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Logan Rothschild
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Misanthrope. P1t3
Citation : I'm strong enough to handle things all by myself. I don't need any friend.
chaton hargneux
Genre : Masculin
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Logan Rothschild

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Misanthrope.| Sam 5 Aoû - 11:05

MISANTHROPE.

Je ne suis pas misanthrope. Mon psy aime à dire le contraire, et d’ailleurs il a l’air fier de cet adjectif, puisqu’il le martèle placidement comme un diagnostic ciselé et froid, comme une évidence. Il commente, la voix posée et lénifiante : « vous êtes misanthrope et ça ne se soigne pas ». Mais pour tout vous dire, je ne serais pas aussi catégorique que lui. Il n’est pas dans ma tête, après tout.

En réalité, il y a bien des choses que je déteste chez les gens. Un timbre de voix ou un sourire. Parfois c’est votre tronche qui ne me revient pas. C’est comme ça. D’autres fois, c’est l’orgueil, la vanité, la stupidité, l’entêtement ou le laisser-aller, la pusillanimité ou la braverie, la candeur ou la méfiance. Tout est dans la mesure. Il ne faut pas être « trop ». Trop con. Trop bruyant. Trop versatile ou trop inerte. C’est simple : vous devez être tolérable.

Vu comme ça, on pourrait penser que je suis un sale type aigri qui se tient là, prêt à bondir sur le moindre prétexte pour cracher sur les gens. Mais je m’en fous, moi, des gens. Et ils me le rendent bien. Chacun vit sa vie pathétique et dénuée de sens dans une formidable fuite en avant et je ne fais pas exception. J’ai pas d’animosité. Je cultive juste une profonde indifférence à votre égard, jusqu’à ce que vous devenez insupportables ; je veux dire, intolérables, et alors, oui, je me mets à abhorrer jusqu’aux battements de vos cils, jusqu’au rythme de votre respiration.

Ou bien d'autres fois, c’est moi qui provoque mon propre agacement. Il suffit d’un rien et je ne supporte plus mon reflet dans le miroir, le ton de ma voix ou même cette lueur dans mon regard. C’est pas de la misanthropie, ça. Si ?

Un psychanalyste gavé des écrits de Freud et Lacan dirait peut-être que ç'en est, et s'empresserait de chercher des causes aux confins de mes réminiscences. Un traumatisme infantile ? Il y aurait de quoi faire. Il y a toujours de quoi faire, quand on s'évertue à remuer la merde.

Si  ce diagnostic était seulement l'œuvre de psys accrochés à leur théorie comme des mollusques à leur rocher, l'introspection s'arrêterait là. Mais un soir où j’avais rien d’autre à foutre que de plonger dans des recherches stupides, j'ai voulu m'informer. Le terme est sans équivoque, mais a toujours l’air trop radical pour moi. Ce n'est plus une étiquette, mais un tatouage peinturluré sur le front, bien profond dans le derme, dans la chair, dans l’âme. Y’a pas de retour en arrière. « Ça ne se soigne pas ». C’est juste comme ça. C’est juste moi.

D’aucuns diraient que ça n’a aucune importance, mais je n’ai jamais été friand des étiquettes et encore moins des tatouages. Je n’ai jamais été friand de tout ce qui est définitif et imperméable. J’aime ce qui peut être défait.

Étonnamment, il y a des gens que j’apprécie. Kate, c’est un rayon de soleil, et pourtant elle est « trop » tout. Trop bruyante et trop têtue. Trop impulsive et trop rancunière. Aaron, Jake, Kaori. Ils sont tous « trop ». Et ils ont tous le défaut d’être des êtres humains.

Tout compte fait, je n’exècre pas l’humanité dans toute son individualité, mais plutôt dans sa généralité. Les individus ne m’ont rien fait. En revanche, l’humain est, en général, une sorte d’abomination érigée sur deux pieds branlants et mue par une conscience qui n’en a que le nom. l’humain est bête. L’humain est fragile. Égocentrique et pitoyable.

Et pour couronner le tout : il se fait gardien d’une certaine morale et opère un tri entre ce qui est vertueux et ce qui ne l’est pas. Il fait preuve d’une grande mansuétude voire d’un magnifique déni à l’égard de ses propres égarements moraux mais reste intransigeant vis-à-vis de ses congénères. Il détient la vérité sans jamais douter. Il est engoncé dans une perpétuelle certitude, accoutré des couleurs criardes de ses jugements.

Sans remords, il méprise a loisir et là encore, je ne fais pas exception. C’est humain, après tout. Et c’est bien là tout le problème. Je crois que mon psy n’a pas tout à fait tort, finalement. Je suis une brèle quand il s’agit de m’exprimer, mais je trouve soudain toutes les métaphores du monde pour développer ma conclusion : on est vraiment des pourritures.

Tout est là, exposé avec une limpidité glaciale, et pour quelqu’un qui n’aime pas ce qui est imperméable, ces jugements sont tout sauf transitoires. Ce n’est pas le délire d’un adolescent torturé qui découvre que le monde n’est pas gentil et qu’il agit selon son intérêt. Il est plutôt question d’un constat. Et je ne me sens pas mal en admettant que nous sommes des pourritures. C’est une réalité brute. Une conclusion logique basée sur des faits.

En définitive, je crois que mon connard de psy a raison. Je l’aime bien. Lui aussi, émet des constats factuels. Je suis misanthrope et ça ne se soigne pas.


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