L’heure n’était pas aux escarmouches, il leur fallait s’unir.
Cela lui faisait terriblement mal de l’admettre, mais Yū n’était pas en mesure de sauver le plus de vies possibles sans compter sur l’aide du Yamaguchi-gumi. Ils disposaient des effectifs, et des armes - ce que le brun voyait dans leurs opérations d’évacuation surtout comme un moyen de persuasion plutôt que de défense - et pas lui. La police quant à elle, était sans doute trop affairée à repousser cette horde de criminels qui cherchaient à atteindre Uzume.

Pour l’instant, le détective comprenait qu’il devait se mettre en sécurité, car malgré son impulsivité, il ne tenait pas à mourir en s’exposant continuellement. Ceci dit, les rues Akai étaient - selon leurs dires - sûres, ce qui aurait pu être assez dur à croire dans d’autres circonstances. Rien ne prouvait qu’ils disaient la vérité, mais il valait mieux espérer que oui.

À ses paroles pleines de frustration, de révolte, voire d’animosité, énoncées sans détour à leur encontre, ils ne réagirent pas plus que ça, et Yū en était très irrité. Quelque part, il était conforté par le fait que s’ils n’avaient rien à rétorquer, c’est parce qu’ils savaient parfaitement qu’il avait raison. En cette période électorale, le candidat Yamamoto serait d’ailleurs bien satisfait que le Yamaguchi-gumi puisse retrouver son crédit auprès des honnêtes citoyens. Qui se ressemblait s’assemblait, après tout.

Devant les consignes que donna l’un des trois hommes - et si on faisait fi du fait que le jeune homme n’appréciait pas beaucoup recevoir des ordres de leur part - celui-ci conclut que les suivre était la meilleure chose à faire pour rester en vie.

«  C’est trop facile de passer pour des bienfaiteurs maintenant. » lâcha le jeune homme, sans dissimuler son agacement.

Il semblerait que la jeune fille blessée était particulièrement agitée à l’idée de se trouver en présence de Yakuzas, et Yū ne pouvait que lui concéder sa réticence. Lui à sa place préférerait sans doute se traîner sur le sol plutôt que de se faire aider par la mafia japonaise, même s’il aurait préféré qu’elle se tienne tranquille. Elle se dégagea de son emprise en se laissant tomber sur le sol, et après quelques instants d’incompréhension, le détective posa un genou à terre pour la relever et la soutenir derechef, avec un soupir sans doute déplacé.

Prêt à suivre les rues Akai pour se diriger vers les quartiers résidentiels, où ils pourront trouver refuge, il exerçait une pression sur son poignet pour lui faire comprendre qu’il était bien décidé à ne pas faire partie des victimes de cet attaque odieuse et éhontément lâche.

«  On y va. » Il eut comme un déclic, qui se ponctua d’un froncement de sourcils. «  T’étais pas seule j’imagine ? »

Cette fille tenait à peine debout, et si elle avait été piétinée comme l’indiquait les marques sur ses vêtements, elle venait tout droit de la place Kiku. Yū avait bien du mal à croire qu’elle ait parcouru cette distance dans son état, alors il y avait de fortes chances qu’elle ait été accompagnée.

Restait à savoir si cette personne était encore vivante, et ce qui expliquait son absence.