Une fois l'obstacle des guêpes passé, Bastian aussi soulagé que moi que rien ne nous soit arrivé, nous reprenons notre avancée avec tranquillité. Nous marchons cote à cote, ayant accepté avec plaisir lorsque le blond a proposé l'idée, trouvant ses arguments plus que sensés. Marché proche nous permet de réagir plus vite en cas de besoin et de communiquer plus facilement malgré la marche.

Le chemin grimpe de plus en plus, mais nous somme encore bien loin des hauteurs, que j’aperçois à peine d'ici. Je pense que c'est surtout à cause des nombreux arbres autour, qui me bloquent une partie de la vue. Je crois que j'apprécierais si nous pouvions gagner quelques minutes, de quoi nous laisser prendre une pause plus tard, quand nous commencerons à fatiguer vraiment.

Sur notre gauche, se dresse un surplomb de roches s'étendant plus loin que ce que mon regard peut atteindre pour le moment, donnant accès à un chemin plus en hauteur. En vérifiant sur la carte, je m’aperçois que nous allons le rejoindre plus tard, cette partie du trajet faisant des lacets. L'idée idiote que nous pourrions escalader me vient un instant, avant que je ne la rejette, au vue des rochers, se serait plus dangereux que productif.

Pourtant, une centaines de mètres plus loin, la paroi semble se faire plus accessible. L'envie de gagner du temps, et une forme d'excitation enfantine, me pousse à me rapprocher pour vérifier qu'escalader cette hauteur est possible. Ravis de ce que je constate, c'est à dire des prises facilement accessible et une hauteur correcte pour être en sécurité malgré le risque de chutes, je me tourne vers le blond, tout sourire, et agite les mains.

Je crois qu'on peut monter par là, je vais essayer ! On gagnera peut-être du temps.

Sans lui laisser le temps de répondre, je m'engage déjà sur les quelques prises à ma porté, soulevant doucement mon corps pour atteindre la suivante. Je n'avance pas très vite, mais certainement plus que si nous avions continué sur le chemin.

Bien que je manque une où deux fois de glisser à cause d'une mauvaise prise ou d'un mauvais mouvement, je parviens en haut sans trop d'encombre. J'ai juste un bras éraflé à cause d'une pierre, mais ça n'a pas entaillé la peau, aucun problème. Ravis de mon avancée, je pousse un petit soupir tout en faisant signe à mon compagnon d'aventure.

Monte, c'est moins dur que ça en à l'air !

J'en profite pour poser mon sac et boire un peu, attendant que Bastian me rejoigne.

Je le vois se poster automatiquement sur ma droite, m’arrachant un discret sourire. Il est vraiment protecteur. Comme ça, il me fait penser à mon frère, si celui ci était mature et moins casse cou. Je crois que si Nathan avait participé à l’événement, le médecin aurait fini par faire une syncope.

Nous marchons d'un bon pas un long moment, pendant que je le regarde signer avec plus ou moins d'attention. Je comprend sans difficulté ce qu'il m'explique bien sur, mais je garde un œil sur le chemin en même temps que nous échangeons.

-Je crois que tu as raison. En même temps je ne m’imagine pas parent, je serais toujours stressé au cas où mon enfant aurait qu’une égratignure.

Sa remarque me fais sourire, je l'imagine effectivement bien en papa poule, à s’inquiéter tout le temps pour sa progéniture. Je pense tout de même que ce rôle lui irait bien.

-Ma mère était infirmière pour la Croix-Rouge canadienne, comme médecin sans frontière. Quand j’étais jeune je l’accompagnais dans certains pays pauvres, alors je réalise mieux ce qu’on peut chérir. Tu as choisi d’être médecin pour quelqu’un de ta famille? Je ne connais presque rien à ton sujet. Je suis au Japon puisque mes parents s’y sont installés et je suis enfant unique, je préfère être proche d’eux que d’habiter à l’autre bout du monde.

Je ne savais pas tout celui de lui, il a donc beaucoup voyagé également. Je ne peux qu'approuver bien sur, ayant pris la même décision que sa mère avant de m'installer ici. Les voyages et l’expérience nous forment bien plus que le reste, il n'en fait aucun doute.

-Je peux comprendre que tu veuille rester proche, pour ma part mes parents sont bien loin, je suis née en France et mes parents sont toujours là bas. Par contre j'ai aussi un frère, lui m'a suivis au Japon. Je pense que c'est grâce à lui que je suis devenue infirmière, je passais mon temps à m'en occuper enfant, il se mettait toujours dans de drôle de situations. C'est resté. J'ai pas mal voyagé aussi, pour du bénévolat, en fait j'ai fais un parcourt semblable à celui de ta mère, c'est tellement enrichissant !

Prenant un instant, je m'arrête sur le coté. La chaleur est de plus en plus importante et il est parfois difficile d'avancer. Sortant de nouveau ma bouteille pour en boire une gorgée, je bénie le ciel de ne pas l'avoir oublié, vraiment, par un temps pareil je ne sais pas ce que j'aurais fais sans. Je la tend ensuite vers le blond. Il me semble qu'il à déjà de l'eau, mais on ne sait jamais.

-C’est à cause de lui la décision de l’escalade alors!

Je lève les yeux au ciel à cette remarque, même si je dénote de l'amusement dans son regard. En même temps, il n'a peut être pas tout à fait tord, mon frère a surement plus d'influence sur moi que je ne veux bien l'admettre.

-C’est étonnant comment nos chemins se croisent. Je trouve qu’on se ressemble beaucoup, mis à part avoir un frère. Quoique j’ai des liens serrés, surtout avec la petite sœur de mon copain. Pourquoi choisir le Japon?

Je fini de boire en l'écoutant et constate ensuite avec soulagement qu'il a bien de quoi boire lui aussi. Je ne suis pas sur que m'a gourde aurait suffis pour deux vue le chemin qu'il nous reste encore à parcourir. Sa remarque est pertinente et je hoche la tête pour l'approuver. C'est vrai que les similitudes entre nous sont plutôt évidentes maintenant que l'on prend le temps d 'échanger un peu. Nous n'avions jamais eu l'occasion de converser si longtemps lors de nos précédentes rencontres.

-J'ai voyagé dans pleins d'endroits différents, mais jamais au japon, j'étais curieuse de connaître d'avantage la culture du pays, et de voir leurs paysages aussi. Mais je me serais passé du climat pour le coup.

-Ça va? On peut attendre si tu veux. Et dis-le-moi si tu ne te sens pas bien, j’ai des jus avec des électrolytes dans mon sac à dos et plusieurs choses s’il y a un problème.

Je souris avec amusement, avant d’accepter le linge qu'il me tend avec gratitude, en profitant pour rafraichir un peu ma nuque et mes épaules, même si je sais que se soulagement sera bref. Je laisse ensuite le linge calé contre mon cou afin de libérer mes mains et pouvoir lui répondre.

-Je te remercie, ça va. Le linge me fait du bien, je n'ai pas besoin de plus.

Mes lèvres s'étirent à nouveau, avec plus de douceur. Je vois bien la déformation professionnelle là, mais je ne peux rien dire, je suis du même bois.

Après quelques minutes de plus a reposer mon corps, je reprend la route doucement. Malgré notre pause, la chaleur est si écrasante que je n'ai pas l'impression de m'être arrêtée. Nos pas nous mènent finalement à une descente, la première depuis un moment, mais un peu trop pentue pour y aller sans précautions. Je m'y engage avec prudence, préférant éviter une chute. Malgré cela, le karma semble vouloir se venger de mon audace de tout à l'heure et je sens un cailloux rouler sous mon pied, m'entrainant avec lui vers le sol.

Je ne tombe pas très loin et les dégâts sont mineurs, cependant, en voulant me rattraper j'ai abimé mes mains sur le sol. En soit rien de dramatique, mais cela m'empêche de plier les doigts comme il faut, ce qui risque de rendre la communication compliquée. Toujours au sol, je me tourne vers le blond avec une grimace d'excuse sur le visage, m'en voulant un peu de lui infliger ça. Je lève doucement mes mains vers lui, pour lui montrer qu'il y a plus de peur que de mal, même si un peu de désinfectant ne serait pas de trop, mais aussi pour lui faire comprendre que la suite du parcourt va être un peu plus compliqué, puisqu'on ne pourra plus échanger.

Je fixe Bastian entrain de s'agiter autour de moi, un sourire indulgent sur les lèvres. Je le trouve amusant à paniquer et se justifier comme ça, alors que dans les mêmes circonstance, j'aurai surement eu une réaction similaire. C'est limite de la déformation professionnel là. Je suis étonnée un instant de l'entendre parler de la mafia, avant de rapidement faire le rapprochement avec ce qui nous est arrivé il y a quelques mois. M'étant déjà retrouvée dans des pays pauvres ou en conflits, j'ai déjà vécu des situations similaire, alors l'attaque du centre ville ne m'a pas tant marqué que cela, même si la situation a grandement dégénérée. Cependant, si le médecin n'a jamais eu à faire à des altercations du genre, ça a forcement du le marquer.

Il ouvre son sac pour en sortir, sans grand étonnement, tout un kit de premier secours, encore plus fournis que le mien. Il est vraiment prévoyant, mais ce n'est pas plus mal. En plus, il sait prodiguer les soins adaptés, j'aurais été bien embêté si j'étais tombé avec un partenaire qui n'a aucune notion de soins, comment lui aurais-je expliqué quoi faire sans mes mains ? Pour le moment celles-ci subissent le traitement du blond, qui y prête grande attention.

-Ça va piquer un peu.

Bien que prévenue, je ne peux m'empêcher de laisser échapper une grimace quand le désinfectant touche mes plaies. C'est cependant vite passé et je me retrouve bientôt avec les paumes bandés. Je tente de plier les doigts, sans succès. La douleur me dérange et les bandages me gène. Il va définitivement falloir trouver autre chose.

-Je peux tenir ton carnet si tu veux pour terminer la randonnée? Ou poser des questions par oui ou par non? Faire un monologue, mais ça risque de t’embêter plus qu’autre chose. Lève-toi doucement, ça devrait aller.

Je hausse les épaules et remet mon carnet dans mon sac, bougeant mes doigts lentement. Il ne sert a rien qu'il s'encombre avec, je ne pourrais pas écrire dedans. Je me redresse, tout en hochant la tête quand il parle de questions fermées. Répondre en bougeant simplement la cou ne pose aucun problème, la conversation va juste être limitée.

Nous reprenons finalement notre route, avançant d'un bon pas, mais plus prudent cette fois, pour éviter une autre chute. Le rythme est plus rapide, il nous faut rattraper le retard perdu. Nous suivons le chemin, prenant sur la droite lorsque nous nous retrouvons à un embranchement. Mauvaise idée visiblement. Peut être avons nous mal lu la carte quand nous avons décidé du coté a suivre, ou peut être que la chance nous a quitté un moment … Toujours est il que nous nous retrouvons face à un nouveau mur de pierre, que nous ne pourront clairement pas escalader à mains nue cette fois.

Je grimace, avant de faire de grands gestes dramatiques et outrés, en riant de ma voix silencieuse. Il semblerait vraiment que la chance ai tournée, mais je trouve cette situation amusante, et il n'y a rien de grave. Il ne nous reste juste qu'à faire demi tour.