouvoir de tuer avec de simples cailloux, le sang a été versé au nom de Dieu, de la justice, d’une idéologie ou de la folie meurtrière. Un vin rouge reconverti comme le nectar divin, abreuvant les lèvres crevassées des mafiosos et des parias les plus infectes de Kobe. L’essence d’une frénésie animale, la saveur de la bestialité capable de convertir un saint en un vulgaire monstre. Le fruit écarlate d’une œuvre intime, la satisfaction d’être la cause d’une déchirure physique et d’une rupture de l’esprit. Le sang amène toutes ces choses. Il est bénéfique pour beaucoup. Il est une véritable révélation pour moi.

Quelque part proche du lac Senjoji


Six degrés Celcius.

La température idéale pour camoufler les odeurs pénibles de notre corps, dont la pisse, les larmes et la sueur. Je me retrouve au centre de ces parfums concentrés, bien à l'abri dans un camion frigorifique portant le sigle des meilleurs poissons du marché de Kobe. A l’intérieur du conteneur se trouve une décoration atypique faite de bâches épaisses et plastifiées, ainsi que de multiples sapins odorants suspendus au plafond. Et au centre de cette curieuse scène se dresse l’un de mes hommes entièrement nu, vacillant à même le sol en paressant devant les frontières d'une mort sinistre. Je pose mes yeux sur mon homme de main. Au bord de l’épuisement, je peux entendre son cœur palpiter avec frénésie alors que le corps et l'esprit se rencontrent dans la fièvre et la douleur.

Il recherche à embrasser la mort, mais il ne la trouve pas.
Car la mort fuit loin de lui.

Aussitôt, trois de mes hommes recommencent à l’encercler avec lenteur avant de le battre violemment. Les coups de poings et de pieds s’accumulent et le pauvre homme gesticule en hurlant  avec grossièreté, ses mains recherchant vainement à se protéger avant de s’écrouler à nouveau par terre au bord de l’inconscience.

“Ca suffit.”

Un ordre est prononcé par ma voix suave. Aussi légère qu’une caresse dans le vent. L’ombre de mes hommes disparaît aussitôt, laissant le jeune infortuné dans la solitude de ses nombreuses souffrances. La punition n’aura duré que quelques longues secondes.

“F…Fuma-San… Je… je vous jure que …”

Ses lèvres teintées d’une écume sanguinolente, je le regarde tressaillir devant moi en balbutiant des propos incompréhensibles. Il perçoit la peur que j’aspire comme une ombre dans les bois, une créature tapie dans les tréfonds de la nuit. Une créature enracinée sur son trône qui l’observe de son regard jaune et malade, sa langue s’étirant et claquant tel un fouet à l’intérieur de sa bouche. Un monstre qui lui rappelle que le danger peut vivre au-travers de sa seule présence, enfouie dans un vide ténébreux là où il ne peut le percevoir. Et pourtant, en demeurant assis sur le siège de son destin, j’attends avec patience en lui prêtant une oreille attentive à chacun de ses dires. Je l’invite à exprimer ce qu’il a aperçu, senti, entendu. A me donner une réponse claire à la question suivante :

“Où se trouve ma cargaison de médicaments ?”

Même si je commence à prendre mon pied en l’admirant se contorsionner autant qu’un agneau devant les crochets de l’abattoir, sa voix comblée de maladresse recommence à couiner avant de s’éteindre immédiatement :

« Il … »

Un « Il » a été prononcé. Un homme, donc. Malin. Viscéral. Mais plus que cela, un parasite en liberté qui se déplace à l’abri de mon autorité. Mot après mot, des réponses peu convaincantes se glissent en-dehors de ses lèvres affaiblies.

« Il … Il … »

Plissant des yeux, mon impatience me ronge l’esprit comme une nuée de mouches copulant au-dessus de ma tête. Il gagne du temps pour réfléchir. Je me relève aussitôt en m'emparant d’un marteau de chantier avant de frapper violemment son épaule. La clavicule cède dans un craquement sinistre. Un deuxième coup est porté juste pour le plaisir sadique.

“AAARAARGHHH !!”
“Aaawouuuuhhh !! AWOUHOUHOUUUU ! C’est comme ça qu’on hurle ! Au plus profond de ton diaphragme, mon chéri !”

En accompagnant le chant de ses souffrances, je m'époumone à mon tour en imitant le cri d’un loup, poussant ma voix au-delà de ses retranchements jusqu’à la faire craqueler. Ma voix continue de scander un chant traditionnel japonais alors que mes hommes se regardent entre eux, décidément interloqués par ma nouvelle prose :

“Sakura sakuraaaaa, noyama mo sato moooo … Mi-watasu kagiri, kasumi ka kumo kaaaa !”

Alors que je le vois vaciller entre la vie et la mort, je viens mordre affectueusement ma lèvre en étant le témoin de cette scène perverse, suivant insensiblement du regard les mouvements meurtriers du maillet sur tout ce que je peux atteindre.

“L’HOMME  … LE J… JETON D… ORE …! ”

Ma main retient soudainement son élan. Une réponse valable. Au vue de sa détresse exemplaire, je peux désormais confirmer qu'il dit la vérité. La main écrasant mon menton, je réfléchis longuement tout en me relevant. Ce ne sont pas ses mots qu’il faut écouter. C’est  son regard pénible de chien battu et son visage déformé par la rancœur qui m'intriguent le plus. Il l’affirme avec vigueur comme si … je le connaissais ? Et un jeton doré ?

“Dra…gon…”

Peu à peu, je parviens à comprendre sans peine le récit de son message divin, car une douce adrénaline commence déjà à enivrer mes sens.

Yasuo Takeda.

Le seigneur des pastilles heureuses. L'empereur au sommet de sa tour de Babel. La tique affamée que l’on souhaiterait arracher en se grattant la peau jusqu’au sang. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qu’elle a été sa manœuvre ? Les réponses attendront. Bien que je puisse admirer ses nobles principes et les courbes de son corps olympien, je vais castrer moi-même ce Judas à mains nues. Le battre encore et encore jusqu’à ce qu’il puisse répandre les péchés qui ont envenimé sa loyauté sur le sol de son bureau. Que ses côtes fragiles soient brisées, que ses dents ensanglantées soient recrachées, et que son sang puisse sillonner entre mes pieds comme un ruisseau abondant de détresse et de pardon. Je surveillerai ensuite cet homme comme l'œil de Dieu et lorsque sa souffrance aura dépassé la limite de son entendement, lorsque ses lèvres crevassées me réclameront de l’exécuter aussi froidement qu’un vulgaire assassin, alors je me remettrai au Destin et lui seul guidera ma main.

Manifestement, la terreur a déclenché une fuite urinaire qui se glisse sur les contours de ses jambes comme des serpents rances et putréfiés. Ma voix chaude et affectueuse vient briser ce cycle monotone de gémissements étouffés :

“Tu es un bon garçon …”

Enserré par une main ferme, le lourd marteau danse devant ses yeux épuisés alors que je reste immobile, le regard baignant dans une sérénité presque spirituelle.

“… mais tu as salis mes chaussures.”

“Pa…Pardonnez-moi, sensei …”

“Dieu peut tout pardonner. Moi, je ne suis qu’un prophète. Rien ne m'y oblige.”

L'œil devenu obscur, mes paroles se répercutent dans un léger écho, froides et redoutables. Le maillet retombe lourdement sur le sol. Un sac de commission se trouve dans le creux de ma main. Le silence s’installe. La déglutition recommence. Et l’éveil de sa conscience renaît.

“Non … Non, ATTEN…”

Puis, ses mots sont rapidement confondus en plusieurs souffles précipités, son visage suffoquant brutalement à l’intérieur d’un sac en plastique. Son corps convulse maladroitement alors que ses talons recherchent à piétiner mes chaussures en cuir humide d’urine. Je m'abreuve de sa détresse comme le ferait un fauve, son museau sanglant à l'intérieur d'un mammifère. Je me souviendrais de lui. Car lui aussi rejoindra mes morts. Pendant que mes bras se débattent violemment afin de le maintenir tranquille, ma voix revient aussi duveteuse et légère en parlant à mes hommes comme si tout cela n’était qu’une situation très habituelle.

“Je vous remercie de laver nos empreintes et d’entailler sa langue avant de laisser la dépouille dans le district d’Aono. Brûler le fourgon par la même occasion. Les autorités penseront que les parias du Sanda en seront la cause.”

Enfin, ses muscles se relâchent. Son souffle meurt et s’étend en une longue mélodie funèbre. L'un de mes hommes brise enfin le silence en partageant une grande inquiétude, approuvée docilement par ses camarades de fortune.

“Fuma-san … Pourquoi ?”

“Notre famille est faible. Ramollie. Nous avons oublié comment être forts. Nous laissons les faibles diriger les puissants et nous sommes surpris de l’état de notre monde. Babylone. Rome. Les empires grandissent, puis les civilisations meurent. Je suis ici pour éviter l’effondrement du  Yamaguchi-gumi. Et je suivrais le chemin du salut en rendant visite à notre humble Takeda-san.”

Quatre jours se sont écoulés.
Pharma Takeda Inc


“Bonjour ! Je me nomme Hiro Saito. Je suis attendu pour une entrevue professionnelle avec la direction. C’est un honneur de me présenter dans votre entreprise.”

Le sourire figé et bienveillant. L’inclinaison parfaite du dos. Mon oeil brillant qui observe mes chaussures convenablement cirées. Cette danse mensongère se produit en arborant un costume élégant de couleur gris et d’une chemise blanche. En face du secteur des ressources humaines, je me découvre en incarnant un modèle de perfection, le stagiaire conciliant qui est prêt à apprendre de son entreprise. Comme l’éclat d’une émeraude taillée avec l’amour d’un artisan. La collaboratrice me retourne ses salutations avant de prendre un appel et d’avertir le seigneur des lieux de ma présence. Enfin, elle me fixe longuement durant un instant avant de me proposer de la suivre jusqu’au bureau de Takeda. Les minutes ont la réputation d’être longues à Kobe.

Jamais un voyage en ascenseur n’a été aussi long qu’aujourd’hui.

Ting. Nous arrivons à l’étage souhaité. Ensemble, nous marchons en direction de la porte de son bureau, nos talons résonnant vivement dans le long couloir. Pas après pas, je circule sur le chemin comme si une proie m’attendait à l’autre bout. Cette danse, je l’ai déjà réalisé à maintes reprises avant d’assassiner quelqu’un. En ajustant mon dossier de candidature sous le bras, je joue mon rôle du petit pisseux qui espère décrocher son job de rêve auprès d’une entreprise somptueuse. L’assistante prend congé, me laissant seul dans le couloir. Ma main se durcit et vient frapper à trois reprises la porte de son bureau. Autant respecter les coutumes jusqu’au bout.

“Puis-je entrer ?”

La porte s’ouvre et je m’engouffre à l’intérieur en me tenant aussi droit comme si je retenais un parasol ouvert avec le cul. Mon dos s’incline en un angle savamment calculé avant de me rendre silencieusement à ma chaise avant d’engager les présentations.

“Je me présente Hiro Saito.”

Un sourire éclatant anime mon visage. Or, ma présence est chargée de menaces, une aura de mort planant au-dessus de mes épaules. Puis, sans une once de colère, je lui décris simplement l’inévitable d’une voix rauque et transparente :

“C’est un honneur de vous rencontrer enfin.”


Ma floraison est faite de paille et de feu.


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Shintaro Fuma


La seconde année tire à sa fin pour le contrat avec le diable. C’étant fait piéger par deux mafias, Yasuo a dû choisir cette nuit, où le feu éclatait ainsi que le sang coulait. Peut-être serait-il mort d’une balle en plein visage, d’un coup de sabre mérité mais le voilà, en chair et en os dans son endroit le plus convoité, de la tour à cinquante étages. Pour l’instant il n’avait pas de tasse à la main, seulement ses écouteurs hors de prix pour un rendez-vous, une visite virtuelle avec les membres d’Osaka. Les chiffres d’affaires qui deviennent de mieux en mieux depuis la descente en enfer d’une simple photo. Cette connasse de sœur qui pensait avoir tout pour elle, que son frère puisse la sauver au moindre coup de téléphone. Ça ne fonctionne plus comme ça dans cette famille. Elle s’est ternie, cachée dans la grande demeure des Takeda pour ne plus en sortir pendant un bon moment. Quant à Yasuo, il a dû trouver une solution pour ne pas être vu et se rendre au bureau pour ne pas faire couler l’entreprise, emportant toutes les générations.

En quelques heures la bourse chutait, les chiffres s’envolaient et pourtant, c’est la plus grande compagnie pharmaceutique du pays. Impossible qu’ils se disaient, sauf lorsqu’on joue avec le crime organisé. Les gens deviennent réticents, ils ont peur pour leur argent, c’est compréhensible après tout. Il faut investir dans les sociétés auxquelles on a confiance, ce que les courtiers transmettent aux innocents. Pharma Takeda Inc. avait perdu la moitié de ses actionnaires ce jour-là, rien à prouver que tout le monde paniquait, pendant que Yasuo a risqué sa vie pour une arnaque de téléphone perdu. Sa sœur avait été retrouvée deux jours plus tard dans le quartier Inazami, encore en vie. Toujours non marié, il vit dans la villa sans se soucier des membres de sa famille puisqu’elle a explosé avec certaines révélations. Il n’a pas eu le choix d’aller rencontrer la mafia de Kobe pour sauver l’entreprise. Une dette aujourd’hui remboursée après une longue année, mais un contrat signé pour quatre années à vendre des stupéfiants dans les rues. Enfin, ceci à proprement dit. Lui, il ne fait que solder. Si les drogues sont marchandées ailleurs que dans les véhicules, ce n’est plus son problème. Dans deux ans, on verra bien ce qu’il va se passer.

Si ce n’est pas pour mentionner qu’il vit ici, c’en est presque le cas. Devenu vice-président de Pharma Takeda Inc. un an après tous les débordements, Yasuo s’occupe littéralement de tout, le pourquoi du comment il passe sa vie au boulot. Les chiffres sont sa spécialité mais de toutes parts, les chargements sont les plus importants pour la quantité, l’heure, l’endroit, même le personnel. C'est en partie pourquoi il est agacé en ce moment même; on le dérange. L’appel non convaincant, une voix tremblante de la réceptionniste, il demande à ce qu’on le fasse monter jusqu’à son bureau. Ce n’est pas normal. Il s’excuse d’arrêter la réunion, ferme son ordinateur et va ouvrir la porte après s’être assuré que ses cheveux soient en place ainsi que son habit.

-Prenez place.

Il le fixe, lui emboitant le pas sans s’assoir sur son fauteuil mais sur le dessus de son bureau, pour être plus haut que lui.

-Vous avez fait des erreurs en arrivant directement dans l’établissement. Vous n’étiez pas inscrit dans mon calendrier, le pourquoi on m’a appelé à partir de la réception. Personne ne cogne à ma porte à moins d’une urgence, ce que vous n’êtes pas. Puis on parle à ma secrétaire, évidemment, avant d’entrer. Je n’offre jamais d’entrevue ou d’entretien dans ce bureau.

Yasuo soupire. Encore un de ces journalistes, qu’il pensait en avoir terminé avec eux.

-Alors. Votre vrai nom, la venue de me rencontrer et prouvez-le, je n’ai pas le temps pour les fausses déclarations.
Codage par Libella sur Graphiorum
Shintaro Fuma
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« Je me tiens à la porte et je frappe.
Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui.
Je mangerai avec lui, et lui avec moi. Mon estomac sera rassasié.
Mais le sien sera envahi par les vers et les mouches trop grasses, car ses os rongés se trouveront dans mon plat. »

Debout devant le bureau onéreux du vice-président de la Pharma Takeda Inc, je me présente devant mon hôte sous mon meilleur jour. Propre, les cheveux noirs soigneusement coiffés et attachés en une queue de cheval, puis vêtu d’un costard deux pièces et d’une cravate rouge auburn selon les suggestions avisés des normes professionnelles. Le visage droit, je reste aussi silencieux qu’un apôtre devant la statue du Divin. Je lui accorde le respect qu’il mérite, moi un étranger sillonnant désormais son royaume de pierre et d'émeraude. Je lui emboîte le pas lorsqu’il m’indique un fauteuil en cuir désormais libre. En prenant place, mes yeux se reposent sur lui comme un serpent éveillé, alors que la secrétaire prend congé derrière mes épaules en refermant la porte avec une douceur contenue.

Je n'aime pas la façon dont le spectacle commence, mais il m’a donné la meilleure place de la maison : au premier rang au centre. Qui suis-je pour contester ce privilège ?

Yasuo Takeda. Ainsi, voici ma cible. Il y a quelque chose de sauvage qui se dégage de ses yeux obscurcis par l’irritation. Un sentiment violent gouverné par un instinct dominant. Une aura aussi exquise que dangereuse émane de lui, ses épaules éclairées par le plafonnier de la pièce. Ses cheveux méticuleusement coiffés en arrière révèlent une sensibilité particulière au détail. Assis sur le rebord de son bureau comme le gardien d’un temple, je peux sentir la présence de lourdes griffes menaçantes planer juste au-dessus de mon crâne, alors qu’il me contemple comme si j’étais la représentation de tout ce qui le dégoûte. Il s’élève au-dessus de moi comme si je n’étais qu’une simple poussière. Il a tout intérêt à bien agripper le rebord de sa table s’il souhaite digérer la raison de ma présence. Tout en écoutant ses directives, je l’admire posément en détaillant chacun de ses traits physiques, laissant mon regard amoureux se glisser sur lui avec la douceur d’une plume. Les hommes prestigieux comme lui, je les aime.

Yasuo Takeda ne s’amuse pas. Il gagne et triomphe.

“Je suis profondément navré. Vous avez raison, toute erreur mérite correction.”

Une nouvelle fois, je m’incline respectueusement. La galanterie est une denrée rare dans la cité corrompue de Kobe. Mais je suis un homme très sensible aux bonnes manières. Car c’est ce qui nous permet de nous différencier des animaux. Enfin, j’écoute attentivement son droit de savoir qui je suis, sans oser lui couper la parole. L’attitude rationnelle, ses mots fusent comme des lames aiguisées. Il pense que je suis un fouineur de bas étage. L’intonation tranchante de ses questions pourrait faire pâlir le plus brave des hommes. Pour moi, sa démonstration de force représente un premier digestif agréable qui enivre mes sens. J’aime l’entendre parler.

Mais il essaye de rompre rapidement le verre de mon sablier ; il n’a pas de temps pour moi.
Dommage, le temps est un luxe que je peux me permettre aujourd’hui.
Yasuo suivra le mouvement.


Les mains croisées ensemble, un sourire courtois illumine mon visage, une voix lente et profonde s’extirpant des tréfonds de ma bouche.

“Quel souvenir gardez-vous de votre enfance ?”

Le minois pensif, je laisse ma question respirer librement pendant plusieurs secondes en transperçant son regard. Enfin, tout en conservant mon calme olympien, je profite de son attention pour continuer en maniant habilement les mots, mon index effleurant le menton :

« Le souvenir le plus joyeux de mon enfance est celui d’avoir frappé une touche de piano. Un Si bémol. J’ai ressenti une émotion intense à la réponse immédiate de mon action… »

Avec douceur, mes bras s’ouvrent solennellement dans sa direction comme une invitation à venir me rejoindre, un sourire éclatant animant mon visage.

« … alors que je commençais à apprendre ma première gamme, une poussée de puissance est survenue lorsque j’ai réalisé que le piano répondait exactement à l’ensemble de mes mouvements. Sans laisser résonner la moindre fausse note. Ni aucun délai.]. »

Le visage relevé et les yeux mi-clos, j’inspire longuement en imaginant l’harmonie de cette gamme. Je la vois. Je me souviens. Elle est aussi délicieuse qu’un morceau de chocolat fondant dans la bouche.  

“J’ai ressenti ce jour-ci l’euphorie d’apprendre qu’un instrument respecte les lois de la physique. Je touche, elle me répond. C’est un peu comme une masturbation. Vous appréciez vous masturber, Takeda-sama ?”

Mon sourire vient se figer alors que le silence tombe brusquement en alourdissant l’atmosphère. Je laisse la tension monter d’un cran. Je lui fais comprendre poliment que son autorité ne prend pas. En retour, je lui accorde la courtoisie de ne pas paraître impertinent en allant cette fois-ci à l’essentiel. Un morceau de sucre pour équilibrer une note amère, en somme.

“Le 14 septembre à 20h45, j’ai demandé une cargaison de codéine et d’autres stimulants afin de les délivrer à des clients séparatistes. Des seigneurs de guerre. Les tueries se poursuivent dans leur pays, mais les ressources manquent. Malheureusement, la commande n’a pas été honorée. Ils deviennent impatients et instables. Imaginez si mes clients décident de faire un voyage pour rencontrer vos collaborateurs ou de s’installer à ma place dans ce fauteuil si confortable. Qu’en penseront les médias selon vous ?”

Bien que les conflits en Syrie et en Irak continuent de faire des ravages, d’anciens résistants des Khmers rouges continuent d’affluer au Cambodge. Bien sûr que le mouvement a été dissous en 1999, mais il existe toujours des partisans qui tentent vainement de faire revivre l’idéologie communiste à une échelle réduite. Il y a donc de la demande et mes hommes sont installés dans le pays pour leur fournir cet apport médical en plus d’armer à nouveau les rebelles. Plus directement, ils sont aussi sur le terrain pour essayer de canaliser leur anarchisme à la con. Leur espèce a soif de sang et doit être tenue en laisse. Leur venue à Kobe serait un désastre. A l’inverse des Yakuza, eux s’en foutent de s’en prendre à des citoyens nippons ordinaires. Pour éviter une guerre ouverte entre rebelles et mafieux, il ne me suffit que de pointer du doigt les locaux de la Pharma pour qu’une floraison de cadavres puisse fleurir. Ou une bombe. Que sais-je, je ne fais pas partie de ces fanatiques sauvages.

Je suis simplement l’ami de tout le monde.

“Rassurez-vous, Takeda-sama. Une enquête est en cours. Tout sera bientôt terminé. Je suis un homme de discrétion. Et ma dernière piste, c'est vous-même."

Yasuo pourrait me remercier. Je me salis les mains pour éviter que d’autres ne le fassent à ma place. N’est-ce pas ce qu’on appelle être “un héros” ? Songeur, je prends le temps de quitter mon siège avant de m’approcher de lui comme une ombre menaçante, les mains détendues le long de mon bassin. En m’arrêtant devant lui, notre parfum vient s’entremêler en une seule émanation aérienne. Tout en inhalant avec discrétion, je pourrais m’endormir dans l’effluve de ses songes. Embrasser son odeur raffinée qui le constitue et l’emporter dans mes lubies. Avant de le tuer un jour, lui aussi. Un doux murmure franchit mes lèvres en un souffle court :  

“Eclairez-moi de votre sagesse d’exception : vous ne tolérez pas les erreurs. Que doit faire l’artiste s’il entend son piano entonner une fausse note ?”

Sans recourir à la violence, je décide de passer à table afin que notre collaboration puisse sinuer entre nous. Il sera porteur de mon jugement. Et apaisera ainsi mon courroux. Je ne recherche qu'à être impressionné en étant à la hauteur de mes attentes. Yasuo Takeda, un océan de grandeur recouvrant une nuée de poissons mangeurs d’hommes. Et moi, un prince sociopathe se dopant aux anti-douleurs afin de laisser transparaître toute la vertue d’une personne que je ne suis pas. Nous ne sommes pas destinés à nous apprécier très longtemps. Et pourtant, je veux bien miser sur notre alliance fragile. Sa grandeur et sa beauté méritent que l'on s'y attarde. S’il décide d’être honnête, nous pourrions résoudre ce problème précaire. Sans quoi …

... le monde des arts possède aussi des inspirations mortelles.


Ma floraison est faite de paille et de feu.


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Shintaro Fuma


Un inconnu dans sa pièce maitresse, le vice-président reste sur le qui-vive sans en laisser paraitre malgré ses mots. Tranchant dès le début, c’est le temps de dévoiler son identité, ce qu’il ne fait point. Son interlocuteur fusillé du regard, il attend une réponse. Leur joie n’est évidemment pas partagée, puisque ses paroles ne font aucun sens. Même s’il le fixe, hautain, l’autre cache derrière ce visage la prétention. Il le sait puisqu’ils sont deux chacals semblables. Yasuo a une avance sur lui, car il est dans sa propre demeure. L’intrus prend trop ses aises et les questionnements le rend vite désintéressé, même si au fond de son cerveau, il réfléchit à son enfance. Quelle enfance, d’ailleurs? Il n’en a pas eu. Lorsque les gosses jouaient dans les jardins, les parcs, lui savait déjà compter et parler presque couramment. Les concours étaient faciles pour entrer dans les écoles prestigieuses du Japon, mêmes ceux des autres pays sauf que son père voulait le garder proche de lui – un peu trop. Oui, les erreurs se doivent d’être rectifiées, il en a conscience. En seule mémoire de son enfance, ce sont les coups de ceinture qui sont encore visibles sur son dos. Certaines étaient mineures, les saignantes quand il lui était impossible de se relever, un souffle presque inexistant suite à un cours d’arts martiaux. Élève-t-on un enfant dans de telles conditions pour qu’il devienne le meilleur? Yasuo se pose encore la question aujourd’hui. Toutefois, il reste concentré sur ce que veut réellement son vis-à-vis. Il se fiche de son passé, son pouvoir n’en dépend pas ainsi que celui de l’entreprise, donc il ne voit pas l’utilité de répondre. Le silence plane entre les regards, une bombe pourrait exploser sans que les deux hommes ne bougent.

Il perçoit que ce n’est pas un entretien ou un journaliste amateur, mais un drôle de personnage qui ne veut pas lâcher le morceau. Philosophique autant que grossier. Son visage se crispe à cette phrase, sauf qu’il vient de comprendre le vrai sujet lorsqu’il était près de le renvoyer après avoir vu l’heure sur sa montre. Il est la touche du piano non fonctionnelle, un délai s’est produit, cet homme est un putain de yakuza dans son bureau. Il avait clairement mentionné au patron qu’aucun mafieux ne devait mettre les pieds ici, il aurait dû s’en douter dès le début. Trop tard. Bientôt un cas de qui va tirer en premier, l’environnement change d’un poil avec la testostérone entre deux lions.

La lassitude prend un tournant auquel il ne s’y attendait pas. Une date. La suite lui importe peu, une fois la commande partie de l’immeuble, ce n’est plus de son ressort où et à qui elle est vendue.

-Vos chers clients vous tueront avant de daigner se pointer ici. Faites attention, la vie est question de choix et vous semblez être cavalier seul avant de vous informer auprès de votre Oyabun; cette fois-ci. Couper la tête du serpent n’est guère favorable aujourd’hui. Évidemment l’empire tomberait, mais tout le monde le saurait. Vous iriez menacer d’autres entreprises, même les plus petites de Kobe ne pourraient pas vous offrir la quantité ainsi que la qualité de mes produits. Si la chance est de votre côté, quelques-unes accepteraient par la peur, sauf que les journalistes adorent tremper de leur sang sur un papier parchemin ces histoires qui font les grands scandales en première page. Vous êtes ici de votre propre chef, n’ai-je pas raison?

Il est lié avec moi, qu’il le veuille ou non et sa présence ne m’enchante pas. Pour vendre des stupéfiants normalement donnés à petites doses, il faut savoir ce qu’ils contiennent.

-Les médias penseront seulement que c’est une énième victime de guerre qui est sous médication et encore, le fameux coup des opioïdes. Vous savez comment votre corps réagit lorsque vous en prenez sur une longue durée? Les gens deviennent addictifs à la codéine si le dosage est trop élevé. Insomnie, perte de poids, trouble de la mémoire. Il pourrait même faire une crise cardiaque dans l’avion si le traitement est arrêté abruptement.

La plupart des gens ne le sait pas. Lui si, avec les études et ce bout de papier qu’on surnomme un diplôme. Yasuo a bien choisi les genres de médicaments qui poussent les idiots à devenir accro pour en redemander. Que ce soit son voisin ou un clochard, en quoi ça le dérangerait?

-Malgré l’instrument, il faut la finesse et les compétences du maître. J'ai la solution à votre problème. Si vous voulez bien reprendre place, ce serait préférable. Pour répondre à cette question, le pianiste recommence jusqu’à atteindre la note parfaite, même si ses doigts doivent en payer le prix de l’hémoglobine. Il fut un temps où mes erreurs étaient corrigées physiquement.

Peut-être en a-t-il trop dit, sauf que s’il ne reprend pas ses notes, qui sera le coupable? Assis sur sa chaise, Yasuo ouvre son attaché-case sous le meuble pour en sortir un cahier assez mince. À chaque mois il y en a un nouveau, les autres sont brulés pour ne laisser aucune preuve. De ses doigts manucurés, il s’arrête à ladite date. Fronçant les sourcils, il croise les yeux du mafieux, histoire de ne pas avoir un flingue devant son crâne. Prenant son stylo plume, il note un nom ainsi que la plaque d’immatriculation du véhicule utilisé.

-Le 14 septembre, vous avez changé de chauffeur, mais c’était avec le même véhicule. Si votre commande ne s’est pas rendue à bon port, c’est entre 20h et 20h45 le problème. Lorsque la voiture quitte la bâtisse, ce n’est plus de mon ressort à qui votre cargaison est vendue. Si, je l’espère, avez un bon pirate informatique, le GPS de votre voiture peut être facilement traficable.

Le papier donné, Yasuo entrelace ses doigts sous son nez, garde un visage neutre quoi qu’embêté. Il n’est pas en tort, mais il doit trouver une solution rapidement puisqu’il sait que l’autre en demandera davantage que le conducteur.
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Shintaro Fuma
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Citation : "Ma plus grande joie a été de comprendre que Dieu pouvait lui aussi saigner."
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« Je me tiens à la porte et je frappe.
Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui.
Je mangerai avec lui, et lui avec moi. Mon estomac sera rassasié.
Mais le sien sera envahi par les vers et les mouches trop grasses, car ses os rongés se trouveront dans mon plat. »

Soigneux.
Propice à instaurer un ordre parfait.
Une langue de miel recouverte de barbelé.


Tel un tigre de bengal au regard ambré, Yasuo rebondit tout aussi naturellement en partageant son expertise sur la situation. Le menton relevé, je l’écoute attentivement comme un fils unique bien élevé. Son raisonnement est pertinent ; la mort d’une personnalité comme Yasuo serait contre-productif et pourrait déchaîner l’opinion publique, en plus de pénaliser l’afflux de notre business. Ma présence ici n’est qu’un avertissement pour faute professionnelle, pas une mise en garde où sa tête se retrouverait sous la guillotine. Enfin, pour autant que Yasuo me prouve que notre belle relation soit toujours aussi intacte. Il peut très bien être soumis à un code de conduite, ça ne fait pas de lui un humaniste pour autant. Mes yeux incrédules ne se détachent pas de ce démon qui vient marcher à grands pas sur mes questions. Il est aussi détaché que n’importe quel aristocrate, adoptant à merveille un style hautain comme si le monde lui appartenait déjà. Son apparence ainsi que sa sérénité naturelle n’envisagent rien de bon. Car l’homme en question se rapproche dangereusement de la bête carnassière. Rien ne le bouscule dans ses principes. Ce qui m’amène à penser à une vérité plutôt ignoble : Nous habitons peut-être à l’intérieur de la même maison spirituelle.

Autrement dit, nous ne sommes peut-être pas si différents.

Le visage si proche du sien, je réprimande un faible sourire avant de continuer à chanter des louanges :

“Ah … vous êtes l’homme de la situation. Je savais que vous pouviez comprendre notre problème commun.”

Il sait qui je suis. Les présentations sont ainsi faites. Tout en hochant positivement la tête, je me retire de deux pas avant de m’avancer lentement en direction des murs vitrés du vaste bureau. Surplombant tout le district de Koyan, la vue imprenable à cet étage est tout bonnement délicieuse. A la sueur de son front, Yasuo possède a bâti sa place jusqu’au sommet de sa tour. Je n’attends rien d’autre que le meilleur de lui-même.

“Je me présente à vous comme un homme de paix. Mon rôle est de vous signaler que l’hostilité vient nous déchirer à petits feux. Nous avons tous deux à perdre si l’un de nous décide de prendre une décision irraisonnée.”

La solitude quitte mon lit et Yasuo a pris sa place comme le ferait une amante bien plus séduisante. Malgré toute sa posture professionnelle exemplaire, Yasuo transpire de cet aura dérangeant que l’on retrouve chez une prostituée en rut à l’intérieur d’une église. Ses beaux meubles et ses trophées s'étendent autour de moi alors que je scrute les hauts édifices qui lui font concurrence. Ses explications sur le domaine médical restent intéressantes. Il est toujours rassurant de tomber sur un fournisseur qui connaît ses bases. La seule expérience que je retiens dans mon vécu, c’est d’avoir reçu une injection de dixogine pour me remettre sur pied après avoir reçu une balle dans la peau. Mes connaissances sont pauvres et limitées, et je m’en remets pleinement à l’expertise de ce président qui joue son double-rôle aussi aisément qu’un érudit au milieu de sa grande bibliothèque.

“J’aime venir en aide aux gens. Mais les addictes décident de leur sort. Ils meurent parfois par la prise de conscience de ce qu’ils sont devenus, pas à cause de coups et sévices. Même si leurs corps sont biodégradables, je ne les souhaite pas ici sur notre territoire. Kobe saigne déjà suffisamment pour une décennie entière.”

En penchant la tête légèrement sur le côté, je plonge mon regard brûlant dans le sien au-dessus de mon épaule, reprenant exactement la même intonation froide que la sienne. A sa demande, mes pas m’amènent à rejoindre la place désignée. A nouveau, je l’écoute sans l’interrompre, la mine réfléchie lorsqu’il m’annonce avoir trouvé la solution absolue. Comme un séraphin descendu du ciel, je le vois sortir sa bible avant de le déposer sur son bureau comme s’il était prêt à me présenter la sainte Vérité. Il relate des faits mathématiques. Il accuse un nouveau chauffeur. Il précise une période temporelle. Avant de m’inviter sans pudeur à nettoyer la merde et la pisse qui empestent de mon côté. Une explication d’une facilité déconcertante qui se résume à cela :

“C’est ta faute, pas moi… nananèreuh! ”

Ma langue claque au fond de mon palet, marquant une légère irritation dans sa conduite. Ce n’est pas une réponse que je reçois, mais une piste maigre déjà connue. Apportant un regard à ma montre, je comprends que je lui demande beaucoup en l’espace de si peu de temps. Mais je refuse qu’il ose accélérer notre entrevue dans le seul but de retourner à sa conférence de merde.

“Vous avez éclairci la situation en l’espace de quatre minutes et vingt-deux secondes. Le membre bien en main, vous giclez un peu vite toutefois …”

Un sourire fatigué étire mes lèvres. Une grimace solennelle, tout juste ironique. Il est temps de sortir la dernière carte de mon jeu. D’un geste précis, ma main s’engouffre à l’intérieur de ma veste avant de retirer un mouchoir blanc plier en quatre. Dans un élan mesuré, je me relève une nouvelle fois de mon siège avant de déposer le tissu devant lui. Malgré cette épée de Damoclès qui plane au-dessus de ma tête, je me sens toujours aussi détendu qu’un fauve affamé sous stimulants.

Un doigt noir et découpé paresse au centre du tissu.

Dans la tradition, le “Yubitsume” vise à ôter l'annulaire ou l’auriculaire à l’aide d’un tanto avant de le présenter comme forme de réparation. Ici, c’est un index. L’ongle a été arraché à coups de pince. Puis lavé. Et séché au four. Je me suis endormi en le faisant presque brûler. Pas d’empreinte. Ce n’est pas un signe d’excuse qui laisse présager une vie épargnée. Mais bien un meurtre qui a été commis dans les souffrances les plus intenses.

“Vous voyez … J’ai rencontré le chauffeur que vous venez de mentionner. Vous avez vu juste car il n’était pas notifié dans mon organisation initiale. Je l’ai rencontré et nous avons eu une conversation où il persiste à y avoir des zones d'ombres. Il a mentionné trois faits intéressants dans son dernier souffle : “L’homme. Jeton doré. Dragon. Je peux … ?”

Tout en l’interrogeant, je m’empare du membre tranché avant de le placer sous mon nez en l’humant comme le dernier cigare de ma pitoyable existence.

“... il a certainement déliré, n’est-ce pas ? Il aurait donné le nom de n’importe qui. Mais il ne l’a pas fait. En revanche, il s’est exprimé sur un si petit objet sans valeur apparente qui vous expose directement. Vous reconnaîtrez que la confession mérite toute notre attention.”

Le doigt m’abandonne et se repose à nouveau au centre du mouchoir, dévoilé sous les néons du bureau. Je prends le temps de regagner ma place comme un élève qui vient de rendre sa dissertation écrite. Une offrande un peu légère, je dois l’admettre. A la vue de ce vulgaire bout de chair, je me nourris brièvement de mémoires déjà vécues. D'images d'un nombre précis de parias atrocement mutilés par toute une catégorie d'instruments de mort. Le bruit grinçant d’une scie circulaire. Le martèlement sinistre d’un maillet. Le bruit étouffé d’un silencieux à l’arrière du crâne. Les hurlements de douleur, autant que les vomissements des sanglots, résonnent dans mon esprit comme des échos d’un orchestre funèbre et rassurant.

Les jambes croisées, je tends une main dans sa direction afin qu’il puisse me présenter à nouveau des faits que j’ignore entièrement - de son côté, cette fois-ci. Je ne suis pas dupe. Il est ma seule chance de reconnecter le tableau ensemble. Je souhaite ardemment que nous nous aidions à atteindre cette note parfaite si convoitée …

“Encore une fois, je vous prie : vous êtes ma dernière piste. Vous m’annoncez qu’il y a eu un dysfonctionnement entre 20h00 et 20h45. Que faisiez-vous à cette heure-ci, Takeda-sama ?”

Malgré l’ambiance pesante, cette situation m’excite.
Yasuo me donne l’occasion d’embrasser quelque chose de bien plus doux que la bouche envenimée de mes pathologies.



Ma floraison est faite de paille et de feu.


[+18] L'empereur du haut [PV : Yasuo Takeda] 1668524338-fotoram-io
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