Voilà quelque chose d’étrange… tu n’as jamais ressenti quelque chose d’aussi bizarre, ce besoin de récupérer alors que tu ne t’es pas réveillé une seule fois cette nuit. Dans ton sommeil, tu t’es senti bouger, ton corps lui-même a subi plus de déplacement qu’il n’en avait jamais eu jusque-là. Ton être tout entier te semble lourd, qu’il s’agisse de la partie physique ou psychologique. C’est le matin, et une petite voix en toi te le dis encore, et encore, et encore, il faut que tu ouvres les yeux, c’est important, ouvre-les sans plus tarder.

Lorsque tu arrives enfin à esquisser un geste, un battement de paupière, un doigt qui se soulève, un orteil qui bouge… n’importe lequel… Tu peux le sentir, tu ne sens même que ça, toute ton énergie est de retour, tu pourrais même soulever des montagnes ! Mais commence par ne pas te cogner contre la vitre du caisson dans laquelle tu te trouves, ça arrive à tout le monde au réveil, pousse doucement la vitre et dis bonjour, sois poli avant de réaliser. Oui, tu es dans un caisson et il est plus que temps pour toi d’en sortir.

Tu es le même physiquement, mais contrairement à hier soir au coucher, tu portes une sorte de longue chemise blanche, et tu es pieds nus. Où tu es ? Bonne question, pose là à la personne qui s’approche de toi.

-Bonjour et bienvenu à toi, enfant d’un autre monde.

Une femme, à la silhouette élancée viens de te parler, elle ne s’attarde pas plus que nécessaire à tes côtés, tu la vois, elle dépose un plateau sur la chaise près de toi, il contient un repas complet pour toi. D’abord, ce qui ressemble à du pain, du jus rouge qu’une petite reniflade te permettras de définir comme étant du jus de grenade, dans une petite boite tu trouves trois chocolats fourrés avec…. Quelque chose que tu ne peux pas identifier, mais que ton corps ne veut pas rejeter, au contraire, il les réclame à grands cris. Sous le plateau, il y a une pile de vêtements, tout est d’une banalité sans nom. Un jean couper large, des baskets, un t-shirt blanc, une veste blanche, et rien d’autre.

Après dix minutes, et surtout après avoir mangé ce qu’on t’a servi, tes pensées deviennent plus claires. Tu es dans une pièce aux murs blancs, il y a du plancher simple au sol, et des rideaux blancs épais aux fenêtres, il n’y a que ta capsule de sommeil, et une chaise dans cette pièce. Tu tires les rideaux toi-même dans l’espoir qu’on t’apporte des réponses sur les raisons de ta présence ici. Ne te l’as ton jamais appris ? L’espoir est le pire des démons qui soit.

Tout ce que tu peux apprendre des personnes ici présentes, c’est ton nom, si tu l’as oublié, tu peux leurs demander tout ce qui te viens, elles savent que te donner les réponses dont tout le monde dispose ici. La femme qui a accompagné ton réveil te désigne une tablette juste devant elle au moment où tu lui demande de t’informer.

Ici, a Alesp, ton nouveau monde, ta nouvelle vie.

Il y a maintenant un petit peu plus de quarante ans que l’Homme a délaissé son humanité au profit d’une science infâme devenue banalité. New York est la ville la plus puissante du monde grâce aux expériences menées par la firme Chroma qui reste encore à ce jour le seul laboratoire apte à créer ce que l’humanité a décidé de nommer hybrides. Êtres mi-humains mi-animaux ils sont le fruit d’une avarice gouvernemental face au déclin de l’humanité ; cependant l’Humain n’a pu s’arrêter en si bon chemin et toujours plus cupides de cette science divine ils ont réduit ceux qui étaient avant leurs égaux en esclavage dans le seul but d’assouvir cette volonté de dominance.

Mais rien ne s’est passé comme prévu malgré l’aide précieuse du parti pro-Humains qu’est « Humanis » contrôlant la quasi-totalité du gouvernement après son association avec Chroma, le peuple a commencé à se révolter. D’abord les associations en quête d’une égalité entre les humains et les hybrides qui décidèrent de se regrouper sous un seul et unique flambeau : « Unity ». Leur pacifisme et leur envie d’aider n’ont donné que plus envie aux hybrides vengeurs et oppressés de se dresser à leur tour.

C’est à ce moment que les « Deviants » ont vu le jour, terroristes craints par la population ils sont le reflet d’une révolution en marche. Attentats, meurtres, ce groupuscule est prêt à tout s’emparer du pouvoir dans un coup d’état et espérer inverser totalement les rôles d’une société gangrénée par le pouvoir.

Et c’était sans compter sur la présence des « infectés » au sein de la société, êtres devenus hybrides contagieux et atteints de symptômes aussi divers que variés causés par l’âpreté des scientifiques en quête d’exotisme. Fruits d’expériences ratés ils sont traqués et tués dans le but d’être éradiqués pour protéger la population ; discrets et silencieux il n’y a nul doute que leur présence au sein de New York pourrait bouleverser le monde tel que nous le connaissons.