Les vacances… Ce mot t’est inconnu puisqu’en bon bourreau de travail, tu n’as jamais pris de vacances jusqu’à maintenant. Mais tu sens que cette année, il faut que tu en prennes. T’en a besoin, tu as vraiment besoin de décompresser un peu. Seulement… avant les vacances, il y avait un dernier travail à finir. Régler toute la sono pour le grand concert sur la plage d’Uzume. Après ça, tu pourras enfin te reposer et profiter de la plage parce que tu n’y vas pas souvent. C’est déjà rare que tu sortes de Sanda alors là, c’est l’occasion rêvée de flâner un peu.

Tu n'avais sans doute pas prévu que tu allais devoir aider les techniciens à monter le reste de la scène sous ce soleil accablant et de ce fait, comme tu as oublié ta crème solaire, tu as commencé à brûler… Cette journée commence bien tu te dis ! Certes, les vacances ne sont pas tout à fait là mais toi un ingénieur son hyper quotté obligé de devoir aider ces techniciens à finir leur travail ? Du jamais vu ! Bougonnant à moitié alors que vous finissez enfin de monter le reste des équipements, tu retournes à ton poste d’ingénieur son pour tout mettre en place et donner les dernières instructions à celui qui prend ta place pour ce soir. Tu n’as jamais la chance de pouvoir assister à un concert puisque tu es toujours derrière pour commander le son, alors cette fois-ci, tu as décidé de laisser les manettes à quelqu’un d’autre et te délecter de la musique sans penser au travail. Bien sûr, tu assommes presque l’autre personne avec tout un tas de recommandation, comme si c’était toi le master des masters en termes d’ingénierie son mais n’oublie pas que tu n’es pas le seul Eiji à t’y connaitre.

Une fois que toute la matrice et le setting sont en place, tu récupères tes affaires que tu avais soigneusement préparé le matin-même pour pouvoir profiter de cette journée. Cherchant le meilleur coin possible pour avoir bonne vue et être à la fois tranquille, sans qu’il y ait trop de monde autour de toi, tu finis par repérer un coin. Ah… une personne a déjà mis son parasol. Il y a bien de la place pour deux après tout, tu te dis. C’est au soleil par contre… ça ne va pas arranger tes coups de soleil dis-donc.

En même temps, c’est le seul endroit où c’est un peu près tranquille. Après une réflexion intense qui conduit certaines personnes autour de toi, à te regarder étrangement, tu finis par te diriger vers cette place. T’es pas du genre à dégager facilement le t-shirt mais t’as bien sué en montant le matériel, de ce fait tu as chaud et tu as finis par te retrouver torse-nu. Alors bien entendu, à cause de tes tatouages et de ta tronche, on pourrait facilement croire que tu es un délinquant, voire pire un yakuza !

Arrivé à la place, tu commences à mettre ta serviette sur le sable, zieutant à côté et t’apercevant qu’une jeune femme est là. Tu commences à sortir tes affaires mais… tu te rends compte que tu as oublié les essentiels ! La crème solaire et surtout de quoi manger ! Le téléphone, le casque pour écouter de la musique, les clés et les papiers pas de problème mais… le nécessaire pour des vacances ? Oubliés ! Ton ventre commence en plus à gargouiller quand tu vois les parts de melon que la demoiselle à côté de toi est en train de sortir de sa glacière. Merde, t’as faim maintenant.

Avec ta tronche de délinquant qui peut faire peur, tes tatouages un peu de partout, tu te risques à t’approcher de la jeune femme et commence à prendre une grande inspiration avant de la regarder et ouvrir la bouche, sûr de toi.

« J… Je… Vous… J’ai ou-blié… de pr-prendre… à man-manger… Je… Je p-peux avoir u-une part… s’i-s’il vous plait ? »

Comme d’habitude, c’est raté… Tu te mets à bégayer et l’allure du type qui fait peur s’étiole en mille éclats.

Quand tu la vis reposer les parts de melon dans la glacière, tu te dis que tu lui avais sans doute fait peur et que c’était mort, tu allais devoir faire un peu de route pour aller t’acheter à manger. Sans compter que la demoiselle se passa de la crème solaire sur tout le corps sous ton nez alors t’es rouge comme une écrevisse et là… Ho ? Ah bah oui, ce serait bien en effet que tu te tartines de crème solaire avant toute chose. Déjà que tu vas ressembler à une tomate pendant un bon moment, ce serait peut-être pas mal d’éviter d’avoir des cloques à force d’être brûlé par le soleil… Elle te jette la crème solaire et presque automatiquement tu la rattrapes. Ça va, tes reflexes sont encore bons. Tu te surprends même à rire quand elle te dit qu’elle s’est bien inquiéter que le melon fût mort.

« M… Merci… »

Tu commences à te tartiner de crème sur les jambes alors que tu l’aperçois entrain de galérer pour atteindre le seul endroit hyper chiant : à savoir le dos ! Tu regardes la crème solaire que tu as dans les mains puis tu la regardes à nouveau, te demandant si elle accepterait que tu l’aides. Tu ne sais pas trop comment elle pourrait réagir, bien que tu penses qu’elle a l’air hyper sympa car elle ne t’a pas envoyé balader quand tu lui as demandé à manger. Mais en même temps, t’es assez timide que tu ne sais pas si tu prends le risque de l’aider. En plus, tu te dis qu’elle a l’air assez jeune, sans doute le même âge qu’avait ta sœur quand elle… a été tuée. De longues secondes passent alors que dans ton for intérieur, t’es sur le dilemme le plus con de ta vie. L’aider à se tartiner de crème ou ne rien faire. Ah si tu veux pouvoir manger, il serait peut-être mieux pour toi de faire quelque chose de gentil en retour. C’est rare que quelqu’un donne à manger à quelqu’un juste parce que celui-ci a demandé ou du moins a un peu menacé.

« Je… Je p-peux t-t’aider s… si tu veux… C-C’est tou-toujours la m-merde le dos… »

Et tu te dis que tu vas certainement devoir y passer toi aussi ! Non pas que ça te gênerait mais voilà quoi. Après t’en avoir tartiné à tous les endroits accessibles, tu te relevas pour te mettre derrière son dos après qu’elle t’eut donné la permission bien entendu. Tu commences à lui en mettre, tes doigts dansant sur son dos avec une surprenante douceur.

« Es… Es-tu là p-pour le con-concert ? »

Parce que tu es fier de ton travail d’ingénieur son, forcément, t’as envie de savoir si les gens sont là pour écouter la musique ou pas. Et dans ces cas-là, tu peux te vanter de ton boulot. Aussi parce que tu ne sais jamais trop comment t’y prendre avec les filles, bien qu’elle soit jeune à ton goût, t’essaie de trouver un sujet qui peut être intéressant. Tu finis de lui mettre la crème solaire puis tu lui tends et tu te retournes pour qu’elle soit dos à toi, signifiant par simple geste que t’aimerais bien qu’elle te tartine le dos. Tu entends les premières notes de musique non loin de là, ah ça va bientôt commencer alors.

La bourde, tu te dis. Pourquoi est-ce que tu as sauté sur cette occasion pour lui tartiner le dos alors peut-être qu’elle ne voulait pas. Ah quel idiot tu te dis. Elle va être grave gênée et penser que tu es un pervers ou psychopathe alors que pas du tout. Tu voulais juste lui rendre service mais voilà où ça t’a mené. Tu remarquas cependant qu’elle parait hyper enjouée par le concert et tu souris en te disant qu’avec un peu de chance, elle va apprécier le concert, la musique, la sono et que finalement, ce sera grâce à toi tout ça. Une to-do liste de choses que l’on a envie de faire ? Hum… Est-ce qu’il y a des choses que j’aimerais faire ? Tu n’en as aucune idée alors que tu te demandes pourquoi elle se met à crier en direction d’une petite dame âgée qui n’est pas très loin d’ici. Est-ce qu’elle la connait ?

Tu ouvres la bouche voulant dire quelque chose mais aucun son ne sort alors que tu ne sais plus où te mettre. Mais sérieux quoi ? Je n’ai jamais demandé à une mémé de me foutre de la crème sur le dos. La honte quoi… Autant demander à ma mère si elle était là quoi. Tu es dans tous tes états ne sachant trop comment réagir alors que la dame commence à te mettre de la crème solaire dans le dos tout en demandant qui tu es. Un de ses cousins ? Non, clairement pas. Tu n’es rien de plus qu’un étranger à vrai dire mais ce serait sans doute mal venu de lui répondre cela. La veille dame pourrait te prendre pour un pervers et là, ce serait pire que la catastrophe. Tu as envie de te faire tout petit mais malheureusement, pas possible. Et la dame semble vraiment avoir envie de savoir quel est ton nom car elle te le demande encore une fois.

« Je… Je m’ap-pelle Eiji Kondo… »

Bien qu’elle soit une vieille dame, il y a la plus jeune et tu ne peux t’empêcher de bégayer. Si tu t’étais retrouvé seule avec la grand-mère, aucun problème. Ce n’est pas comme si tu respectais vraiment tes ainés de toute manière, monsieur qui se prend pour un petit génie.

« Mais c’est qu’il est tout timide le jeune homme ! Faut pas voyons, personne ne va vous manger ! »

Ce n’est pas comme si tu voulais bégayer, c’est que tu ne peux pas t’en empêcher quand tu es en présence de demoiselles. Ça, c’est depuis que ton ex-copine d’il y a longtemps t’a largué comme une merde. Tu crains les femmes quelque part à cause d’elle.

« Ah ça fait bien longtemps que je n’étais pas allée à un concert. Avec vous les jeunes, j’ai l’impression de rajeunir d’au moins 40 ans ! »

Elle rigole et toi t’es dégoûté parce qu’elle vient de dire. Elle ne va quand même pas rester avec vous deux hein. Tu commences un peu à flipper, n’arrivant pas à te détendre alors qu’enfin, elle enlève ses mains de ton dos.

« Ah… »

Et parce que ça fait un moment que tu n’as pas mangé, ton ventre se met à nouveau à gargouiller si bien qu’on peut l’entendre de loin.

« Ho bah alors on a raté le déjeuner jeune homme ? J’ai exactement ce qu’il te faut ! Attends. Je vais aller chercher ça. »

Par pitié non ! Je devrais juste me casser, finalement, c’était une très mauvaise idée d’être venu me poser ici. Je la vois se relever et s’éloigner rapidement tandis que mon regard se porte sur la jeune femme.

« C… C’est p-pas cool ce g-genre de-de plan v-vous savez ? Je… Je v-veux pas qu… qu’elle revienne ! V… Vous f-faites souvent d-des trucs pour l-les rayer d-de votre liste ? »

Tu grognes légèrement quand elle te fait remarquer que tu as fait une de ces têtes quand la vieille dame a parlé de rajeunissement à la vue de petits jeunes. Non, non, c’est bon hein. Le melon atterrit dans ta main et tu portas un toast avec celui de la jeune femme avant de croquer dedans. Ah que cela faisait du bien, c’était frais en plus. Les mamies qui veulent rester jeunes dans leurs têtes hein… Tu te demandes si ce ne serait pas la recette miracle pour paraître plus jeune que son vrai âge et tu devrais peut-être essayer de penser jeune au lieu de continuer comme ça. Tu vas finir par avoir une gueule de 50 ans avant l’heure.

La demoiselle t’explique ensuite le but de cette fameuse liste. Tu comprends que c’est plutôt quelque chose pour se rappeler que vraiment une liste de choses à absolument faire. Tu trouves que c’est très philosophique ce qu’elle est en train de te dire. Tu n’y as jamais pensé. Une liste de choses à faire parce qu’il est vrai que l’on peut mourir n’importe quand. Profiter de chaque instant pour faire quelque chose que l’on aime ou que l’on voudrait absolument faire au moins une fois dans sa vie. Tu as beau y réfléchir, tout ce qui te vient à la tête c’est qu’il vaut mieux vivre au jour le jour, car comme elle a dit, on ne sait pas ce qui peut arriver. Il semblerait Eiji que tu n’es pas beaucoup d’ambition pour penser comme ça. Ou alors, tu te dis c’est trop tard. Ta vie s’est presque arrêtée le jour où tu as vu ta sœur mourir sous tes yeux. Mais il serait peut-être temps que tu te reprennes aussi en main non ? Cela fait un bon moment maintenant. Tu cogites en mangeant ton melon plus lentement que d’ordinaire quand la demoiselle finit par te sortir de ta rêverie en te donnant son nom. Ah bah oui c’est mieux maintenant. Aoi donc. Joli nom, ça veut dire bleu si tu te souviens bien.

« C… C’est un t-très joli nom… Hum mais j-je vois. »

Tu as beau retourner ce qu’elle a dit dans tous les sens, tu n’as finalement aucuns rêves, aucunes réelles ambitions. T’es arrivé là où tu voulais arriver mais il y a quelque chose au fond de toi qui manque et tu n’arrives pas à mettre le doigt dessus. Une vraie raison de vivre ? Bonne question mais tu n’as pas envie de te prendre la tête avec ça maintenant alors que t’es sur une plage en train de profiter du beau temps et qu’il va y avoir un concert sous peu. La musique commence d’ailleurs à raisonner mais quelque chose ne va pas. Ce ne sont pas les réglages que tu avais programmés. Quelque chose a changé.

« Tss… »

Le perfectionniste de première que tu es avait réglé le son tout comme il faut et il semble que l’ingénieur du son de ce concert ait fait n’importe quoi en déréglant tout ce que tu avais fait. Tu fronces les sourcils avant de prendre ton téléphone et de commencer à appeler la personne pour l’incendier.

« Ho mais mec t’es sérieux là ?! C’est quoi ce bordel ? J’avais réglé parfaitement toutes les sorties stéréos et micros et toi, tu viens de faire quoi là ?! Je suis sur la plage de l’autre côté et je peux parfaitement entendre que tu as changé les réglages ! Tu vas tout de suite me remettre ça correctement oui ! Je suis là pour profiter d’un bon son, du concert, pas pour entendre de la merde. Ouais ouais, c’est ça. Je vais parler à ton patron oui si tu ne règles pas vite fait le problème. »

Cachant à peine ta colère, tu raccroches avant de soupirer fortement et tu regardes de nouveau la jeune femme.

« P… Pardon, on-on ne p-peut pas f-faire confiance au-aux gens c-c’est pas p-possible… P-pour ça qu-que je pr-préfère bosser t-tout seul. »

Et voilà que ton bégaiement revient comme par magie.

« E-et t-tu fais quoi d-dans la vie ? »

Tu avais espéré ne pas lui avoir fait trop peur en t’énervant contre le type au téléphone mais ce fut raté. Tu sentis bien qu’il y eu un changement de comportement et comme pour essayer de minimiser les choses, tu piquas un autre morceau de melon avant de le manger d’une seule traite. Tu as bien faim mais tu te sens maintenant mal à l’aise car tu te dis qu’elle va te prendre pour un psychopathe. Un type qui parle normalement aux autres hommes mais qui a un problème dès qu’il parle avec une demoiselle. Il va falloir faire quelque chose pour ça à un moment donné quand même.

Le jeu avec ses cheveux, tu sais trop bien ce que ça veut dire. Elle est mal à l’aise. Ce n’est qu’une inconnue mais tu aurais envie de lui expliquer les raisons pour qu’elle ne commence pas à te soupçonner de quoi que ce soit ou avant qu’elle ne se mette à flipper complètement. Bien pour ça que tu as essayé de changer de sujet en lui demandant ce qu’elle faisait. A ses propos, tu te rends compte qu’Aoi est donc maraichère en plus d’être fleuriste. Intéressant. C’est la première fois que tu rencontres quelqu’un qui ne fait pas partie de ton domaine d’activité ou le show-business en général. C’en est rafraichissant.

« Hooo ! C-c’est p-pour cela qu-que le melon est s-si b-bon ! »

Et en plus, ça te gonfle de parler avec ce bégaiement à la noix alors tu prends ton téléphone et tu décides d’écrire un message pour lui montrer ensuite. Ce sera beaucoup plus compréhensible de faire comme ça que d’essayer d’expliquer ça. Tu tapes rapidement sur ton téléphone avant de lui montrer.

« Pardon si je t’ai fait peur. En fait, ce n’est pas que je voudrais bégayer mais… j’ai semble-t-il un problème avec les filles. A chaque fois que je leur parle, je me mets à bégayer… Avec les mecs, il n’y a pas ce bégaiement mais avec les filles… C’est très pénible pour moi aussi. Je suis tout à fait normal, je te rassure, j’ai juste ce problème. »

Tu espères qu’elle va comprendre et qu’elle ne va plus avoir peur de toi alors que tu attends qu’elle lise bien le message avant de reprendre ton téléphone pour l’effacer. Bon, bien entendu, tu sais quel est le problème mais tu ne veux pas le lui dire. Ce ne sont pas ses affaires après tout. Comme un peu honteux, tu restes silencieux, allant taper dans le melon comme réconfort, faisant des grognements de plaisir parce qu’il est vraiment très bon. Quand la musique retentit à nouveau, tu soupires de soulagement. Okay, c’est bon, le type a bien compris la leçon, il a tout remis correctement et tu vas pouvoir profiter de ce concert. D’ailleurs, petit à petit, la nuit se met à tomber, t’offrant un magnifique coucher de soleil.

« J-je n’ai j-jamais eu l’o-l’occa-sion d-de voir un s-si beau cou-coucher de soleil… L-le con-concert ne d-devrait plus tar-tarder. »

Au final, cette après-midi se sera fini sur un échec cuisant pour ta part car tu as fait peur à une demoiselle involontairement. Enfin, tu espères tout de même qu’elle ne va pas aller se cacher à 3km de toi.

« E… Et t-tu v-vends où tes f-fruits et lé-légumes ? »

Tu te dis que ce serait intéressant d’avoir des produits frais et de cuisiner de temps à autre.

Tu regardas la jeune fille, te demandant quelle réaction tu allais avoir mais un peu surpris, elle te rendit ton téléphone après avoir écrit un message. Ah… tu te dis c’est intéressant. Donc elle aussi bégayait mais elle c’était surtout pour des exposés oraux à l’école. Toi, c’est à cause d’une fille. Ta sœur serait encore là, elle te frapperait pour ton incapacité à passer au-dessus. Seulement, même si tu sais que c’est en parti psychologique et même si tu as oublié cette fille depuis le temps, tu ne peux t’en empêcher. Sans doute as-tu peur chaque fois que tu parles à une fille, qu’elle soit comme ton ex et ainsi cela faisant remonter quelques souvenirs douloureux que tu ne veux pas revivre. Tu lui poses une question mais il semblerait qu’Aoi ne veuille rien dire et préfère enchainer sur une autre question, te demandant si tu fais du surf. Tu n’es pas un très grand sportif, te contentant de faire un peu de musculation et du jogging. Mais parce que tu restes un mec, tu préfères lui mentir.

« Ou-Oui j’en f-fais. »

Et avant même que tu ne dises ouf, la voilà partie en courant vers des surfeurs pour aller emprunter leurs planches. Tu te demandes si c’est très légal la manière de faire ça mais bon, tu finis par te lever, te prenant une cigarette au passage pour la fumer alors que tu t’avances tranquillement vers les autres, leur demandant si tu pouvais leur emprunter une planche mais forcément, en voyant ta tête et tes tatouages… Ils te prennent pour ce que tu n’es pas et commencent même à râler avant de s’enfuir avec leurs planches sous tes yeux. Tu soupires tout en fumant ta cigarette.

« Je ne suis pas un Yakuza bordel… »

Tu finis par te murmurer à voix haute, en espérant que quelqu’un l’entende mais la musique se fait entendre un peu trop bien pour que quelqu’un ne t’écoute. Tu commences à regarder autour pour voir si tu ne voyais pas à kiosque à surf où tu pourrais aller en louer un. Ah ! Il y a quelqu’un semble-t-il avec une planche qui n’a pas encore pris la fuite. Tu décides alors d’aller à sa rencontre pour essayer de lui emprunter ta planche. La même chose se passe, il te prend pour un yakuza mais il semble être tellement impressionné qu’il te file sa planche sans discuter. Le remerciant rapidement et après avoir jeté ton mégot dans la poubelle prévue à cet effet non loin de là, tu te diriges vers l’eau où la miss y était déjà.

« C’-c’est pas t-très… hum… ils m’ont t-tous pris p-pour un yakuza… ç-ça a été d-dur de t-trouver une p-planche. »

Mais maintenant tu es satisfait même si tu n’as aucune idée de comment en faire. Il y a d’autres surfeurs près de vous et tu les regardes pour ensuite essayer de les imiter. Mais à la première vague, tu tombes de la planche et coules. Par chance que l’eau soit bonne et que ce soit agréable par cette chaleur. Tu regardes Aoi pour voir si elle s’en sort mieux que toi.

Tu arrives enfin au niveau d’Aoi pour t’assoir un peu maladroitement sur ta planche en essayant à tout prix de tenir l’équilibre alors qu’elle répond à ce que tu venais de lui dire. Comme quoi… Elle aussi a cru que tu étais un yakuza. Décidément… Tu sais bien que ce sont plutôt les mafieux ou les délinquants de Sanda qui ont des tatouages et pas forcément des petits civils comme toi, complètement inoffensif ahem. Ah et elle a aussi pensé que tu faisais partie de ces pourris de Sanda… Bon, il va peut-être falloir que tu lui donnes quelques explications sur la signification de tes tatouages parce que vu comme ça… Surtout le death sur tes doigts, ça peut faire peur et si on n’en comprend pas la signification, on pourrait clairement vouloir te dénoncer à la police pour des méfaits que tu n’as pas faits.

Tu te surprends à rire quand Aoi te demande si tu n’as pas été biker en Californie, à l’étranger ou dans l’Outback. Malheureusement pour toi, tu n’as jamais mis un pied en dehors du territoire japonais, ça aurait été effectivement un peu compliqué pour être un biker venu de l’étranger. Tu prends ton courage à deux mains pour lui expliquer pourquoi ces tatouages très précisément même si tu avoues que pour le cœur enflammé, qui est devenu rouge à cause des coups de soleil, tu le regrettes un peu. Mais tu ne veux pas forcément l’enlever car lui aussi a une signification bien particulière : l’amour que tu vouais à ta sœur chérie. On peut carrément dire que jusqu’à ce que tu la perdes, tu faisais un sister complex. Assis sur ta planche au milieu de la mer, il n’y a finalement plus de statuts entre vous alors tu peux bien te laisser aller à quelques confessions.

« Ha non… J-je n’ai j-jamais mis l-les pieds ailleurs qu-qu’au Japon. Et… Et je ne f-fais pas partie d-de la bande d-de Sanda no-non plus. C’-C’est p-plus personnel c-comme signification… L-L’engre-grenage a-avec la r-rose des vents c’est… p-plus jeune, j’-j’ai trop j-joué au casino e-et j’ai eu d-des problèmes… J-j’ai perdu beaucoup et ce tatouage e-est là p-pour me rappeler qu-que j-je ne dois plus j-jouer s-si je veux é-éviter l-les problèmes. »

Tu prends une pause pour qu’elle digère ce que tu viens de lui dire. T’en as perdu de l’argent à jouer dans les casinos et tu t’es clairement mis à dos les gens qui s’en occupent puisque tu as été banni de tous les casinos de Kobe… La rose des vents c’est plus pour te rappeler de ne pas perdre le nord avec des choses futiles et t’éviter de retomber dans l’engrenage des jeux d’argent. Tu prends un air un peu plus sérieux alors que tu regardes tes mains avant de regarder à nouveau Aoi.

« L-le co-cœur enflammé e-et ce-ce mot sur mes doigts sont reliés… J’-j’avais une sœur, j-je l’aimais b-beaucoup e-et u-un jour… elle s’-s’est re-retrouvé au mauvais en-endroit a-au mauvais mo-moment… G-gars de Sanda qu-qui s’-s’en sont pris à-à elle a-alors qu’-qu’elle passait d-dans une ru-ruelle. J-je l’ai v-vu s-se faire tu-tuer d-devant mes yeux… Je-je n’ai r-rien p-pu faire, j’-j’ai été pris à p-parti en vou-voulant l-la sauver. L-le co-cœur c’est p-pour me rappeler d’elle. Le-le mot d-death, c’-c’est p-parce que qu-quelque p-part j-je suis mort a-avec elle ce jour-là… »

Tu as réussi à le lui expliquer même si cela n’a pas été facile. Comme si revivre en même temps les événements te faisait bégayer bien plus que d’ordinaire. Tu ne voulais pas spécialement casser l’ambiance mais Aoi sans te le demander indirectement, avait l’air de vouloir en savoir plus sur tes tatouages. Tu aurais pu mentir mais tu ne l’as pas fait, c’est trop grave à ton goût pour mentir là-dessus. Pour détendre l’atmosphère, tu prends de l’eau en mode bataille d’eau pour lui jeter dessus mais tu ne fais pas attention à ton équilibre, la planche flanche et toi tu finis par tomber à l’eau dans un grand plouf.