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Hakumei
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Kenji Yumeda
Yakuza - Amoureux fou
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Kenji Yumeda

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Qui a dit que je voulais bosser avec toi ?

ft. Shintaro

L’heure des présentations a sonné on dirait bien. Je vais rencontrer le type avec lequel je vais devoir à présent travailler. Et en plus, mon oncle veut que je travaille sous ses ordres. Ce n’est pas une affaire de coopération, je vais juste devoir jouer à l’esclave oui ! Il n’a pas intérêt à me la faire à l’envers oui. Si mon oncle lui a un peu parlé de moi, cet homme doit savoir que sous certaines apparences, je ne fais pas dans l’assistanat. Veut-il encore une fois réveiller le dragon pour me faire travailler sous les ordres de quelqu’un ? A priori, mon oncle n’a pas peur que par « mégarde », je lui colle une balle dans le corps. Enfin… Même pas une semaine que j’ai quitté la villa que me voilà déjà de retour. Est-ce que ce type a pris ses quartiers ici ou habite-t-il ailleurs ? Du moment que personne n’est allé s’installer dans mon antre… Malgré tout, cela reste ma chambre depuis toujours. Et est-ce qu’il a déjà rencontré le reste de ma famille ? Mon père, qui n’est pas du tout ravi des changements, à haïr son fils ainé j’en suis presque sûr et puis mon petit frère… Non, à vrai dire impossible qu’il ne croise Ryuji. J’ai cru comprendre qu’il ne sortait plus de sa chambre depuis que je suis revenu de mon escapade. Quant à Kana… Elle va et vient comme ça l’enchante ; enfin après tout, elle est chanteuse professionnelle et reconnue, qui n’est pas souvent là. Elle ne s’arrête pas aux règles qui régissent cette villa.

Devrais-je être en retard ou bien ? Ah si je fais ça… Akone va me tomber dessus parce que mon oncle lui sera tombé dessus en premier. Mauvais choix. Je prends ce temps de réflexion sous la douche avant de m’activer d’un pas plutôt lent. Devrais-je porter mon kimono ou mon costume ? J’avoue que je ferais bien une petite blague à mon oncle mais il le prendrait sans doute assez mal. Une certaine voix dirait : pourquoi porter ton kimono alors que tu n'es plus héritier du clan ? Cela ne sert plus à rien alors porte un costume au lieu de vouloir te la jouer caïd. Je ne suis même plus en droit de pouvoir jouer ce rôle et finalement à mon plus grand regret. Mais en même temps, je pense avoir gagné des années de vie d’avoir refilé le bébé à mon oncle. Je finis par sortir de la douche et m’habiller, revêtant mon costume bleu nuit. Pantalon et veste bleu nuit, chemise blanche et mocassins blancs. Les cheveux attachés sur le côté par un illustre accessoire traditionnel que normalement seules les geishas porteraient mais je n’en ai rien à foutre.

Regardant l’heure rapidement, c’est bon, finalement, je suis plus qu’en avance. Aujourd’hui, je n’ai pas mis trois ans à chercher quoi mettre. Je devrais peut-être passer voir le vieux avant… Pas sûr que ma présence lui fasse plaisir mais bon. Et je devrais peut-être faire un passage du côté de la chambre de Ryuji pour voir comment il va. Même si je n’en ai pas trop envie. La journée va être longue et chiante je le sens. Une cigarette et un café même si ce n’est pas bon pour ce que j’ai avant de finalement me mettre en route pour la villa. Le trajet en voiture me parait trop rapide alors que j’arrive bien vite, me garant pas trop près non plus de l’imposante construction traditionnelle. Les mains dans les poches, un air froid apparait sur mon visage alors que je me lance dans la gueule du loup. Mais celui-ci disparait pour laisser place à l’appréhension quand je vois arriver mon père droit sur moi.

« FILS ! Pourquoi espèce de crétin, tu as refilé le clan à ton oncle ! Tous nos hommes sont partis à cause de toi ! »

« Bonjour père, ravi de te revoir. Faut pas exagérer, six sont restés, c’est déjà pas mal… Et tu sais très bien que je ne voulais pas de ce poste ! Même si ça m’agace un peu, mon oncle est bien plus qualifié que moi pour ça. De plus, ça peut te faire quoi ? Je n’ai été rien de plus qu’un pion pour toi, sois content au moins comme ça les traitres sont partis. »

« Tu exagères mon fils... Enfin, je suis rassuré de voir que tu vas bien. »

« Si tu le permets, je vais aller voir Ryuji et après j’ai rendez-vous avec mon oncle… »

« Je ne raterais ce moment pour rien au monde. »

Je secouais légèrement la tête, agacé, avant de le laisser et commencer ma ronde dans le labyrinthe qu’est la villa. En entrant, on tombe sur le corridor où l’on se déchausse. Vient ensuite une porte nous amenant tout droit sur le grand salon traditionnel avec une cheminée, des canapés moelleux et la salle à manger. Sur la droite, on y trouve un couloir menant à la cuisine et sur la gauche, un couloir menant dans l’autre aile de la villa. Ce long couloir se divise en deux parties ; celle de droite amène à mon ancien bureau, celui du nouveau chef ainsi que l’ancien bureau de mon père, une salle de bain et une porte menant sur le jardin intérieur. Si on prend à gauche, on se retrouve dans le couloir des chambres. Celle de mon père et de ma sœur sur la gauche, un peu plus loin sur la droite, celle de mon frère et enfin la mienne tout au fond. Chaque chambre a sa salle de bain, ce qui est assez pratique je dois dire.

Ah je ferais l’impasse sur ma visite à mon frère mais il va plus mal que la dernière fois que je l’ai vu. Ça n’a fait que me rajouter un coup au moral alors que je me rends jusqu’au bureau de mon oncle. Il me reste encore un peu de temps avant la rencontre mais je préfère être en avance. Espérons que l’autre pingouin n’ait pas eu la même idée. Je rentre à nouveau dans ce bureau qui était le mien, quelques semaines en arrière. Je vois que je suis le premier arrivé et tant mieux.

« Ah Kenji, je suis ravi de te voir en premier. Quelle prouesse, je pensais que tu serais en retard. J’étais prêt à appeler Akone pour qu’il te ramène par la peau du cul si nécessaire jusqu’ici. »

« Je savais parfaitement que tu ferais ça si j’étais en retard. J’en ai profité pour saluer mon père et mon frère. »

Des politesses qui ne valent rien à mes yeux. Il le sait puisque nos regards s’échangent de façon intense pendant quelques secondes.

« Et en gros ? Tu m’as appelé pour quoi ? Juste pour savoir qui est mon partenaire de travail ou il y a du sale boulot à faire là dans l’immédiat ? Nan parce que si c’est juste pour savoir avec qui je vais bosser, tu pouvais simplement me passer un coup de fil hein… »

« Toujours aussi indiscipliné à ce que je vois… Pourtant, tu me connais bien Kenji depuis le temps. Tu devrais savoir que je déteste ce genre de dédain. J’ai jugé bon de te présenter la personne pour qui tu vas bosser, avec qui tu vas bosser, avant toute collaboration afin que vous appreniez à vous connaitre. C’est mon plus vaillant lieutenant, j’ai une absolue confiance en lui. »

« Je vois… Et il s’appelle comment ? »

« Tu le découvriras bien assez tôt. Ah j’entends qu’on frappe. Entrez. »

Un homme se découvrit derrière la porte, habillé d’un costume blanc immaculé. Un frimeur. Je ne l’ai regardé qu’une demi-seconde mais sa tête ne me revient déjà pas.

« Tu es pile à l’heure c’est parfait ! Je te présente l’énergumène avec qui je veux que tu travailles. Enfin, plus exactement, Shintaro, étant donné que tu es lieutenant, il sera sous tes ordres. Kenji, ancien prince héritier de ce clan, je te présente Shintaro Fuma. Le célèbre artiste de Kyoto. »

Hum… J’avais entendu quelques rumeurs sur ce type et mon petit doigt me dit que les choses ne vont pas être très faciles. En revanche, ce n’était pas obligé de préciser que je suis l’ancien héritier de ce clan tss.

« Shintaro, comme tu le sais, le clan du GinRyu-kai a été englouti par notre très cher clan bien aimé du Yamaguchi à cause du peu de membres restants dans le clan initial. Des traitres vont vouloir s’en prendre à Kenji pour diverses raisons, je voudrais que tu fasses le ménage assez rapidement si possible. Je vais te donner la liste des personnes à éliminer et je voudrais que tu emmènes Kenji. Il connait ces gars, il pourra t’aiguiller sur la meilleure approche à adopter. Cependant, si mes sources sont correctes, ils ne sont pas touchables pour l’instant. J’ai cru comprendre qu’ils avaient rejoint un autre clan. Mais, je ne doute pas un instant qu’à un moment donné, ils se mettent en marche pour régler leurs comptes. »

« Dis tout de suite que je suis un boulet mon oncle… Je peux très bien faire le ménage moi-même. Après tout, c’est moi qu’ils veulent. Ton fidèle lieutenant n’a rien à faire dans l’histoire. »

« Pourquoi tu me compliques toujours la tâche mon garçon ? Tu n’as plus à discuter des ordres que je donne. Sois, tu obéis, soit j’envoie à ta fille les trois doigts de ta main gauche dans un sac plastique pour son cadeau d'anniversaire. Je me suis bien fais comprendre ? »

Bah voyons tiens… Il m’énerve à faire son gentil en plus de son manipulateur pour ensuite te foutre un couteau sous la gorge. Je sais très bien de quoi il est capable et il n’a pas une once de pitié quand il veut obtenir quelque chose. Avec lui, c’est tu marches ou tu crèves. Je ne peux m’empêcher de jouer la forte tête parce que ça ne me plait absolument pas d’être un pion sur son stupide échiquier. Me met-il un garde-fou pour éviter que je ne dérape ? Ou au contraire, parce qu’il craint que je ne prenne pas mes responsabilités en tant que mafieux et que je ne bute pas les traitres ?

« Autre chose : vous avez plutôt intérêt à bien vous entendre tous les deux. Vous êtes comme deux fils pour moi, ça m’embêterait gravement que vous vous tapiez dessus et que l’un de vous finisse inutilement à l’hôpital. »

Dit-il en prenant son air qui fout les jetons même au plus insensible des hommes.

« Quant à toi Kenji, tu es en réhabilitation disciplinaire. Si j’entends de la bouche de Shintaro que tu as outrepassé son autorité… »

« Ne finis pas la phrase, je n’ai pas envie d’entendre le reste. »

« Du moment que tu as compris ce qu’il pouvait t’arriver à toi… On est au clair. »

Je ne répondais rien, me contenant de croiser les bras. Il pourrait très bien me casser les os jusqu’à ce que je ne sente plus rien et me laisser dans un état déplorable pour les prochaines années de ma vie. Ou bien me torturer jusqu’à ce que j’accepte de me soumettre. Cet homme que j’ai toujours respecté me fout vraiment les jetons aujourd’hui.

« Je sais que tu n’acceptes pas très bien les changements Kenji mais c’est pour le meilleur et rappelle-toi que c’est tout de même toi qui m’as donné les clés de ce clan. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. »

Ouais, ouais, c’est bon, c’est fini ? Je peux me casser ? J’ai du travail.

« Si tu n’as rien de plus à me dire mon oncle, est-ce que je peux prendre congé et retrouver mon lieu de travail ? »

« J’ai une mission pour vous deux : vous allez passer la journée tous les deux ensembles pour apprendre à vous connaitre ! Et pas de bagarre les enfants hein. »

Pardon ? Il croit que je n’ai que ça à faire tiens ?! Je n’ai pas envie du tout de trainer avec ce frimeur en costume blanc. Tss… La journée va être longue. Je fais volte-face assez rapidement pour sortir de cette pièce, devenue si lugubre. Tous les vases d’arrangement floral que j’avais disposé ont disparu… Je me retrouve bien vite rejoint par l’homme, le regardant avec un certain dédain.

« T’as pas intérêt à me foutre des bâtons dans les roues si tu veux rester vivant. »



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Merci à Bastian pour la signa <3
Shintaro Fuma
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Citation : "Ma plus grande joie a été de comprendre que Dieu pouvait lui aussi saigner."
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Shintaro Fuma

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"La famille, ce n'est pas ceux qui t'ont vu naître.
C'est ceux envers qui tu as juré loyauté en étant prêt à mourir."



9h00.
Un lieu dont il faut taire au district Inazami .


Allongé sur une table de massage, mon corps entièrement nu se détend alors que mon esprit reste toujours en ébullition. Sur le côté de la pièce, une radio entonne une mélodie atmosphérique qui rappelle sans mal les contrées tibétaines, en étant éclairée par une lumière violacée et tamisée. D’une démarche féline, une “masseuse” s’avance ensuite en me souhaitant la bienvenue en un court murmure, exhibant toute sa nudité à son tour. Doucement, un parfum agréable se répand ensuite dans la chambre. De l’encens ? Non, une huile de massage particulièrement sucrée au nez. Avec un curieux mélange de jasmin et de pétales de rose. Ses doigts glissent sur ma peau, caressant la surface de mes clavicules et de mes omoplates. D’autres passages sont orchestrés agréablement le long de ma nuque, sa paume pressant ainsi mes cervicales pour les libérer de la violence de mon quotidien. Elle suit ce rôle avec la sensibilité d’une artiste. Ma respiration se stabilise. Mes pensées se taisent. Et je me laisse bercer par la danse qu’elle décide de mener. Son toucher est réconfortant, travaillant des noeux musculaires vieux de vingt-six ans qui n’ont pas encore été défaits.

Tuer des parias. Fuir la police. Tricher face à la mort. Oui, la paix viendra plus tard.

Le moment est agréable. Serein. Elle enduit son corps d’huile avant de se glisser contre le mien, laissant ses zones érogènes se frotter contre moi. Oubliant un bon moment mes dépendances et le monde du crime. Puis, la salle à côté devient plus vivante que la nôtre entre les gémissements, les couinements et les râles d’un mâle en chaleur. Je discerne les jouissances, les lamentations et les mensonges d’un même front. Les insultes barbares d’une voix masculine, les coups sur la chair fouettant dans l’air, l’humiliation animale. L’ambiance peut sembler grossier, mais lorsqu’on passe une nuit au Shacho Hisho, soit un soapland de Kobe, il faut s’attendre à digérer ce manque d’intimité. D’une voix mielleuse, l’intervenante me demande de la libérer de la seule exigence professionnelle qui lui est insupportable.

"Fuma-kuuun … Ça ne vous dérange pas si je m’en grille une, hein ?”

Tout en laissant un sourire transparaître au coin de mes lèvres, je lui indique ma permission de fumer en levant mes doigts en l’air. Après tout, il ne faut jamais faire chier une masseuse qui a accès à votre dos ; on ne sait jamais si une lame va tomber aussitôt. En l’écoutant rejeter la fumée blanche de sa cigarette, je me retourne de côté avant de me coucher sur le dos, ses cuisses toujours coincées entre mon bassin. Les lèvres légèrement ouvertes, je m’y prête donc au jeu, trouvant mon plaisir dans le voyeurisme en fixant les courbes de son corps. Mes mains remontant le long de ses cuisses, elle m’incite à vider mes poumons en poussant un râle chaud et profond, mon cœur commençant à s’accélérer à la vue de sa danse érotique. Elle se cambre dangereusement, animant son buste à onduler sensuellement dans ma direction.
Ma main se lève et vient retirer sa cigarette. Puis, tel un loup affamé, mes lèvres rencontrent les siennes au-travers du rideau de fumée. Elle transpire la féminité, la cigarette et l’ennui. Je la dévore de mes baisers brûlants sans lui donner l’opportunité de se reprendre à son tour, mes doigts agrippant son fessier contre moi tels de puissantes serres. J’ai besoin de partir. De m’envoler loin de cet environnement lugubre qui empeste le foutre et la brise artificielle des fleurs et du printemps.  

Soudain, mon téléphone se met à vibrer comme un appel d’un autre monde.

“Grmpff….”

Tournant mon visage en direction de l’appareil, ma gorge commence à gronder sourdement. En la basculant sur le côté, je permets à ma complice d’atteindre mon téléphone sans interrompre notre étreinte. Avec sa petite main manucurée, elle intercepte l’appareil et cale mon appareil sur l’oreille tout en gloussant comme une enfant. En prenant le temps de m’allonger sur le dos le long de la table de massage, je laisse un nouveau nuage de tabac s’envoler en gardant la cancéreuse au coin de mes lèvres.

“Oui ?”

“Tu es en service ?”

En jetant un œil vers mon bas-ventre, je me rends très vite compte que la masseuse est descendue d’un niveau, sa bouche se trouvant dangereusement entre mes jambes. Le plaisir vient instantanément en coupant brièvement ma respiration, manquant de faire tomber la tige incandescente.

“ … Oui.”

“J’ai une faveur pour toi. Un devoir important pour notre famille.”

“Tout ce que la famille demande.”

“Très bien. On t’a affilié avec Yumeda Kenji pour une histoire de dissolution du GinRyu-kai.  L’Oyabun souhaite te voir directement dans une heure.”

“Le gamin ?”

Mon collègue ne semble pas apprécier mon sens de l'honnêteté. J’entends sa langue claquer au fond de son palet. Ma remarque lui déplaît et je sens qu’il va chercher à corriger le tir à ma place.

“L’ex-héritier du trône. Je ferais attention à tes mots, il en a dans le ventre. Je n’ai jamais vu un homme qui a autant de mordant de toute ma vie.”

“A quel p… point ?”

“Au point de faire vibrer le mur de Berlin avec ses poings. Et je ne te raconte pas si tu touches à sa nouvelle femme … Dis, t’es toujours là ?”

“O… Oouh… Oui.”

“Tu es sûr que ça va ?”

Tapotant les cheveux de la travailleuse du sexe, je l’intime de lâcher mon entrejambe dans un horrible bruit de succion.  

“Je pars maintenant.”

Mon sourire vient de s’évanouir. Il est temps de partir. De récupérer tous mes ennemis d’un même front. Quant à elle, de la laisser voguer à ses autres clients. La tension de mes muscles recommence à me brûler alors que je me relève péniblement, la sueur faisant briller sensiblement la chair opaque de mon corps déjà huileux. Tout en boitant avec une certaine maladresse, je commence à m’asperger d’eau à l’aide d’une carafe pour évacuer un maximum cette huile qui me colle à la peau avant de me sécher, puis de m’habiller. En attendant, la travailleuse du sexe ne me quitte pas du regard en faisant la moue, assise sur le rebord de la table de massage en croissant les bras. Enfin, elle minaude une réclamation sincère sur mon départ précipité :

“Tu me quittes déjà ? Je ne te plais pas, c’est ça ?”

La jalousie des femmes est un sucre à croquer à pleines dents. Un rictus d’amusement vient étirer le coin de ma bouche. En prenant délicatement sa main, je l’amène à mes lèvres en effleurant ses doigts d’un baiser. En me redressant, je prends mon temps de l’observer comme si elle était elle-même l’incarnation de la beauté, une Eve lumineuse perdue dans un royaume de cendres.

“Beaucoup de choses meurent dans mes souvenirs. Tu n’en fais pas partie. Garde une oreille ouverte sur les confessions de tes prochains clients. Et préviens-moi si tu entends quelque chose sur les meurtres au Sanda-shi. Je reviendrais te voir.”

“ … tu n’as pas oublié quelque chose ?”

Je comprends le message. Après un léger coup de langue, je commence à humidifier mes lèvres en gardant la tête haute face à son air satisfaisant. Je m’approche dangereusement d’elle avant de l’envahir de mon ombre.

Un baiser sincère pour calmer les ardeurs de la solitude.
Et une somme d’argent honorable pour acheter sa présence, son silence et ses regrets.


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11h15.
Quartier familial des Yumeda.


Le soleil se lève sur une douce journée d’automne, l’odeur de la pluie et de l’herbe fraîchement coupée. En redescendant de ma voiture, je pose un premier pied à terre dans la cour florale de la propriété. Habillé d’un costume blanc en velours côtelé, je viens réajuster le col de ma chemise tout aussi clair avant d’aplatir ma cravate d’un noir ébène. Un lotus décoratif est attaché sur le côté de ma poitrine. Pas un seul pli ne vient pénaliser mon apparence, les ongles de mes mains étant limés avec une précision redoutable. Les années m’ont permis d’adopter un style bien plus proche de la noblesse. Devant moi, les jardiniers se mettent à l'œuvre en affinant certaines plantations, tandis que des hommes de main entament leur dixième promenade quotidienne en surveillant les alentours du bâtiment. Pas après pas, mes chaussures cirés résonnent dans la petite cour en retenant l’attention des collaborateurs. Reconnaissable comme un jeune séraphin descendant du ciel, un gardien s’incline poliment au moment où je monte les premières marches de la propriété. Bien qu’étant reconnu principalement à Kyoto, mon titre de “Wakagashira” permet de m’annoncer avant les mots.

En m’avançant dans les divers couloirs lumineux de la famille, je me remémore de ma première visite entretenue avec Yukio Yumeda, soit l’ancien Oyabun des Gin-Ryu. Face à l’oppression policière, le clan des Yamaguchi m’a ordonné de jouer le rôle de négociateur afin de lier nos familles respectives dans une paix qui pourrait bénéficier à tous. Le temps où nous avions coutume de régler nos conflits à coups de Katana est terminé, les Yakuza doivent désormais se serrer les coudes en ces temps incertains où nous sommes destinés à tous disparaître. Mais lorsque les parias du Sanda ont commencé à émerger en ouvrant une nouvelle guerre derrière notre dos, c’est Makoto Yumeda, banni des Gin-Ryu, qui est venu me chercher personnellement. Son exclusion de son ancien clan a amené en lui une fougue si dangereuse qui m’a immédiatement contaminé. Il avait des ambitions et souhaitait ardemment compter sur ma collaboration pour mener à bien ses projets. Makoto me percevait comme un instrument potentiel et efficace, alors que mon approche de travail était soumise à des critiques au sein des Yamaguchi.

Le choix était clair, non ?

Contre la protection de ces critiques, je me suis soumis en lui offrant toute ma loyauté. Je suis devenu son homme de main, son conseiller avisé et clairvoyant, avant de devenir un ami. Aujourd’hui, il a rejoint les rangs de son ancienne famille afin de se dresser comme le roi de son empire. Le nouvel oyabun des Gin-Ryu.

Et il ne m’a pas oublié ; il me voit toujours comme le fantôme d’un fils qu’il a perdu trop tôt.

Devant le bureau du patriarche, je me présente aux gardes qui occupent l’entrée en regardant l’un d’eux frapper à la porte. La porte ancestrale commence à s’ouvrir en me permettant de faire mon entrée d’un pas assuré. Un jour, j’arriverais à siéger sur le trône de ma famille, moi aussi. En jetant un rapide coup d’oeil aux alentours, non sans avoir tenu le regard déjà venimeux du jeune Kenji, je présente mes respects à chacun d’entre eux :

“Oyabun. Yumeda-sama. Je vous remercie de me recevoir. Continuez, je vous prie.”

L’inclinaison paisible du dos. Le sourire figé et courtois. En me redressant, le fil de la discussion continue. Tel un chien de garde, mon dos reste droit, les mains croisées, alors que mes yeux roulent sur le côté en direction de l’ex-héritier. Son impertinence face au patriarche commence déjà à me monter au nez. Mais je conserve ma droiture face au maître. Peut-être que Makoto a décidé de me tester comme le destin l’a fait avant lui. En prêtant une oreille attentive à ce qu’il se passe, je me rends compte d’une évidence atroce. En l’espace d’un souffle, Kenji et moi-même, nous nous tenons comme deux princes prêts à enterrer le monde. Il se dévoile comme un volcan de colère où ses flammes ne cessent de voltiger tout autour de nous par son tempérament cuisant. A l’inverse, je me tiens aussi droit et immobile qu’un geyser de glace proche de l’apathie, laissant résonner une énergie aussi douce que dangereuse.

Le feu et la glace. Le monde n’est manifestement pas prêt de nous accueillir.

L’oyabun remarque immédiatement ce contraste cinglant. Mais au lieu de faire marche arrière, il décide d’y aller sans ménagement en nous ordonnant d’adopter une attitude sage et bienveillante l’un envers l’autre. Quelle merde, je me crois en maternelle où je me retrouve à tenir la main de mon camarade de classe que personne ne veut toucher. Vous savez, le seul gosse du troupeau qui transpire comme un chacal en oubliant tous les matins de se brosser les dents… La gueule d’ange à mes côtés me fait cet effet à l’instant. D’une voix claire et polie, je confirme la demande du patriarche en haussant la voix afin qu’il puisse m’entendre à mon tour :

“Oyabun. Vous pouvez compter sur moi. Les traîtres doivent être éradiqués. Il n’y aura aucune concession.”

Croisant brièvement le regard de mon partenaire, mon visage s'éclaircit en laissant transparaître un sourire aussi figé qu’une poupée un peu sinistre. Je me demande à quoi il peut penser en cet instant, et l’étendu de ses relations avec nos cibles actuelles. Je garderai Kenji à l'œil au cas où ses émotions de fraternité pourraient refaire surface … Lui un traître potentiel ? Peut-être. Dans ce corps de métier, la confiance ne tient toujours qu’à un seul fil tant qu’il n’est pas mon “Kyodai”. Il n’est pas à l’abri de mes suspicions pour rejoindre ses anciennes connaissances. Et son attitude face à son oncle ne me rassure pas dans la loyauté qu’il entretient envers les Yamaguchi. Lorsque Makoto nous demande de faire preuve de prudence et d’éviter la case “hôpital” pour nous deux, je ne peux m’empêcher de souffler du nez en glissant un murmure sarcastique à mon nouveau partenaire.

“Ce serait vraiment navrant, oui.”

Tant qu’il peut tirer même en étant estropié, ce n’est pas si grave. Mais ce qui suit me laisse sans voix. Un prince en réhabilitation disciplinaire, sérieusement ? Comment a-t-il fait pour avoir le projecteur de la hiérarchie droit dans sa figure ? Il a chié dans le déjeuner de l’Oyabun pour avoir un tel crochet dans son petit minois ? Je ne veux pas m’en mêler plus que ça ; c’est leur petite guerre de famille. En soufflant comme un tigre enragé, Kenji rebrousse chemin en pilonnant le sol de ses talons sans m’accorder un seul regard. Makoto hausse les sourcils tout en soupirant d’une voix éteinte.

“Shintaro, je …”

Je me permets de lever la main pour l’interrompre. Un geste condamnable. Mais étant perçu comme son conseiller à la retraite, je détiens encore ce privilège tant qu’il est disposé à m’accorder toute son attention.  

“Tout se passera bien. Kenji a le cœur d’un lion. La seule chose dont il a besoin maintenant, c’est d’une pièce de viande à déchirer avec ses crocs.”

Une dernière révérence est effectuée avant de tourner les talons à mon tour. Précipitant le pas, j’aperçois enfin la silhouette de mon compagnon de fortune au coin d’un couloir boisé. Avant même d’en placer une, il commence à dresser une menace à mon encontre.  

« T’as pas intérêt à me foutre des bâtons dans les roues si tu veux rester vivant. »

La réponse tombe brusquement comme un couperet sur la tête d’un coq. Cette douleur qu’il engendre à mon égo, ébranlant ma fierté au passage, me fait un grand bien. Il a de la hargne à donner et sait planter ses crocs comme un animal traqué. Je lui réponds à la manière d’un Shintaro Fuma ; stoïque et redoutable avec un doigt d’amertume.

“Tout doux, prince. Je me demande combien de queues tu as sucé avec une aussi grande gueule. Si tu es doux et attentionné avec moi, tu auras peut-être la mienne dans la gorge.”

Tout en lui emboîtant le pas, nous sortons enfin sur la petite cour florale où paresse ma voiture de fonction. Un véhicule noir, sans aucune prétention, hormis de ressembler à la tire d’un citoyen lambda. Je relève la manche de ma veste claire en posant un œil sur ma montre en or. Les aiguilles défilent et indiquent qu’une demi-heure vient de s’écouler. Songeur, je laisse mes doigts caresser la surface du bracelet, mes yeux admirant ce petit objet qui possède une valeur sentimentale.

Le résultat de ma première transaction de médicaments de Pharma Takeda Inc.

“Un devoir nous attend ailleurs. On a encore du temps devant nous. On va partir en ville et manger un peu. J’ai besoin d’un whisky. Et toi d’un biberon.”

Les portes désormais ouvertes, je l’invite d’un mouvement de tête à prendre place sur le siège passager et à me rejoindre dans ce voyage inévitable.

—-------------------------------------------------------

Le district Fujin.


Le vrombissement du moteur et la pression de l’accélérateur parviennent à me bercer pendant un court moment. Après plusieurs minutes de trajet où les arbres surplombent l’horizon, nous rejoignons une route principale. La voiture cesse de vibrer en écrasant sur son passage un chemin recouvert de pierres et de terre pour embrasser le bitume noire et trempé d’eau. La voix mielleuse de la présentatrice de radio annonce la prochaine musique en essayant de faire correctement son boulot :

« … Il est 12h00 et maintenant, nous écoutons Beelzebub From Big Beat’59 du fameux chanteur américain, Black Pistol Fire ! Restez à l’antenne ! »

Toujours les yeux rivés sur la route, je me laisse bercer par les premières notes de la guitare électrique en tapant du pied. Jetant un œil sur le côté, Kenji semble pensif, son regard rivé sur la fenêtre. Est-ce qu’il a enfin réussi à atteindre sa paix intérieure ? Ou se prépare-t-il à nouveau à déclencher son courroux divin ? Autant prendre la température tout de suite tout en ajustant le rétroviseur.

“Alors, c’est quoi ton histoire ? Ton premier meurtre ? La première fille qui t’a brisé le cœur ?”

Une conversation normale, c’est trop demandée ? La réponse ne semble pas venir tout de suite. Ou peut-être est-ce moi qui me précipite un peu trop en interrompant le fil de ses pensées.

“Allez, ne m’oblige pas à tourner le volant pour quitter la route. Il y a des moyens plus fun de mourir que d’entrer en collision contre un lampadaire vieux de quarante ans.”

Nous entrons à nouveau dans une rue résidentielle à Chinatown où les habitations se profilent en blocs à nos côtés. Puis, tout au bout du quartier, nous arrivons en face à une structure faisant office de salle de sport. S’il faut maîtriser les tempéraments du jeune Kenji, il y a une étape à passer avant de consommer ensemble notre premier sirop de kiwi. Proche du trottoir, la voiture s’arrête enfin devant l’entrepôt un peu délabré. D’un revers de la main, la clé tourne à l’intérieur du véhicule et le moteur cesse de vrombir. Puis, sans vouloir connaître son opinion, je  lui décris simplement l’inévitable d’une voix passive :

“Isao Makimura. Un ancien boxeur à la retraite qui a remporté des matchs truqués. J’ai placé des paris sur lui pour la famille. Lors de son dernier match, il n’a pas pu se coucher comme il était convenu et a préféré remporter la victoire pour conclure dignement son parcours sportif. Mes paris sur lui ont aussi subi un beau crochet vertigineux. Il me doit de l’argent.”

Bien que le quartier résidentiel soit tranquille, la salle doit abriter quelques élèves en plus. Peut-être qu’ils seront prêts à se défendre eux-aussi. C’est un problème qui concerne Kenji dès à présent. Je lui laisse toute la liberté de conduire ce devoir comme il le sent tant que le résultat est là. Et cette seule exigence de ma part s’élève à …

“2 millions de Yen. S’il n’a pas les moyens de passer à table, arrache-lui sa dent en or. Je t’attends ici.”

Il y a vingt minutes, j’ai rencontré le prince.
Dorénavant, je veux découvrir Kenji Yumeda.


Ma floraison est faite de paille et de feu.


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Kenji Yumeda
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Kenji Yumeda

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Qui a dit que je voulais bosser avec toi ?

ft. Shintaro

Je le regardais en faisant une tronche de trois mètres. T’es dégueulasse mec. Je secouais la tête avant de me tirer de cet endroit le plus rapidement possible. Désolé père, désolé Kana et Ryuji mais je ne compte pas remettre les pieds ici avant un long moment. Aussi longtemps qu’il m’en soit donné. Nous nous suivons, forcément, on est censés passer toute la journée ensemble. Tout en marchant pour rejoindre la voiture garée dans la cour florale, j’envoie un message à Mia pour lui dire que je ne serais pas au salon aujourd’hui, mais qu’elle se rassure, je suis en bonne compagnie. Enfin, bien sûr c’est ironique. Une voiture noire, la sienne de ce que je comprends quand il monte à bord. Ah parce qu’en plus, il faut que l’on prenne sa voiture ? On ne peut pas faire bande à part et se rejoindre à un endroit ? Cette journée commence mal mais vraiment. Comment ça un devoir nous attend ailleurs ? Pas spécialement content, néanmoins, je me plie à l’exercice et monte dans sa voiture. Essayons de ne pas trop faire de vagues n’est-ce pas… Le poing serré, je me retiens grandement de lui foutre mon poing dans sa petite gueule d’ange. Je ne suis pas un gamin à ce que je sache.

« Continue dans la provocation, vas-y. Ça ne fera qu’exacerber mon envie de t’en coller une dans la tronche. »

Autant jouer franc jeu. Nous quittons l’allée de la villa, le vrombissement du moteur de la voiture se fait entendre suivi de la radio qui annonce l’heure qu’il est et une nouvelle chanson à l’antenne. Ainsi donc, mon oncle veut que l’on s’occupe des traitres. Je vais devoir encore passer par un moment assez difficile et cela ne m’enchante guère. Non pas que j’ai une once de sympathie pour les traitres, mais ce furent mes frères d’armes à un moment donné. La tâche va être compliqué. Je vais devoir effectuer quelques recherches pour savoir dans quels clans ils se trouvent dès à présent et comment les approcher de façon maligne au lieu de toujours taper dans le tas directement. Il est temps de réellement reprendre du service il semblerait. Mon regard est rivé sur la fenêtre, les paysages se dessinant sous mes yeux sans que je ne les perçoive véritablement. Est-ce que j’ai vraiment fait le bon choix ou du moins le mauvais choix en décidant de plaquer mon héritage ? En même temps, je n’avais pas spécialement très envie de devenir chef de clan. Ça m’allait bien juste faire la paperasse, avoir de nouvelles idées pour étendre notre territoire et avoir quelques hommes sous mes ordres pour le sale boulot. Maintenant, je me retrouve à cette place. Enfin, quelle ironie. Mes idées ont causé la perte d’une partie du territoire des GinRyu-kai, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même pour cet échec monumental. J’aurais sans doute dû être un moins impertinent avec mon père et plus à l’écoute de ses conseils.

Je voue une certaine loyauté à ma famille, à mon clan mais j’aime aussi pouvoir faire bande à part quand c’est nécessaire. Ce n’est pas parce que j’étais l’héritier que les autres devaient automatiquement se sacrifier pour moi. J’ai toujours préféré être dans l’action que derrière, ça n’a pas plu bien entendu. Et mon envie de modernité au sein du clan n’a pas plu non plus. La voix de mon chauffeur résonne dans l’habitacle, mettant fin à mes réflexions coupables. Mon histoire ? Mon premier meurtre ? Pourquoi il veut savoir cela ? En fait, laisse-moi juste tranquille, je ne t’ai rien demandé, à ce que je sache. Et de toute manière, comme si je voulais en savoir plus sur toi. D’ailleurs, je n’ai pas spécialement envie de me dévoiler. Ah j’oubliais, c’est essentiel de se connaitre plus pour la cohésion d’équipe. On est censés être frères après tout à partir de maintenant. Et en plus tu me menaces de nous tuer pour que je parle ? Je soupire grandement avant de jeter mon regard vers lui. Encore de la provocation.

« Une chose : je déteste me répéter. Mon histoire hein ? Tu veux savoir quoi exactement ? Mon histoire, ma vie ne sont pas très intéressantes. Ma mère est morte à l’âge de 10 ans, d’une maladie génétique, après avoir mis au monde mon petit frère. J’ai une grande sœur, connue, chanteuse dans un groupe de rock japonais. Mon père a fondé le GinRyu-kai, tu l’as sans doute déjà rencontré au moins une fois lors des négociations. J’ai commencé dans les affaires à l’âge de 16 ans. J’ai un diplôme d’analyste financier alors je suis vite devenu Saiki Komon, m’occupant de l’administratif et du budget. J’ai recueilli en 2011 après la terrible quadruple catastrophe, une petite fille du nom d’Ayako qui avait perdu ses parents. La cicatrice sur mon nez provient des contacts que j’ai essayé d’avoir avec le Yamaguchi cette même année. Pour protéger mon petit frère des moqueries dues à la même maladie que ma mère, j’ai envoyé plusieurs de ses tortionnaires à la morgue, n’ayant aucune pitié. Même si je le regrette maintenant… En 2020, lors d’une transaction avec un client qui s’est mal passé, j’ai failli mourir. Greffe de foie à la clé et l’ironie dans tout ça ? Je me tape le foie du type que j’ai tué ! Ensuite, j’ai commencé quelques changements au sein du clan en tant qu’héritier, mettant fin au trafic de drogue pour nous orienter sur d’autres activités seulement ça n’a pas plu à certains de mon clan. Au courant de mes allergies, certains m’ont tendu un guet-apens et ont failli me tuer avec ça. J’ai aussi failli mourir cet été à cause des mecs de Sanda qui sont venus foutre la merde à Kobe… Je n’ai pas la prestance de mon père pour gouverner ces hommes. On s’appelle un clan mais on n’est pas ce qu’on appelle le meilleur exemple de loyauté envers sa famille. »

Ma voix est plutôt monotone voire triste, celle d’un homme fatigué et en plein chagrin d'amour en fait. Fatigué de toujours devoir faire attention à ce que je mange, à faire attention à ne pas trop replonger dans les mauvaises habitudes à cause de ce foie et de ce rein qui se retrouve seul à présent. Ou encore faire attention à ne pas me laisser submerger par les tensions, le stress, les inquiétudes pour ma vie, pour la vie d'Ayako maintenant que Mia n'est plus là, qu'elle a quitté le Japon pour durée indéterminée... Et pour toutes ces merdes avec ceux qui voulaient me renverser. Bref, ma vie est bien assez compliquée comme ça.

« J’ai juste jugé bon – bien que je le regrette un peu - de refiler le clan à mon oncle afin de préserver ma propre santé. »

Le trajet nous amène devant un complex sportif et je fronce un instant les sourcils avant d’avoir une explication. Ah parce qu’en plus, c’est à moi d’aller bosser tout seul pour récupérer son fric ? Putain mais gars, fais-le toi-même quoi. Non Kenji, bordel, n’oublie pas que tu n’es plus en position de pouvoir donner des ordres… C’est désormais à toi de faire le sale boulot pour les autres. Et en plus, le gars est un ancien boxeur, oui super… Je vais encore devoir faire attention pour ne pas me prendre une raclée et surtout pas des poings dans l’estomac hein. Ma blessure au flanc de cet été est encore un peu sensible… Je dois lui réclamer deux millions de yens. Bah voyons. Gars, faut réfléchir avant de faire les paris hein. Enfin, quand on n’a pas les chiffres en prédilection comme moi, on passe pour un novice et on risque de faire n’importe quoi après. Je secoue la tête avant d’ouvrir la portière de la voiture.

« En même temps, il aurait été débile de se coucher comme ça pour son tout dernier match, même si le montant était intéressant à la clé. J’ai suivi un peu son parcours, il a au moins sauvé son honneur à défaut d’autres choses. »

Je ne voulais pas me risquer à contrarier le Yama, de ce fait, je ne suis pas entré en contact avec lui pour renverser la tendance et faire qu’il ne se couche pas et au contraire, continue le match. Car en suivant un peu les paris, j’ai vu la tendance et je voulais lui en proposer davantage. Je finis par sortir de la voiture sans un mot et sans un regard vers Shintaro Fuma avant de me diriger vers la salle. A peine entré, je remarque plusieurs gamins. Ah, espérons qu’ils ne me compliquent pas trop la tâche. J’observais un instant pour pouvoir essayer de repérer mon homme, un jeune venant dans ma direction pour me demander ce que je foutais là. Et surtout, en costume. Lui répondant que je cherchais le patron de la salle, je n’eus pas longtemps à attendre avant d’être présenté au célèbre Isao Makimura.

« Makimura-san, mes respects. Il faut que je vous parle. »

« Hum… Qui t’envoie gamin ? »

Okay, déjà, me faire traiter de gamin ça ne passe pas. J’ai 31 ans bordel. Pas 16 ans à ce que je sache. Oui ma belle gueule d’ange me permet d’avoir moins que mon âge mais je n’en reste pas moins un type redoutable qui n’est pas un enfant !

« Vos créanciers. Peut-on simplement discuter dans un endroit tranquille ? Je ne voudrais pas mêler vos élèves à ceci. »

Il bougonna bien entendu et après un rapide geste à ses élèves, il m’emmena jusqu’à son bureau. Si l’on pouvait faire ça dans la tranquillité, cela m’arrangerait beaucoup. Je n’aime pas beaucoup devoir utiliser mon flingue dans un endroit neutre, et encore moins quand il y a des civils proches de là. En entrant dans son bureau, je remarque immédiatement quelques photos où il pose avec sa famille. La solution est toute trouvée, je n’ai qu’à faire un peu de chantage et je règle le problème sans violence. Ah j’oublie sans doute un détail important : il a fait des matchs truqués donc forcément, il doit avoir un lien ou autre avec la pègre. Du moins, il a dû être approché à un moment donné. Mon idée tombe peut-être à l’eau mais on peut toujours tenter la chose.

« On va éviter de perdre du temps n’est-ce pas Makimura-san. Vous devez 2 millions de Yens au Yamaguchi et ils veulent les récupérer tout de suite. Je vois que vous avez l’air heureux sur cette photo avec votre famille. Votre fille est plutôt jolie, elle ferait une très belle hôtesse de bar si vous voyez ce que je veux dire… Je vous demande donc de coopérer rapidement. Évitons d’utiliser la violence si vous le voulez bien. »

Je n’ai pas fait dans la négociation pendant toutes ces années pour rien. Je le vois grincer des dents à la mention de sa fille, spécialement quand j’ai dit qu’elle pourrait faire hôtesse de bar. Même au plus truand des hommes, si on tente de s’en prendre à sa famille, normalement, il plie. La famille, c’est sacré pour n’importe quel homme bienséant. Je ne dis pas pour les vrais psychopathes mais cet homme n’en est pas un. C’est juste un grand boxeur qui aime sa famille, de ce que je peux voir sur les photos. Tout comme moi, quelqu’un essaie de s’en prendre à ma protégée/fille, je ne réponds plus de moi et je vais plutôt plier si ça peut la sauver. Mon téléphone en main, voyant qu’il ne bouge pas vraiment non plus, je commence à composer le numéro d’Akone. Faisant ensuite semblant de l’appeler et menaçant de nouveau l’homme, en attendant que le supposé réponde. Bien sûr, il ne répondra jamais puisque je ne l’ai pas appelé.

« Si vous ne vous décidez pas à me donner cet argent, je serais dans l’obligation de kidnapper votre fille pour la transformer en véritable hôtesse et la laisser aux mains des pires dégueulasses sur cette terre. Vous ne voudriez quand même pas que votre chère et tendre épouse vous en veuille à vie parce que vous avez laissé votre fille aux mains de pervers plus psychopathes les uns que les autres ? Et vous ne voudriez pas non plus que votre fille vous déteste parce que vous l’avez abandonné ? Je me trompe ? Moi aussi j'ai une famille vous savez et ils ne seraient pas très fiers de moi si je devais les laisser à l'abandon pour une histoire d'argent... »

« Je… Je n’ai pas votre argent tout de suite ! Donnez-moi du temps s’il-vous-plait. »

« Hélas, le temps me manque Makimura-san… Dans d’autres circonstances, cela aurait été avec plaisir de vous laisser un sursis pour payer mais le boss veut son argent tout de suite. Et croyez-moi, vous ne voudriez pas qu’il se déplace. Au simple risque de vous retrouver dans une mare de sang, les dents éparpillées sur le sol, les bras cassés, fractures ouvertes des jambes et j’en passe. Votre famille risquerait de ne plus vous reconnaitre et devoir vivre avec votre mort sur la conscience car vous n’avez pas payé. Voulez-vous tout de même prendre le risque ? »

« Je… Je ne peux payer, je vous le jure ! Je n’ai plus rien. »

« Ah, c’est faux détrompez-vous Makimura-san. Vous avez une très belle dent en or qui vaut les 2 millions que je viens vous réclamer aujourd’hui. Vous saviez pourtant bien un jour que l’on viendrait vous demander de l’argent non ? Il faut être assez idiot pour se faire faire une dent en or quand même… »

« Comment puis-je avoir la garantie que vous me laisserez tranquille après ça ? »

« Makimura-san, je ne cherche pas à vous faire du mal. Je peux même vous aider à redresser la barre si vous avez des problèmes d’argent. Mais de façon légale bien entendu. »

« Et en contrepartie ? Je sais très bien qu’il y a toujours une contrepartie pour les gens comme vous. Rien n’est gratuit dans ce monde. »

« Ma seule contrepartie serait que vous me permettiez d’entreposer quelques créations d’arrangement floral dans la petite salle que j’ai vu en arrivant. »

« Vous êtes taré, vous le savez ? »

« Croyez-moi, j’en connais d’autres qui le sont davantage que moi. Bon, bref, je peux avoir cette dent en or maintenant ? Ou bien j’appelle mon homme de main qui doit déjà être en route pour aller chercher votre fille. »

« NON ! Je… Je vais vous la donner. »

Je tapais un faux message sur mon téléphone, montrant ainsi que je ne mettais point le plan du kidnapping à exécution. Le remerciant pour le geste, il me demanda de lui foutre un pain aussi fort que possible pour pouvoir récupérer cette fameuse dent en or. Oh mais aucun problème, même si je n’avais pas spécialement prévu de faire couler le sang aujourd’hui. Enfin, je suis content de moi, ça ne s’est pas terminé dans un bain de sang. Ce type se rappellera juste d’avoir pris le pain de sa vie. Je pris la dent, non sans une grimace de dégoût avant de la mettre précieusement dans un mouchoir. Il y en a pour plus de 2 millions oui vu comment elle étincelle. Je lui remettais ensuite ma carte, figurant toujours mon métier officiel d’analyste financier. Je n’ai pas changé mes cartes de visite, inutile. En soit, c’est ce que je reste pour le commun des mortels. La main droite rougie par le coup de poing, je ressortis du bâtiment. Dix minutes s’étaient écoulées depuis que je suis sorti de cette voiture. Cette même qui m’attend toujours de pied ferme, avec son propriétaire à l’intérieur. Je finis par entrer dans la voiture sans un mot avant de lui donner le mouchoir contenant la dent en or.

« Il suffisait de le menacer par rapport à sa famille, pas très compliqué. Tu aurais très bien pu faire ce boulot à ma place et lui réclamer toi-même l’argent qu’il te devait. A moins que tu ne sois plutôt du genre action avant la négociation. »

Et c’est moi qui dis ça bordel. Pas du tout motivé ? Ça se voit tant que ça ? Ce type ne m’avait rien fait à moi et même si je fais maintenant partie des Yama, je n’avais pas spécialement envie de faire le boulot pour le type, qui est assis à ma droite et que je ne connais pas encore.

-------------------------------------

Je n’ai rien dit de plus pendant tout le trajet. Je n’avais pas spécialement envie de parler. J’aimerais juste que cette journée se finisse rapidement pour que je puisse retrouver les miens. Ceux que je chéris plus que tout et ceux que je tente de protéger en prenant cette décision qui a été difficile bien que nécessaire, de ne pas être chef de clan. J’aurais envie de m’enfiler un ou deux verres de saké mais… je ne suis malheureusement pas censé pouvoir le voir. Comme la cigarette, je n’étais pas censé reprendre mais j’ai repris. A petites doses, quand il n’y a plus rien pour calmer les ténèbres qui tapissent et qui veulent surgir comme un lion qu’on aurait mis en cage pendant des jours et des jours sans lui donner de nourriture.

« Et toi ton histoire ? »

Non pas réellement que ça m’intéresse de le savoir mais bon, ce type n’est clairement pas un rigolo et je le peux sentir à des kilomètres. Je vais essayer de faire un tout petit effort puisque mon oncle nous a expressément demandé de bien nous entendre… Enfin, nous arrivons à notre destination. Un petit restaurant chinois dans l’une des artères de Chinatown. Ce n’est pas trop tôt, je n’ai pas pris vraiment la peine de déjeuner ce matin, n’avalant qu’un café. Je sortis tranquillement de la voiture, humant le parfum de la nourriture qui ne fit que de faire gronder mon estomac une nouvelle fois. Je suivis Shintaro puisque je ne suis pas un fin connaisseur des restaurants chinois ici et qu’il a plutôt l’air de bien s’y connaitre. Petit restaurant sans chichis, une petite mamie comme tenancière et un chef derrière son comptoir à s’agiter dans tous les sens pour préparer à manger aux clients. Bon, espérons que je trouve à manger. Une de mes allergies est vraiment emmerdante et me contraint à beaucoup de restrictions. Assis au comptoir à côté de l’homme, je commence à regarder le menu, traduit en japonais bien entendu et avec des images. Pour les étrangers ça. Bon, mon choix va être vite fait, je peux supprimer une grosse partie du menu. Sauces à gogo, c’est quasi certain qu’à un moment donné, il va y avoir de la sauce soja ou du soja tout court.

« Des raviolis au porc et légumes ainsi qu’une portion de riz, des nouilles natures, un verre de saké et un thé jasmin s’il vous plait. Pas de sauce soja dans aucun des plats en revanche. Merci. »

Plus atypique que ça, tu meures, et vaut mieux tout de même le signaler, sait-on jamais. Mais je ne vais pas me risquer à faire un choc anaphylactique aujourd’hui. J’ai déjà réussi à tenir plusieurs mois en faisant hyper attention, il faut que je continue sur ma lancée. Par ailleurs, je voudrais bien emmener les filles manger un de ces soirs au restaurant mais là encore, il faut que je choisisse bien… Je préfère encore cuisiner, je sais au moins limiter les risques au-delà de 98%. Je finis par porter mon regard sur mon acolyte, l’autre pingouin en costume trop blanc.

« C’est quoi cet autre boulot qu’on est censé avoir cet après-midi Monsieur je me la pète dans mon costume blanc immaculé et plié au quart de façon parfaite ? »



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Merci à Bastian pour la signa <3
Shintaro Fuma
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"La famille, ce n'est pas ceux qui t'ont vu naître.
C'est ceux envers qui tu as juré loyauté en étant prêt à mourir."


Sans l’ombre d’un regard partagé, mon nouveau compagnon semble comprendre les enjeux et les consignes en n’oubliant pas d’en remettre une couche. Le moteur désormais coupé, la portière de la voiture s’ouvre avant de se refermer en silence. Ses déplacements s’effectuent ensuite, les talons de ses chaussures claquant sur la pierre d’un trottoir propre et lisse comme un automate prêt à déchirer le ciel. Mon visage se tourne au même moment où Kenji entre à l’intérieur de la salle de boxe. Il a les épaules détendues. Sa démarche ne manque pas d’assurance comme si ce n’était qu’un autre jour au bureau. Aussitôt, mon visage se détend avant de s’abaisser en direction de ma montre. En un simple cliquetis, l’opération est lancée par le chronomètre où les aiguilles se précipitent immédiatement avec ses tic-tacs incessants. Il est essentiel pour moi de l’évaluer, même si ce n’est pas dans mon cahier des charges. La vérité, c’est que je suis simplement curieux.

Dans ce business, le temps est un luxe qui n’est pas permis ; je dois être sûr de pouvoir lui accorder mon temps - et ma vie.

En attendant que mon guerrier revienne victorieux de son affrontement, j’augmente le volume de la radio tout en me mettant à l’aise, mes pensées se perdant dans l’histoire qu’il vient de me narrer. Comme nombreux d’entre nous, il a eu son lot de tragédies. Cependant, très peu d’élus parviennent à remonter la pente. Lui ? C’est un martyr qui est transpercé par le mauvais œil. Il a parcouru un véritable voyage entre la vie et la mort, qui tous deux se sont embrassés en copulant bestialement sur son dos. Des pertes. Des regrets. Des relations nouvelles. Des départs précipités. Des blessures graves. Des guérisons pénibles. La ligne de sa mortalité a été dépassée tellement de fois que cela ne m’étonne pas qu’il puisse déjà se sentir dans la peau d’un spectre. Malgré sa jeunesse, c’est déjà un vieil homme. Un fantôme qui dévoile ses crocs lorsqu’un connard comme moi décide d’entrer si brusquement dans son quotidien en le ramenant au cœur de tous les dangers. Même en cohabitant douloureusement avec le foie de sa victime décimée, je me demande s’il pense réellement que la paix peut être atteinte. Qu’il y a une lumière salvatrice au bout du tunnel pour des personnes comme nous. Allongé sur un matelas d’hôpital en supportant la souffrance, il est normal de se remettre en question. La convalescence est une sorte de renaissance mature qui nous permet de voir la vie d'un œil neuf. Il détient une perspective de la vie que je n’ai pas. Il n’est pas carriériste, ses priorités semblent s’étendre ailleurs. Mais où ? La question à cinq milliards de yens se pose aussitôt dans ma tête et je n’ai aucune idée de la réponse :

Qui est cette personne capable de le maintenir en vie, de l’obliger à avancer et de faire vrombir son cœur contre l’adversité, lui et sa santé mentale défaillante ?

En jetant un œil à ma montre, sept minutes se sont déjà écoulées. Kenji n’a pas joué la carte de l’attaque frontale. Il n’a pas déclenché les enfers avant d’en ressortir aussitôt. Sans prononcer un seul mot, un coup de poing contre la mâchoire ajoute toujours une note de sensationnalisme en face de témoins. Et la violence commise donne du travail aux thérapeutes par la suite pour effacer ce douloureux souvenir. Mais lui n’est pas comme ça. Autrement, il serait déjà à ma gauche en train de m’ouvrir le crâne à coups de poings en suivant son élan furieux. Il est du genre intellectuel, peut-être ? Les secondes suivantes continuent de défiler. Le temps apportera de nouvelles réponses. S’il dépasse douze minutes, c’est qu’il a merdé.

“Allez, Yumeda …”

Les yeux rivés sur la montre, je me noie dans une passivité éternelle. Un froid intense émane à l’intérieur de la voiture en effleurant ma peau comme une mutilation bancale. En jetant un œil dehors, le vent se lève rapidement et les gouttes ne cessent de s’entrechoquer contre les vitres de mon véhicule. Les nobles citoyens de la ville se déplacent en troupeaux sous le déluge naissant, ouvrant hâtivement leur parapluie afin de se protéger de la marée. Certains se déplacent si vite qu’ils viennent à s’entrechoquer entre eux en restant impassible. La radio grésille une courte pause publicitaire avant d’entamer le morceau suivant, une musique plus traditionnelle et posée.

“...WHOAH ! Maman, je veux des Pocky ! Pocky, c’est chunky ! 🎵

Kenji débarque au même moment à l’intérieur de la voiture en évitant l’eau de s’étaler sur ses cheveux. Le son de sa respiration se fait entendre alors qu’il me transmet mon tribut en ne perdant pas de temps de me soumettre une plainte peu nécessaire sur mon approche de travail. Je le laisse déverser son flot de paroles sans réagir, lui autorisant de m’en chier une avant d’être prêt à reprendre docilement la route. Je prends son mouchoir en inspectant la petite pièce osseuse dorée. Nous verrons combien je peux en retirer, Makimura n’est pas encore sorti de mon viseur. Je n’ai rien contre l’homme en lui-même, mais je n’apprécie pas qu’on me prenne pour un con. En rangeant la dent enveloppée dans ma poche, mes yeux se posent sur mon partenaire colérique et ses jointures irritées, éveillant un sourire aussi radieux que Willy Wonka devant les portes ouvertes de sa chocolaterie. J’aime ce que je vois. Il n’a pas peur de sacrifier un bout de sa peau de porcelaine pour accomplir quelque chose.

“Jolie marque.”

Tournant une nouvelle fois la clé du véhicule, le moteur se met à vibrer une nouvelle fois. Les pneus quittent la chaussée avant de rejoindre les autres véhicules dans une pluie battante. Il grandit vite. On va abandonner l’idée de lui offrir un biberon et se concentrer sur une limonade.
Une dent dorée contre un peu de mon estime ?
Cela me semble être une transaction honnête.


—-------------------------------------------------------

A l’extérieur, le vent continue de s’agiter en voulant s’infiltrer à-travers nos fenêtres closes. La radio continue d’interrompre notre mutisme commun en faisant passer une artiste nipponne que j’apprivoise. En circulant entre les rues de Chinatown, je m’arrête à un nouveau feu rouge en laissant des piétons passer devant notre nez, mes doigts tambourinant sur le cuir du volant. Après un instant, la signalisation passe à nouveau au vert. Comme si le destin nous accordait un droit spirituel de circuler et d’aller nous restaurer dans un alpage paisible et radieux. Les roues tournent à nouveau et nous avançons en nous rapprochant toujours plus de notre prochaine destination. Soudain, la voix de Kenji retentit à nouveau en m’envoyant une question assez inédite. Une ouverture de sa part, réellement ?

Pincez-moi le cul avec une tenaille de forgeron.

“Mon histoire, hein …”

Faisant mine de réfléchir un instant en choisissant minutieusement mes mots, je me rends vite compte que je ne serai pas aussi loquace que lui. Mais il mérite d’entendre ma version après s’être autant libéré. Il est facile de se chier mutuellement dessus, mais la notion de respect est un trésor à cajoler dans notre profession. Baissant un instant le volume de la radio, je commence à raconter mon enfance en quelques lignes.

“J’ai grandi à la plage. Un typhon m’est arrivé dans la figure. Le jour suivant, il n’y avait pas assez de traces de ma famille pour remplir une tombe. La mer est restée agitée dans ma vie depuis.”

Comme un son lointain, j’entends le bruit cristallin de ces foutues vagues se briser contre le rempart de mon esprit d’une dangereuse façon. Je n’ai plus remis un seul pied sur une plage sableuse depuis de longues années.

“Un oncle alcoolique m’a transmis les valeurs que j’avais besoin d’entendre pour survivre à un monde injuste. C’est un connard idéaliste et maltraitant. Nous avions des ambitions différentes. Il voulait que je devienne un employé de bureau respectueux. Moi, je voulais devenir un démiurge et changer le monde.”

Les gouttes de pluie serpentent le long du pare-brise devant un passage piéton. En soupirant du nez, je me rends compte que j’ai du mal à me libérer. Mes explications ne sont pas aussi détaillées. Kenji doit être en paix avec son parcours. Pas moi. Je n’accorde aucune attention sur mon passé pour la raison suivante …

“Tu sais quoi, Yumeda-kun ? Je pense qu’il y a deux types de personnes. Celles qui passent leur vie à tomber en essayant de reconstruire leur passé. Et celles qui passent leur temps à bâtir un avenir glorieux à la sueur de leur front. J’ai pris cette dernière option. Mon histoire ne fait que commencer depuis que j’ai rejoins le clan des Yamaguchi à Kyoto. J’ai gravi les échelons là-bas en étant considéré comme un servant. Aujourd’hui, je suis devenu un instrument. Et mes actes … disons “professionnelles” m’ont donné ce surnom ridicule d’Atisuto. Tu vois, tu n’es pas le seul à renier le titre qu’on t’a collé au cul. La seule différence, c’est que je reste concentré sur l’avenir. Je suis destiné à un avenir plus haut encore.”

En face d’un petit restaurant familial, le véhicule s’arrête enfin sur une place de parking public.

“On y est …”

La clé de contact tourne à nouveau pour éteindre le moteur. Avant que les portes ne s’ouvrent, je retiens encore mon compagnon.

“... il y a bien une seule chose où nous tombons d’accord : notre famille part en vrille. Les traîtres pullulent. Ta tête est mise à prix. Et les coups d'État sont à deux doigts de tomber sur ton oncle. On est seul, Yumeda-kun.”

Et il est le premier à avoir un pied dans la tombe. Les portes s’ouvrent et nous sortons dans le froid et la tempête pluvieuse avant d’atteindre le palier du restaurant. Il pense que j’ai souhaité intégrer cette situation de merde ? Venir dans ce putain de trou à Kobe ? Je veux remplir ma mission et repartir à Kyoto au plus vite. Et la seule chose que je comprends de lui, c’est qu’il a refusé d’endosser un rôle de patriarche où il aurait pu faire toute la différence. J’espère que Makoto sera plus sage que son neveu…

... pour autant qu’il parvienne à rester en vie un jour de plus.

L’ambiance du restaurant est en parfait contraste avec mes pensées : vivante, légère et chaleureuse. Majoritairement du coin, les clients abondent autour des tables et des assiettes à moitié pleines. Ici, pas de musique, hormis le tintement des couverts, les voix des clients multipliées entre elles et les ordres d’une petite vieille dame d’un mètre cinquante en hyperactivé. Mei, la tenancière, exerce un parfait contrôle dans la gestion des clients et des tables en imposant son autorité. Guo, le cuisiner tapi à l’arrière du bar, supporte tant bien que mal le coup de feu infernal des confections des différents menus. Lorsque mes yeux rencontrent ceux de l’ancienne, Mei se précipite comme un boulet de canon sur nous en ayant un sourire bienveillant collé à ses lèvres, son visage inclinée et ses mains rejoignant les miennes comme une grand-mère heureuse de retrouver son petit fils.

“[Mandarin] Shintaro ! Guo ! Guo, espèce d’abruti, regarde, il est arrivé !”

“Bonsoir, Mei-san. Je te présente mon collègue.”

Ses yeux brillants fixent ceux de Kenji au moment où elle prend aussitôt ses mains en guise de salutation. Malgré la barrière de la langue, nous nous comprenons dans les mots et les gestes.

“Plaisir, plaisir ! Vous venir, place vers fenêtre et Guo. Deux places ?”

“Oui Mei, deux places.”

“D’accord, d’accord ! Ici ! [Mandarin] Guo, active-toi un peu !”

Pour circuler, il faut rentrer son ventre et forcer un peu le passage pour arriver jusqu’au comptoir à proximité d’une baie vitrée où la pluie ne cesse de battre. Avec un peu de difficulté, j’enlève la veste de mon costume avant de retrousser soigneusement les manches de ma chemise blanche jusqu’au coude. Coiffant mes cheveux en arrière d’un mouvement de la main, je prend place en constant que Kenji est le premier à dégainer son choix du menu. Sans regarder les propositions culinaires, j’accompagne sa réponse avec la mienne.

“Pour moi, le menu du jour et un whisky. Oh, et une poche de glace pour mon collègue. [Mandarin] Merci, Mei.”

Même en écorchant son langage, la vieille dame m’encourage à continuer mon essai en mandarin et acquiesce à notre commande avec un sourire mielleux. Après tout, à force de venir ici, on commence à comprendre certaines bases de vocabulaire. “Bonsoir, merci, idiot, va te faire foutre”. L’ambiance atypique de Chinatown.

“[Mandarin] Comment on dit déjà … [Japonais] Accident travail ?”

Attentionnée, Mei regarde Kenji avec un regard douloureux en secouant négativement la tête. Elle attend une réponse du bel homme aux cheveux bleus nuit. Je me permets de compléter pour lui en hochant la tête de haut en bas.

“Accident travail, c’est ça.”

Au vu de l’urgence de la situation, la douce Mei disparaît avant de revenir à notre table en distribuant déjà la poche glacée pour le jeune prince avant de repartir à nouveau comme une brise dans l’air - non sans avoir provoqué son “idiot de mari” qui semble souffrir derrière les fourneaux. En croisant le regard de mon partenaire de crime, je lui fais comprendre qu’il ne vaut pas négocier avec une grand-mère chinoise : elle nous gâtera de toute manière, même en cas de refus.

“Gentille, ferme et attentionnée. C’est une femme à marier. Si elle avait 40 ans en moins, et si j’avais un boulot un peu plus honnête … Je tenterai ma chance avec elle.”

Aussitôt, Kenji s’intéresse à la suite des événements en partageant à nouveau toute son affection. “Monsieur je me la pète dans mon costume blanc immaculé et plié au quart de façon parfaite “, éructe-t-il. Je dois admettre qu’il ne manque pas de créativité pour cracher sa haine sur ma gueule. Tout en posant mes coudes sur le comptoir, je le regarde avec un sourire amusé tout en haussant les sourcils, gloussant malgré moi à sa tentative de m’atteindre d’une manière aussi infantile.

“Tu me plais, Yumeda-kun. T’es un peu fêlé, tu manques de poésie dans tes mots … mais ton coeur est à la bonne place.”

Tout en reniflant avec dédain, je profite de répondre à sa demande initiale sans attendre plus longtemps. Le restaurant familial chinois est un terrain propice pour discuter affaires. Leur culture ne les incite pas à agir avec la même discrétion que les nippons. Un brouhaha incessant, des clients narrant leurs vies dans leur langue natale, une vieille dame qui fait les cents pas autour comme une lionne dans sa cage, un cuisinier en sueur en proférant des commandes prêtes … La discrétion assurée à la lumière du jour. Il faudrait se coller au milieu de nous deux pour nous comprendre.

“On est attendu au district d’Aono à Sanda pour un échange avec une autre famille nippone d’Osaka, les Azuma-Gumi. Équipements militaires contre cash. Cet armement va nous servir à neutraliser un groupe de rebelles du Sanda - j’attends encore leur localisation dans deux jours. Tu sais, on m’a muté à Kobe dans le seul but de réparer vos erreurs commises et de remettre de l’ordre dans votre trou. Je n’apprécie pas les demi-mesures.”

Corriger, nettoyer et purger. Puis, rentrer le plus vite à Kyoto dans les bras de quelques hôtesses de luxe avant de me morfondre dans la solitude. Un quotidien toxique qui n’a certes pas d’avenir, mais Ôh combien rassurant. Kenji doit comprendre que je n’ai pas décidé de venir à Kobe par un pur esprit bénévole. J’y ai été convié comme l’aurait fait un concierge proche de la retraite à qui on a ordonné de nettoyer un appartement insalubre. On m’a foutu au cœur d’un rouage dysfonctionnel où je risque ma peau moi aussi.

“Après le repas, on se dirigera en chemin vers un intermédiaire de notre famille pour récupérer l’argent. Il nous attend dans le parc à Shimoaono sur une plage. C’est Hiro Matsuo, un ancien Wakagashira qui aurait pris sa retraite. Tu dois le connaître ?”

Les repas se présentent devant nous, une fumée voluptueuse émanant de nos bols respectifs. Le parfum des aliments du bœuf croustillant au sésame commence à agrandir mon appétit.

“Ensuite, nous irons sur place à Aono à minuit dans un appartement abandonné pour la transaction. Tout est déjà correctement sécurisé, on m’a assuré qu’il n’y aura pas d’embrouilles. Sauf si tu commences à ouvrir ta gueule.”

Joignant les deux mains comme une prière, mon visage s’incline en bénissant mon repas comme si c’était le dernier. Cette nuit, le sang ne pleuvra pas. Un espoir avorté.

“Itadakimasu.”

Clac.En un claquement sec, mes baguettes se brisent en deux. Une mélodie déjà entendue une centaine de fois tout au long de mon existence. Un repas est toujours salutaire avant une opération. Kenji ne me contredirait pas là-dessus :

Quand l’orage gronde dehors, personne ne devrait mourir le ventre vide.

Mâchant le croustillant du bœuf à l’intérieur de ma bouche, je jette un œil sur le côté pour apercevoir Kenji prendre part au festin.

“Tu as déjà eu affaire avec les Azuma ?”

Pendant notre conversation, la petite Mei virevolte tout autour de nous comme un atome déchaîné en s’assurant du bon déroulement de notre repas.

“Bon, bon ?”

L’énergie soudaine de la vieille harpie manque de me tuer. La gorge contractée, la dernière rincée d’alcool se glisse dans le mauvais trou en me poussant à tousser comme un vieil alcoolique. Le visage légèrement rosi, je colle le creux de mon coude contre ma bouche en essayant de me contrôler. Peu à peu, les quintes se calment alors que je relève mon visage au plafond en inspirant longuement pour me ressaisir.

“Oui Mei, c’est bon, bon. Resserre-nous à boire, s’il te plaît.”

La gorge encore brûlante par la liqueur, j’essuie d’un revers de main un œil humide en me confondant en excuse d’un simple geste de la main. Même pour le joli minois de Kenji, le savoir-vivre doit être préservé. Ma vie est constellée de codes à suivre. C’est ce que je décide d’extérioriser en ce moment même.

“Ecoute, on arrive pas à s’entendre, c’est un fait. Mais, si tu adhères à mes principes à instaurer l’ordre, alors je te fais la promesse de ne pas te mettre des bâtons dans les roues. Dans quelques heures, je dois pouvoir compter sur toi à tout moment. Tu en as chié jusqu’ici et je vais te demander de supporter encore plus. ”

Dans un dernier élan de la main, le second shot de whisky passe beaucoup mieux. Terminant mon plat, je dépose mes baguettes à l’horizontal en soupirant de contentement. C’était un vrai délice. Guo n’a pas perdu la main malgré sa faible tolérance au stress. Il est vrai que je n’ai jamais aperçu avec un pistolet dans la bouche. Lui et la petite vieille peau sont deux êtres qui apportent du confort dans ma vie. Ils vivent et s’engueulent simplement. Personne ne sort un couteau par derrière.

“Dans le cas contraire, je te fais la promesse que le chemin de ton pardon sera couvert d’embûches et d’épines que je sèmerai sous tes pieds nus. Tu saigneras, tu saigneras abondamment dans cette traversée, jusqu’à ce que ton corps ne puisse plus le supporter.”

Pour ponctuer mon monologue, je lui partage un dernier regard échangé, une promesse silencieuse en gardant les épaules légèrement voûtées et prêtes à prendre le départ. Une liasse de billets se pose sur le comptoir en couvrant largement les deux menus et le confort qui les accompagnent. Le poing de Kenji a déjà couvert sa part.

“C’est pour moi. Tu es prêt ?”

Un faible rayon ensoleillé commence à émerger des cieux; la journée semble paisible.
A mon avis, on a pas fini de s’en prendre plein la gueule.


Ma floraison est faite de paille et de feu.


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Kenji Yumeda
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Kenji Yumeda

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Qui a dit que je voulais bosser avec toi ?

ft. Shintaro

Shintaro finit par me parler un peu de son histoire. A la plage donc, sympa comme endroit pour grandir même si je comprends rapidement que plusieurs tempêtes sont arrivées dans sa vie et que l’on est toujours un peu submergé à un moment donné par cela. Hum, si je comprends bien, il a perdu sa famille assez tôt. C’est malheureusement horrible de perdre sa famille jeune et en même temps, c’est la vie. Des familles dysfonctionnelles en veux-tu, en voilà. J’ai légèrement plus de sympathie pour lui maintenant qu’il m’a raconté son histoire dans les grandes lignes. Inutile de savoir les détails, juste d’avoir la vue générale me suffit. Nous n’avons pas forcément besoin de connaitre nos histoires pour savoir travailler ensemble. Il suffit juste de connaitre les intentions de l’autre, son caractère et son approche de travail. La pluie fait rage, nous sommes bien à l’abri dans cette voiture et pourtant, nous allons bientôt la quitter pour aller nous sustenter.

L’homme commence à me faire une sorte de leçon sur la vie, le fait que l’on trouve deux types de personnes dans ce monde. Celles qui se penchent plutôt sur leur passé en essayant de le reconstruire à grands coups de sueur et celles qui se penchent sur l’avenir, qui veulent construire quelque chose de glorieux pour leur futur. Il fait partie de cette seconde catégorie, supposant que j’ai l’air de faire partie de la première. En réalité, je ne suis dans une aucune de ces cases. Il a commencé à Kyoto, je comprends mieux maintenant son surnom et je ne pensais pas que c’était un fardeau pour lui. J’aurais eu plutôt l’idée qu’il en était fier. Enfin, on peut toujours se tromper sur les apparences bien entendu. En revanche, je trouve ça triste de juste se considérer comme un « instrument ». Certes, nous ne sommes que des pions sur l’échiquier mafieux mais nous restons malgré tout, des humains. Rester concentré sur l’avenir ? Mon avenir il est ailleurs que dans mes activités professionnelles mais il ne peut sans doute pas le comprendre.

« Un avenir plus haut ? Tu as l’intention de construire ta propre famille ? Bon courage. Je ne regarde pas vers le passé et mon avenir est ailleurs que chez les Yakuza, même si j’en reste un par nature. Enfin, tu le comprendrais davantage si tu avais une fiancée et une fille à t’occuper et protéger. »

Voilà qui est clair ainsi, pourquoi je n’ai pas spécialement envie de me mouiller, pourquoi je me sens fatigué comme un spectre du passé essayant de vivre sa vie malgré les dangers. Et enfin, nous arrivons à ce petit restaurant. En sortant de la voiture, Shintaro me fait savoir qu’il y a au moins une chose sur laquelle on est d’accord. A la bonne heure, ce serait vraiment dommage de devoir se tirer dans les pieds dès le premier jour hein. Pas besoin de me rappeler que ma tête est mise à prix… Je ne fais qu’acquiescer à ce constat des plus alarmants. Mon oncle ne peut pas être trop impliqué dans ces affaires, il a d’autres choses à régler pour la survie du clan, tant et si longtemps qu’il arrive à survivre aux futurs coups d’états qui vont certainement se jeter sur lui. Nous sommes ainsi seuls. Si l’on arrive à tuer les traitres rapidement, ça devrait calmer le jeu.

Quand nous entrons dans le restaurant, la tenancière nous accueille avec de ce que je comprends être du mandarin. Ho donc, monsieur sait aussi parler cette langue. Intéressant. Si je me débrouille à peu près en anglais, il est certain que je ne connais pas un traitre mot de mandarin alors je le laisse faire la conversation. Je me fais surprendre par la petite dame qui me prend les mains dans les siennes pour m’accueillir, esquissant une grimace causée par la douleur du poing de tout à l’heure avant de m’incliner avec respect, un sourire bienveillant venant relever les jointures de ma bouche. Il y a beaucoup de monde et il est un peu difficile de se rendre jusqu’à nos places sans rentrer le ventre. Nous donnons nos commandes et très rapidement, je reçois en premier lieu une poche de glace pour ma main. Remerciant la petite dame en mandarin, le seul mot que je sais dire, je posais l’objet froid sur ma main, après avoir croisé le regard de mon partenaire, me disant ainsi qu’il valait mieux ne pas négocier avec la petite dame. Ses observations sur la dame et sur le fait qu’il se l’aurait bien tapée si elle avait eu 40 ans de moins me font juste lever les yeux au ciel.

« Tu ferais mieux de te trouver une jolie nana qui accepte ton travail et qui a ton âge rapidement. Si ça se trouve, tu trouveras une femme un peu fêlée qui n’a pas peur des Yakuzas et du danger. »

J’avoue que ça ne court pas les rues ce genre de perle mais bon, je ne vais pas me plaindre. J’ai trouvé ma perle, enfin je l'avais trouvé rectification et je l'ai perdu pour toujours à présent... Ah OK, le retour, c’est moi qui suis un peu fêlé ? Ho ça se peut bien… Après tout ce que j’ai traversé, je me demande comment j’arrive encore à peu près à rester saint d’esprit. Enfin, à priori, je lui plais. Un bon point, peut-être qu’après tout, on pourra arriver à s’entendre malgré nos différences de point de vue. A ma demande sur ce travail de l’après-midi, il ne se fait pas prier pour me faire un rapport. Et en plus, il faut que l’on aille à Sanda. Ah purée comme ça ne me plait pas. Il va falloir aller dans la fourmilière. Un échange avec une autre famille d’Osaka, dans le pire quartier de Sanda ? C’est une blague j’espère ? Il n’y a que les fous qui font ça là-bas. Je ne sais pas si tout ce petit monde se rend compte des problèmes que l’on va devoir gérer. J’ai un gros doute sur la soi-disant sécurité de cet échange.

Je me contente de secouer la tête négativement. Attendre d’avoir la localisation dans deux jours. Et je sais très bien que c’est pour réparer nos merdes qu’il est là, sous les ordres de mon oncle. Enfin, bien sûr, il n’y a pas que notre clan, tout part un peu en couilles à Kobe à cause des délinquants de Sanda de toute manière. Et il ne fait donc pas dans la demi-mesure. Ça ne me rassure pas trop, je ne sais pas à quoi m’attendre. Je devrais cependant lui faire part de mon scepticisme quant à cet échange. Pourquoi ne pas le faire ici, à Kobe ? Ce détail ne me plait absolument pas.

« Et pourquoi à Aono ? Es-tu certain que c’est complètement sécurisé ? J’ai un doute sur cela. Ça se voit que tu n’as sans doute jamais mis les pieds à Sanda et encore moins dans ce quartier. Là-bas, si t’es un Yakuza, t’es mort. Cet échange est trop dangereux dans ce district. Je ne comprends pas, les Azuma n’ont pas réfléchi ou quoi avant de proposer le lieu. A moins que ce soit de notre côté et là, ça me plait encore moins parce que ça veut dire que même de notre côté, il y en a qui veulent voir les Yakuzas morts. On n’est déjà pas assez limités dans nos mouvements tss… »

Shintaro continue de me donner les autres détails. Rejoindre Hiro Matsuo sur la plage de Shimoaono, hum, je vois. Je ne sais pas si je vais être très bien accueilli… La dernière fois qu’on s’est parlés… On en a fini aux mains, aux armes même et c’est à cause de lui que j’ai cette cicatrice sur le nez. J’avoue ne pas être très chaud pour revoir cet homme mais bon. Le repas nous est enfin servi, humant le fumet qui s’élève devant moi.

« Si je le connais… ? C’est lui qui m’a fait cette cicatrice sur le nez... »

Je soupire à nouveau avant de prendre mes baguettes, dans un crac, elles se cassent en deux. Et en plus, on va devoir aller voir ce soir à Aono dans un vieil appartement, s’assurer que tout est sécurisé pour la transaction ? C’est une blague ? Tin, mon oncle ne m’avait pas dit que je devrais y aller ce soir bordel. J’ai une famille aussi, je ne suis pas disponible 24 heures, 7 jours non plus. Pas d’embrouilles si je n’ouvre pas ma gueule ? Je ne me mouille pas pour aller dans la gueule du loup aussi facilement.

« C’est bien… Je n’étais pas au courant que j’allais devoir bosser cette nuit. »

Je ne vais pas mourir ce soir de ce travail, mais c'est Ayako qui va m'écharper parce qu’on avait prévu un truc ce soir mais bon. Soupirant, avant de commencer à manger, je bois mon verre de saké d’un trait et envoyais un message à ma fille pour la prévenir qu’un imprévu de dernière minute faisait que je devais travailler cette nuit et que ça allait mettre nos projets en suspens pour ce soir. Elle va encore m'en vouloir pendant des jours et des jours... Je finis par joindre mes deux mains en lançant un rapide « Itadakimasu » avant de me mettre à manger. Ça ne me coupe pas l’appétit cependant, je n’aime pas trop la tournure que les choses sont en train de prendre. Il me demande si j’ai déjà eu affaire aux Azuma, me sortant de mes pensées. Je jette un œil vers lui avant de poser mes baguettes sur mon bol.

« J’ai déjà eu affaire à eux effectivement, une seule fois. Leur chef est plutôt arrogant et jeune. On peut dire qu’il a la fougue de la jeunesse. Nos caractères ne vont pas très bien ensemble, ça a été compliqué de finir sans en venir aux armes. C’est très rare que l’on rencontre des familles extérieures à Kobe. Osaka est bien occupée avec ses propres problèmes pour faire affaire ici. Quand nous-mêmes, à Kobe, nous avons quelques problèmes. Mais, je ne vais pas me plaindre. Certaines familles prennent part dans la guerre contre Sanda. »

Je pose une main sur mon verre pour qu’elle ne me serve pas d’alcool. Un verre, c’est bien assez. Je vais me contenter de boire mon thé au jasmin. Il ne faut pas trop abuser, je vais me faire trucider par le médecin après. Et ce type est plus effrayant que n’importe quel Yakuza aussi fêlé soit-il. Je replonge ensuite dans mon repas, prenant mon temps bien que la quantité diminue à vue d’œil un peu trop rapidement.

« Et toi ? »

Toute information supplémentaire sur cette famille est bonne à prendre. Voilà, étouffe-toi, que je puisse retrouver le chemin du salon de tatouage et effectuer mon travail et aller chercher Ayako à l’école. Non ? Dommage. La petite dame nous demande si c’est bon, j’hoche la tête et mes bols vides peuvent en témoigner. Une mise en garde de la part de Shintaro à mon encontre. Adhérer à ses principes, ne pas me mettre de bâtons dans les roues dans ce cas, pouvoir compter sur moi à tout moment ? Je n’ai pas signé pour cela. Supporter encore plus hein ? Du moment que tu ne m’éloignes pas des miens, ça devrait pouvoir se faire bien que je ne compte pas être disponible à tout bout de champs. Et il me menace en plus ? Mon regard n’est pas bienveillant pour un sou. Ce gars compte réellement se dresser contre moi ? Il ne me reste plus qu’à faire quelques recherches sur ce type, voir ce que je peux en tirer. Il doit quand même bien avoir encore de la famille quelque part. Je n'aime pas trop ce ton employé et il n’est pas le seul à avoir plusieurs atouts dans sa manche.

« Mon oncle ne t’a pas dit que je n’étais pas disponible 24h sur 24 et 7 jours sur 7 ? J’ai une famille qui m’attend tous les soirs, je ne suis pas un électron libre comme tu sembles l’être. J’ai juste concédé que je devrais de temps à autre faire le sale boulot le soir. Ce soir, ça tombe mal. »

Disons que ça m’emmerde réellement que mes projets soient avortés aujourd’hui. Je n’ai pas le temps de prendre mon portefeuille qu’il a déjà déposé plus qu’assez sur le comptoir. Je finis par me lever en soupirant, remerciant à nouveau la petite dame pour ce repas et me dirigeant sans un bruit vers la porte pour en sortir. Il ne pleut plus autant, un rayon de soleil est même en train de poindre son nez. A nouveau, nous rentrons dans cette voiture noire, je retrouve le cuir du siège passager laissant le soin à mon chauffeur de nous amener à bonne destination. Le trajet est un peu long, la radio couvrant le silence qui s’est installé entre nous. Je n’ai pas envie de parler avec lui plus longtemps. Il ne comprend rien de toute manière et il ne comprendra jamais qu’il y a des choses plus importantes à s’occuper et à protéger que de sauter à corps perdu dans le travail. Il n’y a pas que le travail dans la vie. Je me demande bien de ce qu’il peut faire de ses jours de repos. Enfin, pour autant qu’il prenne des jours de repos de temps à autre. Ça m’a plutôt être le genre de gars à travailler tout le temps, sans n’avoir aucuns hobbies. Quelle triste vie.

« Je ne vis pas non plus pour ce travail ou juste pour travailler des heures et des heures… »

C’est devenu encore plus vrai depuis que j’ai rencontré Mia. Je pense que c’est elle qui m’a sauvé de ces interminables journées car malheureusement, j’ai fait à Ayako exactement ce que mon père nous avait fait. Enfin, même si maintenant sans la femme que j'aime, je vais certainement vouloir encore plonger dans le travail. Mais non, je ne peux pas me permettre de refaire cela à Ayako. Je lui ai promis d'être un père beaucoup plus présent. Préférer le travail et le clan à sa famille de sang. Enfin, avec ces conneries, je ne sais même pas si je vais avoir le temps de retourner à la salle de boxe pour me défouler ou encore de pouvoir participer aux cours d’arrangement floraux qui n’ont que pour but de me détendre et éviter que je laisse mes émotions un peu trop me submerger. Pas juste aujourd’hui mais tous les jours à venir de ma vie, à cause de cette alliance. Ma santé va encore en prendre un coup si je suis obligé de participer à tous les coups en soirée, en plus d’avoir mon boulot au salon de tatouage. On n’était pas censés juste apprendre à se connaitre et passer la journée ensemble ? Je vais vraiment devoir être obligé de bosser cette nuit aussi ? Et en plus dans la gueule du loup. Non mais sérieusement, il faudrait vraiment réfléchir un peu plus avant d’envoyer des mafieux à Sanda. C’est l’idée la plus stupide que le monde a eu. Et je suis presque certain que ce n’est pas mon oncle qui l’a eu. Il sait que trop bien l’importance de préserver les vies de la famille en face de ces sales rats. Pourquoi donc aller se foutre dans l’antre de l’ennemi volontairement ?

« Je répète mon avertissement. C’est une très mauvaise idée de faire un échange dans le pire district de Sanda. Tous les soirs, ça pullule de délinquants et quasi un soir sur trois, tu peux être sûr qu’il y a un crime qui est commis. Ils n’ont aucunes lois ! Ce n’est pas pour rien que la police ne s’y risque plus. Alors me faire croire que c’est sécurisé… Non, impossible. »

Mais bien sûr, mon avertissement va se terrer dans un trou, perdu et oublié sans que l’on n’y prenne garde. Faut vraiment être fou et je ne le suis pas à ce point-là de ce que je sache. On m’envoie là où je ne veux pas. La radio passe ensuite une chanson du groupe Scandal ; la voix de ma sœur, l’entendre chanter ça m’avait un peu manqué. Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas écouté la radio de plus. Je me surprends à chanter dans ma barbe, alors que j’ai les yeux rivés sur le paysage qui défile sous mes yeux à mesure que nous avançons en direction de notre destination. C’est une partie de son salaire qui nous permet de rester encore dans la course et d’avoir de quoi vivre plus sereinement quand les autres activités du clan n’arrivent plus à rapporter autant qu’avant.

Finalement, nous arrivons sur un parking près d’un parc. Sortant de la voiture une fois que nous sommes garés, je ne suis plus aussi détendu que ce matin. Tout simplement parce qu’on va voir un type que je n’apprécie pas spécialement. Je ne sais pas comment il va réagir en me voyant là, être de la même famille à présent. Les mains dans les poches de mon manteau, il semblerait que la pluie ait enfin décidé de se calmer. Ce n’est pas hyper discret non plus comme endroit mais heureusement, il n'y a pas de badauds pour l’instant. La transaction devrait pouvoir se faire sans problème. Plus j’avance, moins j’aime ce que je vois en face de moi. La face de ce sale type d’Hiro Matsuo. La douleur fantôme de cette cicatrice sur le nez me revient en pleine figure et n’aide pas à ce que je sois de meilleure humeur.

« J’espère pour lui qu’il a une bonne assurance. Juste au cas où. »

Non pas que je veuille chercher des noises mais s’il se montre hostile envers moi, je n’hésiterais pas une seule seconde à tirer. J’ai des tas d’ennemis et savoir que mes ennemis d’hier deviennent certains de mes alliés aujourd’hui ne plait pas beaucoup. Ça ne va pas passer crème comme Shintaro le veut. Il va certainement y avoir quelques pots cassés en cours de route.

« Je ne vais certainement pas être très bien accueilli par ce type donc je te laisse parler avec lui. Je vais me contenter de rester un peu en retrait. »

Je pourrais toujours ainsi plus facilement me servir de mon arme s’il veut vraiment me rentrer dedans. Je passe mes doigts sur ma cicatrice comme par automatisme, souvenir douloureux de ce jour où j’ai voulu approcher le Yama… Il était encore dans le coup à ce moment-là. Faut dire que ça fait une dizaine d’années et je ne l’ai pas revu depuis. Enfin, je suppose que l’on n’oublie pas facilement la tête des gens à qui on a foutu une raclée. Personnellement, je n’ai pas oublié à quoi il ressemblait même si les années l’ont fait vieillir. Tout comme moi d’ailleurs mais bref. Je me mets volontairement en retrait de Shintaro, mettant bien un mètre cinquante entre nous deux. J’espère que cela ne va pas durer trois ans. J’ai d’autres chats à fouetter et j’aimerais bien pouvoir récupérer Ayako moi-même à l’école, surtout qu’elle finit plus tôt aujourd’hui. Mes projets pour davantage me rapprocher de l’adolescente commencent à tomber à l’eau. Quand notre homme voit ma tronche, on peut clairement dire qu’il n’est pas enchanté du tout.

« Shintaro ! C’est quoi ce bordel ?! Pourquoi tu m’amènes cet effronté ?! Je ne veux pas voir sa tronche, surtout si c’est pour interférer dans nos affaires. »

« Moi non plus, je n’avais pas très envie de revoir votre tronche Matsuo-san, seulement les choses ont changé. Nous faisons partie du même camp à présent. Enfin, je vous laisse parler tranquillement. »

« C’est ça gamin ! Va faire une balade et voir ailleurs si j’y suis surtout. »

Je savais très bien que ça allait se passer comme ça. J’haussais simplement les épaules avant de m’éloigner, ravi de ne pas avoir à prendre part à la transaction. Je me contente d’observer les environs pour voir si tout va bien, pas de danger ou de curieux à l’horizon. Mon téléphone en main, j’en profite pour envoyer un message à Akone et lui demander qu’il me passe son contact afin que je puisse avoir quelques données sur ce cher Shintaro Fuma. Toujours avoir quelques dossiers, juste au cas où. J’ai encore les dossiers des traitres de notre clan, ce qui sera un atout quand il faudra s’en occuper. Les habitudes alimentaires, les habitudes de vie en dehors du travail pour la famille. Tout ce qui est utile pour faire tomber quelqu’un. On n’est jamais trop prudents. J’ai l’impression que cette transaction prend trois ans alors que cela ne fait que quelques minutes que nous sommes ici. Je suis un peu trop loin pour les entendre. Parlent-ils du bon temps ? Matsuo se vante-t-il de comment il m’a foutu une raclée pour mon effrontément à essayer de négocier avec son clan pour travailler avec eux ou du moins pour prendre le GinRyu sous son aile ? Ça se pourrait bien puisqu’un éternuement vient m’embêter au même moment.

Je devrais me contenter de faire une petite sieste en attendant qu’ils aient fini de parler. Mais ça foutrait à mal le fait qu’un yakuza doit toujours rester sur ses gardes. Enfin, ce cher Shintaro revient vers moi avec une mallette. Sans doute pleine de billets.

« La transaction s’est bien passée à priori. Il n’a pas trop craché sur ma gueule ? »

A nouveau les mains dans les poches, je me dirige vers la voiture sans un regard vers l’homme qui m’a laissé cette belle cicatrice. Nous avons l’argent très bien, et maintenant ? Subitement, mon téléphone se met à vibrer alors je le sors de ma poche pour voir ce qu'il en est. Hum... Les informations que j'avais demandé sont arrivées. Ainsi donc, il y a bien un lien entre elle et Shintaro. Fuma... Oui le nom ne pouvait pas tromper. Il n'y en a pas beaucoup des Fuma à Kobe. Ah ce cher Seijuro est toujours aussi méticuleux et professionnel. J'ai eu bien fait de lui demander d'envoyer la jeune femme faire de la retouche costume chez des types du Yamaguchi à Izanami. Il faut savoir surveiller ses arrières. Maintenant, il va me falloir demander quelques comptes à Shintaro.



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"La famille, ce n'est pas ceux qui t'ont vu naître.
C'est ceux envers qui tu as juré loyauté en étant prêt à mourir."


L’estomac gonflé par les nouilles, Kenji referme la portière une nouvelle fois alors que je tourne la clé dans le contact du véhicule. Très vite, le paysage urbain est remplacé par des monticules végétaux où la faune animale à toutes ses raisons d’y vivre. Les arbres surplombent l’horizon, tandis que la voiture commence à vibrer en écrasant sur son passage un chemin recouvert de pierres et de terre. L’ascension jusqu’au lac est à la fois raide et étroite. Le dos presque couché contre le siège, je peux sentir les palpitations de mon cœur s’accélérer sans aucune raison. Un vertige ? Non, seulement le stress qui cogne mes tempes. Kenji m’a déjà averti du danger que nous encourons tous les deux.

Aono.

Le district le plus vicieux du Sanda. Le résultat d’une bonne baise entre l’enfer et l’époque féodale de nos guerres. Dans les ténèbres de cette terre sacrée, les prédateurs, les meurtriers et les opportunistes sont assis sur le trône de leur gloire. Les lignes blanches, aussi longues que des autoroutes japonaises, s’effacent sous le nez des junkies et des hérétiques du système social. Pour d’autres, l’emblème de leur victoire, c’est leur ego et la domination sur le marché noir. Ici, les innocents n’existent plus. Ils ont été remplacés par des maîtres en puissance. Et les Yakuza n’ont nullement leur place dans ce royaume en perdition. Kenji et moi-même, nous nous présenterons seuls devant toutes ces gueules affamées, debout au centre d’une assiette principale aux ingrédients bien relevés. Et cette posture très vulnérable manque d’étrangler mon partenaire une nouvelle fois alors qu’il ne cesse de me répéter ses avertissements à la con. Attisé par sa méfiance, il pose les pieds au mur et m’avertit sévèrement qu’on risque de marcher le long d’un couloir où nous ne reviendrons jamais. Le sourcil arqué dans sa direction, je me demande. Une pointe de frustration émerge dans ma conscience.

Voir Kenji reculer d’un pas me fout un coup dans les couilles.

Dans un élan de colère, mon visage manque de se dévisser lorsque je pivote dans sa direction, le poing martelant le volant du véhicule.

“Ecoute, petit con. Une tonne virgule trois d’armements militaires nous attend là-bas, volés dans les anciens stocks soviétiques. Du calibre pur. Tu espérais récolter ce précieux butin dans une salle d’opéra ? Ni la police, ni nos concurrents viendront chercher cet équipement à Aono. Nous avons une opportunité de mettre un terme à la guerre. Imagine la puissance de feu que nous pourrions gagner, la gloire que je vais récolter et la prospérité qui seraient à la portée de ta femme et ton gosse… Ce n’est pas ça que tu veux ?”

Sans crier gare, je lui partage maladroitement mon ambition de vouloir rejoindre les plus grands de la pègre. Et merde. Il fallait le dire un jour ou l’autre. Un piège ? Une mission suicide ? Peut-être. C’est vrai que je n’épargne pas Kenji. Mais l’offre est tellement grandiose qu’il serait absurde de laisser passer. Nous sommes à deux doigts d’entamer une guerre qui pourrait être la dernière. Et la seule chose que font les idiots, c’est de suivre les traces des autres. Moi, je suis d’une espèce différente. Je ne reculerai devant rien.

“Si le Sanda continue de progresser, tu retrouveras le tronc de ta femme suspendu à un crochet de boucher au milieu du salon et ton enfant assis par terre sur le canapé en tenant la tête de sa mère entre ses petites mains. Et c’est seulement lorsqu’il parviendra à dépasser son traumatisme dans ses balbutiements précipités que tu t’apercevras que sa langue est gravée d’un symbole.”

Nous nous observons comme une querelle entre deux époux qui cherchent à assouvir leur pouvoir sur l’autre avant la promesse d’un merveilleux divorce. Mais avant l’embrasement de nos âmes dans cette union incertaine, nous continuons d’aligner nos caprices en nous tenant comme deux gosses assis côte-à-côte devant la mèche allumée d’une dynamite. Qui oserait l’éteindre ? Ou encore, qui oserait ajouter du combustible sur cette si petit flamme orangée ? Nous irons à Aono.

“Tu l’as peut-être oublié, mais la paix vient toujours avec un prix. Et quelqu’un doit toujours payer. Ce soir, c’est à notre tour.”

Si la négociation se déroule convenablement, nous aurons les moyens pour dresser de meilleures défenses. Nous pourrons épargner les morts inutiles de nos frères, soudoyer à nouveau la police et protéger nos familles respectives. Ce n’est pas ce qu’il souhaite au fond ? Retrouver la sérénité d’une vie qui lui a été volée ? Ou est-il trop occupé par sa retraite à imaginer les fesses de sa femme assise sur sa gueule de con pour voir au-delà de son nez ?

“Tout à l’heure pendant le repas, tu m’as parlé de me caser avec une jolie fille. Elle est comment, ton épouse ? Elle est libre le samedi soir ?”

Ma voix réplique d’une manière sarcastique. La colère frappe ma poitrine à mon tour. Il me les casse. Et c’est incroyable qu'il parvienne à me faire sortir des gonds là où un bon nombre de connards n’a jamais réussi à le faire. Je m’attends à recevoir un coup de poing de sa part. Me prendre un lampadaire par accident en cours de route. Mais rien ne vient. Pour le moment. Hormis la radio qui ne cesse de jacqueter les dernières informations climatiques.

“... des précipitations arrivent en fin de journée et ne devraient pas s’arrêter jusqu’au lendemain…”

En refermant les yeux pendant quelques secondes, j’inspire longuement avant de retrouver mon sang-froid. J’essaye de me mettre à la place de Kenji. De comprendre où il veut en veir. Selon moi, je suis un homme qui redouble de vigilance. Selon lui, je suis un lâche de la pire espèce. Tout en baissant le volume de la radio, je lui réponds en préservant une autorité calme et sereine, une voix lasse et éteinte.

“Avoir une femme et une fille dans sa vie, ça apporte des jolies choses. Toutefois, c’est aussi offrir à ton ennemi un moyen de t’anéantir pour de bon. Ca me terrorise. Traite-moi de lâche si tu veux. Vivre dans la solitude me tue. Mais c’est une souffrance honnête.”

Alors que la route s’étend, nous pouvons désormais voir l’extrémité du lac. J’espère que Hiro Matsuo est resté ponctuel après toutes ces années. Tout comme une bagarre de rue, les transactions sont imprévisibles. On ne connaît jamais le lieu, ni l’heure en avance. Parfois cela se passe dans un hangar, un parking souterrain, une patinoire désaffectée … Ce soir, c’est une résidence vide à Aono. En tambourinant mes doigts sur le levier de vitesse, Kenji doit comprendre que nous sommes installés sur ce rouage ensemble. La machine est déjà lancée. Nous n’avons pas notre mot à dire. Nous devons suivre le fil des événements sans nous précipiter. Anticiper les risques et revenir en vie, en espérant survivre le jour suivant. Il me parle de sa femme, de ses plans du soir. Il se focalise beaucoup trop sur un avenir idéal alors que mes griffes essayent de le rapatrier sur l’instant présent. S’il continue à être distrait avec ses conneries, il va nous faire tuer. Son grand-père, son oncle, et même sa femme pourront le pleurer et le supplier de revenir devant sa tombe. Quant à moi, personne ne serait présent devant ma tombe.

A moins qu’Aliyah, elle … Non, elle ne viendrait pas.

D’un oeil incrédule, je l’observe discrètement. C’est l’élément principal qui nous différencie sans doute. Il a désormais quelque chose à perdre. Beaucoup à perdre. Je vais m’assurer qu’il reste en vie jusqu’à la fin. Si l’un de nous deux doit y passer, ça ne me gênerait pas de crever comme un chien dans le fond. Au moins, je pourrais y retrouver Magoichi.

“Les Azuma-gumi ? Je n’ai jamais travaillé avec eux. C’est ce qui me préoccupe le plus. Notre Saiki-Komon a validé la rencontre en insistant qu’on fasse preuve de courtoisie… Va savoir ce que ça veut dire. Tiens, on est arrivé.”

La voiture s’arrête en laissant les phares allumés. Hiro se présente devant nous avec un sac de sport à la main, son véhicule caché plus loin dans l’ombre de quelques arbres. En remontant la monture de ses lunettes, il s’incline devant nous avant d’être interloqué par la présence de Kenji. Mon compatriote, bien plus éveillé, se tient à part comme convenu. Hiro se retrouve immédiatement sensibilisé et ne manque pas de critiquer maladroitement la présence du prince. Un léger sourire étire mes lèvres lorsque je l’entends s’apitoyer de la sorte. Kenji marque des points s’il parvient à déstabiliser certains frères par sa seule présence. Réunissant les mains devant ma ceinture, je prends le temps de regarder les alentours avant de le faire taire.

“Matsuo. Tiens ta langue face à Yumeda-san. Il est un peu nerveux ce soir et démolir ta tête lui remonterait facilement le moral.”

“Tu sais ce qu’on raconte de lui ? Tu sais ce qu’il a …”

“Je sais. Abrège. Je suis là pour un devoir.”

“Tcht … Tu vas le regretter. Ils t’attendent à la sortie de l'autoroute dans la préfecture de Chiba. Il y a un ancien motel en chantier à côté d’un magasin d’aménagement paysager.”

“Ce n’est pas ce qui était prévu. Je n’aime pas les changements de dernière minute.”

“Les Azuma sont comme ça. Ils changent systématiquement de place. Ils ne veulent pas que les parias du Sanda s’en mêlent.”

“Hum…”

“Fuma-kun. Tu vas te faire descendre. Yumeda n’est pas fiable depuis qu’il a une épouse, son coeur s’est ramolli, tu …”

Ma main se lève afin de sceller le reste de ses mots à l’intérieur de sa gorge. Il est vrai que je n’ai pas encore vu Kenji devant les portes de l’abattoir. C’est exactement là où nous irons dans une heure. Ce sera à mon nouveau partenaire de décider s’il souhaite s’y engouffrer comme un loup ou haleter comme une brebis terrifiée devant le bruit strident des scies.

“Je suis le seul juge du jeune prince. J’ai accepté de porter sa vie sur mes épaules. Et le courroux de sa femme si les événements viennent à diverger.”

“Je …”

“Assez !”

Avec autorité, je lui fais comprendre en un poing fermement serré qu’il gagnera lui aussi une cicatrice sur le nez s’il continue à défier ma parole. Hiro baissant le visage à ses pieds, il s’avoue enfin vaincu.

“Oui, Fuma-kun Pardonne-moi.”

“Passe-moi le sac. On a déjà suffisamment perdu de temps.”

Après avoir empoigné la lanière du sac de sport - et son argent au montant comptant -, nous nous inclinons respectueusement avant de rebrousser chemin. L’air vivifiant de la nature me fait un grand bien alors que je me dirige tranquillement vers Kenji. Lui, en revanche, parvient avec une peine mesurée à retrouver son calme. A la vue de Hiro, je vois sa faim de revanche grandir immédiatement. Par respect pour sa retenue, je lui donne ce qu’il veut entendre en lui répondant avec transparence :

“Il a peint un portrait assez clair sur ta personnalité, mais ce n’est pas un artiste très talentueux. Il a de la merde dans la bouche. Peu importe ses provocations. J'attends que tu sois meilleur que lui. Meilleur que tout le monde.”

Pour le reste, je ne lui dis absolument rien, en particulier sur les changements à propos du RDV. Kenji exploserait à nouveau un boulon et je n’ai pas besoin de cela maintenant. Mon coeur se resserre. Les doutes m’intoxiquent les pensées. Tout comme Kenji, je ne veux pas être ici. L’enfant en moi hurle d’anxiété et me supplie de rebrousser chemin. Il me rappelle à nouveau que le monde de la pègre n’est pas fait pour moi. Que je risque ma peau pour une négociation qui transpire déjà une marée nauséabonde d’imprévus. Mais que ferait mon frère, Magoichi ? Est-ce qu’il s’est déjà retrouvé face à une situation si véhémente ?

Oui … Lui, il irait au front.

Avant de rejoindre notre voiture, ma main se glisse à l’intérieur de ma poche afin de sortir les clés du véhicule. D’un geste entendu, je les lance en hauteur en direction de mon collègue. C’est à lui de prendre le volant.

“Je dois passer un appel à nos supérieurs pendant que tu conduits.”

La portière close, je n'attends pas une minute de plus pour effectuer mon appel.

“C’est Fuma. Notre contact était bien sur place avec les roses. Nous nous dirigeons à présent au point de RDV. Le point se trouve à côté de l'autoroute dans un motel. Notre employeur était au courant de …”

“...”

“Comment ça, “vous ne savez pas” ? Prévenez-le immédiatement. On a besoin de sa validation avant d’être sur place.”

Plus les kilomètres défilent, plus l’inquiétude grandit dans le coeur de Kenji et du mien. J’essaye de garder la foi pour cette opportunité en or alors que le jeune homme aux cheveux carmins maintient toujours le même discours. Travailler avec une nouvelle pègre dans un territoire déjà hostile n’éveille rien de bon. Il faudra pourtant s’y préparer en conséquence. Au même moment où nous arrivons à destination, la vibration de mon téléphone commence à s’exciter. Un nouveau message a été reçu.

“On a reçu un message de notre Saiko-Komon. Feu vert pour la transaction.”

Un soupir de soulagement retentit chez moi. Enfin une bonne nouvelle. La famille est de notre côté. C’est tout de même curieux qu’il n’ait pas décidé de m’appeler aussitôt. Maintenant, nous devons rester concentrés jusqu’à la fin des négociations et tout ira pour le mieux. Tout en passant un dernier coup de peigne sur la longueur de ma frange, je partage à mon camarade de fortune mon sentiment réel sur ce qu’il va se passer dans les prochaines minutes.

“Je ne vais pas te mentir, Kenji. Ce soir, nous sommes des chiens parmi d’autres. Ta famille, ni la mienne, n’existe plus. Un paradis n'est pas quelque chose que l'homme devrait pouvoir créer. Nous sommes seuls. Tu es prêt ?”

Tout en quittant le véhicule, deux hommes en costard noir se dirigent vers nous, menaçant. Les deux portent un petit médaillon au coin de leur costume affichant le signe de leur famille respective. Nullement surpris par la présence de ces deux hommes, je le salue brièvement en m’inclinant devant eux. L’un d’eux nous questionne sans attendre.

“Vous êtes les Yama’ ?”
“Fuma Shintaro et Yumeda Kenji.”

Le dos droit, nous nous observons avec beaucoup de discipline, le regard sévère et intransigeant. Ses yeux jonglent entre les miens et ceux de Kenji en s’attardant un maigre instant sur lui avant de remonter son regard sur moi. Puis, nous concluons cette rencontre tout aussi brièvement.

“Très bien, suivez-nous.”
"Prends le sac dans le coffre, Kenji.”

En restant côte à côte du prince, nous nous déplaçons en silence jusqu’à l’intérieur du motel. Alors que nous nous engouffrons à l’intérieur, une forte odeur de moisissure se répand dans l’air. Les narines me piquent atrocement, mais je suis curieusement accoutumé à ce parfum sinistre. Le couloir de l’établissement est éclairé par plusieurs bougies de fortune, attirant une nuée de moucherons autour de chaque colonne de lumière. Pas de meubles. Absolument rien hormis une nuée d’insectes comme seule compagnie. En suivant nos hôtes, nos talons résonnent à l’intérieur du couloir avant de monter les escaliers et de s’arrêter au 3ème étage devant la chambre 306.

A l’intérieur de la chambre, deux autres hommes en costume noir nous attendent. Au moment où la porte se referme, l’un d’eux s’approche de nous en nous présentant des jumelles.

“Merci de vous munir de ces jumelles pour que vous puissiez consulter le reste de la marchandise par la fenêtre. Regardez en bas de la cour, nos camions s’y trouvent.”

Et à proximité, plusieurs camions de chargement sont parqués avec un logo aussi brillant que coloré, soit pour des ressources alimentaires ou pharmaceutiques. L’un de ces camions s’ouvre lorsque nous nous approchons. Deux hommes habillés en ouvrier attendent à l’intérieur avant d’ouvrir plusieurs caisses de stockages provenant de divers horizons. Armes de poing, fusils-mitrailleurs, et même une caisse de fusils de précision provenant directement des U.S.A. Ce camion constitue à lui seul un magasin de bonbons aussi attrayant que même les gosses en surpoids deviendraient diabétiques en vingt-deux secondes.

“Ce n’est pas suffisant. Je souhaite toucher le matériel.”
“Nous avons pensé à cette alternative aussi.”

En ouvrant une caisse, l’un deux me fournit un fusil-mitrailleur silencieux - bien évidemment vide de munitions.

« Un AS VAL … Une valeur sûre et appréciée par les opérateurs Spetsnaz russes. Deux kilos et demi d’acier d’une élégante simplicité pouvant atteindre sa cible dans les quatre cents mètres. Incassable, il ne chauffe pas et ne s’enraye jamais même en étant couvert de boue ou de sable. Il est d’un emploi si facile que même les enfants peuvent s’en servir aisément… et ils s’en servent en Afrique. »

En passant l’arme à mon collègue, je lui demande également son avis. De l’arme. Mais surtout de la situation globale.

“Kenji, qu’est-ce que tu en penses ?”

“Joli, n’est-ce pas ? Il est important que chaque famille décide de s’allier pour combattre le Sanda.”

“Les Yamaguchi-Gumi partagent les mêmes traditions et valeurs. Nous devons nous unir pour mettre un terme à la violence de ces rebelles. Kenji, donne-leur le premier paiement.”

En observant attentivement les gestes de Kenji, j’attends son retour à mes côtés avant de déclarer en un long murmure amusé.

“C’était pas si compliqué, tu vois ? Au retour, on achètera des fleurs pour ta femme. Appelle-la pour la rassurer, dis-lui qu…”

“C’est quoi ces conneries ?!”

Les sourcils froncés, j’observe attentivement l’un des hommes se chauffer en un quart de seconde. Qu’est-ce qu’il a lui ? Une hémorroïde qui le démange ? En un demi-cercle, il se retourne et répand les billets du sac de sport à terre, juste sous notre nez. Eh bien quoi, le montant n’est pas correct ? En m’inclinant, je ramasse une liasse afin de l’observer avec la plus grande attention. La texture du papier est bonne, l’encre est également teintée comme il se doit. Tout me paraît correct. Excepté … le numéro de série. Un détail mineur qui fait pourtant toute la différence car le constat est sans appel.

Les billets sont faux.

Entièrement désarmé par la tournure de cette situation, je m’interroge dans le plus grand désarroi, les palpitations de mon coeur reprenant de plus bel. Qu’est-ce qui a merdé ? Un calcul rapide se fait systématiquement dans la tête. Tout a été organisé impeccablement par notre famille. Je ne comprends plus rien. Je n’ai aucune justification correcte à leur donner.

“Il y a une erreur …”

“Pas du tout, on voit désormais comment travaillent les Yama’. Vous êtes des véritables chiens, des traîtres sans honneur. Vous avez essayé de nous entuber !”

“Vous avez de la merde dans vos oreilles ou bien ? J’ai dit qu’il y a une erreur !”

“Une erreur lamentable qui va coûter VOTRE VIE !”

En jetant un regard dur à Kenji, je lui fais comprendre que le danger tant attendu n’est pas venu des Azuma. Ni d’Aono. Mais de notre famille. On veut nous supprimer tous les deux. Le prince et l’Atisuto.

“Kenji…Une réponse à leur donner ?”

Que sa colère éclate en premier, c’est tout ce que je lui demande. Mes poings se referment brusquement. Les Azuma ont choisi de croire à leur vérité. Une bataille ouverte est à deux doigts de nous éclater en pleine gueule.



Ma floraison est faite de paille et de feu.


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Kenji Yumeda
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ft. Shintaro

Ah ça y est, on y est. Voilà ainsi son plan dévoilé… Il ne s’agit pas réellement de la famille, d’une loyauté sans faille mais bien d’une autre ambition. Celle de vouloir rejoindre les grands de la pègre, se faire un nom et terrifier quiconque voudrait s’en prendre à lui et à sa famille. Je dois reconnaitre que ce type ne manque pas d’ingéniosité pour se faire une place dans le monde, tandis que moi, je recherche la tranquillité loin de tout ça car je suis épuisé de cette vie de merde. Shintaro est en colère, je peux le comprendre mais ce n’est pas mon problème. Je préférerais faire profil bas que de devoir m’engager dans cette guerre perdue d’avance. Es-tu réellement certain que les autres familles voudront s’allier à nous, même avec de la marchandise de compétition ? Je n’en suis pas certain. Tout va exploser en mille éclats à un moment donné et j’aimerais éviter que ce soit ce soir. Un frisson me parcourt l’échine quand il énumère les risques de retrouver Mia suspendue à un crochet au milieu du salon, sa tête dans les mains d’Ayako. J’ai un haut le cœur que je tente de maitriser pour ne pas recracher mes entrailles dans sa voiture. Bien sûr que non, je ne veux pas de cela mais je ne veux pas non plus risquer ma peau dans une transaction dont on n’est même pas certains qu’elle va bien se passer.

Je l’observe en coin, on croirait un vieux couple au bord de l’explosion et du divorce tant l’atmosphère et tendue et que la tension est palpable à tous les niveaux. Cependant, je ne compte pas changer d’avis. Si j’ai bien compris, ça ne fait pas hyper longtemps qu’il est ici, de ce fait, il ne sait rien sur ce qu’il se passe. Si nous les Yakuzas, nous essayons de ne pas faire trop de vagues et d’avoir plutôt une tendance à nous cacher, ce n’est pas pour rien. On a la police aux basques et on ne veut surtout pas donner satisfaction aux types de Aono pour nous retrouver. Alors même si toutes ces armes peuvent nous aider à gagner cette guerre engagée contre ces délinquants, la donne a définitivement changé. Ils sont intelligents et maintenant se rassemblent en groupuscules. Ils ont davantage de moyens qu’auparavant. Pour avoir voulu jouer aux « héros » et me mettre à découvert, ça m’a couté un rein donc non, je ne veux plus leur donner satisfaction de me mettre à découvert de quelques manières que ce soit.

« Les types d’Aono ne sont plus aussi stupides qu’auparavant tu sais… Maintenant, ils s’allient les uns avec les autres puis se dispersent à nouveau. On a meilleur temps de faire profil bas et de devenir invisibles que de déclencher une guerre qui va encore nous coûter. Ils sont devenus bien trop intelligents pour nous pauvres types de gangs qui ne sommes pas capables de nous moderniser dans notre façon de faire et de nous disperser comme eux pour frapper les premiers. »

C’est la vérité ! Nous allons être pris à notre propre piège car nous ne sommes pas capables d’agir comme eux le font. Oui, en tant que Yakuza, nous devons faire face ensemble pour la famille. Tout pour la famille mais ces délinquants n’en ont rien à foutre de la famille, c’est du chacun pour soi donc à un moment donné, si on veut être capables de les détruire, il va falloir se mettre à réfléchir comme eux. La base de toute bonne psychologie : rentrer dans la tête de l’ennemi, essayer de le comprendre pour le détruire.

« Tu crois sincèrement que je vais te laisser rencontrer ma femme ? Je doute qu’elle t’apprécie. »

Un regard mauvais sur la tronche en sa direction avant de tourner à nouveau le regard vers le paysage. En réalité... Mia n'est plus là. Suite à l'enquête qui a été menée sur elle, ce qu'ils ont trouvé... Elle a dû quitter le territoire nippon avec interdiction de revenir. Même si le chagrin reste là, je tente de ne pas le montrer. La route pour rencontre Matsuo est un peu trop longue à mon goût et je ne fais qu’en prendre pour mon grade alors que je donne mes avertissements avisés.

« Ah parce que c’est mieux de souffrir de solitude en silence, crever la bouche ouverte tout seul que d’avoir une famille même s’il y a le pack risque qui va avec ? Je ne suis pas d’accord. Quand t’es tout seul, tu n’as rien à protéger certes alors tu te dis que ça ne vaut pas le coup de se battre comme un lion, à quoi bon, la roue va tourner, je vais finir par mourir de toute manière. Mais oui, quand t’as une famille, tu vas te battre comme un lion pour les protéger et l’amour donne un pouvoir que la solitude ne produit pas. L’amour te permet de déplacer les montagnes que jamais tu ne déplacerais si tu étais seul. Je connais une personne qui a tout fait pour protéger l’homme qu’elle aimait, découvrir la vérité sur sa mort, et découvrir certaines vérités, quitte à se mettre en danger en farfouillant là où elle n’aurait jamais dû fouiller. C’est assez irrationnel pourtant, c’est ce que font les gens par amour. »

Je ne dis plus rien jusqu’à ce que nous arrivions au lac et que je vois la sale face de Matsuo. Shintaro revient un moment plus tard avec le sac et me passe les clés de sa voiture. Intéressant. Je fronce légèrement les sourcils quand il exprime qu’il doit appeler nos supérieurs, mais je ne dis rien et me contente de me mettre à la place de chauffeur. Nous commençons à peine à prendre la route que j’entends que le point de RDV a changé. Un motel, à côté de l’autoroute. Hé, ce n’était pas du tout ce qui était prévu ! C’est quoi ce bordel putain ?! Et comme ça, ils ne savent pas ?! Concentré sur la route, néanmoins silencieux, je n’en reste pas moins inquiet. Les sourcils froncés alors que les kilomètres défilent sous nos yeux, je me repasse le fil des événements dans la tête. Les Azuma-gumi seraient-ils vraiment à l’origine de cette transaction ? Si j’en crois mon expérience avec eux, c’est plutôt étonnant que l’on aille dans un motel qui est plus certainement abandonné. Non, impossible. Comme le Saiko-Komon des Azuma est aussi arrogant que leur Oyabun et fier de lui, j’aurais plutôt pensé que l’on aurait fait ça dans un restaurant très chic de Kobe. Déjà le fait qu’on se rende à Aono me laissait perplexe parce qu’ils ne sont pas cons à ce point-là mais là… Il y a un truc qui me dérange fortement.

Shintaro me sort de mes pensées en me disant que ce soir, ça risque de plutôt casser que de passer. Et en plus, nous sommes seuls. Bah voyons, qu’est-ce que peuvent faire deux hommes armés tous seuls face à sans doute plusieurs gars. Nous nous garons et quittons le véhicule. Deux types en noir nous accueillent. Ils semblent bien être du Azuma, d’après leurs petits médaillons. Seulement, il y a un peu trop d’obscurité, de ce fait, j’ai un peu de mal à voir les visages pour essayer de voir si je pouvais éventuellement reconnaitre l’un d’entre eux ou pas. J’ai également eu part que quelques traitres s’étaient ralliés aux Azumas. Un des types s’arrêtent plus longuement sur moi, nos regards se croisent pendant de longues secondes avant que l’on ait le feu vert pour la transaction. Je vais chercher le sac dans le coffre comme demandé par Shintaro, sans faire de vagues. Ils sont armés, nous le sommes aussi. Dans le silence, nous nous engouffrons dans le motel pour nous rendre à la chambre 306. L’odeur en entrant est insoutenable. Une quinte de toux s’échappe de ma gorge tentant d’enrayer l’odeur en mettant mon bras devant mon nez. C’est délabré et rempli d’insectes… C’est vraiment lugubre et pas rassurant. Je n’ai jamais aimé me retrouver dans de tels endroits pour des transactions. Mon principal champ d’action ce sont les petites ruelles ou les boites de nuit, pas les motels abandonnés.

Des jumelles nous sont données pour que l’on puisse avoir un œil sur la marchandise. Je n’ai jamais été friand de toutes ces armes hyper sophistiquées mais dans la guerre contre Sanda, si on n’a pas ce minimum, on n’ira pas très loin. Shintaro touche et observe l’arme en premier, c’est ensuite à mon tour. Je scrute le moindre centimètre comme un vrai professionnel, m’assurant moi-même que le chargeur est bien vide avant de redonner l’arme à notre interlocuteur. Shintaro me demande mon avis, non pas réellement sur l’arme en question mais sur la situation globale pour être plus précis.

« Ce que j’en pense… Je suis curieux que votre Saiko-Komon ne soit pas venu en personne. Surtout qu’il a dû être au courant que j’allais venir. Mais oui, tout pour combattre Sanda. N’importe quel prix, n’importe quel moyen. Les familles jouent gros, il est temps de réellement s’allier, et pas se tirer dans les pattes à chaque transaction, si vous voyez ce que je veux dire. »

J’ironise sans réellement ironiser sur mes interrogations et la situation. Shintaro commence à blaguer sur le fait que je peux appeler Mia pour la rassurer quand l’un des types nous sort de notre rêverie. Comment ça une blague ? Je fronce les sourcils, Shintaro regarde le contenu du sac et ma langue claque contre mon palais. De faux billets. J’aurais dû vérifier avant que l’on ne remonte dans la voiture en direction d’ici. Ce connard de Matsuo va me le payer. Je vais le tuer. Plus surprenant, c’est que tout a été correctement orchestré par la famille. Ce qui est surprenant, c’est que si mon oncle avait été au courant, il n’aurait pas donné son feu vert pour la transaction. Ou alors, il n’a pas eu tous les détails de l’affaire et dans ce cas, il va y avoir un plus grand ménage à faire au sein de notre propre famille. Je crois qu’il va falloir que j’aide Shintaro à monter son propre clan pour nous débarrasser plus efficacement des traitres. Je ne peux me fier à personne. Le regard que j’échange avec Shintaro en dit long sur l’issue de cet échange. Bien, il va falloir faire le ménage ici et prendre la marchandise avec nous sans la payer. J’ai deux têtes à tuer sur ma liste : Matsuo et notre Saiko-Komon. Cependant, si mon oncle lui fait une confiance aveugle, je ne vais pas pouvoir faire grand-chose sans preuves. Je tente de garder mon calme extérieurement mais je sens déjà que ça bout à l’intérieur. Ho non, je ne vais pas laisser passer ça tranquillement, vous pouvez en être certains.

« Et si j’appelais votre Oyabun pour voir ce qu’il en dit ? Ah mais j’oubliais… Il ne doit même pas être au courant de notre transaction ici. Je suis surpris que vous ne connaissiez pas aussi bien vos hauts gradés que moi. Jamais votre Saiko-Komon ou votre Oyabun ne seraient venus dans un motel délabré, un endroit désert pour une transaction. Qui vous a mieux payé que votre famille ? Finalement, ma théorie sur la modernisation est sous nos yeux Shintaro. Ils pensent à la famille mais… l’appât du gain est plus important donc ils se divisent comme les merdeux de Sanda pour chercher à éliminer la concurrence et les deux plus grands frappés du Kansai. »

La tension est palpable et les quatre ont sorti leurs flingues, prêts à nous dégommer. Les deux types en tenue d’ouvrier qui étaient proches de la cargaison risquent de venir à un moment donné donc il va falloir faire vite pour les supprimer.

« Yumeda… Tu crois vraiment que tu peux faire le malin hein ? On sait tout sur toi ! On sait où tu habites, ta femme, ta gosse. »

Ah vraiment ? Pensent-ils réellement que je n’ai pas pris mes dispositions avant de venir ici ? J’ai expressément demandé à Akone d’amener Ayako à la villa. Et il connait tout hein, il est sûr de lui ? Non parce que désolé de te dire mon gars que Mia n'est plus sur le sol japonais hahaha. Oh wait… ce n’était peut-être pas une bonne idée de laisser Ayako là-bas, surtout si je suspecte notre Saiko-Komon d’être dans le coup. Seulement, il ne pourrait rien faire là-bas. Rien qui peut se voir du moins. On a un ancien et un nouveau Oyabun à l’intérieur, des personnes qui me sont encore fidèles et d’autres que je ne connais pas. Ça fait trop de monde dans l’équation. Okay, je dois à tout prix ne pas me faire déstabiliser sinon je suis mort le premier.

« Alors ? On ne dit plus rien hein ! Toi qui ne sais pas fermer ta gueule cinq minutes. »

« Hum… tu disais ? Pardon, j’étais en train de réfléchir. Vous auriez vraiment plutôt intérêt à me dire qui vous a payé pour essayer de nous éliminer. »

« Dans tes rêves, vous allez mourir ici tous les deux et nous allons empocher la prime. »

« Ah tout pour l’argent, décidément… »

L’appât du gain, j’en peux plus. Voyons voir ce qu’il y a autour de nous. Pas de meubles, pas grand-chose qui puisse être utile pour une réelle diversion. Ils ne rigolent pas avec leurs flingues pointés sur nous mais je sens tout de même une petite once d’hésitation. Je leur fais peur et visiblement, c’est la même chose pour Shintaro. Je suis dans une colère noire et mon viseur est fixé sur chacun d’entre eux. Seulement, je ne peux pas laisser le dragon en moi sortir et faire n’importe quoi. Avec le temps et encore plus parce que j’ai perdu un rein, un autre organe dans ce fabuleux monde de la pègre, j’ai appris à l’utiliser qu’en cas d’extrême urgence si je puis dire. Ils sont armés, je ne peux pas prendre de risques inutiles comme je l’ai fait avec Nobu et son pote. Jouons à la provocation.

« Vous pointez vos flingues sur mon ami et moi… C’est indigne des vrais hommes. Auriez-vous oublié votre virilité au placard ? Nan je dis ça parce que les vrais yakuzas avant de sortir leurs flingues, ils sortent leurs poings et leurs couteaux. A moins que… vous ne soyez pas de vrais Yakuzas et que vous faites partie des chiens de Sanda. Auquel cas, je déclare forfait. »

Mais comme je le pensais, ils ne font pas partie des délinquants de Sanda. Mes informations étant toujours à peu près justes, ils n’ont pas encore la logistique pour ce genre de grosses transactions. Mais ça va arriver très prochainement, ça je le sais. Il semblerait que ma provocation ait fait son petit effet puisqu’ils ont posé leurs flingues et sortis des couteaux à la place. Inutile. Deux d’entre eux me prirent à partie tandis que les deux autres se jetèrent sur Shintaro. Je n’ai pas fait des arts martiaux et de la boxe pour rien. Mon courroux emplit de colère vient frapper les deux hommes avec qui je me bats. Je vais ressortir d’ici avec quelques égratignures mais eux… ils ne seront plus vivants une fois que l’on aura terminé. Je suis un frappé, un fou et si je ne me contrôlais pas aussi bien, je serais bon à être interné. La vue du sang éclaboussant les vêtements de l’un comme de l’autre me pousse encore plus dans la noirceur de mon âme et je frappe, frappe, dévie les coups de couteau quand il est possible. Puis je me mets à rire, un rire sinistre que personne ne voudrait jamais entendre. Finalement, après plusieurs longues minutes à me battre, le jouet est cassé et l’autre a reçu une balle dans la tête. Je ne cherche même pas à savoir où en est Shintaro, je me contente d’abattre ses deux adversaires, même s’ils doivent déjà être morts.

Et enfin, je reviens à la surface. Tout est noir quand je tombe dans cette hérésie. Mon corps passe en mode pilotage automatique et quand je me rends compte de mon carnage, je finis par pousser un long soupir avant de me diriger vers la sortie sans un mot. Il a voulu voir ce que ça faisait quand je laissais éclater ma colère ? Il a vu le carnage, les mâchoires explosées, le sang coulant de partout… Non, ce n’est pas moi.

« Pas un mot sur ça, merci. Nous avons un plus gros problème : il semble y avoir des traitres au sein même de nos hauts gradés. »

J’ai totalement repris mon calme et les deux gars qui ont été bien sûr alertés par les coups de feu nous rejoignent mais je dégaine avant et d’un air impassible, je leur colle une balle proche du cœur. Voilà qu’elle est ma réputation.

« Je te parie tout ce que tu veux qu’il va nous être impossible de retrouver ce petit con de Matsuo dès qu’il aura appris ce qu’il s’est passé ici. Mais si tu as un plan pour le retrouver, je te suis. »



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"La famille, ce n'est pas ceux qui t'ont vu naître.
C'est ceux envers qui tu as juré loyauté en étant prêt à mourir."


“Kenji… Une réponse à leur donner ?”

La scène se fige instantanément dans une longue pause. Ma voix se répercute dans le temps et l’espace, l’évidence se matérialisant comme un ignoble péché. Comme un frisson sur une surface d'eau plate. La souffrance de l’abandon, vide d’espoir et d’étreinte, m’envahit immédiatement dans une spirale nauséeuse. L’hostilité règne ici, retentissant sans timbre comme une centaine d’autres, faites d’une myriade de sons combinés entre elles : le son métallique des armes, les mots proférés avec colère et la respiration lourde de plusieurs assassins. En serrant les poings, nous nous tenons comme deux coqs sous extasie, les yeux reluisant de violence à un pas de tomber dans la bouche béante d’un large précipice. Nous sommes venus pour négocier en paix. Nous terminerons par une bataille sanglante qui ne connaît pas encore de fin. Prêt à tout sacrifice.
Le point de non-retour.

Kenji prend la parole à son tour en se laissant positionner comme un pion sur l’échiquier. Il pose des questions sur des thèmes récurrents de notre quotidien : la famille et l’argent. Deux piliers inestimables qui bercent autant les élus que les damnés de ce système. Il m’explique à quel point notre société moderne est venue bousculer nos traditions ancestrales. Que l’honneur peut être acheté. Et ce constat, plutôt rare à Tokyo, commence à me briser les couilles. Je suis venu ici pour rétablir l’ordre. Pas pour lancer une guerre en empilant des charognes qui ne me concernent pas. En observant attentivement les échanges venimeux, je comprends que tout cela devient trop personnel. Mon protégé est dans la ligne de mire depuis le début. La Tour reste tranquille sur l’échiquier, alors que le Fou avance, attestant que les assassins connaissent son amour pour sa famille proche, et donc ses vulnérabilités. Je ne connais pas encore très bien Kenji, mais je suis convaincu d’une chose évidente :

On ne menace pas sa famille sans gagner un terrible châtiment.

Alors que la mort se dévoile comme inévitable à la vue des lames scintillantes, nous demeurons paisibles et sereins. Kenji et moi-même connaissons ce bal meurtrier. La peur oblige à bloquer nos émotions et à jouer la carte de la sécurité. C’est un jeu pour les perdants. Mais le beau prince démontre par sa violence un élément qui fait toute la différence : beaucoup de passion dans ses coups. Les poings solidement resserrés, la lutte commence à s’engager dans le chaos le plus total. Deux hommes foncent droit vers mon collègue, qui en comptant sur son expérience, les malmène sans ménagement. Son corps semble possédé par une entité que je ne reconnais plus. Un cri de hyène se mêle aux insultes, alors qu’il continue à se hâter de cogner, d’esquiver, de contre-attaquer, avant d’achever définitivement toute hostilité qui rôde autour de lui. En essuyant un uppercut, une demi-seconde de lucidité me traverse l’esprit. Je ne suis pas aussi fort que le jeune prince. Cet homme à la puissance fondée et à la résistance vertigineuse. Oui, je veux devenir comme lui.

Car il me rappelle ce que Magoichi a été autrefois.

Un autre crochet à la mâchoire brise ce rêve alors que j’essaye de contre-attaquer. Je deviens trop vite rouillée. Bien que mes pensées veulent crier le contraire et mettre sur un piédestal, je n’arrête pas de me prendre des coups, beaucoup de coups, en essayant de renverser cette violente tournure. Contrairement à Kenji, ce symbolisme du héros qui redresse le mal en usant de sa brutalité, je ne suis pas un guerrier aussi aguerri. J’ai longtemps désiré être aussi fort et impitoyable. Mais la vérité, c’est que je ne suis pas lui. Je suis une tête pensante isolée, un tacticien qui gouverne dans l’ombre, un joueur d'échecs assis face à une table entre le destin et lui-même. En me protégeant de plusieurs coups de pied, je décèle l’esprit vagabond de Kenji brûler de mille feux en arrachant la dentition de son groupe d’assaillants. Essayer de le raisonner maintenant serait une prise de risque considérable ; je ne parviendrai pas à éteindre ses ardeurs avec de l’essence. Alors je trouve la bonne profondeur dans la douleur, le corps à terre en essayant de faire taire ma souffrance. Je me dissimule. Puis, j’observe.

Épuisé face à l’assaut de mes deux assaillants, la peau de mon visage cumulant plusieurs déchirures écarlates, c’est mon camarade aux cheveux de feu qui se charge de les éliminer à ma place. Dans la précipitation, un cinquième mafieux se présente à nos portes chargé de menaces, déjà décidé de charger en direction de Kenji. Alors que je me sens tiraillé entre le gangster et mon collègue, ma main se réfugie instantanément à l’intérieur de ma veste avant de sortir une pièce en chrome : un revolver. En une demi-seconde, l’arme se tourne vers le dernier assaillant avant d’appuyer sur la détente.

BLAM

La détonation effrayante résonne dans tout l’immeuble, laissant la fumée s’envoler au-delà du canon de mon pistolet. Ils étaient tous morts. Je pensais que le dernier coup de feu était comme un point final à cette histoire. Mais en relâchant le doigt sur la détente, je sentais que nous avions commis un crime de guerre entre deux familles ; nous n’avons plus un seul témoin. Les morts ne parlent pas. Et aussi sûrement que la balle déchire la chair, les organes et les os de la victime, elle brise l'image de l'homme qui appuie sur la gâchette. Notre Oyabun nous regardera peut-être différemment. Car la scène inhumaine où nous nous trouvons à présent ressemble à un massacre commis par deux anges exterminateurs en manque. Nos vêtements souillés par le sang, j’attire les yeux de Kenji. Mon regard est dur, d’une froideur implacable.

“Tu te rends compte de ce que tu viens de faire ?”

Ici, il n’y a que des morts.

Nous venons de jeter notre code par la fenêtre.
Désormais, il y a de fortes chances que nous suivions cette voie aussi.


En essuyant mon nez ensanglanté d’un revers de manche, je commence à déambuler dans le salon en rangeant le pistolet. Mon pied vient heurter le visage de l’un d’entre eux, manquant presque de m’étaler par terre. Nous ne pouvons plus compter que sur nous-mêmes, le temps que la situation puisse être éclaircie. Est-ce que je suis cerné par le regret ? Par le doute ? Non. Un Yakuza ne peut savourer cette luxure. On attend de lui qu'il puisse agir et prendre les décisions difficiles. Un Yakuza est un homme d’honneur et son devoir est de suivre le fleuve sinueux de son destin, s’encoublant sans cesse entre la chaleur des vivants et la tragédie que les morts.

Je participe à l’équilibre du monde.
Et Kenji, lui, est devenu mon glaive de la justice.


En me retournant, je remarque le sang qui envahit la joue de mon partenaire. Quelle grossièreté pour un amant de l’élégance.

“Ne bouge pas.”

D’un geste évasif de la main, je me munis d’un mouchoir propre afin de nettoyer cette peau comme le ferait un père envers son enfant. Avec douceur et amour. Sans démontrer aucune répugnance à son égard. Entièrement déconnecté de mes propres blessures au visage qui pourtant me brûlent la chair.

“C’est beaucoup mieux.”

En enfouissant le morceau de tissu dans la poche de mon pantalon, je prends le temps d’écouter ses prochaines remarques. Il m’intime à trouver un plan en quelques secondes. En coinçant deux doigts contre l’arête de mon doigt, je lui demande de m’accorder un peu de silence.

“Je réfléchis, je réfléchis … Laisse-moi réfléchir, putain …”

Les mains désormais dans les poches, je relève la tête en fixant le plafond. Perdues dans mes pensées, deux autres gorilles font irruption avant de se prendre immédiatement une balle à bout portant par Kenji. Mes yeux fixant désormais la bordure de la fenêtre cassée, les deux corps inertes retombent lourdement au sol et n'éveille aucun sentiment de crainte en moi. Autant se prélasser dans un onsen en solitaire, le même sentiment s’y apprête. Mes prunelles se perdent sur la surface du mur décrépit par la moisissure , les sourcils froncés, alors que l’intensité de mes réflexions ne cessent de mûrir. Enfin, une idée me vient. Sale, osée, et nécessaire à notre survie.

“Tu l’as dit par toi-même : Matsuo est devenu un fantôme inexistant. Nous n’irons pas le pourchasser. C’est lui qui viendra à nous. Tu connais son penchant pour les “soaplands” ? Il y voit une de leur masseuse qui y travaille à temps partiel chaque mercredi.”

Peu importe les conséquences. Je refuse de continuer à me faire baiser ainsi. En me déplaçant en face du prince, je lui réponds d’une voix calme et sereine, entièrement convaincue de mon plan foireux.

“Nous allons kidnapper la copine de Matsuo en plein espace public. Son service de nuit n’est pas encore terminé. Il faudra faire profil bas. Si Matsuo est réellement un traître, il ne viendra pas la chercher. Autant poignarder une deuxième personne dans le dos pour préserver sa vie, c’est ce que font tous les cafards. Autrement, s’il apparaît le cœur ouvert d’amour envers sa jolie princesse, nous serons prêts à questionner sa loyauté. Et, par courtoisie professionnelle, je veux bien te laisser ce rôle.”

En un regard, je lui intime de me faire confiance. Il connaît le langage des poings, je connais la matière grise qui englobe les traîtres. La violence apportée sur une personne innocente est un acte suffisamment puissant qui fera réagir la cible que l’on souhaite coincer.

“Mais ne t’y méprends pas. Je t’avertis, Kenji. Je sais que tu veux lui arracher la langue pour ce qu’il a fait à ton nez de beau prince, mais tant qu’on aucune preuve de son implication, on ne le brusque pas. Si on se trompe de cible, lui ou n’importe qui d’autre, on détruira tout ce que nous avons construit jusqu’ici. Dont ta famille. Et ma légende.”

Matsuo est un con de seconde zone qui nourrit son jardin intellectuel avec de la boue. Il n’est pas suffisamment brillant pour réfléchir à une mise à mort de la sorte. Quand même bien, il n’a pas suffisamment de connexion avec le réseau mafieux. En revanche, peut-être que cela mérite une visite de courtoisie professionnelle en laissant un chien fou comme Kenji se nourrir de ses os pendant de longues minutes. Kenji déclare qu’il est prêt à me suivre. Enfin, un début de collaboration commence à s’éveiller entre nous. C’est dans les moments vulnérables où nos vraies principes nous sauvent de la folie. Et dans les larmes, la sueur et le sang, je remarque que nous portons exactement les mêmes principes. Les valeurs d’un vrai Yakuza.

“Nous allons leur montrer que l’honneur n’a pas de prix. Tu es d’accord avec moi ?”

Les muscles éteints, une main ouverte lui est adressée en attente d’une poigne solide pour confirmer mes propos. Sa respiration est redevenue légère. Son regard, toujours violent. Son âme se retrouve si loin de la vie. Et donc si près de moi.

D’ici quelques heures, de nouveaux renforts vont venir. Ils vont se rendre compte que nos cadavres ne sont pas étalés parmi les leurs. Nous avons bel et bien un chronomètre coincé au cul. Si nous voulons trouver des réponses, il faudra agir vite et bien … ou périr pendant dans ce dédale labyrinthique auquel nous sommes tous deux coincés.


Ma floraison est faite de paille et de feu.


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Kenji Yumeda
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Qui a dit que je voulais bosser avec toi ?

ft. Shintaro

Quand je retourne à la surface et que je regarde les corps autour de moi, piétiné, se vidant de leur sang, fracassés par terre, j’ai une légère grimace de dégoût sur les lèvres. Ce n’est pas moi. Et Shintaro qui vient en rajouter une couche en me demandant si je me rends compte de ce que j’ai fait. Oui, je sais. Je viens juste de foutre en l’air mon code de déontologie et je sais très bien que cela va nous attirer davantage de problèmes qu’autre chose. Cependant, je n’ai aucun regret bizarrement pour ce que je viens de faire. Du dégoût oui, des regrets ? Pas vraiment. Il y a des personnes qui veulent nous éliminer, il serait plutôt juste d’appeler ça de la légitime défense. Ah je sens enfin le picotement dans ma joue. C’est quand l’homme me dit de ne pas bouger et que je sens quelque chose contre mon visage que je comprends réellement que j’ai une blessure au visage. Et lui alors ? Il prend soin de moi mais il ne fait pas attention à ses propres blessures. Quel crétin. Je soupire en ayant en même temps un rictus. Je lui demande ensuite s’il a un plan pour le futur, non parce que ça commence à être compliqué. Okay, calmos Kenji, on a quand même le temps. On n’est pas pressé à la minute non plus et il ne faut pas que l’on traine à la fois. Un paradoxe mais oui, nous avons besoin à la fois de savoir rapidement ce que nous devons faire mais en même temps, nous devons réfléchir à un plan cohérent.

Finalement, il vint avec une idée lumineuse et un plan complètement foireux mais qui peuvent marcher. Au moins pour savoir si notre cher Matsuo est un bel et bien un enfoiré de première ou s’il a une once de professionnalisme. J’hoche la tête quand il me demande si je connais les ‘soaplands’. On va dire que dans ma jeunesse, c’est par là que j’allais me promener on va dire. Mais je dois dire que kidnapper la copine de Matsuo pour voir ce qu’il va faire devrait être marrant. Il y a moyen de rendre ça marrant oui. Oh pas pour lui bien entendu mais pour moi. Bon encore une fois, il va falloir faire vite et faire profil bas pour un petit moment. Seulement, je comprends bien à son regard que je ne pourrais pas non plus faire ce dont j’ai envie avec lui, une fois qu’il sera sorti de terre.

« Bien compris chef… Oh je ne compte pas lui faire payer pour la cicatrice sur mon nez, je n’ai juste pas apprécié ses manières de petit salopard alors que je voulais juste négocier… Je sais très bien ce qu’on encourt si on se gourre de cible. »

Bon si, bien entendu que je lui en veux encore pour la cicatrice sur mon nez. Surtout que je pensais qu’à cause de ça, je ne pourrais plus être aussi beau mais en fait, finalement, les demoiselles tombent toujours sous mon charme. Je peux le remercier juste pour ça.

« L’honneur et la loyauté, un poison pour beaucoup. »

Je répondis à sa poignée de main, je suis tout à fait d’accord avec lui. L’honneur n’a pas de prix, ni la loyauté mais comme toujours, surtout quand il y a une donnée appelée argent dans le lot, cela devient un poison et tout est empoisonné par la recherche de la richesse à tout prix. Ressortant du bâtiment délabré, je soupirais à nouveau. Ils ne vont pas être contents les renforts quand ils vont voir qu’il n’y a pas nos corps mais ceux de leurs collègues. Ah dire qu’à cause de moi, on vient de se foutre dans la merde jusqu’au cou avec les Azuma… Avant de remonter dans la voiture, je passais prendre quelques armes dans le fourgon abandonné avec les munitions bien entendu et les chargeait dans la voiture.

« Autant se servir gratuitement… Ce n’est pas comme si je n’avais plus de munitions dans mon revolver. Hé Shintaro… T’es bien amoché au visage, t’as une trousse de secours dans ta voiture ? »

Ce serait con qu’il fasse peur à notre cible avec un visage à faire fuir même les morts. J’exagère bien sûr mais ce n’est pas bien joli. Et de mon point de vue, il faut toujours avoir une trousse de secours dans sa voiture. Ça aide bien. Alors que je range les armes dans son coffre, je ne vois pas de trousse de secours nulle part. Soupirant, comme c’est moi qui avais encore les clés, je repris le volant. Il pourrait me faire un coup de Trafalgar sur la route et je voudrais bien éviter cela. Bon voyons l’heure qu’il est… hum pas à cette heure-ci que je vais pouvoir trouver une pharmacie ouverte pour quelques compresses de désinfectant et quelques pansements. Mais bon point pour lui, je sais où aller. Shizue ne verra pas d’inconvénients à ce que l’on passe par sa petite clinique dans les fonds de Sanda. Ce sera notre premier arrêt, un rapide arrêt, nous n’avons pas beaucoup de temps après tout avant que la demoiselle en détresse que l’on va kidnapper, ne finisse son service.

La route pour nous rendre jusqu’à la petite clinique de Shizue est assez rapide et je saute presque de la voiture pour aller lui demander quelques compresses et pansements. Bien entendu, elle sait qu’il s’est passé quelque chose, elle connait les mafieux, notre travail dans les grandes lignes et combien c’est dangereux notre métier. Alors je sais qu’elle ne demandera rien et je m’évapore aussi rapidement que je suis venu, me réinstallant au volant de cette voiture qui n’est pas la mienne.

« Tiens, nettoie tes blessures avec ça. Ce serait bête que tu fasses peur à notre cible tout de suite. »

J’essaie de jouer la carte ironie alors que je ne suis pas spécialement rassuré par le déroulé des événements depuis leur début. La mission de juste apprendre à se connaître s’est transformée en mission suicide dont je suis en parti responsable. Je n’aime pas du tout ça mais maintenant qu’on est dans cette galère, on va devoir y rester jusqu’à ce que l’on trouve les coupables et qu’on leur colle une belle balle dans la tête. Parce que je n’offrirais aucuns cadeaux. Enfin, je suis rassuré que nous retournions à Kobe. C’est notre territoire, c’est déjà plus avantageux pour nous. Direction les rues d’Akai pour nous rendre à ce fameux soapland. Les kilomètres défilent sous nos yeux, la radio en fond pour nous tenir compagnie alors qu’aucun de nous ne pipe mot. L’heure semble être plutôt à la réflexion qu’autre chose. Il y a toujours autant de monde grouillant dans le quartier d’Uzume mais là où nous allons spécifiquement, c’est tout un nouveau monde qui s’offre dont le public ignorant est tout aussi bien de l’autre côté. On ne vient jamais à Akai sans raison. Oh il y a bien quelques touristes qui s’y aventurent, en mode paumés mais les locaux, eux savent qu’il vaut mieux ne pas venir ici.

Je me gare proche du soapland où se trouve notre victime. Nous sommes quelques minutes en avance de la fin de son service. Il n’y a plus qu’à la cueillir à la porte de derrière, celle qui accueille les employés et on en aura fini ici. On la larguera dans une planque, bien attachée pour qu’elle ne s’enfuie pas puis chacun de nous pourra rentrer chez lui. Je n’ai qu’une envie : un bon bain chaud et essayer de ne plus penser à toutes ces combines. Bien sûr, cela est impossible puisqu’il y a un traitre, voire plusieurs, qui rôdent dans notre clan et à la villa. Je regardais mon acolyte du jour avant de m’apprêter à sortir de la voiture.

« Je peux le faire seul, tu peux rester dans la voiture comme ça tu démarres rapide si quelque chose venait à foirer, ça te va ? »

Je sortis de la voiture par la suite, m’approchant du lieu où la demoiselle à kidnapper travaille. Les minutes passaient, toujours pas de fille. Je dus me réfugier derrière le mur adjacent pour que l’on ne me voie pas, alors que des employés quittaient leur lieu de travail. Je jetais un regard un peu nerveux vers la voiture, puis vers ma montre alors que déjà dix minutes s’étaient écoulées. Bordel, dépêche-toi. Ce n’est pas comme si on avait un chronomètre au cul et que le temps n’est pas notre faveur. Ah ces femmes, je vous jure. Enfin, elle sortit. La description faite par Shintaro me laisse songeur. Elle n’est pas mignonne du tout. Un peu trop de plastique je dirais. Bref, je m’approchais d’elle avec un sourire plutôt innocent.

« Bonsoir. Vous êtes bien la copine d’Hiro Matsuo ? »

« Euh… Oui pourquoi ? Il lui est arrivé quelque chose ? »

« Oh non rassurez-vous. En fait, il m’a demandé de venir vous chercher. Il a surprise pour vous. »

« Oh vraiment ? Ce serait plutôt étrange de sa part. Il sait pourtant que je n’aime pas les surprises. De plus, nous n’avions pas prévu de se voir cette nuit… »

Combien de chances y avait-il pour ce que cette gonzesse n’aime pas les surprises ? Comment j’aurais pu le deviner bordel. Et en plus, elle fait littéralement tomber à l’eau mon plan d’être gentil et de l’intimer à me suivre sans qu’on doive en arriver aux moyens extrêmes. Ah non, ce n’est vraiment pas cool ça.

« Oh bah mince alors… Moi, il m’a dit le contraire. C’est une fâcheuse situation car nous pourrions avoir menti tous les deux. Enfin, je vais vous demander de gentiment me suivre Mademoiselle. »

« C’est quoi ça ? Comme si j’allais vous suivre. Que faites-vous ici ? Partez ou je hurle pour bien que mon patron vous entende et vous en colle une. Vous voulez quoi espèce de détraqué ? »

Ah l’insulte fatale… Me voilà traité de détraqué, ce n’est pas sympa du tout. Je soupire avant de me rapprocher dangereusement d’elle, un air plus indifférent sur le visage. Avec ma carrure, je la fais flipper alors que je me rapproche et que je viens lui attraper une main tandis qu’elle essaie de me frapper. Je viens instinctivement mettre ma main devant sa bouche alors qu’elle essaie de hurler. Oh non chérie, pas maintenant. Il faut que je me débatte un moment avec elle, à essayer d’esquiver ses coups de talons aiguilles avant de décider de lui faire le coup du sabre. Je lui donnais un coup avec le plat de main au niveau de sa carotide pour qu’elle soit neutralisée. Oh elle va juste être évanouie pour un peu de temps, rien de bien méchant. Ensuite, comme malgré tout, nous avons fait du grabuge et que je commençais à entendre des bruits venant de l’intérieur, je me dépêchais de la soulever avant de retourner à la voiture.

« Vas-y démarre Shintaro ! Elle n’est pas aussi facile à avoir comme je le croyais. Cette garce n’aime pas les surprises et avec Matsuo, ils avaient pas prévu de se voir cette nuit du coup mon plan est tombé à l’eau. »

Tss. Foutue femme. Bon, nous avons quand même un indicateur, ils ont l’air de se voir souvent. Mais cela ne veut rien dire, elle n’est « qu’une masseuse » après tout, si je puis dire. Quand on est vraiment amoureux de quelqu’un, on essaie de changer un peu, parfois de changer même son environnement de travail surtout quand celui-ci devient trop dangereux. Nous roulons jusqu’à une des planques du Yamaguchi-gumi dans les rues d’Izanami pour aller mettre notre victime en sureté. Attachée sur une chaise avec des nœuds de corde bien solide pour qu’elle ne puisse absolument pas bouger, et un bâillon sur la bouche pour qu’elle évite d’hurler au secours.

« Vas-y, je vais me mettre derrière elle, en mode, j’ai envie de la découper, avec un couteau sous sa nuque et toi tu prends une photo puis on l’envoie à Matsuo, ça te va pour une mise en bouche ? »

En fait, je ne lui laisse même pas vraiment le temps de réfléchir quant à sa réponse que je prends mon air le plus horrible, comme si j’étais un détraqué assoiffé de sang, histoire de bien paraître terrifiant, exerçant une légère pression sur la nuque de la demoiselle. Faut bien qu’il y ait un tout petit peu de sang qui coule, afin de faire plus vrai. Bien sûr que la demoiselle est affolée et c’est ce qui va rendre ce jeu morbide encore plus marrant. Photo dans la boite, je vérifiais tout de même et c’est à tomber par terre. Si Mia s’était retrouvée à cette place avec un monstre derrière elle, j’aurais clairement flippé pour sa vie et j’aurais sauté dans le premier train pour aller la sauver. Mais, elle est partie – non de son plein gré clairement, mais ça ne change rien. Shintaro envoya ensuite le message et la photo – c’est mieux qu’il le fasse lui. Matsuo respecte davantage Shintaro que moi.

J’en profitais pour envoyer un message à Akone et savoir si tout allait bien à la villa, si Ayako était toujours en sécurité près des chambres de mon père et mon frère. Il me fit savoir que tout allait bien à l’heure actuelle et comme preuve, il m’envoya une photo de la jeune fille en train de dormir. Pas encore maintenant que je vais pouvoir rentrer tranquille chez moi il semblerait. Je soupirais grandement avant d’aller m’installer sur l’un des canapés. Heureusement, cette planque est à peu près fournie avec des canapés, une petite kitchenette, enfin de quoi se faire un café et du thé du moins. Ça peut être long comme court mais l’attente n’en est pas moins assassine. Merde, non avant de dormir, j’ai mes médicaments à prendre. Avec ces conneries, j’ai oublié de les prendre. Pendant que je surveillais la demoiselle, Shintaro était parti chercher quelques provisions au konbini du coin, ce qui tombait bien. Une panoplie de médicaments pour un peu trop de choses dont certains qui me mette bien K.O pendant quelques heures. Mais ça va le faire, je ne suis pas seul, j’ai un acolyte.

Bref, je pensais pouvoir ensuite me faire un petit somme bien tranquille mais je me fis secouer quelques temps après, jusqu’à émerger. Héééé calmos hein… Je le regardais sans trop comprendre alors qu’il me montra les échanges avec Matsuo. Ah merde… il ne va pas venir. Le regard un peu flou, il m’a fallu quelques minutes pour déchiffrer le dernier message : « Tu crois vraiment que je n’en ai quelque chose à foutre de cette nana ? Rien à foutre qu’elle soit morte. Et vous n’étiez pas censés être morts à cette heure-ci ? ». Un haut le cœur me parcourut ensuite. Observant autour, la fille était morte. Poignardée. Un peu mieux réveillé, je finis par regarder les échanges de message. Oh, je n’avais pas vu la dernière photo. Et pourtant, notre stratagème n’a absolument pas marché… Quelle ironie du sort.

Enfin, comme ça, c’est clair et net… Il ne viendra pas. Donc nous avons bien un traitre. Déjà un traitre d’identifié. Eh bien, il n’y aura plus qu’à l’éliminer mais tout d’abord, il serait judicieux d’en faire part directement à notre Oyabun. J’ai un peu de pitié pour cette pauvre fille maintenant. Elle était innocente, n’avait rien demandé et voilà qu’elle devient victime d’un sale complot juste pour satisfaire les pervers desseins de quelques types. Mais je ne vais pas appeler mon oncle, nos téléphones pourraient être mis sur écoute. Il vaudra mieux aller le voir directement et vu l’heure qu’il est… On peut dire qu’on arrive sur le petit matin. 5h du matin hum… je suppose que le mieux serait que l’on se rende à la villa, qu’on prenne un peu de repos là-bas et qu’au petit matin, on aille directement parler à mon oncle. On a besoin de repos tous les deux et maintenant qu’on a cette précieuse donnée, on doit vraiment arriver à faire profil bas pour pouvoir revenir en force et coincer ces sales traitres.

« Je crois que pour notre sécurité, on serait mieux à la villa. Certes, il y a sans doute quelques traitres qui trainent mais… à l’heure actuelle, c’est l’endroit le plus sécurisé où l’on peut se réfugier. Qui sait ce qu’ils savent sur toi aussi Shintaro, même si ça ressemble à une vendetta personnelle envers ma personne, on ne sait jamais. »

J’ai envie de dormir, de me poser. Ça ne sert à rien de trop cogiter pour cette nuit, même si c’est clair que j’ai bien envie de faire la peau à cette saleté de Matsuo. Enfin, ainsi, cela confirme mes soupçons sur lui. Il n’est rien qu’une vermine, si seulement j’avais pu lui faire sa fête hier après-midi… N’empêche… Tout ça parce que j’ai fait des changements au sein du clan, que j’ai tué bon nombre de personnes que je n’aurais sans doute pas dû tuer, que j’ai empiété involontairement sur le territoire d’autres familles pour nos propres affaires et qu’enfin, j’ai décidé de bazarder le clan et le laisser aux mains de quelqu’un d’autre. En soit, je n’ai pas fait grand-chose pour attirer à moi la pire vendetta du 21ème siècle ! On a déjà assez à faire avec Sanda je crois.

[…]

Le lendemain matin ou du moins ce qu’il en restait, à 9h pétante, je retrouvais Shintaro dans le bureau de mon oncle. Avant de parler de quoi que ce soit, il vaudrait mieux que l’on vérifie que son bureau ne soit pas truffé de microphones, caméras ou que sais-je encore. Sous le regard un peu médusé de mes interlocuteurs, je fis le tour du bureau. Je le connais par cœur, après tout… C’était mon ancien bureau. Je finis par trouver trois micros dans des endroits un peu improbables : un côté de la bibliothèque, une lampe et sous le bureau. Les écrasant à l’aide de mon talon, je finis par m’assoir sur l’un des fauteuils.

« Comme c’est étonnant hein… Maintenant, on va pouvoir parler en toute franchise. J’ai bien peur mon oncle, que quelqu’un est entrain de vous trahir au sein du clan. »

« Allons, ce serait ridicule. Et comment ça se fait que vous êtes blessés tous les deux ? J’espère que vous ne vous êtes pas battus ! »

« Pas l’un contre l’autre en tout cas. Mon oncle… Tu étais au courant d’une transaction pour des armes entre notre famille et celle des Azuma ? »

« Pardon ? Quelle transaction ? Je n’ai pas eu vent d’une transaction avec les Azuma. »

« Hier après-midi, il semblerait que quelqu’un ici ait dit à Shintaro qu’on avait une transaction avec les Azuma pour des armes. Nous avions rendez-vous avec Matsuo pour récupérer l’argent, puis nous rendre dans un motel délabré proche d’Aono pour faire la transaction. Mais… ça ne s’est pas passé comme prévu. »

« Attends quoi ? AONO ?! Mais vous êtes crétins ou quoi ??? Qui vous a donné l’autorisation d’aller à Sanda ?! »

« Mon oncle… c’est ton Saiki-komon qui nous a donné le feu vert… Bref, Matsuo nous a filé une malette de faux billets et hum… je les ai tous flingués et torturé semble-t-il. »

« T’es sûr que c’est lui ? Je le connais depuis longtemps, non c’est impossible que ce soit lui. C’est une autre personne qui s’est fait passer pour lui. Et Matsuo hein ? Pourquoi ça ne m’étonne pas qu’il ait trahi le clan… »

Je savais bien que ce serait compliqué de lui faire comprendre que c’est sans doute son saiki-komon qui est dans le coup… Toujours est-il qu’il va falloir enquêter en interne pour régler cette affaire et aussi vite que possible.

« Mon oncle, donne-nous l’occasion d’enquêter en interne sur cette affaire. On ne peut plus vraiment faire confiance à personne. J’ai deux personnes fidèles à ma cause : les frères Akone et Daisuke Hashimoto. »

« Je veux être au courant de tout ce que vous trouverez. Pas d’appel mais des rendez-vous directs. Et je veux que vous habitiez tous les deux à la villa. Il y a bien assez de place. Ainsi Kenji tu pourras retourner dans ton ancienne chambre. Shintaro, nous avons une chambre supplémentaire. Autre chose... Avec ce qu'il s'est passé à la manifestation cet été, le fait que Mia ait été interdite de séjour sur le territoire japonais, les Yamaguchi sont plus que jamais en danger donc ne faites pas n'importe quoi tous les deux. La police va nous avoir encore plus à l'oeil. »

Et merde, moi qui ne voulais pas revenir ici… En même temps, c’est plus simple oui et encore. Je vais devoir faire encore plus attention à mes allergies… Raaah en plus, pourquoi il a fallu qu'il rappelle ça... Maintenant Shintaro va savoir que je n'ai plus de fiancée et que je joue un peu au con amoureux parce qu'il me fait pitié à vouloir rester seul au lieu de se trouver quelqu'un.



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Shintaro Fuma
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Citation : "Ma plus grande joie a été de comprendre que Dieu pouvait lui aussi saigner."
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"La famille, ce n'est pas ceux qui t'ont vu naître.
C'est ceux envers qui tu as juré loyauté en étant prêt à mourir."



“L’honneur et la loyauté, un poison pour beaucoup”, a-t-il dit en un souffle court.

Kenji me rappelle que les plus belles valeurs humaines ne sont jamais acquises sans sacrifice. Autrefois, les anciennes communautés nippones ont survécu grâce aux alliances fragiles. Elles ont progressé au point de devenir des empires majestueux où le fruit de toute labeur était admiré avec un signe de courage et de modernisme. Mais, dans cette ascension si folle, la trahison lorgne derrière chaque relation de loyauté. Lorsqu’elle frappe, l’honneur meurt dans son sillage sans divulguer ni raison, ni passion. Et l’engrenage qui permet d’assurer la prospérité pour chacun s’effrite avant de redevenir poussière. Même les royaumes les plus solides deviennent mourants face au déluge. Oda Nobunaga, un conquérant estimé du pays, bien que redouté par ses méthodes extrêmement barbares, n’a pas réussi à atteindre son rêve d’unifier tout le pays. Alors, qu’est-ce qui pousse Kenji et moi-même à suivre cette mission insensée ? A croire à nos rêves de garder notre famille unie ? Non, ce n’est pas la chaleur de l’espoir qui nous anime.

C’est la lourde conviction que rien ne peut briser les hommes détruits que nous sommes déjà. Errant devant un avenir incertain, nous sommes donc ouverts à tout sacrifice.

Le nez brisé et les lèvres gercées, je peine à respirer correctement en recrachant les bulles de sang qui restent coincées dans ma trachée. En suivant les pas de Kenji, nous sortons ensemble de l’édifice et du traquenard qui nous est tombé dessus par les hommes de la famille Azama. En jetant un œil par-dessus mon épaule, je le vois pour la première fois. Ce guerrier aux cheveux carmins, embrassant sa jeunesse désinvolte, presque sauvage. En étant à ses côtés, quelque chose d’infime à changer entre nous. Il y a une heure, un pont d’hostilités nous a tenu à l’écart depuis le début. A présent, nous nous observons réellement pour la première fois. Sans prétention. Sans rancune. Laissant le sablier de nos instants s’écouler en un fin nuage de fumée opaque.

Alors que je prends place sur le siège passager de notre voiture, je le regarde cueillir de nouvelles armes comme des fleurs de printemps pour garantir notre sécurité sur les minutes qui vont suivre. En ayant deux fusils-mitrailleurs et deux armes de poings chargées, je le regarde attentivement refermer les portes arrières du fourgon avant de se déplacer vers moi. Attendant patiemment à l’intérieur du véhicule, un mouchoir blanc écrase mon nez pour stopper l’écoulement sanguin. A la venue de mon camarade, il me fait remarquer mon manque de “sex appeal” avec ma gueule aussi dévastée qu’un hooligan après un match sportif intense. En lui jetant un regard haineux, mes frustrations envahissantes me poussent à ne prendre aucune initiative et à répliquer comme un adolescent énervé face à sa figure paternelle.

“Lâche-moi. Je ne suis pas mourant.”

Et pourtant, la déception est réelle. Bordel. J’étais convaincu d’être plus fort physiquement que Kenji. Je l’ai considéré comme un papa qui est devenu mou du genou et incapable de tenir le rythme. Et regardez donc le résultat : lui, il se porte comme une fleur en plein jour, avec des victimes sur son tableau de chasse, tandis que je tente à tout prix de retrouver ma dignité après m’être fait tabassé comme un vieux con. Et pourtant, mon collègue n’en démord pas et se permet d’être insistant en confirmant que nous ferons une halte chez l’un de nos contacts réguliers à la clinique de Shizue.

Brisé par la fatigue, je commence par éteindre l’ensemble de mes muscles en m’affalant contre le cuir de mon siège. Le vrombissement du moteur et la pression de l’accélérateur parviennent à me bercer pendant un court moment. Pendant le trajet jusqu’à la clinique, je ferme les yeux, ôtant un moment le mouchoir de mon nez afin de mieux réfléchir.

La clinique de Shizue … ?

Arrivé à un feu de trottoir, un malaise s’empare peu à peu de moi, manquant presque de me retourner l’estomac. Et plus les kilomètres sont franchis, plus la vérité recherche à sortir de mes lèvres encore déchirées. Doucement, je commence à lui partager mes pensées en choisissant soigneusement mes mots :

“Hana … Notre contact qui gère la clinique … J’ai eu une relation … disons moins professionnelle avec elle.”

On a copuler comme des bêtes, quoi. Le sexe et la violence ont toujours été deux ingrédients de mon cocktail de violence. Aplatissant la paume de mes mains sur le visage, je soupire en soufflant exagérément comme un veau, roulant les yeux au ciel d’une manière fort sarcastique. La retrouver dans un pareil moment ne m’enchante guère. En ouvrant un instant la fenêtre, je commence à prier pour que l’air à l’extérieur puisse m’empoisonner et me foutre le tour avant qu’on y arrive.

“C’est elle qui m’a rafistolé pour la première fois. Un mauvais coquard au coin de l'œil pour une connerie. J’ai voulu l’impressionner en me mesurant à plus costaud que moi. On va plutôt dire qu’elle a été impressionnée à la vitesse où mon cul a rencontré le sol. Et malgré tout, son cœur s’est ouvert à ce moment-là.”

Bien que l’intonation est sérieuse, je ne peux m’empêcher de sourire à mes propres conneries.

“Je suis passée chez elle il y a deux semaines pour rompre juste après sa demande de fiançailles. Elle veut m’assassiner depuis. Elle aurait raison.”

Il y a un coin de mon cœur qui me pousse à me faire bercer par la sensibilité des femmes. Mais le chemin qui m’amènera à fonder une famille est encore très lointain.

“ Je te préviens, tu refuses tous les produits liquides, cette folle pourrait encore essayer de terminer le travail en y mettant du cyanure…”

Une fois arrivée devant la clinique, Kenji comprend que ce serait une mauvaise idée de me présenter devant mon ex-fiancée. Il prend donc les devants en me laissant à nouveau dans ma léthargie, le corps reposé contre le siège en cuir de la voiture. En une quinzaine de minutes qui m’ont paru être une éternité, je vois le Don Juan asiatique revenir à mes côtés avec une poche de glace, une crème et plusieurs pansements de fixation. En récupérant le sac en plastique verdâtre par la vitre ouverte, j’en profite pour lui partager ces quelques mots teintés d’un sarcasme volontaire.

“Merci, Papa.”

L’index maintenu sur un bouton, je regarde la fenêtre du véhicule se refermer. Mais derrière la vitre transparente, je surprends Hana derrière la réception de la clinique avec une expression qui m’est très familière. Un sentiment puissant étire les traits de son visage, entre le dégoût, la colère et la tristesse profonde. Elle n’est pas enchantée de me voir dans cet état. A dire vrai, elle n’est pas enchantée de me voir du tout. Et pourtant, elle reste accrochée à mon regard.Comme s’il existait encore une étincelle rassurante derrière les flammes de sa haine. Comme si l’idée de me voir repartir avec Kenji allait réveiller en elle des peurs profondes de me perdre à nouveau. Il y a encore beaucoup d’amour en elle. En fin de compte, elle est une petite graine au milieu de la nuit qui souhaite s’épanouir dans un sol fertile et familier, auprès d’un homme qu’elle connaît autant dans ses beaux jours que dans les plus mauvais. Le visage stoïque, vide de toute émotion, je me laisse bercer par ses prunelles verdoyantes dans la nuit jusqu’à ce que la voiture décide de nous éloigner l’un de l’autre une fois de plus.  

Direction les rues d’Akai. Le silence est à nouveau installé entre nous. Mais notre mutisme n’est pas un signe de faiblesse, au contraire. Nous avons franchi la ligne de toute moralité où chacune de nos prochaines actions pourrait nous coûter le déshonneur ou la mort. Il est donc naturel que nous restions très attentifs jusqu’à la fin de notre mission. Et cette mission a bel et bien un nom : “Tuer Hiro Matsuo”. Lorsque le moteur s’éteint à nouveau, le conducteur tourne sa tête dans ma direction et me confirme qu’il peut gérer la situation seul. Sa suggestion étant avisée, je n’ai pas attendu très longtemps avant de valider son plan. En le quittant du regard, je sors le premier en m’assurant qu’il n’y ait pas de civils très proches aux alentours pour être scandalisé par mon nez tordu et ma bouche encore rouge. Devant le capot de la voiture, nous nous croisons un faible instant avec Kenji. C’est lui qui s’occupera du kidnapping.

“Je compte sur ta discrétion. Invente un prétexte pour qu’elle te suive jusqu’ici sans éveiller de soupçon et je me charge du reste. Bonne chance.”

L’opération doit se dérouler sans accroc, cette fois-ci. Il m’a prouvé qu’il savait parler la langue des poings, j’attends de lui qu’il sache persuader ou séduire en usant de sa belle gueule d’ange. En m’asseyant cette fois-ci sur le siège du conducteur, je reste encore dans l’attente. Et cette réalité me foudroie sur place. Voir Kenji enchaîner les actions alors que je reste sur le banc de touche me donne envie de vomir. je ressens comme un véritable coup de pied dans les couilles, ma dignité repassant encore sous la lame de la guillotine après avoir été écartelée par des chevaux. C’est sale et violent. La colère m’emporte subitement. Et pour la faire taire, je n’ai rien de mieux à faire que de pousser le volume de la radio à son maximum pour faire taire mes pensées. Mes mains tremblent et me rappellent à nouveau trois évidences que je ne cesse de refouler.

Kenji est plus fort que toi.
Ma faiblesse va me faire tuer.
Je ne suis pas Magoichi Fuma.


Encore lui. La vérité se plante dans ma peau comme une lame mortelle. Quand va-t’il sortir de ma tête, putain ? Le visage fiévreux, mes poings se serrent avant de marteler une fois, deux fois, et une suite de coups en les écrasant sur le volant au rythme de quelques accords de Blues finement joués. Manifestement frustré par ma faiblesse, mon cœur manque d’exploser de hargne. Les nerfs à vif, mon corps tout entier s’agite en faisant bouger les ressorts de la voiture à l’arrêt. Et au milieu de ce brouhaha chaotique, les hurlements de Kenji atteignent mon système nerveux au milieu de la cacophonie de la radio et de son présentateur.

“...Dé..arre … Shin… aro …“
“[...]L’ACTEUR ISAMU A CONCLU SA CARRIÈRE D’ACTEUR PAR SON DERNIER FILM, “LE LOTUS NE MOURRA JAMAIS” [...]”

Qu’est-ce qu’il me chante, mon bel oiseau ? Et sans attendre, un premier choc à l’arrière de notre véhicule éclate soudainement. En y jetant un regard par-dessus l’épaule, un véhicule aux vitres teintées au capot défoncé recule dangereusement en visant à entrer en collision contre notre pare-choc arrière. Le visage blême, la clé tourne immédiatement dans le contact avant de piller l’accélérateur d’un coup sec. Sans prendre le temps de comprendre ce qu’il se passe, notre voiture prend de la vitesse en manquant d’écraser deux piétons devant nous. Une course poursuite s’engage. La voiture derrière continue sa traque en se montrant tout aussi agressive. Après un nouveau choc de leur part, notre phare arrière gauche se trouve en morceaux. Pendant la poursuite intense, deux feux rouges sont grillés. En effectuant un virage serré, nous manquons de rentrer dans le cul d’un camion-remorque. Finalement, l’autre véhicule a moins de chance et entre en collision à l’intérieur d’un restaurant de viandes grillées. Quant à nous, aucun accident ne vient avec ces manœuvres risquées. La copine de Matsuo ne cesse de s’agiter à l’arrière, tandis que Kenji retient la peste tant bien que mal. L’adrénaline martèle mes tempes comme si j’avais la tête dans un four. Nous avons gagné le combat. Je dois suivre la cadence que j’ai imposé à Kenji et ne pas me laisser emporter par la vague.

Nous arrivons à une nouvelle planque située dans les rues d’Izanami. En coupant les phares à 100 mètres du lieu, nous nous avançons doucement jusqu’à une ruelle sombre en affinant notre discrétion. En portant une main contre ma poitrine, les angoisses ont disparu. Il me faut un verre. En étant le dernier à sortir de la voiture, je laisse Kenji prendre en charge la “masseuse” affiliée à la mafia et la préparer à la manière dont il souhaite. En entrant à l’intérieur de la planque, je m’exécute en prenant plusieurs photos face à un Kenji qui ressemble à un démon assoiffé plutôt qu’à un père aimant sa progéniture.

“Rentre la langue dans ta bouche … On se croirait dans une sitcom américaine avec un budget de 2000 yen et … Hey, fais gaffe comment tu manipules la lame sur son cou !”

En un soupir désemparé, il parvient tout de même à rendre le moment absurde avec ses mimiques d’anthologie. Une fois le travail accompli, il ne suffisait plus que d’envoyer une seule image à Matsuo - soit celle où Kenji ne ressemblait pas à un singe avide d’un carnage total. Il y a des limites à rester professionnel en toute situation. Après seulement quatre minutes, les réponses affluent en faisant vibrer mon téléphone cellulaire. Matsuo s’est enfin réveillé, et pour dire vrai, il n’est clairement pas content de retrouver sa belle ligotée comme un agneau. Face à ses textes chargés de menaces, le silence est ma seule réponse. Car le silence apporte également son lot d’incertitudes en validant un message claire “C’est moi qui mène la danse”. Après une heure entière, un nouveau message apparaît. La colère est passée, et un début de négociation plutôt raisonné commence à pointer le bout de son nez. L’expérience m’a appris que ce n’est pas encore le moment d’engager la communication.  

Trois heures s’écoulent ensuite avec un passage au Konbini du coin.

A mon retour, les mains occupées par des ressources alimentaires et des médicaments à la demande du beau prince, une scène désopilante se déroule sous mes yeux. Les yeux attentifs, la scène se dévoile avec un Kenji se tapant une sieste à moitié affalé sur un canapé et notre victime endormie également, le visage abaissé. La seule différence, c’est que la femme possède une lame dans le ventre en ayant une main libérée de ses liens, le ventre inondé de sang. Je relâche les sacs en plastique à terre avant de coincer mon nez entre deux doigts, manquant de défaillir à tout moment … Quand est-ce que le massacre va s’arrêter ? Les événements s’enchaînent et se propulsent autour de nous comme le vrombissement d’une nuée de moustiques au-dessus de notre tête, et nous sommes deux cons à essayer d’anticiper le fil des événements. En me dirigeant vers mon camarade de fortune, je lui donne un coup de pied sur sa chaussure pour le réveiller.

“Réveille-toi. On a un cadavre à envelopper …”

En laissant une cigarette au coin de mes lèvres, je m'assois par terre, les bras caler entre les jambes ouvertes de la charogne fraîchement éteinte. D’un air songeur, je lève mon téléphone à la hauteur de mon nez avant d’écrire à Matsuo. Il est temps de changer la réalité des choses. La fille ne s’est pas suicidée, une lame dans le ventre. C’est Kenji qui l’a tué de sang-froid. Entre Matsuo et Kenji, il y a déjà une relation pourrie entre eux, autant sauter sur l’occasion qui se présente. Et la réponse ne tarde pas à attendre. Je reconnais le style de Matsuo et son égo surdimensionné, affirmant n’en avoir rien à foutre et en validant déjà nos hypothèses. La raison se tait, et les émotions parlent en mettant en lumière tous nos doutes. Tout en tapant sur les boutons du téléphone portable, mes lèvres bougent en un murmure en récitant ma réponse :

“Tu es le suivant. Ta fiancée t’embrasse très fort.”

En appuyant sur la touche “envoyer”, Kenji se tient déjà derrière moi alors que je pose l’arrière de ma tête sur la cuisse de la défunte. Fleur d’oranger, coton blanc, lavande-citronnée …

Décidément, même les huiles essentielles bon marché les plus puissantes ne parviendront jamais à couvrir l’odeur de mort que nous traînons derrière nous.

Kenji m’annonce la suite sur un plateau d’argent : un repos bel et bien mérité dans le sanctuaire familial. Aussi silencieux qu’un moine religieux, je ne conteste pas sa décision. En revanche, le repos devra encore attendre ces prochaines heures car nous avons encore un problème sur le dos.

“Aide-moi à disposer le corps dans le coffre et brûle la planque derrière nous. Je m’occupe de le faire disparaître sans laisser de trace quand on arrivera . Je t’épargne les détails, c’est mon domaine d’expertise.”

[...]

Patient et attentif, l’Oyabun me regarde avec un regard défiant tous les parias de ce monde. Nous demeurons silencieux tandis que Kenji s’active autour de nous en investiguant son précieux bureau. Sa paranoïa n’est pas un signe de mauvaise augure ; cela est devenu une nécessité après la nuit que nous venons de traverser ensemble. D’un mouvement de tête, Kenji m’annonce qu’il a récupéré tous les micros de la pièce avant de les détruire les unes après les autres d’un coup de talon bien décidé. Une conversation est aussitôt engagée entre le neveu et l’oncle, deux symboles émérites de notre famille. Naturellement, le prince engage les explications en restant très clair dans ses propos. Le visage décontenancé, l’Oyabun ne semble pas reconnaître les ordres qui nous sont remontés. Pire, il conteste aussi fermement que Kenji cette absurdité d’avoir mis les pieds à Aono. Pendant toute la négociation, je reste aussi droit qu’une statue de glace manquant de rompre à tout moment. Les mains réunis devant ma ceinture, j’attends le bon moment pour délivrer ma bombe en laissant les projecteurs éclairer le discours de Kenji.

J’apprends également que le prince a perdu son amour dans le feu de cette guerre naissante. En haussant un sourcil, je plante mon regard dans les mouvements de son corps. Aussi immobile qu’un lampadaire dysfonctionnel, il semble hésitant. Je le quitte un moment du regard avant de m’intéresser à ce qui se passe devant moi. Le départ de sa femme est une perte évidente, et ses pensées de deuil semblent obscurcir son jugement. Autrement dit, Kenji va se sentir déconnecté un peu plus ces prochains jours en étant obscurci par sa nouvelle solitude. Et pourtant, tu ne seras désormais plus seul, sale petit con.

Je ne te quitterai pas, Kyodai.

Une promesse en demi-teinte partagée en un regard insistant. Lorsque la discussion prend fin, Kenji se retire de son oncle après une révérence. Lorsque je le vois rebrousser chemin vers moi, insinuant que c’est le moment de nous retirer, je décide de faire l’inverse. D’un pas décidé, je viens effleurer son épaule au passage avant de délivrer une réponse assassine en faveur de l’Oyabun :

“Vous avez failli tuer votre neveu. Aujourd’hui, vous êtes sur le point d’y parvenir.”

Un courant d’air à l’extérieur heurte violemment les fenêtres de la maison familiale. L’intonation de ma voix est aussi menaçante qu’un orage sur le point d’éclater. Les yeux abasourdis, l’Oyabun me fixe religieusement, le souffle coupé.

“Sh… Shintaro … ?”

C’est au final moi, l’homme de principe, qui vient déranger les codes de notre si belle culture en défiant l’autorité. Et pourtant, ma langue se délie avec imprudence car la vérité doit être dite sans aucune censure.

“Je suis venu à Kobe pour arracher les mauvaises racines de notre famille. Peut-être dois-je commencer par vous et votre incompétence ?”

“Que … Comment oses-tu ?! TU OSES ME DÉFIER, SHINTARO ?!””

Les yeux noircis par mon jugement, l’Oyabun manque d’éclater ses dents tant sa mâchoire devient subitement tendue. Je ressens toute sa motivation de me couper tous les doigts de mes mains pour mon affront. Voilà donc comment se dessine l’image d’un ancien seigneur en colère. Et d’un jeune roi qui n’en a rien à foutre des conséquences qui vont suivre.

“Non. Je défie notre famille entière. Car la paix dans cette maison n’existe pas. Nous arrivons au bord de l’implosion. Si nous continuons ainsi, une vague de paranoïa nous divisera tous, et votre trône basculera sur le côté. Vous savez pourquoi ? Car votre neveu et moi-même périrons bien avant que vous ayez trouvé vos réponses. N’ais-je pas raison, Prince ?”

Enfin, la question qui m’a toujours brûlé la langue commence à pointer le bout de son nez. Du genre à remettre en question mon statut social d’étranger, ainsi que l’avenir tout entier de la filière des Yama’.

“En cet instant, vos choix sont limités : vous ne pouvez avoir confiance qu’en nous deux. Et vous avez besoin de plus qu’un lieutenant pour restaurer l’ordre dans vos rangs. Je vous demande votre accord, avec la bénédiction de votre neveu ici présent, de devenir le patriarche de ma propre famille, et de créer nouvelle branche affiliée à votre règne.”

Fonder une famille est une lourde tâche aux conséquences. Malgré nos valeurs loyales, c’est toujours une prise de risque pour un Oyabun d’accorder cette décision lorsque l’aube d’une guerre se profile à l’horizon. Et pourtant, c’est la seule manière de contrebalancer la vague de pisse et de merde qui nous arrive dans la gueule. Si je n’obtiens pas assez de pouvoir, nous serons submergés par les traîtres. Une guerre civile dans notre famille est inévitable afin de séparer le bon ivraie du mauvais. En une seule nuit, Kenji a été témoin d’une négociation qui a mal tourné, d’une course poursuite mortelle en véhicules, d’une femme qui s’est suicidé avec une lame dans le bide et d’un traître nommé Matuso. Une pluie de violence où le sang n’a jamais cessé de couler, nous délivrant le silence sur de nombreuses questions déjà éteintes. Si nous ne prenons pas l’ascendant, qu’est-ce qui nous prouve que nous survivrons aux prochains événements dans les heures à venir ? A un moment, je périrai la gueule ouverte. Puis, ce sera au tour de Kenji.

. Car, bien plus que de protéger le prince aux cheveux carmins, mon rôle est de protéger nos traditions.

Et qui peut le contester ?

Mais l’Oyabun ne semble pas encore convaincu par mes dires. Kenji doit m’aider …

“Shintaro. C’est impossible, tu …”

En coupant la parole d’un ton sévère, son indécision me cloue sur place. Je m’exprime à présent au neveu qui se situe derrière mes épaules, non loin de la sortie du bureau.

“Toi aussi, tu penses que je n’y arriverais pas ?”

En jetant un œil aussi froid qu’une marée montante, toutes les personnes qui me côtoient ne m’ont jamais fait confiance pour atteindre ce niveau. Kenji est à présent la clé définitive pour m’assurer d’atteindre les cieux …

… Mais est-ce le bon moment ?


Ma floraison est faite de paille et de feu.


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Kenji Yumeda
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Qui a dit que je voulais bosser avec toi ?

ft. Shintaro

Holala quel rabat-joie celui-là. Je n’ai jamais dit qu’il était mourant, je lui ai juste fait remarquer que pour notre prochaine mission, avoir la gueule en sang allait lui coûter moins 30 sur l’échelle du sex-appeal. Quand je lui dis que l’on va s’arrêter à la clinique de Shizue, je suis un peu surpris quand il se met à se livrer sur sa vie. Je ne savais pas qu’Hana était tombé sous son charme tiens. Intéressant ce que j’apprends sur lui. Par contre, j’aimerais bien savoir pourquoi il est allé rompre alors qu’ils étaient fiancés… C’est débile. Ou alors, est-ce parce qu’il y a dans l’équation sa belle-sœur ? Ce serait très étonnant.

« T’es con Shintaro, pourquoi t’as rompu alors que vous étiez fiancés ? Tu serais casé tranquille pépère à l’heure où nous parlons. »

Mais ne t’inquiète pas, je vais bien faire en sorte qu’elle me donne uniquement ce dont j’ai besoin et pas de quelconques liquides. Quand je demande à la jeune femme les pansements et autres choses que j’avais besoin pour que mon acolyte se raffistole, je la vois qui semble inquiète alors j’essaie de la rassurer sur le fait qu’avec moi il est entre de bonnes mains. Mais comme elle me connait un petit peu, elle me dit qu’au contraire, je suis bien la dernière personne en qui elle aurait confiance pour trainer avec le jeune homme. Je sens qu’il y a un petit quelque chose encore entre eux mais j’apprends également de sa bouche qu’elle a tourné la page et qu’elle s’est trouvée quelqu’un d’autre. Ah… coup dur pour Shintaro, je ne compte pas le lui dire. Je lui présente un majeur bien dosé quand il me dit merci papa. Je sais que c’est ironique mais venant de lui, c’en est presque gênant.

Enfin bref, après ça nous avions kidnappé la masseuse de Matsuo pour confirmer nos soupçons ou pas et ils ont belle et bien été confirmés. Enfin, avant ça, nous avons eu le droit à une sorte de course poursuite d’enfer. Il semblerait que je n’ai pas été assez discret puisque des voitures noires ont commencé à se rapprocher et à vouloir nous encercler. Je ne peux que remercier l’agilité de Shintaro pour nous sortir de ce mauvais pas. Cependant, quand je me suis réveillé à l’aide des coups de pied insistants de mon acolyte, je ne fus pas content de m’apercevoir que la jeune femme avait réussi à se libérer pour ensuite se suicider. Et quand j’ai vu le message qu’il avait envoyé à Matsuo, j’ai failli lui en mettre une.

« Ho t’es sérieux ? Ce n’est pas cool de lui dire que c’est moi alors que ce n’est pas vrai. Même si j’ai bien compris ton intention derrière. »

Soupirant, il me dit quoi faire. Pendant qu’il irait s’occuper du corps, moi je devais brûler la planque pour éviter que l’on nous soupçonne. Alors si j’avais des doutes quant à sa capacité de meneur, là je n’en ai plus aucuns. Il sait prendre ses responsabilités quand il le faut mais ce que j’aime, c’est que je ne suis pas en reste. En fait, tous les deux, nous nous correspondons plutôt bien je trouve. Il est rusé et assez intelligent pour s’occuper de toute la logistique, ainsi que de jouer sur l’échiquier de la grande stratégie de mise à mort des traitres. Je pense qu’avec quelques conseils avisés d’un héritier de clan qui a grandi en sachant les responsabilités qui allaient lui être incombées, il y a moyen que Shintaro fasse un très bon chef de famille. Enfin, pour l’heure, nous ne sommes pas à nous poser la question. J’ai un travail à accomplir et après avoir aidé l’homme à mettre la femme dans le coffre de la voiture, je repartis vers la planque pour y mettre le feu, de sorte que ce soit un oubli complètement crétin qui mette le feu aux poudres. De l’aluminium dans un micro-onde qui chauffe et surchauffe jusqu’à exploser puis quelques cigarettes mal éteintes trainant ci et là près des prises électriques. J’ai eu bien pris soin bien entendu de mettre des gants, juste au cas où. Je ne peux pas me permettre de laisser de l’ADN sur les lieux. Le feu prendra du temps à se manifester, le temps que nous partions d’ici.

Le lendemain, nous nous étions ensuite retrouvés dans le bureau de notre Oyabun. Mais… je ne suis pas satisfait de ses réponses. Notre échange fut plutôt houleux parce que je l’insultais directement et à son regard, je compris que j’allais peut-être perdre une main dans la journée. Cependant, cela ne me découragea pas de dire le fond de ma pensée. Seulement, lorsque mon oncle parla de Mia, je sentis comme une ombre planer au-dessus de moi. Son fantôme, un rêve de bonheur brisé à cause de cette fichue manifestation où l’on m’a envoyé déjà tout seul et où j’ai pris sans doute de très mauvaises décisions. Je n’ai rien pu faire pour lui éviter ce châtiment, pour lui éviter de se retrouver nez à nez avec la police. Décontenancé, je finis par me lever de mon siège pour me diriger vers la porte quand Shintaro effleura sa main sur mon épaule, avant de prendre la parole. Je pensais pouvoir faire confiance à mon oncle, il me semble que je me suis trompé sur toute la ligne. Me stoppant dans mon élan, je l’écoutais et ne pus que me prendre l’évidence dans la gueule. Alors lui aussi… Lui aussi, il voulait me tuer. Mais pourquoi ? J’ai abandonné mon rôle de futur chef de clan car je sais que je ne suis pas fait pour ça. J’aime être l’électron libre que j’ai toujours été, assumant certaines responsabilités mais pas toutes, trop lourdes pour mes épaules.

Mon oncle ne semble pas comprendre, il a l’air de faire semblant en tout cas. Et il y a des signes qui ne trompent pas. Je sais que quand mon oncle ment, il a le tic de tapoter son auriculaire sur le bureau. Et c’est ce qu’il est en train de faire. Shintaro répète que son objectif principal est de faire le ménage au sein du clan, d’enlever les mauvaises racines pour redonner tout son blason au Yamaguchi. Accusant de vive voix mon oncle d’incompétent, je reste dans le mutisme car je suis en train de réfléchir à quelque chose qui me laisse longuement perplexe. L’homme est fou de rage en face de Shintaro qu’il m’en fit sursauter. Je ne l’avais jamais vu comme ça et je crains bien que dans la journée, une fois passés cette porte, nous perdions au moins une main chacun. Je manque de m’étouffer quand Shintaro défie notre famille entière. Alors là, je ne l’avais pas vu venir du tout. Je tousse un moment aussi silencieusement que possible mais je dois bien avouer que je fais autant de bruit qu’un porc en souffrance avant de se faire malheureusement tuer à l’abattoir. Whaou… Je ne m’y attendais pas. Si au début, je pensais qu’on ne pourrait jamais s’entendre tous les deux, je ne pensais pas qu’il avait pris au sérieux mes différentes allergies et autres problèmes qui font que je suis tout le temps sur le qui-vive dans cette maison.

Partager ma chambre, mes repas et mes nuits ? Et beh… C’est qu’il ne fait pas dans la démesure mais… C’est exactement ça qu’on attend d’un vrai chef de famille. Le souffle coupé, je ne peux qu’applaudir intérieurement cette prise d’audace et cette conscience que rien n’est plus important que faire en sorte que sa famille se sente bien et en sécurité. Shintaro continue son discours et me demande même mon avis.

« Je ne peux pas être plus d’accord avec Shintaro. Mon oncle, vous ne savez pas ce que c’est que de vivre depuis toujours dans une paranoïa telle que je dois cuisiner moi-même pour être certain que l’on ne va pas m’empoisonner. De plus… Je compte bien encore vivre quelques années en tant que Yakuza donc ne venez pas tout gâcher s’il vous plait. La devise du GinRyu-kai c’était Loyauté et Honneur, un poison pour beaucoup. Aujourd’hui, il ne reste que moi et deux de mes anciens lieutenants à qui on a juré loyauté au Yamaguchi car nous pensions que c’était la meilleure chose à faire pour notre survie. Mais je vois qu’en fin de compte… il n’y ni loyauté, ni honneur qui tiennent. Je suis désolé de vous dire mon oncle que mon père faisait un meilleur travail que vous. »

« Ah toi aussi tu t’y mets ! Oh pauvre petit Kenjinounet qui vient maintenant pleurer. Je n’en ai rien à faire de tes subordonnés. Qu’ils meurent donc avec toi si c’est vraiment important. »

HA… là c’est moi qui suis médusé parce que je viens d’entendre. Comme s’il venait de dire une bêtise, mon oncle se reprend bien vite en s’excusant et disant qu’il avait juste dit ça sous la colère mais qu’il ne le pensait pas. Renard, je sais que tu mens. Je profite également de cet instant pour confirmer avec lui mes doutes.

« D’ailleurs mon oncle, j’aimerais juste comprendre quelque chose. Vous n’aviez pas l’air affolé pour les Azuma, ni qu’on devait se retrouver à Aono. Je crois maintenant savoir pourquoi. Ce n’est pas de chance pour vous mais… Je connais très bien le chef de famille et le Saiki-Komon des Azuma. Et s’il y a bien une chose que je peux dire, c’est que jamais ils n’iraient faire courir le risque à leurs subordonnés de se rendre à Aono pour une telle transaction. Eux, leur terrain de jeu c’est Kyoto, une terre neutre. Eux, ce qu’ils aiment, c’est une bonne bouffe dans l’un des meilleurs restaurants de Kyoto. Pas un vulgaire motel abandonné où ça pue la pisse et la moisissure. »

Il ne réplique rien, semble même très étonné quand je lui déballe ce que je sais. Je suis persuadé que si je passe un coup de fil à ce très cher Hiroto Hasegawa, il sera aussi déconcerté que moi en apprenant la chose. Non, vraiment, impossible que les Azuma-gumi soient dans le coup. Du moins, pas tous. Shintaro vient en rajouter une couche en disant à mon oncle que ses choix étaient limités maintenant que nous avons plus ou moins découvert le pot-aux-roses. Alors on y est, ça y est le grand moment. Il demande l’autorisation à notre Oyabun de monter sa propre famille dans une branche du Yamaguchi afin de contrebalancer le pouvoir. Je ne pensais pas que cela arriverait aussi tôt mais après ce que j’ai vu cet après-midi, je n’ai plus aucun doute. Bien sûr, notre Oyabun n’est absolument pas convaincu et je mesure toute l’importance de mon rôle ici présent. C’est à moi de faire pencher la balance en faveur ou pas de mon acolyte. Son regard froid m’indique une certaine détermination et je ne peux que la saluer. Me demandant si moi aussi je pense qu’il n’y arriverait pas, je finis par m’approcher de lui avant de poser une main sur son épaule. C’est peut-être un peu précipité mais on va dire que la situation exige que l’on prenne chaque minute en compte.

« Bien au contraire. Je crois que tu ferais un très bon chef de famille. C’est l’ancien héritier de ce petit clan qu’était le GinRyu-kai qui te le dit. Quelques conseils avisés de ma part et tu seras pleinement équipé pour ce boulot. »

Mon regard pour Shintaro est empli de détermination mais surtout un regard lui montrant que je lui fais confiance. Mais cela ne rassure pas pour autant mon oncle qui ne compte pas en démordre. Soit. Je m’approche de mon oncle avant de récupérer le paquet de cartes qu’il y a sur son bureau. Il a toujours préféré les cartes aux échecs. D’un air complètement impassible, je défile les cartes pour en poser quelques-unes sur la table : le roi, la reine, le valet, l’as et le joker. Le joker est mis de côté avec l’as, quant au valet est mis de l’autre côté. La reine reste tapie dans un autre coin quant au roi, il se trouve au centre du jeu. Pour le moment.

« Vous voyez mon oncle, à l’heure actuelle, vous êtes le roi, Shintaro est le valet et moi je suis le Joker. Le joker fou qui peut faire pencher la balance d’un côté comme d’un autre. On dit souvent que le roi est le plus fort mais savez-vous mon oncle que dans certains jeux de cartes, s’il est joué en atout, le valet vaut plus. Additionné à la reine, il battra toujours le roi. Quant à l’as, c’est celui que l’on n’attend pas mais couplé au Joker, ils deviennent aussi fort que le valet en atout et font pencher le jeu d’un côté comme d’un autre. Vous comprenez donc que vous n’avez pas d’autres choix que d’accepter si vous voulez survivre, et ne pas vous faire écraser. Comme vous le savez, le valet reste encore le meilleur allié du roi avec la reine. »

« Fou, ça on peut clairement le dire… Tu aurais dû finir en psychiatrie Kenji ! »

« Ouais, j’aurais surtout dû reprendre le clan en fait, si j'avais su avant que vous étiez incompétent à remettre de l'ordre mon oncle. Je suis extrêmement déçu... Bref, vous connaissez Shintaro depuis plus longtemps que moi et vous osez encore douter de sa capacité à diriger sa propre famille ? Même un type comme moi qui ne l’a côtoyé qu’une journée a su voir les qualités qu’il a pour devenir chef. Je ne dis pas que ce sera facile mais il pourra compter sur moi pour l’épauler. »

« Kenij… »

Avant même qu’il n’eut le temps de finir sa phrase, on toqua à la porte de façon insistante. Mon oncle excédé finit par lui dire d’entrer. C’était mon père…

« Ah Kenij ! Je pensais bien que tu étais là ! C’est ton frère, viens vite ! »

Comment ça ? Mon cerveau ne fit qu’un tour. Les poings serrés devant le regard de mon père, pas spécialement affolé pour quelqu’un qui vient annoncer une mauvaise nouvelle, je n’ai pas non plus fini de parler avec mon oncle et me faire l’avocat de Shintaro pour plaider sa cause. Comme si cela ne suffisait-il pas, ce fut au tour d’une Kana très affolée en revanche et à moitié en pleurs de venir faire volte-face dans le bureau.

« Kenji ! S’il-te-plait, dépêche-toi de venir ! C’est Ryuuji, je… je crois qu’on le perd ! »

Mon poing vient rencontrer le bureau dans un bruit assourdissant alors que je vois le visage de ma sœur en pleurs. Regardant mon père, ma sœur puis mon oncle et enfin Shintaro, je pris une grande respiration.

« Les chaines qui me reliaient à cette villa sont enfin brisées. Soit, nous avons ta bénédiction pour une nouvelle branche et ainsi nous recruterons nous-mêmes nos membres en leur faisant passer des tests ultra exigeants pour tester leur loyauté, soit je te déclare la guerre mon oncle pour reprendre ce clan. A présent, je vais me rendre auprès de celui pour qui j’ai été un père de substitution dès mon plus jeune âge. Shintaro, il faudra que je te parle d’un truc après. »

Sans un mot, je partis presque en trombe, mettant une nouvelle épée de Damoclès sur ma tête. Ça commence à faire beaucoup d’épées là mais je n’ai pas le temps de penser à cela. J’ai un être cher qui m’attend. Merde, les médecins malgré l’avancement trop rapide de la maladie lui donnaient au moins encore cinq ans ! Les larmes commençant à perler le long de mes joues au fur et à mesure que j’avançais vers sa chambre, l’as a finalement fait pencher la balance de notre côté. Ryuuji, oui c’est bien toi qui as été l’as de ce jeu morbide et je m’en excuse. Je ne pouvais pas quitter la villa tant que tu étais là, je me devais malgré tout de continuer à prendre soin de toi, même si ça me coûtait énormément. Mais à présent, plus rien ne m’y retient. Autant, je peux facilement partir avec Ayako car elle n’y a aucune attache ici à part moi, autant toi Ryuuji… Non, il m’y était tout bonnement impossible. Mais à présent, je peux très bien déclarer la guerre à tous ceux qui voudraient se mettre sur la route de Shintaro sans craindre que ça me retombe dessus. Certes, il me reste Ayako et je me dois de la protéger mais maintenant, je vais pouvoir la protéger plus facilement car je ne serais plus obligé de revenir dans cette villa de la mort.

Enfin arrivé au chevet de mon frère, Ayako était là en pleurs car elle avait grandi avec lui après tout, c’est la seule avec moi qui pouvait parler langage des signes avec lui. Kana se mit de l’autre côté, je viens me positionner à son chevet, prenant au passage ma fille dans les bras.

« Je suis là Ryuuji. Papa et maman sont là, tout ira bien tu verras. On est là tous les trois, Kana, Ayako et moi. »

Ah et mon père ? Ce n’est pas lui qui a élevé le plus clair de son enfance, cet enfant. Alors déjà que j’ai perdu Mia… Maintenant, il faut aussi que je perde mon petit frère. Ça va être difficile mais en même temps, c’est un poids qui s’enlève de mes épaules. A cause du gène malade que nous avons en commun, je ne pouvais plus le regarder en face pendant un temps mais là… Je ne peux pas ne pas être là pour lui. Il a besoin de moi comme jamais et cet imbécile bien qu’il n’ait plus aucune force, arrive encore à bouger les doigts pour trifouiller mes cheveux qui trainaient à proximité.

« Repose en paix Ryuuji. »

On est restés à son chevet plusieurs heures, jusqu’à ce qu’il rende son dernier souffle. Le chagrin de la perte d’un membre de la famille de sang est toujours difficile à encaisser mais pour le moment, je ne peux pas me laisser à mes émotions. Tant que l’on ne sera pas en sécurité loin d’ici, c’est mort. Il y a encore des choses que je dois régler. Je ressortis de sa chambre après que le médecin ait confirmé le décès, laissant Ayako aux soins de Kana, pour chercher Shintaro et voir s’il avait finalement eu la bénédiction de mon oncle ou pas. Je finis par le retrouver dans le jardin intérieur en train de fumer une cigarette. Ce ne serait pas de refus tiens, alors ni une ni deux, je m’en prends une. Quelles sont belles les résolutions hein Kenji mais une fois de plus, je me sens brisé de l’intérieur alors la cigarette est la bienvenue. La cancéreuse allumée entre les lèvres, je m’avançais vers lui.

« L’as a été joué… J’espère que tu as eu sa bénédiction. »

Je n’en rajoute pas plus, me contentant de me murer dans le silence pendant un temps. Il y a quelque chose que je dois à présent éclaircir. Cela pourrait aussi concerner notre futur avenir. Elle n’aura pas le choix que de faire partie de l’échiquier à présent qu’elle a trop enquêté. Elle a beaucoup de contacts et ça pourrait bien nous servir alors je compte bien faire d’elle la Reine s’il le faut. Elle est plus intelligente que je ne le croyais d’ailleurs. Je me tourne à nouveau vers Shintaro, plantant mon regard dans le sien, les yeux encore embués de larmes. Je m'excuserais plus tard auprès de lui pour justement avoir enquêté sur lui et voulu en savoir un peu plus. C'est comme ça que je suis tombé sur le problème Aliyah Fuma qui m'a pris toutes mes recherches au lieu de me concentrer sur Shintaro.

« Aliyah Fuma, c’est bien ta belle-sœur ? Tu étais au courant de ses petites manigances ? Il y a un type Seijuro qui bosse pour une autre famille et qui connait bien Akone. C’est lui qui l’a mis au parfum qu’un gars du nom de Tomas Akiyama enquêtait sur nous, sur toi principalement. De ce que j’ai compris, il est détective privé mais n’hésite pas à donner des infos aux Yakuzas. Bref, il aurait transmis plusieurs informations à ta belle-sœur sur nous, nos activités et le fait que la famille a semble-t-il eu des démêlés avec les triades chinoises auparavant. Je ne sais pas si tu es au courant de tout ça. Bref, j’ai appris que tu avais un frère qui a été tué. Toutes mes condoléances, je ne tenais pas particulièrement à savoir cela mais quand on m’a dit qu’une certaine Aliyah Fuma faisait des recherches sur la mort d’un certain Magoichi Fuma, c’est devenu plus limpide. C’était son époux, c’est bien ça ? Ta belle-sœur a vraiment de dangereux contacts chez les mafieux… »

C’est tiré par les cheveux comme dans une série policière dit comme ça mais on ne se méfiera jamais assez des personnes célèbres qui amassent avec le temps des contacts disons bien placés. En bien ou en mal d’ailleurs. Je ne m’attendais donc pas à découvrir que Seijuro et Tomas étaient ses amis d’enfance. Enfin, cela explique pas mal le fait qu’elle ait fait appel à eux pour obtenir des informations.

« Elle a eu beaucoup de chance qu’Akone intercepte le tout et me fasse remonter cela sans aller voir notre Oyabun car à l’heure actuelle, je pense qu’elle aurait eu de très gros problèmes si tu vois ce que je veux dire. Cela dit, je garde un œil sur elle depuis et lui envoie régulièrement des types du Yamaguchi pour de la retouche costume ou alors c’est moi qui me déplace directement à sa boutique. Je ne sais pas si tu la connais bien mais mon instinct ne me trompe pas trop en disant que maintenant, elle a tellement la trouille qu’elle ne fera rien contre nous. Elle m’a même demandé une protection parce qu’elle craint que ça retombe sur elle. Enfin et surtout, elle a eu un mari trempant dans des affaires louches, elle sait exactement ce à quoi elle s’expose. »

Je prends une nouvelle pause pour finir ma cigarette avant de lui dire le fond de ma pensée et surtout là où je veux en venir.

« Si j’en crois un peu les informations sur son passé, elle n’est pas toute rose non plus. Je ne prends donc pas trop de risques en te disant que ce n’est pas une simple civile et que c’est elle la Reine qui va prendre part à l’échiquier. Je sais où elle habite et je sais qu’elle a un enfant. La rue où elle habite est une rue où l’on retrouve des maisons de riches, style acteurs ou autres célébrités. C’est tranquille, calme, il n’y a rien qui puisse attirer un touriste : un cimetière et un supermarché. C’est assez bien caché sur les hauteurs de Koyane en plus. Ce que je veux dire c’est que ce sera la planque idéale pour fonder ta famille. On ne peut pas rester à Fujin, ni aller à Izanami, nous sommes des cibles faciles. Mais cette rue-là… Personne ne penserait à venir nous trouver là-bas ; c’est le coin des riches. »

Est-ce que je suis vraiment fou pour lui proposer cet endroit ? Oh eh bien oui, je crois bien. Mais mon instinct me dit vraiment que c’est sur ce cheval qu’il va falloir miser pour aider Shintaro à fonder sa famille. Seuls les idiots tenteraient de venir dans cette rue pour y faire un massacre. Il y a une surveillance accrue avec des vigiles attitrés à toutes les villas qui y sont mais comme on le sait tous, la plupart des vigiles sont des yakuzas en reconversion qui se font discrets par rapport aux lois répressives de la police. Alors nous aussi, nous allons nous faire discrets, simuler notre propre disparition pour faire tasser les choses, attendre quelques temps puis revenir en force.

« Le plan le plus simple à l’heure actuelle serait de simuler notre propre disparition en allant nous terrer chez elle et commencer à rassembler de vraies personnes loyales. Ainsi de manière sage, nous attendrions quelques mois, le temps que tout se tasse tout en surveillant les positions et déplacements de nos ennemis avant de frapper un grand coup pour faire le ménage, qu’en dis-tu ? »

Je lui expose mon plan qui parait un peu fou mais pas nécessairement insensé.



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Merci à Bastian pour la signa <3
Shintaro Fuma
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Citation : "Ma plus grande joie a été de comprendre que Dieu pouvait lui aussi saigner."
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Shintaro Fuma

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"La famille, ce n'est pas ceux qui t'ont vu naître.
C'est ceux envers qui tu as juré loyauté en étant prêt à mourir."


Mon regard incandescent, borné par les flammes voraces d’une justice primitive, ne se laisse pas déloger par celui de notre Oyabun.
Au moment où la vérité a éclaté, toute joie s’est éteinte. L’illusion de sécurité qui recouvre cette maison commence à se dégrader à chaque seconde. Et face à l’hostilité de ce lieu, si serein autrefois, les sens vibrent intensément avant de se maintenir en éveil. Le silence s’écoule dans l’atmosphère comme la première vague dans l’océan. L'œil clairvoyant de Kenji s’illumine un instant, cherchant lui aussi à assembler les pièces d’un puzzle trop sophistiqué pour nous deux, son regard oscillant entre le mien et celui de son oncle. Lui aussi comprend à présent. Je viens de commettre un péché, déstabilisant les fondations de notre ordre familial. Mais en retour …
Une première mauvaise racine vient d’être arrachée par ma main.

Un premier pas dans notre quête de rédemption.


Puis, Kenji plonge en un seul élan dans le vaste bassin que je viens de dessiner devant nous, celui de la démesure, en laissant exploser un deuxième péché originel. Lui aussi fait face à sa propre lignée de sang, son plus bel héritage, réclamant une justice plus sincère. Sa voix reste sereine, mais imprégnée d’une autorité nouvelle. Ses mots ont été délivrés avec véhémence, rappelant à la Tête de Dragon qui gouverne nos rangs les valeurs fondamentales de notre famille. En laissant le beau prince narré ses beaux discours, je me déplace lentement sur le côté avant de poser une épaule sur le coin du mur, le regard toujours aussi apathique dévorant celui de notre roi.
A la réponse de mon offre, Kenji me répond sans détour : plus que sa bénédiction, il souhaite m’épauler en se dévoilant tel un allié inestimable. Nos yeux se croisent en un instant. Et il n’a suffit que de ce moment pour sceller ce que nous n’avons jamais imaginé réaliser auparavant : un profond respect émane de nous où nous serions prêts à mourir pour garantir la vie de l’autre.

Ainsi avons-nous été éduqué dans la voie du Yakuza,
Car les plus grands sacrifices ne sont pas destinés à ceux qui sont prêts à se trancher le doigt d’une main - mais envers ceux qui sont prêts à vendre entièrement leur âme dans la paix de leur royaume.


Malheureusement, le scepticisme de l’Oyabun se dévoile comme un rempart aussi solide qu’un morceau de cristal brut. Son air sévère transpire avec une grande autorité, le dos redressé soigneusement avec défiance. Par colère, il confirme qu’il n’en a rien à faire de Kenji et qu’il peut se résoudre à mourir. Il peut tromper son neveu en blessant l’amour qui émane d’eux, mais il ne parviendra pas à me corrompre davantage. Plus que de la colère, c’est la peur qui véhicule ses mots. L’Oyabun éprouve un grand amour envers son neveu. On peut donc penser que s’il s’est résolu à le trahir, ce n’était pas par choix, mais par une extrême nécessité qui dépasse toute l’affection pour son neveu chéri.

Qui donc, de suffisamment puissant, peut tirer des ficelles aussi solides pour manipuler un Oyabun ?

Finalement, je commence à comprendre que Kenji est véritablement l’auteur de ce casse-tête et que j’en suis l’otage. Je n’ai d’autre choix que de suivre les prochaines marches de ma destinée, le pas sûr et le bassin peut-être éventré au passage. Et la prochaine épreuve émet son chant avec un bruit de tambour contre la porte du bureau ; quelqu’un appelle Kenji. Aussi immuable qu’une statue de glace, je ne quitte pas l’oncle des yeux alors que la porte s’ouvre derrière mes épaules frêles. En écoutant attentivement l’urgence familiale si soudaine, je comprends que mon nouveau frère d’arme doit suivre des obligations bien plus importantes qu’une légère dispute qui remet entièrement en cause le sort d’une famille mafieuse. Une vie est sur le point de s’éteindre, et son devoir est de l’accompagner dans la paisibilité de sa dernière agonie. La mort a frappé. Mais le prince avoue son impuissance en frappant encore plus fort, la douleur étant ressentie comme une faible étincelle en comparaison aux hurlements de son coeur ouvert. En rompant enfin le contact visuel avec l’Oyabun, je reporte toute mon attention sur mon camarade en lui partageant la seule remarque qu’il a besoin d’entendre jusqu’ici :

“Va les rejoindre.”

Ce mot teinté de douceur est également prononcé comme un ordre de ma part. Il a le droit de suivre son coeur, ici. En un sourire rassurant, je lui promets que je ne causerai pas d’ennui vis-à-vis de son oncle en son absence. Lorsque la porte se referme derrière nous en un claquement sec et inquiétant, un silence de plomb retentit à nouveau de sa voix suave et inexistante, éveillant un certain malaise chez l’Oyabun.

“Shintaro. Je ne peux pas accepter ...”

“Vous avez déjà pris la bonne décision. Mais vous ne le savez pas encore.”

Les yeux ardents de grandeur, un sourire fixé se dessine au coin de mes lèvres. Les dés sont jetés. Et la mort de l’un fait la fortune de l’autre. En un geste ample, mon index se lève avant d’effleurer l’extrémité de mon oreille gauche. En une inspiration courte, je retiens toute son attention en un murmure aussi rapeux que la langue d’un mauvais reptile :

“Ecoutez … Vous entendez ?”

Des sanglots déchirants retentissent à l'unisson derrière nos murs. L’impuissance d’un père en désarroi. Le désespoir d’une mère contemplant sa progéniture partir si vite. La rage d’un frère comme Kenji, prêt à défier l’impossible pour le retenir à ses côtés encore deux minutes de plus. Juste à côté de nous, nous écoutons attentivement la preuve définitive d’un amour qui n’a jamais été oublié.

“Un enfant meurt dans la chambre à côté.”

La réponse est posée abruptement, sans filtre. Aussi viscérale qu’une guillotine aux rebords illuminées, prête à s’abattre sur la tête d’un jeune agneau. L’Oyabun me regarde comme un monstre insensible, désemparé par mon intonation si légère. Sans y prêter attention, je continue à m’instruire de ses ressentis, susurrant des blasphèmes que lui seul a l’occasion de s’en abreuver :

“Votre neveu sentira que son jeune frère, avec qui il a été épris de vénération, partira honnêtement de cette vie, entouré par la chaleur rassurante de sa famille. Ses mémoires sont déjà imprégnées dans ces murs. Nous nous rappellerons tous de lui.”

Enfin, les doigts posés sur le bureau devant lui, je viens enserrer mentalement mon corps sinueux autour de son esprit, butinant dans la douceur de ses angoisses futures comme le ferait un horrible insecte.

“Et vous, êtes-vous sûr que l’on se rappellera de vous ?”

Une corde sensible vibre à l’intérieur de ses prunelles sensiblement plus ouvertes. Et pourtant, je ne le laisse plus respirer alors que l’étreinte se resserre de plus en plus autour de lui.

“Maintenant que votre traîtrise vous dévoile et vous sépare de nous, êtes-vous prêt à mourir dans les bras mourants de la solitude ? Votre corps pourrissant par la balle d’un assassin anonyme, sans recevoir le moindre geste d’affection en retour ?”

Je devine enfin avec clarté l’ensemble de ses pensées. Il a bel et bien été acheté. L’Oyabun a été corrompu par un pouvoir qui dépasse le sien, probablement chargé de menaces à l’encontre de sa famille s’il ose sortir en-dehors des sentiers battus. Des forces extérieures l’observent dans la nuit. Il risque d’être tué à tout moment à présent. Tout ce que je vois, c’est un homme menacé et vulnérable, dépossédé de ses moyens. Le sentiment de sécurité a disparu. Je contemple devant moi un lâche qui ne peut se résoudre à choisir son camp pour cette seule raison : il émane en lui un amour encore profond pour Kenji. Et Kenji est mon levier ici.

“Si vous continuez à lui tenir tête, je peux vous promettre que vous serez oubliés.”

“N… Non, je … Je ne te permets p…”

En me redressant brusquement, je le regarde sursauter par ma réaction soudaine avant d’hausser les épaules. Il s’attendait sans doute à ce que je démontre un geste violent à son égard, m’occupant personnellement de son cas. Mais il y a une méthode plus efficace pour tuer l’esprit d’un homme : une peur panique. En l’absence du moindre geste physique, c’est ma déclaration finale qui vient se planter comme le dernier clou de son cercueil :

“Au final, vous avez raison. Depuis le début, ce n’est pas à moi de négocier comment je souhaite vivre …”

En reculant de quelques pas, ma main vient caresser la surface de la poignée d’or de la porte. Je commence à l’ouvrir en déclarant avec une froideur certaine la fin de ma phrase :

“... C’est à vous de décider comment vous souhaitez mourir.”

La bouche béante. Le regard effacé. Le ventre nourri par une incertitude sinistre. C’est sur cette dernière scène que je referme la porte, laissant l’Oyabun dans la solitude de son bureau, comme une prémonition de ce qui l’attend à l’avenir : un homme définitivement écarté de sa famille. L’âme victorieuse, je sais que ses sentiments réels dépasseront la noirceur de son jugement. C’est à lui de nous démontrer si, tout comme Kenji et moi-même, il serait prêt à mourir pour préserver la santé des siens. C’est aujourd’hui son épreuve de vie. Un devoir de patriarche. Mes pas m’amènent à circuler le long du couloir de la bâtisse, en me sentant obligé de m’arrêter un court instant à côté de la porte du défunt. Les lamentations se sont tues. Quelques murmures se lient ensemble avec une discrétion mesurée, la peine et le chagrin faisant vibrer les voix de chacun. En respectant leur moment de deuil, je continue de déambuler tel un spectre jusqu’à atteindre le seuil d’une porte menant aux vastes jardins de l’habitation.

Le premier pas à l’extérieur amène ainsi une toute autre ambiance. Aveuglé par la lumière de l’aube, j’avance maladroitement sur un sol bâti par des planches en bois afin de me dégourdir les jambes et vider mon esprit de toute corruption. En inspirant longuement cet air vivifiant, je me laisse bercer par l’atmosphère paisible de ce lieu naturel, apaisé par le chant des oiseaux et le son naturel des feuillages qui frissonnent sous le vent. Non loin d’ici, l’écoulement clair et léger d’un cours d’eau, semblable à un étang végétal habité par sa faune, vient combler l’harmonie du jardin familial. Machinalement, ma veste de costume est retirée en laissant transparaître une chemise blanche cintrée dénuée de cravate. En retirant le bouton du dessus en un pincement de doigts, je permets au vent de circuler le long de mon cou et de me rafraîchir à ma guise. En inspectant la poche intérieure de la veste, la tête abîmée d’un paquet de cigarette se dévoile, probablement matraquée par les différentes violences de la nuit dernière. Tout en gardant le regard droit devant moi, je laisse mes doigts planter la première cancéreuse au coin de mes lèvres avant de l’allumer, tout comme le ferait un homme proche de son suicide.

“Quelle chienne de vie.”

En allumant les braises en une simple aspiration, la fumée se dégage aussitôt en un souffle court et mélancolique. On m’a demandé de redresser des torts. D’enlever une épine qui dérange la patte du lion. Pas de partir en guerre contre la jungle toute entière. Jamais mon avenir ne m’est paru aussi incertain à ce moment. Il est peut-être temps de changer quelque chose dans mes habitudes. De bâtir ma propre maison avec des plantes et des clous. De goûter au plaisir de la compagnie d’une épouse aimante et serviable. D’avoir un jeune enfant à mes pieds, gesticulant frénétiquement avec son ballon de football, avant de l’accompagner prendre son premier bain de la journée. Tout cela avant de voir la même conclusion apparaître encore et encore : un homme attend devant le palier de ma maison, le canon de son flingue maintenu immobile sous les yeux naïfs de mon fils rayonnant de joie.

Non Kenji, je n’y arrive pas.
Tout ce que je pourrais construire serait inévitablement détruit.


Comme un appel lointain, la porte coulissante du jardin émet son bruit caractéristique ; Kenji se pointe à ce moment précis en interrompant le fil de mes noires pensées. Une cigarette coincée dans sa bouche, il ressent lui aussi le besoin d’une pause estimée en années, laissant la fumée de notre tabac virevolté ensemble au-dessus de nos têtes. Il me demande si j’ai reçu la bénédiction de notre Oyabun en ayant posé un As. En haussant un sourcil interrogateur, je lui indique d’un ton las que le Joker est aussi déposé sur la table des paris.

“Il m’a donné bien plus que sa bénédiction : je ne lui ais pas laissé le choix. Personne n’aime le soldat jusqu’au moment où l’ennemi se présente à nos portes.”

Nos regards continuent de dévisager un horizon sans fin sans jamais se croiser. Je peux imaginer aisément sa sale gueule après avoir vécu cette tornade de violence et de mort qui n’a pas réussi à l’achever pour autant. Habilement, je sors un mouchoir de ma poche en le lui présentant, espérant interrompre l'écoulement de ses dernières larmes. Un geste qui refète à nouveau le respect pour sa droiture de parler business dans des circonstances très peu propices pour lui.

“Ton oncle. Il a pris des mauvaises décisions. Mais il n’est pas l’ennemi, Kenji. Quelqu’un d’autre semble tirer les ficelles de plus haut. Tu as encore une place dans son amour. Ne perds pas un deuxième membre de ta famille aujourd'hui.”

Ma demande est puissante, mais pourrait-il l’entendre à cet instant ? Le sentiment de trahison l’empoisonne durement et je lui demande de maintenir les liens unifiés de sa famille. Un mort après l’autre, comme j’apprécie de le mentionner durant mes heures perdues. Qui d’assez puissant et fortuné pourrait contrôler le parrain d’une famille ? Des parias dans la police ? Un groupe de paramilitaires rebelles anti-yakuza ? Des lobbyistes qui s’ennuient ? Sando avec une longueur d’avance incroyable sur nous ? La question reste creuse et vide de toute réponse… Notre secteur à Tokyo est sain, donc je peux croire que c’est uniquement à Kobe où ça déconne. A mes côtés, la voix de Kenji, plus tremblante que jamais, me détaille le fondement de ses pensées.

Aliyah Fuma.
Ce nom revient toujours dans ma vie dans les instants les plus irréalistes.


Mon partenaire me narre ainsi le résultat de ses dernières enquêtes. Un détective privé du nom de Tomas Akiyama me pourchasse en filature. Le moindre de mes gestes est surveillé par un parasite, payé grassement par cette peste de belle-soeur. Qu’est-ce qu’elle vient foutre dans ma vie ? Que recherche-t-elle chez moi ? Frustré par la prise de conscience de cette situation, je ne peux cacher mon dédain face à ma belle-soeur de m’avoir planté un GPS dans le cul :

“J’ai rencontré Ayliah par hasard devant la tombe de son mari. Le genre de rencontre où chacun a l’impression de voir le fantôme du défunt chez l’autre…”

En laissant mon épaule rencontré une colonne boisée de la bâtisse, je croise les bras en laissant la dernière longueur de ma cigarette paresser entre mes doigts.

“... Je pensais que c’était une mère en deuil inoffensive, tout ce qui a de plus banal. Je n’aurai jamais imaginé que ses morsures pouvaient blesser.”

Comme un éternel cycle de nuages noirs au cœur de l’automne, Magoichi refait surface dans le raisonnement de mon hôte. A croire que tout est lié à mon frère depuis le début. Kenji déblatère beaucoup à mes côtés sans jamais connaître le moindre répit. Comme si le raisonnement était trop lourd à porter pour lui tout seul. En plissant mes yeux, mes doigts viennent frotter la surface de ma joue alors que la colère commence à me tenir éveillée une fois de plus.

“Mon frère est mort. Et si ce connard n’a pas raté sa mort comme il l’a fait pour sa vie, personne n’est en danger. Pas même ma belle-sœur. Cette femme croit savoir beaucoup de choses, mais elle n’est qu’une veuve paumée et en souffrance. Elle réclame une justice évidente là où il n’y en a pas. Je te le dis, si on lui fait confiance, on suivra une route pavée de malheurs avec elle.”

Écrasant la tête du mégot brûlant sur le pylône de bois, tout semblerait que je jette mon dédain sur Kenji. La vérité, c'est que je suis terrifié de revoir Aliyah.

Et de tout ce qu'elle peut m'apporter de beau dans mon quotidien.

"Arrête un peu, Kenji. Après Sando, tu vas me faire croire que les triades chinoises s’y mettent aussi ? Mon frère ne les connaît pas. Il est mort dans un accident. Il ne serait jamais tombé aussi bas.”

Ma voix se brise en récitant la dernière phrase, les yeux horrifiés par cette soudaine hypothèse, témoignant ma vulnérabilité lorsque l’ombre de mon frère revient au cœur de nos discussions. Je n’ai pas envie d’y penser, ni même d’imaginer un second scénario pour son décès. Si tout ce que Kenji me dit s'annonce vrai… La Triade chinoise est un point de non retour. Négocier avec eux, ce n'est pas juste perdre à coup sûr 3 côtes et un rein. Ce sont des sauvages qui se piétinent entre eux pour obtenir les faveurs de leur parrain, la Tête du Dragon. Magoichi est mort dans un accident, et je prie pour qu'on le laisse tranquille avec cette réalité. Peu importe la vérité… Celle-ci est la mienne. Je fais comprendre à Kenji d’un regard furieux que je ne suis pas prêt d'en entendre davantage.

En me rendant compte que Kenji est parvenu à rompre mon sang froid avec le seul sujet capable de me faire sortir de mes gonds, le fil de mes pensées s'interrompt brusquement pour faire marche arrière. Au risque de passer mon agressivité sur lui, je décide de diluer l’ardeur de mon discours avec un peu plus de pommade. Secouant négativement la tête, je viens à me faire une raison en faisant un pas dans son sens.

“Si tu sens que c’est la bonne option de la rencontrer…”

… je te suivrai où que tu y ailles. Même si tu me fais chier. Ces pensées ne se traduisent pas en mots, mais sont bel et bien imprégnées dans l’intonation de ma dernière réponse. Après une pause silencieuse où Kenji termine sa clope, je tente de revenir à une atmosphère plus sereine entre nous deux avec une touche de sarcasme.

"Tu veux vraiment me rapprocher des femmes, hein…?"

Le nez encore endolori, je peux sentir les coutures du pansement encore imbibés de mon sang desséché. En passant ma veste de costume par-dessus mon épaule, je lui indique qu’il est temps de suivre un nouveau départ face au soleil levant.

"Très bien. Je vais passer quelques coups de fil et rassembler des hommes de Tokyo. Avec des effectifs externes, on n'aura aucun mal à être sélectif pour séparer les bons grains des mauvais."

Pour évoluer au mieux, chaque plantation se doit de pousser dans une nouvelle surface saine et fertile. Dans le cas contraire, on ne ferait que tirer une mauvaise récolte.

“On se sent très seul dans ta villa. Même parmi les tiens.”

C’est ma manière de lui confirmer ses ressentis : nous n’avons plus notre place ici. Nous voici reconvertis en deux nomades paumés où un nouveau départ nous attend. En posant une main sur son épaule, je le guide à suivre la voie de la raison en dépit de ses émotions qui semblent toujours le bousculer.

"Va annoncer ton départ. En attendant, je vais me rafraîchir. Tu as des affaires de rechange ?"

Disparaître tel un fantôme est si facile pour moi. Mais pour lui et sa famille ? C’est une épreuve de plus. Beaucoup de larmes ont coulé, et si peu de sang en retour pour satisfaire leur besoin de justice. Ils ont déjà prononcé beaucoup trop d’adieux en une seule journée. Avant son départ, est ce qu'il va avoir la force de rassurer les siens ? Est-ce qu’il va profiter de l’instant et oser confronter son oncle pour apaiser leur rancœur ?
En paressant le regard libre de toute distraction parmi les décorations florales du jardin, je me dirige vers le chemin que Kenji m’a indiqué pour changer mes vêtements souillés par le sang et la crasse d’une vie ordinaire de criminel. En passant du côté du parking, le fourgon se présente devant moi avec la porte encore ouverte. J’en profite pour retirer le sac en plastique nourri par les médicaments et pansements. Pour le reste, la camionnette restera endormie ici, il est inutile de s’en préoccuper davantage. Elle sera probablement désossée jusqu’à la plus petite vis avant de disparaître à son tour. Arrivé devant la porte d’entrée, un homme de main de la famille m’indique s’incline avant de me conduire à la chambre de Kenji d’un pas assuré. Sans me préoccuper de la décoration d’ensemble, je me dirige directement vers sa penderie où ses vestes, chemises et autres coutures m’y attendent. Un style de vêtements loin d’être rudimentaire, sans pourtant aller dans les excès. Subitement, je suis dérangé par une petite forme assise sur le bord du lit, immobile dans le temps. Distrait du coin de l'œil, je la regarde plus attentivement avant de rencontrer un visage de porcelaine en miettes, les yeux gonflés par le sel de ses larmes et la bouche tremblante par une tristesse angoissante.

Aïko … Kimo … Merde. La petite fille de Kenji, là… Elle a aussi perdu son frère.

En priant pour un peu de silence, voilà que cette âme oubliée se terre dans la chambre de son père adoptif à la recherche de sécurité parmi les vivants. Merde, c’est confus dans ma tête. On s’observe sans se regarder, maladroitement et avec beaucoup de gêne. Aucun de nous deux n’ose s’adresser la parole. Le silence nous libère, mais notre coeur se gonfle au point de nous oppresser. En la quittant momentanément du regard, je rassemble quelques vêtements propres autour de mon bras, un costume rouge carmin avec une chemise noire, avant de propulser les affaires sur le lit à côté d’elle. En guignant de son côté, elle n’a toujours pas bougé. Sa petite gueule d’ange ne démontre aucune lumière de vie en restant dans l’ombre de ses fantômes.

“Hey, gamine.”

Pas de réaction de sa part, hormis son traumatisme qui s'époumone dans le silence. A genou devant elle, je déplace mon visage à quelques centimètres d’elle en la forçant à accrocher son regard au mien. Son visage se relève doucement, péniblement, avant d’arriver à mes yeux.

“Regarde-moi. Ce n’est pas de ta faute.”

L’impuissance. Le regret. Le chagrin. Des mots que je connais très bien. Trop bien.

“Tu vois mon nez à quel point il est dégoûtant ?”

D’un coup sec, mon sparadrap s’enlève en mettant en lumière une crevasse encore bleutée et brune de sang. Ce n’est probablement pas la meilleure image à montrer à une gosse qui chiale, mais je souhaite la tirer de ses pensées afin qu’elle se concentre sur moi. Flinguer son petit regard fuyant et paumé par un événement qui la dépasse. En fourrant le sachet médicinal au creux de sa main, je parviens à attiser son attention pendant un court instant.

“J’ai besoin de toi. J'aimerais que tu m’aides à coller un autre sparadrap sur mon nez.”

Aussi lentement qu’une défunte retrouvant une nouvelle inspiration vitale, les minutes s’écoulent pendant que la gamine essaye d’activer ses neurones en se concentrant sur la tâche. Ses petits doigts travaillent, recherchent dans l’estomac du sac en plastique à la recherche d’un sparadrap. Sans la brusquer, je continue de murmurer des phrases hasardeuses comme des “Ca, là…” et des “C’est bien, gamine”. Au final, la coordination de ses gestes devient plus claire. Elle prend de l’assurance. Elle ressort de ses pensées en voulant s’engager dans son activité, son petit visage crispé témoignant de son envie de réussir. Elle ajoute un peu d’onguent au bout de son doigt avant de caresser l’arête de mon nez. Elle ôte les petits scotchs sur les extrémités du bandage, puis cherche à placer le petit morceau de pansement sur ma gueule cabossée.

“Concentre-toi. Tu ne vas pas me faire mal. Tire-là, non … Là, voilà.”

Ses mains se retirent. Ses yeux se réveillent. Elle analyse son œuvre de toute une vie. L’ombre d’un sourire se dessine. Le cœur soutient ses émotions sans vaciller à nouveau.

“Tu vois ? Tu m’as sauvé la vie. Tu as été très courageuse.”

N’ayant aucune empathie pour les gamins, ma langue se délie naturellement pourtant. Mes mots cherchent à remplir ce vide abyssal qui transperce chaque point vitaux de son corps comme des os aiguisés. Et cette petite tête, cette frimousse d’innocence et de lumière, me sourit. Une chaleur qui me soigne à mon tour.

Nous nous extirpons tous les deux des ténèbres qui nous enveloppent.

En me relevant, une main plate vient caresser les cheveux de la petite. Sans un mot, elle y prend goût, et commence à attraper ma jambe pour y poser sa tête. Mon coeur se gonfle de confusion. Elle serre fort, la gamine. Je ne sais pas ce que c’est, mais … ça me fait du bien. Je me sens important. Responsable. Triste. Vulnérable. Comme si mon cœur allait lâcher. Elle m’enseigne des leçons que je n’avais jamais parcourues auparavant.

La respiration tremblante d’un besoin d’amour, je caresse à nouveau ses cheveux avant de me détacher d’elle avec douceur. Sans un mot, je la quitte avant de me diriger dans une salle de bain reliée à la chambre de Kenji. Devant le miroir, mon reflet me regarde avec une grimace de dégoût, les yeux cernés par l’épuisement et l’esprit affaibli par les ruminations incessantes. Les vêtements qui étouffent ma peau meurtrie se glissent par terre comme une armure trop lourde à porter. Devant le lavabo, le mécanisme s’opère en un mouvement de poignet, libérant ainsi une eau fraîche et claire. Au contact de l’eau, le sang séché sur mes mains reprend vie avant de serpenter en gouttes dans la pénombre des canalisations. Je prends le temps de soigneusement me laver à l’intérieur d’une douche brûlante, puis de m’habiller avec les affaires de Kenji.

En raclant le sol de la petite cours, Kenji m’attend devant une de ses voitures, le dos courbé contre la portière. Sa gueule a repris des couleurs. Il parvient à passer à autre chose, ce qui est bon pour sa santé mentale. Je lui fais comprendre qu’il est dans la bonne direction avec une seule remarque :

“Tu es beau comme un prince … Prince.”

Le voyage en voiture se déroule sans accroc ; une grande première dans notre histoire.

Situé dans les hauteurs de Koyane, le domaine de Fuma-kun se démarque des bâtisses par son côté moderne, mais plus en particulier par son système de sécurité élevé. Comme si la demeure pouvait redouter un jour d’être attaqué par l’armée de toute une nation. En suivant les pas de l’homme que je sers, je me tiens à ses côtés devant la nouvelle porte d’entrée qui s’offre à nous, toujours le regard aux aguets autour de nous. Lorsque la porte s’ouvre finalement, Fuma-kun se découvre une nouvelle fois devant mes yeux. En silence, nos regards se croisent pendant de longues secondes, entre défiance et gêne. Kenji ne prononce pas un mot.

“Bonsoir …”

Fuma-kun ? Non. Car je repense à la mort d’Ayako. Mon ego se tait. Les formalités meurent. Et l’amour y prend place.

“... Aliyah.”


Ma floraison est faite de paille et de feu.


[+18] Qui a dit que je voulais bosser avec toi ? [PV Shintaro] 1668524338-fotoram-io
Kenji Yumeda
Yakuza - Amoureux fou
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Kenji Yumeda

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Qui a dit que je voulais bosser avec toi ?

ft. Shintaro

Bien, alors comme ça, Shintaro aussi a affronté mon oncle dans le blanc des yeux. J’espère que l’on ne va pas finir six pieds sous terre pour avoir fait cela. A vrai dire, je crois que j’aimerais prendre un vrai nouveau départ en aidant l’homme à avoir sa propre famille. Couper ces liens du sang et refaire ma vie en partant de zéro. Il est ainsi plus simple de séparer le bon ivrai du mauvais. Enfin, il semble que dans ce « jeu », c’est moi qui suis au centre de tout. Un mouchoir m’est présenté par mon acolyte alors que mes larmes perlent encore mes joues. Je le prends un peu maladroitement avant d’essuyer les larmes restantes, bien vite mon chagrin se transforme en une forme de colère en écoutant les paroles de Shintaro. Quoi ? Mon oncle aurait été acheté ? Comment est-ce que c’est possible ? Comment un Oyabun peut-il se faire acheter ? Je fronce les sourcils alors qu’il m’ordonne presque de ne pas perdre un autre membre de ma famille aujourd’hui et d’aller éclaircir les choses avec mon oncle. Mon oncle serait donc assez stupide pour se faire acheter comme ça ? Même s’il est de ma famille de sang et qu’il m’aime comme son propre fils, il n’a pas osé dire des choses méchantes à mon encontre.

Alors oui pour changer de sujet, je lui déballe ce que je sais sur Aliyah Fuma. Il m’explique qu’il l’a rencontré une fois sur la tombe de son mari. Je vois. Cependant, de ce que je comprends de ses dires, il ne la connait pas très bien puisqu’il a l’air complètement surpris que mademoiselle Fuma n’est pas aussi innocente et inoffensive que je ne le pensais.

« Je dirais qu’une femme de surcroit une mère en deuil, étant pleine aux as n’est jamais aussi inoffensive que les apparences pourraient nous laisser le faire croire. Cette femme, elle peut même t’envoyer à l’hosto en moins de deux. Elle a gagné plusieurs tournois de boxe quand elle était au lycée et université. »

C’est ce qui me fait dire qu’elle ferait une bonne reine pour Shintaro. Une femme qui ne craint pas de se mouiller, qui sait se battre. Je suis sûr que ça peut coller entre eux. Enfin, c’était sans compter que je venais de mettre une aiguille dans la plaie béante de la mort de son frère. Donc, lui, il croit à un vulgaire accident. Ah… je vois, je vois. C’est typique, on veut penser que nos frères sont les saints suprêmes et qu’ils n’ont jamais commis d’impairs dans la vie. Mais, malheureusement pour lui, je tendrais plutôt à croire sa veuve. Je n’ai pas pu trouver beaucoup de traces sur lui mais il y a aussi des rumeurs qui ont circulé sur son compte. Et il me suffirait d’aller poser quelques questions à l’ancien manager d’Aliyah. Après tout, si j’ai bien lu correctement, Magoichi était son garde du corps à un moment donné. Il a sans doute rencontré le manager et peut-être que celui-ci a noté des choses bizarres. Puis une petite fouille de la demeure de Mademoiselle Fuma sans qu’elle ne soit au courant devrait me permettre de lever quelques doutes et par la même occasion montrer les preuves à Shintaro que son frère trempait dans des affaires louches. Enfin, tout ça sera pour un peu plus tard. Nous avons comme qui dirait du pain sur la planche pour notre disparition improvisée.

Malgré tout, après mon petit speech, Shintaro semble enclin à accepter mon plan d’aller squatter chez elle le temps que l’on puisse acheter la villa d’en face. Si je veux vraiment le rapprocher des femmes ? Oh certainement qu’il y a un peu de ça oui. Après tout, il a le droit à un peu de stabilité dans ce monde. Moi, je suis déjà fini. La seule que j’ai aimé s’en est allée comme un grain de sable sur la plage que le vent a balayé. Je me contente d’hausser les épaules. Shintaro me fait part ensuite qu’il doit appeler quelques gars de Tokyo qui nous aideront à trouver les bonnes personnes. Je sais que le Yamaguchi est stable là-bas, donc je ne risque pas de me retrouver encore avec des traitres au cul. C’est déjà ça. Et il l’a remarqué. Il confirme ainsi ce sentiment que j’ai depuis presque toujours dans cette villa : non seulement, nous ne sommes plus les bienvenus ici mais encore, il est vrai que l’on se sent très seuls. Quand on était plus jeunes, avec mon frère et ma sœur, la maison était vivante mais… tout le monde a grandi, la maladie s’est déclenchée chez Ryuuji trop rapidement et d’un seul coup, il n’y avait plus personne, plus de bruit. Il veut que j’aille annoncer mon départ hein… Okay, okay.

« Okay… Et pour des affaires de rechange, tu peux aller dans ma chambre. Il y a une salle de bain, tu peux aussi prendre une douche si nécessaire. »

Je lui donnais quelques indications pour pouvoir lui permettre de trouver ma chambre mais j’avoue que quand on n’a pas l’habitude du lieu, la villa étant immense, on peut arriver à bien vite se perdre. Enfin, Daisuke ou Akone devraient trainer dans le coin, il n’aura qu’à demander s’il se perd. Je pris pour ma part la direction opposée ; celle du bureau de mon oncle. Et je dois aussi avertir Ayako que nous allons déménager. Cette fois-ci pour de bon. Ah, je dois aussi prévenir Akone et Daisuke mais c’est moins urgent pour ces deux-là. Ils ont leur propre famille et ont un chez eux. Je remonte le long couloir jusqu’au bureau où je toque à la porte avant de pouvoir entrer. Il ne s’attend pas à me voir et semble même sur le qui-vive. Je me demande bien de quoi ils ont parlé avec Shintaro quand je suis parti. Enfin, j’aimerais tout de même éclaircir certaines choses. Je tente de rester calme mais la rancœur d’avoir été trahi est toujours là. J’essaie de m’enfuir, encore une fois en pensant à autre chose. C’est tellement plus facile.

« Kenji je… Je n’ai pas eu le choix tu sais. »

« Pas eu le choix mon oncle ? T’es sérieux ? Qui dans ce monde pourri a pu te corrompre toi un Oyabun ? »

« Je ne peux pas te le dire Kenji, je suis désolé… Ne m’en veux pas s’il te plait. Je n’avais pas le choix. Il faut que ça se passe comme ça. Je le fais pour ta survie. »

« Attends, pour ma survie ? J’ai plutôt l’impression que tu me jettes dans la cage aux lions là. Je te faisais confiance ! Je pensais que tu serais capable de redresser le clan parce que tu as toujours montré que tu pouvais être droit dans tes bottes dans les décisions à prendre. Je m’étais donc lourdement trompé sur ton compte. »

« Tu ne t’es pas trompé sur mon compte ! C’est juste que… »

« C’est juste que quoi ? Mon oncle s’il te plait ! J’ai besoin de réponses, j’ai besoin de savoir ce qu’il s’est passé pour qu’on en vienne à t’acheter de la sorte. »

« Je ne peux rien dire Kenji… La seule chose que je peux dire c’est qu’ils veulent t’éliminer car tu es trop dangereux pour eux, pour la survie des yakuzas à Kobe. »

« Whoa whoa whoa comment ça ? Trop dangereux ? Allez quoi, un yakuza se mouille forcément pour ses frères d’armes. Ça arrive les accidents. Qui sont ces « ils » mon oncle ? »

« Je ne peux rien te dire je suis désolé. Pars maintenant et ne remets plus les pieds dans cette villa. Je fais ça pour toi mon garçon. Ne me fais pas regretter mes actes. »

Alors que je suis en pleine confusion pour essayer de comprendre ce qu’il se passe, qui sont ces gens qui veulent m’éliminer et surtout au point d’avoir acheté mon oncle pour qu’il me trahisse en toute impunité, il vint me prendre dans ses bras avant de s’écarter et de me dire encore une fois de m’en aller. Il semblerait que je sois au milieu de ce géant casse-tête. Merde, il va falloir que j’enquête là-dessus, j’ai un deuil à faire, des adieux à dire. C’est quoi ce bordel sérieux. Je ne comprends plus rien. Toujours aussi confus, je sors du bureau avant de me diriger vers la chambre d’Ayako. Pas là… Sans doute dans ma chambre. Ah… Mais Shintaro aussi doit y être. Zut, je n’ai même pas encore fait les présentations. Tin, il y a trop de choses auxquelles penser, là. Je suis tellement désabusé, confus et pantois que mon corps passe en pilotage automatique. Mon cerveau est complètement off et je me dirige machinalement vers la penderie de ma fille pour y prendre un sac et y mettre des affaires dedans. Ensuite, je vais chercher quelques cartons pour y mettre des affaires dont je suis sûre elle ne pourrait pas se passer avant de voir débarquer ma sœur.

« Kenji, qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que tout va bien ? »

Elle a dû voir ma mine de tueur patenté car elle se rapproche et me tapote sur l’épaule pour me faire revenir à moi.

« Ah euh Kana… Non, rien mais on ne peut plus rester dans cette villa. Là, c’est officiel… Ayako et moi on part. Définitivement. »

« Alors c’est bien vrai… Enfin, Kenji. Enfin, tu pars de cette maudite villa. Je sais que tu ne voulais pas partir avant que Ryuuji ne parte et tu ne pouvais pas t'y résoudre d'ailleurs… Tu n’as plus à te sentir coupable de quoi que ce soit, tu sais. Maintenant vis ta vie, et essaie de rester en vie surtout. Ah tu me donneras ta nouvelle adresse hein bien sûr. »

« Kana… Pourquoi est-ce que pour toi, c’était si facile ? C’est comme si tu n’avais jamais vraiment eu d’attache dans cette maison alors que l’on a grandi ici. »

« Kenji, en tant que femme, je n’ai jamais eu aucunes responsabilités quant au clan. Certes, mes revenus sont en partie reversés à la famille mais rien ne m’oblige à rester ici. Je ne me suis jamais sentie prisonnière, sans doute aussi du fait de ma carrière d’idole. Bon, je ne dis pas qu’au début, c’était dur de quitter la villa mais maintenant, j’ai mon propre appartement, j’ai ma vie et elle est ailleurs. Elle n’est pas reliée de près ou de loin au clan. C’est peut-être pour ça que ça a été plus facile pour moi. Est-ce que tu vas dire au revoir à père aussi ? »

« Sans doute… Je n’en ai pas très envie mais il reste mon père. Et je te donnerais ma nouvelle adresse promis. Mais pas tout de suite, il faut que je disparaisse pour un peu de temps. Il semble qu’il y a des gens qui en ont tellement après moi qu’ils ont même réussi à acheter notre oncle. »

« Quoi sérieux ? Oh whaou… je ne pensais pas que c’était grave à ce point-là… Fait vraiment attention à toi petit frère. Je ne compte pas en perdre un autre dans les prochains mois, ni même les prochaines années d’accord ? »

« C’est promis… Je vais faire de mon mieux. »

« T’as intérêt oui ! Bon, laisse-moi t’aider. Tu as aussi tes propres affaires à déménager n’est-ce pas ? Je mets ça dans ta voiture ? »

« S’il te plait. Merci Kana… merci d’être ma sœur et merci que je puisse compter sur toi-même dans ces moments difficiles. »

« Va-t’en avant que je ne mette à pleurer ! »

Un oui chef murmuré à son encontre avant que je ne quitte la pièce et lui laisse soin de prendre les affaires d’Ayako pour aller les mettre dans ma voiture. En longeant le couloir pour aller du côté de ma chambre, je tombe finalement sur Ayako qui m’explique qu’elle a été dérangée par un homme qui est venu dans ma chambre et qu’elle a même dû l’aider à changer son sparadrap sur son nez. Que c’était dégoûtant.

« Désolée ma grande, j’ai oublié de te présenter l’homme qui est venu prendre quelques affaires de rechange dans ma chambre. C’est Shintaro et hum… On va partir d’ici, de la villa avec lui. Pour aller ailleurs. »

« Ah donc on se casse enfin de cet endroit ? Mais… Ryuuji nii-san… ses affaires… »

« Tu ne pourras pas le comprendre maintenant mais un jour certainement… Du fait qu’il n’est plus là, nous n’avons plus aucune raison de rester. Quant à ses affaires… s’il y a quelque chose que tu veux emporter avec toi, va le récupérer. J’ai déjà fait tes affaires, elles sont dans ma voiture. »

Tout va si vite, trop vite à mon goût. Et à peine 14 ans qu’elle se met déjà à parler comme une adulte rebelle… J’espère qu’elle ne va pas me faire trop de problèmes, surtout que l’on va aller squatter chez quelqu’un pour quelques temps. J’espère que ça va bien se passer. Je passe très rapidement dans ma chambre, assez discrètement alors que je peux entendre l’eau couler dans la salle de bain. Sûrement entrain de prendre une douche. Ça me laisse ainsi le temps de rassembler quelques affaires dans un sac de sport, et prendre mes ordonnances de médicaments. Je demanderais à Akone et Daisuke de m’apporter le reste ainsi que le reste des affaires d’Ayako plus tard. Quand nous aurons hérité de cette villa.

Je finis par sortir de la chambre, passant rapidement dire au revoir à mon père. Aucunes formalités, aucune discussion inutile à son encontre et je m’efface pour rejoindre ma voiture. Ayako nous attend déjà à l’intérieur et j’en profite avant que Shintaro ne pointe son nez pour donner quelques directives à Akone sur la suite. L’homme empreint de mes vêtements finit par s’avancer et je dois dire que ça lui sied plutôt bien. Je pouffe à sa remarque avant de passer une main dans mes cheveux et me mettre au volant de ma voiture.

« Bon, je comptais faire des présentations officielles mais vous vous êtes déjà rencontrés à priori. Ayako, Shintaro. Shintaro, ma fille Ayako. »

Je ne rentre pas plus dans les détails inutiles. Et je ne veux pas non plus que la jeune fille soit témoin des pensées qui me traversent l’esprit en ce moment-même. La radio en fond fait office de background pour le silence qui s’est installé dans cette voiture. Je décide de le rompre un instant pour donner quelques indications à ma fille sur l’endroit où nous nous dirigeons.

« Bon, Ayako, ça va être un peu bizarre mais nous allons loger chez ton idole. »

« Attends… Aliyah Fuma tu veux dire ? T’es sérieux ? Mais pourquoi ? »

« Parce que Shintaro et elle, ont un lien de parenté. En attendant d’avoir notre nouveau chez-nous, on va aller squatter quelque temps là-bas. »

« Mais… Mais euh on ne va pas déranger, t’es sûr ? »

« Pas de problème, ne t’en fais pas. »

En réalité, cette chère mademoiselle Aliyah ne sait absolument pas que dans quelques minutes, on va débarquer chez elle comme des malotrus et que l’on va s’approprier son logement. Enfin, pour une fois, le trajet se déroule sans accroc. Je dois dire que cela fait du bien, ne pas avoir à s’engueuler avec Shintaro pour des broutilles ou parce qu’on est encore en train de mettre nos vies en danger. Non, pour une fois, c’est tranquille. Je n’ai pas non plus l’humeur à plaisanter mais je ne veux pas non plus rester dans le chagrin indéfiniment. Je ne peux pas me le permettre ; Ayako a besoin de moi, Shintaro a besoin que je sois fonctionnel le plus rapidement possible. Enfin, j’aimerais que personne n’ait besoin de moi justement en ce moment mais il est clair et net que ça va devoir attendre encore un peu semble-t-il. Les rues défilent sous nos yeux, les feux rouges que l’on se prend quasiment à chaque fois me frustrent mais j’essaie de rester calme et ne pas trop le montrer.

Et puis, il y a cette histoire qui me revient en pleine poire. C’est moi qui aurais causé tout ce merdier. J’ai fait quoi pour causer tout ce merdier ? Est-ce parce que j’ai tué des gars que je ne devais peut-être pas tuer ? Les affaires sont les affaires, si les gens ne veulent pas payer, ils en subissent les conséquences hein. A part des affaires concernant les yakuzas à proprement parlé, qui d’autres ? Oui, certes, en ayant été analyste financier, je me suis sans doute fait quelques ennemis, surtout aux entreprises à qui j’ai refusé des quotations mais j’avais de bonnes raisons de le faire… Trop dangereux pour eux. Et ils voudraient me tuer au point d’acheter mon oncle et faire qu’il me trahisse ? Non, c’est trop tiré par les cheveux.

Ces pensées m’ont pris une partie du trajet que nous voilà déjà arrivés dans la rue où habitent les stars et notre très chère hôtesse. Elle ne va peut-être pas nous accueillir avec une grande joie mais bon… Une fois les contrôles de sécurité passés à l’entrée de la rue – purée, on se croirait dans une prison ou une forteresse imprenable. Non vraiment, c’est le meilleur endroit pour disparaitre des radars quelques semaines. Nous avançons doucement dans la rue jusqu’à la maison de l’intéressée et je remarque deux voitures garées. Une voiture de sport – oh la dernière Ferrari Purosangue… Et bah, quand on est riche, on ne se refuse rien dis donc. Et une autre voiture… Bien plus basique celle-là. Je me demande qui est chez elle en ce moment. J’espère que ça ne sent pas les ennuis alors que nous arrivons à peine. Je gare la voiture de sorte que l’autre puisse sortir facilement et nous voilà quelques minutes tous les trois sortis, et quelques pas plus tard, devant la porte d’entrée…

« Hum c’est peut-être mieux si c’est toi qui sonnes Shintaro… »

Et sans un mot de plus, il le fait. Ça y est, nous voilà en train de débarquer en terre inconnue. J’espère sincèrement qu’elle ne va nous laisser dehors à la porte toute la nuit et qu’elle voudra bien nous accepter dans sa demeure. Sinon, je suis bon pour l’hosto après que Shintaro me sera tombé dessus car c’était une très mauvaise idée, comme il l’a dit plus tôt.



[+18] Qui a dit que je voulais bosser avec toi ? [PV Shintaro] Signa311

Merci à Bastian pour la signa <3
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