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Shizue Ootomo
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Re: Discutons bouquins | Mar 26 Juil - 23:13
Je suis super contente que Mishima t'ait plu  Discutons bouquins  - Page 3 1556132940  Je suis d'accord avec toi, sur ces descriptions passant du contemplatif au cru, et ces métaphoooooores ! Certaines sont un peu perchées mais généralement, elles font mouches.
En roman, mes préférés sont Le Pavillon d'Or (surprise ? XD La biographie romancée du moine qui a incendié le fameux Pavillon d'Or de Kyôto en 1950) et Les Amours Interdites (un écrivain vieillissant et misogyne passe un marché avec un jeune homosexuel pour que celui-ci l'aide à se venger des femmes). J'ai moins aimé La Musique et Neige de Printemps (le premier tome de sa quadrilogie La Mer de la Fertilité).


Sapiens : une brève histoire de l’humanité, de Yuval Noah Harari
Par « brève » comprenez : « en à peine 500 pages (grand format) ». Mais finalement, pour récapituler le parcours de l’Homme depuis l’apparition de ses ancêtres il y a 2,5 millions d’années, ça ne fait pas tant que ça… L’auteur (un professeur d’Histoire israélien, végane, vivant avec son mari au sein d’une communauté agricole, pour vous laisser entrevoir le genre de convictions qu’il peut porter) s’attache à expliquer les trois grandes révolutions – intellectuelles, agricoles et scientifiques – qui ont forgé l’humanité actuelle.

J’ai trouvé la première partie très intéressante. Notamment, je n’avais jamais entendu parler de la notion de révolution intellectuelle mais ses explications, avec notamment l’importance des croyances pour permettre la formation de larges groupes, m’ont énormément intéressée. Dans la suite, dès qu’on aborde l’époque moderne, j’ai fait moins de découvertes. Par exemple, ses explications sur le capitalisme ou le communisme m’ont aidée à remettre certaines notions en ordre, mais les relations entre science, politique et économie n’étaient pas une révélation pour moi. Quant à la fin, elle est limite déprimante, mais c’est peut-être notre monde actuel qui veut ça…

Au niveau du style, le ton peut paraître, selon les passages et les goûts de chacun, agréablement direct ou un peu trop péremptoire. Certaines de ses affirmations sur l’élevage, par exemple, me donnaient envie de lui dire d’arrêter de considérer les feed-lot américains comme modèles et de venir voir des élevages français ; ou encore, prétendre que la France et l’Angleterre étaient en paix en 1400, c’est un peu oublier qu’elles étaient au milieu de la Guerre de Cent Ans, quand bien même il n’y a peut-être pas eu de combats cette année-là.

Donc vous l'avez compris, moi je suis plutôt dans le clan des « ton trop péremptoire », mais je l’ai supporté. Et finalement, au-delà des exemples concrets, l’important reste la réflexion derrière. Je le classe dans les « plutôt intéressants mais pas une référence ». Contente de l’avoir lu mais je n’y reviendrai pas.



Le Pendule de Foucault, d’Umberto Eco

En 1984, le narrateur se laisse enfermer dans le Conservatoire des arts et métiers de Paris. Comment en est-il arrivé là ? Pour le savoir, il faut remonter dans le temps, à sa jeunesse en Italie proche des milieux révolutionnaires étudiants, à son séjour au Brésil et à sa découverte des spiritualités animistes locales, à son retour à Milan et ses retrouvailles avec un ami éditeur, avec lequel il va se plonger dans les milieux occultistes.  

Je savais qu’Umberto Eco était un grand sémiologue, je me demandais ce qu’il donnait en tant qu’auteur (parce que manier les symboles, c’est bien, mais écrire une histoire en est une autre). Eh bien, ça donne une tuerie. Même si son érudition le fait utiliser des mots tout aussi érudits ou que le jargon informatique a évolué depuis la rédaction du roman (on ne parle plus de « computer » ou de « files »), le style se lit très bien. Et les liens qu’on peut faire avec le présent en sont presque déroutants : les délires de certains occultistes, leur façon d’établir des relations entre des trucs qui n’ont à priori rien à voir (le discours d’un personnage reliant Jésus, les mythes celtiques, La Mecque, Chartres, le Tibet, les Templiers, les SS, Odin… donne l’impression d’un trip sous LSD) rappelle des discours complotistes actuels. Et le petit échange sur si un livre prétendant que Jésus était marié à Marie-Madeleine se vendrait ou non m’a fait rire, j’avoue (coucou Dan Brown).

En petit bémol, il y a pour moi le rythme de l’histoire, qui est longue à démarrer : après un ou deux chapitres dans le « présent », on part dans un grand retour en arrière et s’il se passe toujours plus ou moins quelque chose, il faut attendre la moitié du livre pour commencer à entrevoir des liens entre différents épisodes et un schéma qui pourrait conduire aux évènements de départ (ou d’arrivée, selon le point de vue). Et si tout finit par se mettre en place de façon assez magistrale, si mes craintes quant à la façon dont il allait dénouer ce sac de nœuds n’ont pas été confirmées,  j’ai trouvé la fin un peu rapide, comparée à tout le reste du récit.

Enfin, « rapide » n’est peut-être même pas le bon mot… Elle n’est pas bâclée, c’est certain. Mais après des chapitres avec finalement très peu d’action (les personnages ne se contentent pas de parler théologie, hein : ils bougent, ils font des choses, mais ce n’est pas un film de Michael Bay) et donc relativement lents, tout s’accélère tout à coup et j’ai eu l’impression qu’Eco était moins à l’aise avec ce genre de passage. Mais ce serait à confirmer. Je refuserais pas de lire Le Nom de la Rose, tiens.

J'avais trouvé sur Aboulafia le récit d'autres fuites. Et j'y songeais l'autre soir dans le périscope, tandis que dans le noir je percevais une succession de bruissements, craquements, grincements - et je me disais de garder mon calme, car c'était la manière dont les musées, les bibliothèques, les antiques palais parlent dans leur barbe, la nuit, ce ne sont que de vieilles armoires qui cherchent leur équilibre, des corniches qui réagissent à l'humidité vespérale, des plâtres qui s'écaillent, avares, un millimètre par siècle, des murailles qui bâillent. Tu ne peux t'enfuir, me disais-je, parce que tu es justement ici pour savoir ce qui est arrivé à quelqu'un qui a cherché de mettre fin à une série de fuites par un acte de courage insensé (ou désespéré), peut-être pour accélérer cette rencontre tant de fois renvoyée avec la vérité.


Caitriona Adam
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Re: Discutons bouquins | Dim 28 Aoû - 11:33
Le Pendule de Foucault me donne envie, tiens ! Merci pour ton avis Shizue. <33

De mon côté, je reviens après quelques temps pour vous offrir un gentil babillage sur deux petits livres.

Céleste, ma planète de Timothée de Fombelle (2007)

Je ne l'ai peut-être pas assez répété, ou peut-être déjà trop, mais Timothée de Fombelle est un auteur dont les livres me suivront sans doute toute ma vie. C'est sans doute pour cette raison que j'ai décidé de tous les lire, et me voilà avec Céleste, ma planète, un petit bouquin illustré, celui qu'on trouve dans la partie "enfant" des médiathèques, celui que l'on pourrait très bien lire à son gosse avant de dormir. Et ça serait peut-être une bonne chose.

Parce que ça parle, en quelques mots, d'un monde futuriste, pas dans le sens navettes spatiales et téléportation non, plutôt après de grandes catastrophes climatiques, après la flambée d'un capitalisme omniprésent, après beaucoup de choses dont on a peur et qui se sont produites avec une société recluse dans une ville polluée, surpeuplée. Ça parle d'un garçon avec une mère tout le temps au travail, et de la rencontre de ce garçon avec une fille un peu spéciale, Céleste.

(c'est le tout début du livre, no spoil !)
La première fois qu'elle m'a embrassé, nous étions suspendus par des câbles à cent vingt mètres du sol, avec quinze hommes armés à nos trousses. C'est peut être pour cela que, pendant longtemps, je n'ai pu l'approcher sans avoir le vertige.

Je vous préviens d'avance, il ne faut pas mettre la barre trop haut, avec un livre de 91 pages destiné aux enfants. Les personnages ont une voix, mais peu de profondeur, parce qu'ils ne sont là que pour passer un message universel. Et pourtant, j'ai adoré le livre, et il m'a fait pleurer, et il m'a donné envie de m'allonger dans l'herbe et de simplement respirer. C'est un récit si pur dans sa narration et dans ses idées, parce que ça met l'accent sur ce qui est important : notre planète. Ça me sidère que ça ait été écrit en 2007, mais en même temps, ça fait sens quand on sait que le réchauffement climatique et l'inexorable avancée de l'homme sur son environnement, on en parle depuis bien plus longtemps.

(Juste un mot sur la plume de l'auteur, que j'aime tellement, avec beaucoup, beaucoup de comparaisons, de métaphores, un style simple mais d'une justesse incroyable. Voilà. C'était le mot sur la plume de l'auteur.)

Piranesi de Susanna Clarke (2020)

Bon. C'est ce genre de livres qui se lit sans trop savoir de quoi ça parle, mais je pense qu'il faut en dire assez pour ne pas être rebuté en début de lecture.

Piranesi vit dans la Maison, avec l'Autre. Il sait que 'Piranesi' n'est pas son vrai prénom, mais de toute façon, il a oublié comment il s'appelait, mais ce n'est pas grave, parce qu'il est simplement l'Enfant Chéri de la Maison. A part L'Autre, il est le seul être humain à parcourir les corridors immenses et remplis de statues en tout genre, à éviter les Marées changeantes dont il a noté chaque horaire pour éviter de se faire surprendre, à faire des offrandes à des squelettes disséminés dans la Maison et à pêcher du poisson pour survivre. Ainsi, on suit son quotidien à travers ses entrées dans un journal où il écrit presque quotidiennement, racontant ses journées, ses réunions bi-hebdomadaires avec l'Autre, ses explorations dans les confins de la Maison qui semble sans fin. Sans fin, et sans aucune sortie. Mais pour Piranesi, ça n'a pas d'importance, parce que la Maison veille sur lui, lui donne tout ce dont il a besoin pour survivre. Jusqu'au jour où...

(ok je m'arrête là parce que sinon c'est pas drôle.)

Donc voilà. On croit d'abord à un monde totalement hors du temps, dans un autre univers, isolé de tout ce qu'on connaît. Mais pas vraiment. Pas vraiment, parce que malgré l'étrange façon qu'a Piranesi de dater ses entrées ("Entry for the First day of the Fifth Month in the Year the Albatross came to the South-Western Halls"), on se rend compte qu'il y a, en réalité, des éléments de notre monde à nous. Alors on se pose des questions, on aimerait en savoir plus.

Mais la vérité n'arrive que plus tardivement. Pour l'atteindre, il faut survivre aux dreadful cent premières pages, qui ne font que parler de ce que Piranesi fait durant la journée. Bien sûr, il y a une description de la Maison, des Statues, des "habitants" de la Maison, ça aide à planter le décor, mais bon, ça aurait pu être planté un peu plus rapidement. Mais au moins, au bout de ces cent premières pages, soit la moitié du livre, on se rend compte que Piranesi n'est pas un narrateur très fiable, parce qu'il est ancré dans cette routine, sa candeur est déroutante et puis, il est juste trop occupé à vénérer la Maison et à vaquer à ses occupations pour se poser les bonnes questions, celles dont on aimerait avoir les réponses.

Après ça, ça va mieux. L'histoire avance, le rythme s'accélère, et je vous avoue avoir été happée par le récit vers la page 140, où la vérité semble plus proche que jamais. J'aurais sans doute aimé plus d'explications, et peut-être des récits supplémentaires dans des annexes ou quoi, mais l'autrice a sans doute voulu garder ça un peu cryptique, et je ne lui en veux pas.

He led me to a sitting room. The Berlioz was playing. He turned down the volume but it still played in the background of our conversation, the soundtrack of catastrophe.

En somme, c'est un bon livre avec une assez bonne narration, surtout à partir de la moitié du livre. Il y a beaucoup d'ambivalence, j'ai d'abord beaucoup aimé un des personnages avant de le détester entièrement, et il y a des thèmes intéressants mais pas forcément développés. En tout cas, ça m'a presque donné envie de me remettre à écrire dans mon journal.

(ah et il a été récompensé par le Women's Prize for Fiction 2021 donc je pense qu'il a été traduit depuis !)


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Re: Discutons bouquins | Mer 31 Aoû - 22:30
Je vous ai déjà dit que j'espionnais ce sujet aussi ? J'ai lu toutes vos critiques  Discutons bouquins  - Page 3 3507971625

Je débarque avec quelques livres que j'ai lu cette année autour d'un thème commun : les yakuza (parce que j'aime bien)


L'Empire des yakuza, Philippe Pelletier (2021)

On commence direct avec du lourd puisque c’est un livre de civilisation d’un enseignant-chercheur spécialiste du Japon. Dedans, il retrace l’histoire des yakuza, de leurs tout débuts à la fin du XVIIIème siècle où ils n’étaient même pas appelés yakuza, jusqu’à aujourd’hui avec leur affaiblissement (très relatif). Chaque période est mise en relation avec l’évolution des idéologies nationalistes au Japon. Ça parle donc aussi beaucoup de politique et d’idéologie d’extrême droite, mais normal vous me direz, tous ces milieux sont très liés.

Pour ceux qui veulent un cours d’histoire express je vous met sous spoiler le résumé que j’en avais déjà fait, c’est cadeau.

Résumé:

Pour ce qui est de ce que j’en ai pensé, c’était à la fois très intéressant, complet et documenté pour comprendre comment on en est arrivé à ce que sont les yakuza aujourd’hui. Mais c’est pas du tout une lecture plaisir qu’on fait tranquillement avant de dormir, il faut s’accrocher pour suivre et éventuellement prendre des notes pour ne pas tout oublier dans la seconde où on ferme le livre. Et aussi il y a BEAUCOUP de noms propres, j’ai eu beaucoup de mal à me rappeler qui est qui (+14 colonnes de noms propres dans l’index onomastique, j’ai compté). Je déconseille fortement de commencer par ça si vous ne connaissez rien à l’histoire et à la politique japonaise, parce que énormément de notions et d’évènements sont évoqués sans être toujours très bien expliqué. J’ai du checker pas mal de trucs sur internet à côté pour pas me perdre.

Mais tout ça, c’est dû au fait que le livre est super bien documenté, donc c’est pas vraiment un défaut. Le gros intérêt du livre, c’est l’explication du lien entre qui uni les yakuza et le monde politique japonais, à toutes les périodes depuis leur apparition. Ça permet de se rendre compte de la place importante qu’ils ont occupé aux côtés des hommes politiques, et de l’importance des jeux d’influence et de la corruption sur lesquels l’Etat ferme les yeux (spoiler : c’est abusé).
Au-delà de rapporter des faits historiques, il explique aussi pas mal de concepts inhérents au monde des yakuzas, c’est ce que j’ai préféré. Notamment il évoque plusieurs fois les notions de don on 恩 et de contre-don giri 義理 qui structurent le monde des yakuza et le monde politique et qui explique à la fois la corruption structurelle et le clientélisme qui est accepté socialement. Il met aussi en évidence la relation d’interdépendance et de complémentarité entre pouvoir légitime et illégitime, et montre pourquoi les yakuza sont rendus indispensables dans la société et aussi bien tolérés par la population. En gros, c’est parce qu'ils servent des tâches politico-économiques spécifiques et se présentent comme les défenseurs des plus faibles, avec un système de valeur qui est comparé à un bushidô 武士道 (mais qui ne marche qu’en théorie…).

Et je crois que j’ai fini pour celui-ci, c’était le plus long parce que j'avais déjà écrit une critique dessus. Mais en gros : lisez si vous êtes vraiment motivé à en apprendre beaucoup sur l’histoire des yakuza.


Tokyo Vice, Jake Adelstein (2009)

Un CLASSIQUE dans le game des yakuza, beaucoup plus accessible aussi.
Ça raconte l’histoire VRAIE de zinzin de Jake Adelstein, l’auteur du coup, qui est le premier journaliste américain a avoir été engagé dans le plus grand journal japonais, le Yomiuri. Il commence en douceur par raconter son examen d’entrée dans le journal, les difficultés qu’il rencontre en tant qu’américain (et juif) dans un Japon pas du tout habitué à en voir. Le premier tiers du livre raconte ses premières enquêtes, quand il est affecté à des petits articles de rien du tout.

Puis les choses sérieuses commencent parce qu’il commence à s'embourber dans des enquêtes pas nettes avec des yakuzas, et là c’est incroyable. Je vais pas spoiler parce qu’il faut découvrir ça par soi-même mais on aborde plein de thèmes différents. En vrac, les relations dans le monde du travail, le racisme, le journalisme en général, l’organisation de la police, les relations du gouvernement japonais avec les Etats-Unis, la culture du travail, le suicide, la pègre bien sûr, les bars à hôtesse, le travail clandestin, le trafic d’êtres humains… Plus on avance, plus c’est trash, et ça n’aide pas de se rappeler que tout ça est vrai.

Jake parle de son expérience en détail, il hésite pas à donner son avis et c’est cool parce qu’à la fin on a l’impression de bien le connaître. Il parle de ses doutes, des moments où il se perd et il s’oublie parce que ce qu’il voit est trop horrible et qu’il est obsédé par son travail de journaliste au point qu’il en risque sa vie et celle de ses proches le fou. Ça raconte aussi l'ambiance du Japon à la fin du XXe siècle, et qui n'existe plus aujourd'hui, ou comment être nostalgique d'un truc qu'on a jamais connu.

Bref, voilà depuis que j’ai lu ce livre mon projet de vie est de devenir Jake Adelstein, lisez-le pitié.

Un peu HS mais il y a aussi une série qui est sortie récemment qui s’appelle aussi Tokyo Vice, tirée du livre donc, avec la participation de Jake. Je l’ai regardé (forcément j’étais obligée) et je l’ai beaucoup aimé en tant que série, même si je n’ai pas vraiment (pour ne pas dire, pas du tout) retrouvé ce que j’avais lu dans le livre. Certaines scènes étaient là, certains personnages étaient là, mais tout était relié différemment. Ils ont pris beaucoup de libertés dans l’adaptation surement pour que ce soit plus intéressant à suivre pour le spectateur, qu’il y ai des personnages redondants qu’on retrouve à tous les épisodes et dont on suit la progression (ce qui est beaucoup moins le cas dans le livre excepté Jake et quelques autres personnages). Du coup, l’intrigue est cool, y’a du suspense, les images sont jolies, mais on en apprend beaucoup moins que dans le livre. Forcément, le format série s’y prête moins bien aussi. Mais si vous savez pas quelle série regarder franchement vous pouvez y aller, ça reste super sympa ! Il y a 8 épisodes d’une heure et une deuxième saison d’annoncée que je compte bien regarder.


Le dernier des yakuzas, Jake Adelstein (2017)

La suite spirituelle de Tokyo Vice, du même auteur. Cette fois, il raconte l’histoire (toujours vraie) de celui qui lui a servi de garde du corps pendant un temps et qui était un ex-yakuza. C’est la promesse qu’il lui a faite en échange de sa protection.

J’ai moins de choses à dire sur celui-ci parce que je l’ai moins aimé. Forcément, on ne suit plus Jake, mais Goto alors c’est une histoire rapportée, écrite avec ce que Goto a confié à Jake de son vivant. Il y a beaucoup moins de dialogues et c’est dommage car c’est une des choses que j’avais beaucoup aimé dans Tokyo Vice, moins de suspens aussi puisqu’on ne suit plus des enquêtes journalistiques, mais juste la vie d’un mec (qui a assez d’ego pour demander à ce qu’on écrive un livre sur lui). Heureusement Jake ne glorifie pas sa vie ni le milieu des yakuzas, et essaie de rester objectif.

Ça donne quand même un exemple hyper complet de ce que peut être la vie d’un yakuza. On commence par décrire la vie de ses parents, puis son enfance, son adolescence dans les bôsôzoku, les groupes d’extrême droite et aussi un groupe de musique (parce que les yakuza aussi rêvent d’être des rockstars). Puis bien sûr, il finit par devenir un yakuza, on voit comment il gravit les échelons de l'organisation jusqu’à arriver très haut, et finit par quitter l’organisation. Pas mal de péripéties, de magouilles et de règlements de compte en perspective. C’est juste une très longue fiche de personnage en fait.

Si vous êtes comme moi et que vous êtes beaucoup (trop) intéressé par les histoires de yakuza vous pouvez vous y aller, mais s’il ne fallait en lire qu’un lisez Tokyo Vice (svp). è__é

PS : Jake Adelstein va sortir un autre livre au printemps 2023 comptez sur moi pour le lire, ça s'appellera Tokyo Private Eye, ce sera la suite de Tokyo Vice et ça s’annonce légendaire. Suivez-le sur Twitter car il partage souvent des trucs intéressants, suivez-le dans la rue aussi si vous le croisez et demandez-lui un autographe pour moi.


Trois jours dans la vie d'un yakuza, Hideo Okuda (2022)

Ce sera le dernier auteur, OUF. Cette fois on est sur un roman, hyper facile à lire et pas très long que j’ai beaucoup aimé ! Pas d’histoire vraie, pas de bails trop sombres à part un meutre. C’est l’objectif de Junpei pendant tout le livre et il a trois jours pour abattre sa cible. Ensuite, il sait qu’il ira en prison mais c’est la seule façon de se faire une place dans son clan.

On le suit donc pendant ses trois derniers jours de liberté, on voit comment il prépare son coup, essaie de profiter un max de la vie (sans toujours beaucoup de succès) et on en apprend aussi plus sur lui. Il est inexpérimenté, s’emporte facilement, se fait manipuler, et fait aussi pas mal de rencontres. Les personnages sont hauts en couleurs, ils ont tous leur petit charme (mention spéciale pour le vieil universitaire à la retraite qui veut faire voir ce que ça fait d’être un thug) et les dialogues m’ont souvent fait rire !

Beaucoup de points de vues sur les yakuza s’opposent, déjà parce que Junpei nous explique sa vision des choses et pourquoi il fait ça, mais aussi parce qu’à plusieurs moments on voit l’avis d’anonymes sur les actions de Junpei parce qu’ils s’expriment sur une sorte de Reddit ou de forum et discutent entre eux. Ça a le mérite d’être original.

Alors si ça vous tente allez-y franchement ça se lit bien c’est top.

EDIT : J'AVAIS OUBLIE MAIS GROS TW HOMOPHOBIE ET TRANSPHOBIE DANS CE LIVRE je croyais que c'était juste car on suivait le point de vue d'un yakuza et que du coup il était con mais en fait c'est peut-être plutôt l'auteur le problème, je me dis avec du recul. Car le prochain livre est un red flag énorme.


Un yakuza chez le psy, Hideo Okuda (2016)

Je finis par celui-là, parce que je ne vous le recommande PAS DU TOUT. J’ai pas du tout aimé, j’ai même pas encore fini il me reste un quart mais je sais que mon avis ne va pas bouger. Oui, c’est le même auteur que le livre d’avant, mais je ne retrouve pas du tout le même plaisir de lecture et c’est bien dommage.

Déjà, moi je suis venue pour les yakuza, c’est dans le titre, mais en fait on en parle pendant à peine un quart du livre. Trahison, disgrâce. La raison c’est que le livre se compose d’une succession de petites histoires, une par grand chapitre. Donc il y a une partie sur un yakuza, mais aussi une sur un trapéziste, sur un médecin, une autre sur une romancière etc.

Et leur point commun c’est qu’ils se rendent tous dans le cabinet du docteur Irabu pour des problèmes divers, et surtout wtf du genre “au secours docteur j’ai une envie irrépressible d’arracher la perruque de mon beau père en publique” (véridique). Et il se trouve que le docteur Irabu est un psychiatre complètement fou. Ils disent “non conventionnel” dans le résumé mais je vous promets que c’est bien pire que ça, retirez-lui son diplôme, ça ne va pas du tout.

Et donc on en arrive au problème principal du livre, le docteur Irabu et son infirmière, et surtout la description qui en est faite. Quasiment à chaque fois que le docteur Irabu est là, il y a une remarque de la narration sur le fait qu’il est en surpoids, et c’est montré comme quelque chose de drôle, voire de ridicule. C’est quasiment sa seule caractérisation physique. C’est tellement redondant, dans tous les chapitres, c’est insupportable. Dès le résumé d’ailleurs, ça aurait dû me mettre à la puce à l’oreille, je cite “Cinq nouvelles aventures du psychiatre obèse et fétichiste [...]”. Voilà le ton est donné.
Et ce n’est pas DU TOUT mieux pour l’infirmière donc les seules caractéristiques sont qu’elle porte une minijupe, qu’elle a un décolleté et qu’elle fait des piqûres. Elle ne parle même pas, elle est littéralement là pour décorer. Et à CHAQUE fois qu’elle fait une piqûre (plusieurs fois par chapitre) il y a une remarque sur ses seins. Au secours, sortez-moi de là. C’est vraiment dérangeant, ça me sort du livre à chaque fois et au-delà, les histoires racontées ne sont même pas si intéressantes que ça, je trouve. C'est juste un enchaînement de : Un patient a un problème wtf → Le gros docteur Irabu et son infirmière sexy font des piqûres → Résolution encore plus wtf et sortie de nulle part du problème. Je dois pas être le public cible on va dire ça.

Voilà voilà, je comprend pas comment j’ai pu bien aimer un livre et cet auteur pour autant détester celui-ci, peut-être qu’il a un peu évolué en 6 ans, je lui souhaite. Mais je ne recommande pas ce livre là en tout cas. Il en a fait un autre sur les aventures du docteur Irabu, mais je vais pas retenter j'ai eu ma dose.


Sur ce des bisous j’ai pas eu la force de relire peut-être plus tard qui sait.
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Re: Discutons bouquins | Jeu 8 Sep - 14:45
Bonjour. J'amène mon gravier à l'édifice.


J'ai peur.


A la base je voulais vous parler d'un livre horrible, dont j'ai pas encore atteint la moitié. Ensuite j'ai retrouver un autre bouquin, tout aussi horrible, mais plus court (140 pages), qui m'a servit de pause dans la lecture de l'autre (qui prend trop son temps et je lui cracherais à la tronche le moment venu à ce sujet)

Qui touche à mon corps je le tue de Valentine Goby (2008)

[TW : avortement, fausse couche, sexualité, féminicide, mise à mort]

Résumé : Marie G., faiseuse d'anges, dans sa cellule, condamnée à mort. Lucie L., femme avortée, dans l'obscurité de sa chambre. Henri D., exécuteur des hautes œuvres, dans l'attente du jour qui se lève. De l'aube à l'aube, trois corps en lutte pour la lumière, à la frontière de la vie et de la mort.


C'est un roman assez violent, déjà dans l'action ( dans ce qui se déroule dans le moment présent et dans les souvenirs qui sont évoqués) mais surtout dans le style. Il est étrangement vieillot, j'ai cru au début que ce roman avait été écrit le siècle dernier, et il a un côté « roman nouveau » : les phrases sont très longues, parfois elles font plus d'une page (édition de poche mais quand même), la ponctuation à l'intérieur est libre, c'est énormément de métaphore filées, de descriptions floues qui s'affinent jusqu'à ce qu'on comprenne ce que l'autrice désignait (ce dont je suis personnellement pas trop fan si ça sert pas l'histoire ou l'état des personnages, mais bon),de monologue intérieur et de figures de style (coucou les anaphores, coucou Kate). Paradoxalement c'est aussi très cru : si l'autrice peut écrire quelque chose d'horrible en un mot, elle le fera, et le contraste avec les scènes beaucoup plus délicates où elle décrit sur toute une page le goût de bonbons à la mauvais rend justement ces passages marquants.
Le style reste le même d'un personnage à l'autre, mais son efficacité varie. Je l'ai trouvé très très sensible et pertinent dans les passages avec Lucie L. (sûrement parce que c'est l'histoire avec laquelle je relate le plus), légèrement moins avec Marie G., et très inégale avec Henri D. - je pense que c'est parce que compatir avec/écrire un exécuteur est moins évident (c'est pas une expérience commune). Il y a des moments lourdingues avec trop de métaphores qui n'ont pas l'air de vouloir dire grand chose, il y a des moments très sobres, et il y a quelques phrases et scènes qui m'ont fait pleurer (je vous en met une en spoiler après, ça spoile sans spoiler parce que c'est pas lié à l'intrigue principale)

Remise en contexte : Henry D. ce remémore ceux qu'il a exécuté :


Les thématiques sont évidemment la liberté de disposer de son corps, la sexualité et la vie conjugale des femmes à l'époque (a.k.a tais-toi et engendres), et aussi, beaucoup, l'exécution (wink wink Logan) qui pour moi rejoint étrangement la thématique de l'avortement (être condamnée à porter un terme un enfant dont on ne veut pas = être condamnée à la potence, perdre le contrôle de son corps et de son avenir). Tout le livre sent bon le féminisme, et si un côté trop « politique » peut vous rebuter : c'est politique oui, rien que le titre crie « colère », mais c'est très bien mélangé à la narration et à la voix des personnages, rien ne semble forcé.

Personnellement et en toute subjectivité, je l'ai beaucoup aimé, je l'ai trouvé très humain, les personnages étaient intéressant (juste certaines thématique comme « la mort me suit depuis le berceau » de Henry D. qui ne m'ont pas plus effleuré que ça  mais il y avait d'autres choses à lire avec lui alors ça allait) et le style va me suivre sur quelques rp.


Luce cherche la meilleure stratégie pour vous assassiner en #cc6600
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Re: Discutons bouquins | Sam 8 Oct - 2:01
J'avais oublié que Luce venait de parler d'un livre plein de TW, ça ma décomplexe un peu parce que celui dont j'ai envie de parler est plutôt gratiné, à ce niveau-là.



Mon bel animal, de Marieke Lucas Rijneveld

Une fois n’est pas coutume, je vais parler de mon impression sur le livre avant d’en décrire le contenu, parce qu’il vaut mieux être prévenu. Et que je ne veux pas qu’il y ait le moindre instant d’ambiguïté quant à mes sentiments vis-à-vis de l’histoire.

C’est le genre de livre que je n’aime pas aimer. Que je ne suis pas sûre de devoir aimer, en fait. Parce qu’il m’a fait ressentir beaucoup de choses, que je me suis extasiée devant le style, mais que ces merveilles sont tirées de recoins parmi les plus sombres de l’âme humaine, de ceux qu’on voudrait oublier et ne jamais leur trouver le moindre bon côté. Mais je reste convaincue que la littérature se doit de parler de tout, ne jamais se censurer, à condition de le faire sans complaisance mal placée ; et je n’en ai sentie aucune, chez Marieke Lucas Rijnvelde, de complaisance. Je ne ressens rien d’autre pour le narrateur qu’un certain dégoût, vaguement réhaussé de pitié méprisante, et ne suis pas déçue de le voir faire face aux conséquences de ses actes. Et surtout, je n’ai jamais perçu la moindre tentative pour romantiser la chose, pour la rendre normale ou même acceptable, plutôt l’inverse. C’est ce qui me permet d’aimer autant ce livre, malgré tous les TW qui le jalonnent.

À partir de là, donc, je considère que vous avez été prévenus que ce qui suit est réservé à un public averti.
De la romance, pourtant, il pourrait y en avoir : après tout, l’histoire de base est en effet celle de l’attirance du narrateur (un vétérinaire, tiens tiens) pour la fille d’un éleveur ! Ouais, enfin, sauf que le narrateur a 49 ans et la fille, quatorze… Exit la romance, donc – oui oui, comme je vous ai dit, un vrai « exit », pas d’ambiguïté, pas d’indulgence. Et quant aux (autres) triggers warnings que j’ai mentionnés : automutilation et inceste, rien que ça (enfin, en plus de la pédophilie, donc). D’autres sujets tels que la gestion du deuil et de l’abandon, l’anorexie ou la dysphorie de genre (d’ailleurs, l’auteure se définit comme non-binaire mais le néerlandais n’ayant pas de pronom neutre, elle parle d’elle au féminin, ce que je ferai aussi si besoin) apparaissent sans être véritablement au cœur du propos.

À partir de cette situation de base, l’histoire est un crescendo continu, qui s’enfonce de plus en plus dans l’horrible, dans ces fameux côtés sombres de l’âme humaine, tout en distillant des révélations là où on croyait avoir tout vu. On suit des fils rouges ; des choses mentionnées comme ça, au passage, que l’on retrouve plus tard ; des références musicales, de culture pop ou bibliques. On voit des folies se dessiner, aussi bien individuelle qu’une brève folie à deux – et j’adore explorer la folie. Tous les ingrédients nécessaires pour que je me plonge dans l’histoire et vibre avec.

Sans oublier le style… Ce style particulier qui finira soit de vous accrocher, soit de vous rebuter. Première caractéristique notable : ses longues phrases, si longues que je me suis demandé, au milieu du premier chapitre, si j’avais déjà vu un point. En réalité, oui, mais peu. Heureusement, elles ne sont pas longues façon « il y a tellement de césures, d’apartés et de disgressions que le temps d’arriver à la fin de la phrase, on a oublié le début et on comprend rien. » Ce sont simplement plusieurs phrases concaténées en une, les points ayant été remplacés par des virgules. Ça fait qu’on peut s’essouffler un peu à lire, mais ça renforce cette impression d’obsession, que le narrateur ne peut s’empêcher de parler, de parler encore et encore, de cette fille et de son amour pour elle.

Et ensuite, il y a ces comparaisons. Le narrateur, vu sa profession, vit au milieu de la pestilence, de la maladie et de la mort ; ce sont ses points de repères. Au début, je pensais que le malaise créé par ces comparaisons venait simplement de leurs références crues, voire dégoutantes. Puis j’ai réalisé qu’il y a plus que ça : ce n’est pas seulement d’invoquer des éléments peu ragoutants qui débecque ainsi ; il y a surtout le fait que ces comparaisons rapprochent des êtres vivants en bonne santé, ou des sentiments à priori positifs avec des animaux malades. La lune est censée être un astre doux, nimbé de mystère ; elle est là comparée à un abcès dégoulinant. Paye ta poésie ! Mais ainsi, le récit entier baigne dans une atmosphère glauque qui sied à merveille à la noirceur de son contenu. Accessoirement, c’est aussi ce qui m’a rassurée, dans le sens où j’ai vite été convaincue que l’auteure n’essaierait pas de faire passer l’attirance pédophile du narrateur pour quelque chose de romantique, pas en arborant un ton aussi creepy.

Un livre des plus dérangeants, donc, mais qui m’a fait plus d’effet qu’aucun livre m’en a fait depuis un moment. Et si quelqu’un parmi vous se sent de le lire, je serai curieuse d’avoir votre point de vue (pour avoir une idée de si je suis juste bizarre d’aimer ce genre de bouquins ou pas ><).

Un court extrait, parce que je le trouve beau:

Beau aussi mais plus, pour vous montrer de quoi je parle quand je dis que les phrases sont longues. Quoique celle-ci ne soit sans doute pas la pire ::


Shizue Ootomo
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Re: Discutons bouquins | Lun 20 Mar - 22:58
souffle sur le sujet pour le dépoussiérer On va remettre un peu de vie là-dedans !


Carbone modifié, de Richard Morgan

Dans un futur pas si proche, où les Humains ont conquis l’espace, on sait maintenant virtualiser les esprits et fabriquer les corps, ouvrant des possibilités infinies dans bien des domaines. On n’emprisonne plus les condamnés : on stocke leurs esprits dans leurs « piles ». Les voyages grande distance, même interplanétaires, sont devenus aussi simples qu’un envoi de fichier : il n’y a qu’à envoyer son esprit et l’implanter dans une nouvelle enveloppe, synthétique ou naturelle. Les plus riches peuvent même conserver des sauvegardes de leur esprit et faire cultiver des clones de leurs corps.

C’est ainsi que Takeshi Kovacs, natif de la planète Harlan, ancien membre du corps d’élite des Diplos condamné à cent cinquante ans de stockage, se retrouve sur la Terre dans un corps qui n’est pas le sien. Un des plus vieux et plus riches Terriens, Laurens Bancroft, a tiré des ficelles et l’a fait sortir de stockage afin de lui confier un mission bien spéciale : enquêter sur son propre meurtre. Une semaine plus tôt, Laurens Bancroft a en effet été trouvé la nuque explosée – et avec elle, la pile renfermant son esprit. Le Bancroft qui se tient devant Kovacs n’est que le chargement dans un clone de la dernière sauvegarde de son esprit, datant de 48 h avant sa « mort », dont il n’a donc aucun souvenir. La police a conclu à un suicide, lui n’y croit pas une seconde. À Kovacs de déterminer la vérité. Mais le chemin sera dangereux parce qu’entre les ennemis de Bancroft, les siens et ceux de l’homme dont il porte maintenant le corps, ça fait du monde à ses trousses.

Normalement, je ne suis pas trop friande de SF. C’est peut-être étrange parce que c’est un reproche qu’on peut aussi faire à la fantasy que j’aime tellement plus, mais je me suis trop souvent perdue dans les contextes alambiqués, les termes inventés et les inventions compliquées. Pas ici. Et pourtant, les spécificités, les mots que je n’avais jamais vus, il y en a. Mais tout est expliqué subtilement, dans le cours de l’histoire, et devient clair sans perturber le récit.

J’ai aimé le style, juste mélange d’action et de contemplation. J’ai aimé les personnages, nuancés juste ce qu’il faut. J’ai aimé l’histoire, avec assez de rebondissements pour garder de l’intérêt sans devenir trop tordue ou perdre en crédibilité. J’ai adoré, quoi. Il me reste trois tomes, je vais m’y mettre de ce pas.

Dernière précision : ce sont les romans qui ont donné la série Altered Carbon (dispo sur Netflix). Je l’ai vue à sa sortie et je l’avais plutôt appréciée, mais je ne m’en souviens pas assez pour comparer les deux. De ce que j’ai pu entendre, la série est assez fidèle au roman, surtout au début, puis a tendance à un peu complexifier (inutilement) les choses. Je me la rematerai au fur et à mesure, je pense.


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