Event Randonnée

Avec l’esprit de compétition d’une personne, les épreuves sont toujours les bienvenues. Payer la première tournée ne me gêne pas du tout, même que ce serait possible toute la soirée sauf que je n’ose pas m’aventurer trop loin sur ce terrain. Kate risque de défendre son point pour ne pas entacher son orgueil, et je la respecte trop pour m’engueuler avec elle. Lorsqu’elle m’attend en-haut, je me dépêche pour la rejoindre sans faire de faux pas. Tomber est une chose, se relever en un morceau en est une autre. Sa confiance pour ne pas rechuter en presque nulle, la mienne est bien plus élevée. C'est plus facile voir le bon côté des gens que leur facette triste, sauf que Kate va chercher en moi un danger qui pourrait se produire. Ça ne va pas arriver, je ne vais pas débouler la montagne au complet avec elle dans mes bras, ce n’était qu’une fois sur une dizaine de mètres. Quoi que je dise, elle n’arriverait pas à s’enlever cette idée de la tête.

Je préfère donc la faire rire, et ce tour de magie qu’on montre aux enfants fonctionne tout de même sur les adultes à voir son sourire. Son câlin me coupe le souffle puisque vraiment, on est sales tous les deux. Alors je ne m’attendais pas à autant d’amour d’un seul coup, je porte mes bras autour de cette magnifique jeune femme. Elle a tant de belles choses à partager, un jour elle trouvera son âme-sœur. Dommage que ce temps ne puisse pas être figé, on se défait de l’étreinte au même moment.

-C’est nul mais au moins, ça fonctionne! Il faudrait un miroir pour que tu puisses voir ton joli sourire. Allez, on perd pas de temps!

On rencontre encore un sol gorgé de terre et d’eau et je n’entends pas ce que Kate vient de dire. J'imagine que c’était pour m’avertir de la qualité du sol, soit merdique. On a glissé sur une pente avec verdure, maintenant c’est au tour de la boue de nous joindre une seconde fois. Au moins on sait quoi faire, et pour une fois c’est sur un terrain presque plat. Kate semble assez concentrée sur ce qu’elle fait, je reste donc derrière elle pour m’assurer du bon déroulement ainsi que de vérifier où je mets mes propres pieds.

Le sol devenu sec, je croise son regard et souris une énième fois.

-Tape dans ma main, on l’a fait! Il nous reste que quelques minutes et on sera au sommet.

Codage par Libella sur Graphiorum

Elle sourit et secoue la tête. Jared ne change pas, blessé ou pas, en difficulté ou non, et ça peut être aussi déstabilisant que réconfortant, parce que finalement, il devient peu à peu cette constante dans la vie de Caitriona, parce que ça commence à faire un bout de temps qu’ils se connaissent, qu’ils se supportent et s’apprécient et-

et ça serait si malvenu de les séparer.

Mais elle n’y pense pas, à la séparation, elle avale le doute et la peur sans y penser, sans y réfléchir, pour s’en débarrasser, parce que la seule pensée de perdre un autre ami, de ne plus l’avoir physiquement dans les environs, ça la tue.

Donc elle profite du moment présent, ne s’embarrasse pas de ses pensées noires, et elle lâche un rire en continuant de marcher, franchissant le passage boueux et glissant, et lorsqu’ils se retrouvent de nouveau sur une portion relativement sèche, elle laisse la paume de sa main frapper gentiment celle de Jared, un sourire étirant ses lèvres sèches.

« J’ai hâte d’arriver ! Les rando c’est cool, mais j’en ai marre à la longue. »

Elle croise le regard de son ami et ajoute rapidement :

« Mais c’était vraiment sympa de faire ça avec toi. »

Les mots sont simples, parce que Caitriona ne saurait utiliser des termes plus recherchés pour exprimer ce qu’elle ressent, pour dire sa vérité. Alors elle la porte aussi sur ses paupières fatiguées par la route, sur son sourire ravivé par Jared, sur ses expressions et dans ses gestes.

Ils continuent de marcher, un pas après l’autre, Caitriona pressée de trouver des personnes qui puissent s’occuper de son ami, pressée de pouvoir s’assurer qu’il va bien, qu’il n’est pas en train de jouer la comédie, qu’elle n’est pas si fautive que ça, au final.

Un léger glouglou s’ajoute à l’arrière-plan sonore qui les accompagne depuis le début du périple, et elle se rend compte de la présence du cours d’eau bien après l’apparition du bruit. S’arrêtant brusquement car surprise par l’eau qu’elle ne pensait pas revoir sur son chemin, elle lance à Jared un avertissement, mais la rivière est étroite, le courant peu fort.

« Avec tes longues jambes, je pense que tu peux la franchir d’un seul pas. Même pas besoin de sauter. »

Parce que oui, la Caitriona a décidé de traverser le cours d’eau en sautant. Malin. Mais la terre est sèche et la largeur n’est pas excessive alors d’une impulsion, elle décolle du sol et se retrouve sans rien de cassé sur l’autre berge. Elle avance pour laisser la place à Jared et se retourne, un grand sourire sur le visage.

« Tada ! »

Event Randonnée

Les joues légèrement roses, je suis content d’entendre ses paroles, ses compliments. J'en fais au moins une par année, mais cette fois on était que tous les deux, alors autant en profiter même si tout c’était relativement bien passé. Je souris, avec une note amicale.

-J’ai bien aimé aussi! La prochaine fois on trouvera une autre activité, moins dangereuse.

On continue jusqu’au sommet, j’avoue que moi aussi, l’envie d’y être me prend. Quelques minutes semblent si longues, c’est étrange. Mon regard se tourne parfois vers elle pour la rassurer, ou moi-même, pour être certain qu’elle ne glisse pas une énième fois. Tout est sous contrôle, même que nos sourires sont contagieux. Puis un autre bruit ne nous échappe pas, une autre rivière? Pourquoi on est si proche du but. Une seconde fois on devra se tenir par la main pour traverser. Ça ne me terrifie pas, au contraire. Si on a réussi une fois, pourquoi pas la deuxième?

Ah. Ce léger, tout petit courant d’eau. C'est presque ridicule. Je n’ai pas le temps de réprimander Kate, de lui dire de faire attention sur les roches dans l’eau qu’elle saute telle une grenouille. Je la regarde avec attention, puis déjà de l’autre côté, je soupire. Souriant en coin, c’est à mon tour de traverser. Comme elle avait raison, je n’ai fait qu’un pas pour y passer. Petite sotte téméraire, je lui câline la tête. En voyant le haut quelques pas plus loin, je la félicite d’être venue avec moi.

-Alors, on est au sommet championne! Allez, je vais voir les médecins et tu devrais venir aussi, juste pour voir tes égratignures. Merci Kate, d’être venue avec moi!

Sur ces mots, je la lève du sol même si on est sales tous les deux.

Codage par Libella sur Graphiorum