Kate est très souriante et très joyeuse et très bruyante et faîte de pleins de gestes et de mèches et de coups d’œils rapides et vers. Une part de Luce reculait devant quelqu'un qu'elle avait trop envie d'apprécier : s'attacher à Kate semblait facile. Surtout quand l'étudiante semblait aussi aimer avec facilité, des compliments pour tout le monde et le souhait d'une présence avec elle. C'était un peu effrayant aussi. Luce s'assit à côté d'elle et roula des yeux avec un air amusé quand une tête tomba contre son épaule. Évidemment. Elle écouta  Kate partager un petit bout de son quotidien et hocha la tête avec un petit commentaire léger sur le climat qui pour elle était parfois trop froid. A la station d'après, l'étudiante était de nouveau debout, ses mains sur les fenêtres pour observer l’extérieur, ses pas incertains allant d'un mur à l'autre du wagon, Luce levée et à côté d'elle pour la rattraper au besoin, l'écouter rire et pointer une rue du doigt avec une anecdote. Ici il y avait un chat. Là un livreur de pizza à vélo était rentré dans un poteau. Un peu plus loin, un ami à elle c'était installé.

Puis d'un coup Kate attrapa sa main pour en lire les lignes. Les lèvres de la musicienne se pincèrent assez fort pour l'empêcher de ricaner et elle regarda les sourcils froncés et la bouche plissée de l'étudiante penchée sur sa main. Sa paume eu un tic jusqu'au coude au contact de l'index de Kate et son autre main, dans la poche de sa veste, se serra en poings, son doigt tordu depuis l'accident bien caché. Elle éclata de rire puis se repris vite au commentaire de l'étudiante, un « merci » pouffé d'entre ses dents, parce que Kate était trop sérieuse pour quelqu'un au milieu d'un wagon de métro, alcoolisé et en train de s'essayer à la divination. Elle fit tomber un verdict hasardeux et court et Luce ne croyait pas aux lignes de la main ou à la divination ou aux étoiles ou à la destinée. Elle ne croyait même plus en elle-même. Mais elle croyait à la touche de gentillesse de Kate, à une soirée plutôt réussite et aux deux mains qui tenaient fermement la sienne. Sa vie était plutôt plane et calme – enfin – et il y avait ces bats qui lui donner envie de quitter sa peau, mais il y avait aussi les petits éclats comme Kate. Ils n'étaient pas si rares que ça, si on voulait les voir, et Luce voulait les collectionner.

On c'est croisée au bar XXX hier soir, je t'ai raccompagné chez toi, si tu veux mon numéro : XX XX XX XX

Bonne chance avec la gueule de bois :p

Luce